Programme de rétablissement de la tortue molle à épines (Apalone spinifera) au Canada - 2016 [Proposition]

Photo de la Tortue molle à épines
Photo : © Ryan M. Bolton

Table des matières

Liste des figures

Liste des tableaux

Liste des annexes


Programme de rétablissement de la tortue molle à épines (Apalone spinifera), au Canada

Programme de rétablissement

Environnement Canada. 2016. Programme de rétablissement de la tortue molle à épines (Apalone spinifera) au Canada [Proposition], Série de programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril, Environnement Canada, Ottawa. ix + 67 p.

Pour télécharger le présent programme de rétablissement ou pour obtenir un complément d'information sur les espèces en péril, incluant les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), les descriptions de la résidence, les plans d'action et d'autres documents connexes sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Illustration de la couverture : Tortue molle à épines : © Ryan M. Bolton

Also available in English under the title
"Recovery Strategy for the Spiny Softshell (Apalone spinifera) in Canada [Proposed]"

Le contenu du présent document (à l'exception des illustrations) peut être utilisé sans permission, mais en prenant soin d'indiquer la source.

En vertu de l'Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d'établir une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection efficace des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l'élaboration des programmes de rétablissement pour les espèces inscrites comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés dans les cinq ans suivant la publication du document final dans le Registre public de la LEP.

La ministre de l'Environnement et ministre responsable de l'Agence Parcs Canada est la ministre compétente en vertu de la LEP de la tortue molle à épines, et a élaboré le présent programme, conformément à l'article 37 de la LEP. Dans la mesure du possible, le programme de rétablissement a été préparé en collaboration avec la province de l'Ontario (ministère de Richesses naturelles et des Forêts Note1) et la province du Québec (ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs).

La réussite du rétablissement de l'espèce dépendra de l'engagement et de la collaboration d'un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des directives formulées dans le présent programme. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement Canada, l'Agence Parcs Canada ou toute autre compétence. Tous les Canadiens et les Canadiennes sont invités à appuyer le programme et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien de la tortue molle à épines et de l'ensemble de la société canadienne.

Le présent programme de rétablissement sera suivi d'un ou de plusieurs plans d'action qui présenteront de l'information sur les mesures de rétablissement qui doivent être prises par Environnement Canada, l'Agence Parcs Canada et d'autres compétences et/ou organisations participant à la conservation de l'espèce. La mise en œuvre du présent programme est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des compétences et organisations participantes.

Le programme de rétablissement établit l'orientation stratégique visant à arrêter ou à renverser le déclin de l'espèce, incluant la désignation de l'habitat essentiel dans la mesure du possible. Il fournit à la population canadienne de l'information pour aider à la prise de mesures visant la conservation de l'espèce. La désignation de l'habitat essentiel dans un programme de rétablissement peut avoir des incidences sur le plan de la réglementation, selon la localisation de l'habitat essentiel désigné. La LEP exige que l'habitat essentiel désigné se trouvant à l'intérieur d'aires protégées fédérales soit décrit dans la Gazette du Canada, après quoi les interdictions relatives à la destruction de cet habitat peuvent être appliquées. En ce qui concerne l'habitat essentiel situé sur le territoire domanial à l'extérieur des aires protégées fédérales, la ministre de l'Environnement doit présenter un énoncé sur la protection juridique existante ou prendre un arrêté de manière à ce que les interdictions visant la destruction de l'habitat essentiel soient appliquées. En ce qui concerne l'habitat essentiel se trouvant ailleurs que sur le territoire domanial, si la ministre de l'Environnement estime qu'une partie de cet habitat essentiel n'est pas protégée par des dispositions de la LEP ou de toute autre loi fédérale, ou par une mesure prise sous leur régime, et que cette partie de l'habitat essentiel n'est pas protégée efficacement par les lois de la province ou du territoire, elle doit, aux termes de la LEP, recommander au gouverneur en conseil de prendre un décret visant à étendre l'interdiction de détruire à cette partie de l'habitat essentiel. La décision de protéger l'habitat essentiel se trouvant ailleurs que sur le territoire domanial et n'étant pas autrement protégé demeure à la discrétion du gouverneur en conseil.

Le présent document a été préparé par Rachel deCatanzaro, Krista Holmes, Angela McConnell, Marie-Claude Archambault, Lauren Strybos (Environnement Canada, Service canadien de la faune – Région de l'Ontario), Sylvain Giguère (Environnement Canada, Service canadien de la faune – Région du Québec), Barbara Slezak, Carollynne Smith, Bruna Peloso, Louis Gagnon, Lee Voisin et Kari Van Allen (anciennement d'Environment Canada, Service canadien de la faune – Région de l'Ontario). Les personnes suivantes ont apporté de précieux commentaires, révisions et suggestions : Madeline Austen, Elizabeth Rezek, Lesley Dunn (Environnement Canada, Service canadien de la faune – Région de l'Ontario), Ashley King, Wendy Dunford (Environnement Canada, Service canadien de la faune – Région de la capitale nationale), Amelia Argue, Joe Crowley, Gillian Ferguson-Martin, Jay Fitzsimmons, Aileen Wheeldon, Dana Kinsman, Jim Saunders, Rhonda Donley (ministère des Richesses naturelles et des Forêts), Gary Allen, Joanne Tuckwell, Tammy Dobbie, Colin Hoag, Eileen Nolan et Harry Szeto (Agence Parcs Canada) et le personnel du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec.

De nombreuses autres personnes ont contribué à l'ébauche précédente d'un programme de rétablissement visant plusieurs espèces de tortues, notamment Patrick Galois (Amphibia-Nature), Gabrielle Fortin (Environnement Canada, Service canadien de la faune – Région du Québec), David Seburn (Seburn Ecological Service), Scott Gillingwater (Office de protection de la nature de la rivière Thames supérieure). Nous remercions également les employés du ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l'Ontario, du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, du Service canadien de la faune, ainsi que de diverses universités et autres organisations, qui ont apporté leurs contributions. Il convient aussi de signaler que les documents de rétablissement élaborés par l'Équipe de rétablissement des tortues du Québec et de l'Équipe de rétablissement multi-espèces des tortues en péril de l'Ontario ont constitué le fondement des versions antérieures du présent document.

Des remerciements sont également adressés à toutes les autres parties qui ont fourni des conseils et des commentaires ayant permis d'enrichir le programme de rétablissement, dont divers organismes autochtones, particuliers, et intervenants qui ont fourni des renseignements et/ou participé aux réunions de consultation.

La tortue molle à épines (Apalone spinifera) est inscrite à titre d'espèce menacée au Canada à l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP). Il s'agit d'une tortue d'eau douce de taille moyenne à grande possédant une dossière Note2 ressemblant à du cuir, de couleur olive à havane, et portant des ocelles Note3. La tortue molle à épines est une espèce essentiellement aquatique, habituellement associée aux plans d'eau de grande étendue, comme les rivières, les ruisseaux ou les lacs, mais on la trouve aussi dans des marais, des étangs et des méandres abandonnés Note4. L'espèce ne s'aventure sur la terre ferme que pour nidifier.

L'aire de répartition de l'espèce s'étend dans toute la moitié orientale de l'Amérique du Nord, depuis les Grands Lacs jusqu'au golfe du Mexique. Au Canada, la tortue molle à épines se rencontre dans le sud de l'Ontario et du Québec. On estime qu'environ 1 % de l'aire de répartition mondiale de l'espèce se trouve au Canada.

La population canadienne de tortues molles à épines compte environ 600 à 1 500 individus matures. Des relevés des populations locales en Ontario indiquent des déclins allant jusqu'à 50 % au cours des 20 dernières années (COSEWIC, 2014).

Les principales menaces pesant sur la population canadienne de tortues molles à épines sont les suivantes : l'aménagement des rives et de l'habitat en milieux riverains, la navigation de plaisance, les prédateurs favorisés par les activités humaines Note5, la capture illégale, les espèces exotiques et envahissantes, les ouvrages de régularisation des eaux, l'élevage de bétail, les prises accessoires et les perturbations associées aux activités humaines. Les autres menaces établies comprennent la contamination et la charge en nutriments, et les changements climatiques. La tortue molle à épines est très vulnérable à toute hausse du taux de mortalité chez les adultes et les juvéniles les plus âgés, car l'espèce présente une maturité sexuelle tardive et un faible taux de reproduction.

Le caractère réalisable du rétablissement de la tortue molle à épines comporte des inconnues. Conformément au principe de précaution, le présent programme de rétablissement a été élaboré en vertu du paragraphe 41(1) de la LEP, tel qu'il convient de faire lorsque le rétablissement est déterminé comme étant réalisable.

L'objectif à long terme en matière de population et de répartition (c.-à-d. environ 50 ans) est de maintenir et, si nécessaire et réalisable, d'accroître l'abondance et la répartition de la tortue molle à épines de manière à assurer la persistance des populations locales autosuffisantes dans les régions où l'espèce est présente au Canada. Le sous-objectif à moyen terme (c.-à-d. environ 10 à 15 ans) est de stabiliser et, si nécessaire et réalisable, d'accroître l'abondance de la population là où l'on soupçonne que des populations locales de tortues molles à épines sont en déclin en accroissant la quantité d'habitat convenable et/ou en atténuant les menaces qui pèsent sur l'espèce. Les stratégies générales à employer pour contrer les menaces à la survie et au rétablissement de l'espèce sont exposées dans la section 6.2 (Orientation stratégique pour le rétablissement).

L'habitat essentiel de la tortue molle à épines est désigné dans le présent programme de rétablissement selon trois critères :

  1. occupation de l'habitat
  2. caractère convenable de l'habitat;
  3. connectivité de l'habitat.

L'application des critères de désignation de l'habitat essentiel aux données disponibles a mené à la désignation de 12 unités renfermant de l'habitat essentiel de la tortue molle à épines au Canada, qui totalisent jusqu'à environ 71 404 ha. Bien que d'autres localités abritent peut-être encore la tortue molle à épines, elles n'ont pas fait l'objet de relevés récents ou ont fait l'objet de relevés incomplets. Pour cette raison, l'habitat essentiel de la tortue molle à épines n'a été que partiellement désigné dans le présent programme de rétablissement. Le calendrier des études (section 7.2) décrit les activités requises pour achever la désignation de l'habitat essentiel nécessaire à l'atteinte des objectifs en matière de population et de répartition. À mesure que des données supplémentaires deviendront accessibles, il sera possible de mieux préciser les limites de l'habitat essentiel ou d'ajouter des unités respectant les critères de désignation de l'habitat essentiel.

Un ou plusieurs plans d'action visant la tortue molle à épines seront achevés et publiés dans le Registre public des espèces en péril d'ici décembre 2023.

Résumé du caractère réalisable du rétablissement

D'après les quatre critères suivants utilisés par Environnement Canada, le caractère réalisable du rétablissement de la tortue molle à épines comporte des inconnues. Conformément au principe de précaution, un programme de rétablissement a été élaboré en vertu du paragraphe 41(1) de la LEP, tel qu'il convient de faire lorsque le rétablissement est déterminé comme étant réalisable. Le présent programme de rétablissement traite des inconnues entourant le caractère réalisable du rétablissement.

  1. Des individus de l'espèce sauvage capables de se reproduire sont disponibles maintenant ou le seront dans un avenir prévisible pour maintenir la population ou augmenter son abondance.

    Oui. La population totale de tortues molles à épines au Canada compte de 600 à 1 500 individus matures (COSEWIC, 2014). En Ontario, l'espèce est présente dans le bassin des Grands Lacs, dans le sud-ouest de la province, et de nombreuses observations ont été faites principalement dans quatre régions (notamment dans deux sites du lac Érié et des sites se trouvant dans deux systèmes fluviaux majeurs) (COSEWIC, 2014). Au Québec, il n'existe qu'une population connue dans un lac (comptant < 100 individus), et une possible population dans un système fluvial majeur (mais la présence de cette population n'est pas confirmée) (Référence retirée Note6; Référence retirée; Référence retirée). Bien que la densité des populations de cette espèce soit faible dans l'aire de répartition canadienne, la tortue molle à épines est considérée comme non en péril à l'échelle mondiale. Il existe des populations à l'extérieur du Canada, dans le reste de l'aire de répartition de l'espèce, qui pourraient être en mesure de soutenir la population ou d'améliorer son abondance au Canada.

  2. De l'habitat convenable suffisant est disponible pour soutenir l'espèce, ou pourrait être rendu disponible par des activités de gestion ou de remise en état de l'habitat.

    Oui. Bien que de nombreux milieux utilisés par la tortue molle à épines aient été détruits, dégradés et/ou fragmentés par le développement résidentiel, urbain et agricole, ou par la construction et l'exploitation d'ouvrages de régularisation des eaux, l'aire de répartition canadienne de l'espèce renferme encore de l'habitat convenable en quantité suffisante – ou pourrait en acquérir grâce à des mesures d'aménagement ou de remise en état de l'habitat – pour soutenir l'espèce. Certaines techniques d'aménagement et de remise en état pourraient permettre d'accroître la quantité d'habitat convenable (milieux humides, habitat de nidification, etc.) pour l'espèce, ainsi que la connectivité entre les populations locales.

  3. Les principales menaces pesant sur l'espèce ou son habitat (y compris les menaces à l'extérieur du Canada) peuvent être évitées ou atténuées.

    Inconnu. Les principales menaces pesant sur l'espèce comprennent l'aménagement ou l'altération des rives et de l'habitat en milieux riverains, la mortalité due à la navigation, les prédateurs favorisés par les activités humaines, la capture illégale, les espèces exotiques et envahissantes, les ouvrages de régularisation des eaux, l'élevage de bétail, les prises accessoires des pêches et les perturbations associées aux activités humaines. Bien que la majeure partie de la perte d'habitat soit probablement irréversible ou difficile à renverser, il pourrait être possible de remettre en état certains anciens habitats, et d'atténuer ou d'éviter la destruction de l'habitat par l'intermédiaire de l'éducation du public et de la conservation de l'habitat actuel. L'éducation du public et l'application de la loi pourraient aussi aider à atténuer l'impact des perturbations humaines et de la capture illégale d'individus. Plusieurs techniques permettant de réduire la menace posée par les prises accessoires des pêches récréatives et commerciales pourraient être mises en œuvre grâce à des pratiques exemplaires de gestion (PEG), par exemple l'utilisation de dispositifs d'exclusion des tortues (Référence retirée), et à une réglementation efficace, par exemple l'application de règlements saisonniers. Pour réduire le taux de mortalité due à la navigation, on pourrait envisager de mettre en œuvre une réglementation visant l'utilisation d'embarcations motorisées dans les habitats à fortes densités de tortues et de sensibiliser les plaisanciers aux impacts des bateaux sur les organismes aquatiques. Plusieurs techniques permettent de lutter contre les espèces envahissantes telles que le roseau commun (Phragmites australis) et de réduire les impacts de la prédation des nids. On ignore si les menaces peuvent être atténuées autant qu'il le faudrait pour atteindre l'objectif en matière de population et de répartition de la tortue molle à épines au Canada.

  4. Des techniques de rétablissement existent pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition ou leur élaboration peut être prévue dans un délai raisonnable.

    Inconnu. Des techniques de rétablissement telles que la protection de l'habitat par voie d'acquisition foncière, de réglementation, de zonage et de planification du paysage ainsi que des mesures d'intendance ont été employées avec succès dans le cas de certaines populations locales (Seburn et Seburn, 2000). Des PEG ont été établies et mises en œuvre, et il est probable que d'autres soient établies, validées et mises en œuvre dans un délai raisonnable favorisant la protection des populations locales vulnérables contre des menaces telles que la perte et la dégradation d'habitat ainsi que la mortalité accidentelle (voir le critère 3 ci-dessus). Toutefois, on ignore l'efficacité de ces pratiques pour prévenir les déclins de populations. Des outils de sensibilisation et d'éducation du public ont été élaborés et continueront de faire partie intégrante des mesures de rétablissement de l'espèce. Des techniques telles que l'installation de cages visant à protéger les nids de la prédation, le lâcher de juvéniles Note7 et la mise en place de dispositifs de réduction des prises accessoires des pêches ont déjà été efficacement mises en œuvre dans certaines localités, et leur application pourrait être étendue en vue d'atténuer les menaces qui pèsent sur l'espèce (Seburn et Seburn, 2000; Larocque et al., 2012b). Cependant, on ne sait pas si ces techniques permettront d'atteindre l'objectif en matière de population et de répartition dans un délai raisonnable.

Date de l'évaluation : Mai 2002

Nom commun (population) : Tortue molle à épines

Nom scientifique : Apalone spinifera

Statut selon le COSEPAC : Espèce menacée

Justification de la désignation : Une importante perte d'habitats dans le passé a limité la répartition de cette espèce à une petite portion de son ancienne aire de répartition. La détérioration de l'habitat causée par l'aménagement et les activités de loisir peut empêcher l'accès aux sites de nidification, d'hibernation, d'alimentation ainsi qu'aux sites utilisés par l'espèce pour se dorer au soleil. D'autres menaces éventuelles comprennent l'isolement partiel ou complet de segments de la population par des barrages et d'autres structures, la réduction recrutement des juvéniles causée par les taux élevés de prédation des nids et les taux élevés de mortalité causée par les collisions avec les embarcations à moteur, le piégeage et les mortalités accidentelles entrainées par la pêche.

Présence au Canada : Ontario et Québec.

Historique du statut selon le COSEPAC : Espèce désignée « menacée » en avril 1991. Réexamen et confirmation du statut en mai 2002.

Au Canada, la tortue molle à épines est inscrite à titre d'espèce menacée Note9 à l'annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP). En Ontario, l'espèce est inscrite comme espèce menacée Note10 dans la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (L.O. 2007, chap. 6) (LEVD). Elle est également désignée comme « reptile spécialement protégé » aux termes de la Loi de 1997 sur la protection du poisson et de la faune (L.O. 1997, chap. 41). Au Québec, la tortue molle à épines est une espèce menacée Note11 aux termes de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec (L.R.Q., ch. E-12.01) (LEMV). La tortue molle à épines est également inscrite à l'annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) (ne permet le commerce d'une espèce inscrite que si un permis d'exportation est accordé), qui contrôle le commerce international de cette espèce (CITES, 2014). Bien qu'il existe six sous-espèces connues d'Apalone spinifera, la tortue molle à épines de l'Est (Apalone spinifera spinifera) est la seule sous-espèce présente au Canada.

La cote de conservation mondiale de la tortue molle à épines est « non en péril » (G5) (NatureServe, 2013). À l'échelle nationale, elle est vulnérable (N3) au Canada et non en péril (N5) aux États-Unis (NatureServe, 2013). L'espèce est également cotée « gravement en péril » (S1) au Québec et « vulnérable » (S3) en Ontario (annexe A) (NatureServe, 2013). L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) attribue à la tortue molle à épines la cote « préoccupation mineure » (Van Dijk, 2013).

Environ 1 % de l'aire de répartition mondiale de la tortue molle à épines se trouve au Canada (COSEWIC, 2014).

La tortue molle à épines est une tortue aquatique de taille moyenne à grande. Elle possède une dossière ressemblant à du cuir, à travers de laquelle on peut sentir sa colonne vertébrale et ses côtes (Référence retirée). La dossière est de couleur olive à havane, porte des ocelles (marques circulaires ressemblant à des yeux) et est dotée de petites projections épineuses sur le bord avant, qui rendent sa texture semblable à du papier sablé. Le plastron Note12 est petit, de couleur blanc crème, et n'offre qu'une protection minimale (Référence retirée). La tête et les membres sont de couleur olive à gris et sont couverts de taches et de rayures foncées (Ernst et Lovich, 2009). L'espèce possède des pattes profondément palmées qui sont bien adaptées à la nage, un long cou et un museau pointu allongé (COSEWIC, 2002). La tortue molle à épines est capable de se déplacer rapidement sur la terre et dans l'eau, grâce à sa dossière profilée et légère (Référence retirée).

La tortue molle à épine présente un dimorphisme sexuel Note13. Les femelles sont habituellement 1,6 fois plus grosses que les mâles (Harding, 1997), et leur dossière atteint une taille maximale (au stade adulte) de 54 cm, alors que celle des mâles mesure au plus 21 cm (Ernst et al., 1994; COSEWIC, 2002). La dossière des mâles et des nouveau-nés présente des ocelles pâles au contour foncé, alors que celle des femelles est tachetée (COSEWIC, 2002).

L'espérance de vie de la tortue molle à épines est de plusieurs décennies (Ernst et Lovich, 2009), et on sait que des individus vivent plus de 50 ans (Référence retirée). Les mâles atteignent la maturité sexuelle lorsque la longueur de leur plastron atteint de 9 à 10 cm (à environ 7 ans), alors que les femelles atteignent la maturité sexuelle lorsque leur plastron atteint une longueur de 18 à 20 cm (à environ 12 ans) (Desroches et Rodrigue, 2004; Ernst et Lovich, 2009).

L'aire de répartition de la tortue molle à épines (figure 1) s'étend dans toute la moitié orientale de l'Amérique du Nord. On peut trouver l'espèce depuis les Grands Lacs jusqu'au golfe du Mexique, et son aire de répartition s'étend à quelques endroits dans le centre et l'ouest des États-Unis, mais l'espèce est principalement présente dans les sous-bassins du Mississippi (rivières Arkansas/Red, Missouri et Ohio, et fleuve Mississippi), et est en grande partie absente du littoral est (Ernst et Lovich, 2009).

Autrefois, la tortue molle à épines était plus largement répartie au Canada, sa présence s'étendant dans l'ensemble du bassin des Grands Lacs inférieurs et du Saint-Laurent, depuis le cours supérieur du fleuve Saint-Laurent jusqu'au secteur inférieur du lac Huron. Cette répartition comprenait trois systèmes fluviaux majeurs du Québec (Bonin, 1997). De nos jours, les populations de tortues molles à épines au Canada sont gravement fragmentées et ne sont présentes que dans quelques zones isolées de l'aire de répartition historique de l'espèce (figure 2) (COSEWIC, 2014). En Ontario, la tortue molle à épines a été observée principalement dans le sud-ouest de l'Ontario, dans des zones côtières et des cours d'eau/affluents des lacs Érié, Sainte-Claire et Huron. Un grand nombre d'observations sont regroupées dans quatre localités : deux sites dans le lac Érié, et des sites dans deux systèmes fluviaux majeurs. Il semble que l'espèce n'est plus présente dans l'ouest du lac Ontario et dans la rivière des Outaouais (COSEWIC, 2014). Au Québec, il existe trois occurrences de l'espèce. Des individus isolés ont été observés dans l'ensemble de l'aire de répartition historique de l'espèce au Québec, mais on ne considère pas que ces individus forment une population (Référence retirée; Rioux et Desroches, 2007; Référence retirée; AARQ, 1988). Au Canada, la superficie estimée de la zone d'occupation Note14 de la tortue molle à épines était de 3 000 km2 en 2002 (COSEWIC, 2002). Depuis, de nouvelles données ont été recueillies et une nouvelle estimation de la zone d'occupation est en cours par le COSEPAC (depuis décembre 2014).

Au Canada, 40 occurrences d'élément de tortues molles à épines ont été rapportées. Aux fins du présent rapport, le terme « occurrence d'élément » est utilisé comme synonyme de « population locale ». La situation démographique des occurrences d'élément existantes a été mise à jour pour refléter les évaluations récentes réalisées par le COSEPAC Note15. À ce titre, en Ontario, 12 occurrences d'élément sont considérées comme étant disparues, et 13, comme étant existantes. Sept autres populations pourraient également exister, mais celles-ci n'ont pas fait l'objet de relevés récents (c.-à-d. populations historiques). Au Québec, 5 occurrences d'élément sont présumées disparues, et 3, existantes. Par conséquent, le nombre de populations locales connues au Canada est de 16 à 23 (de 13 à 20 en Ontario, et de 3 au Québec). L'espèce est mal recensée dans l'ensemble de son aire de répartition, et la plupart de ces populations ne sont recensées qu'à l'aide d'observations occasionnelles.

L'abondance totale et l'aire de répartition complète de la tortue molle à épines sont actuellement inconnues et, dans bien des cas, l'information sur les populations locales se limite presque à des données sur la présence ou l'absence de l'espèce. Aucune donnée précise n'est disponible sur la taille et les tendances des populations, mais les données préliminaires donnent à penser que les populations sont en déclin dans l'ensemble de l'aire de répartition canadienne et que le nombre estimé d'individus matures (capables de se reproduire) au Canada est de 600 à 1 500 (COSEWIC, 2014). Des relevés récents menés dans le sud de l'Ontario indiquent qu'au cours des deux dernières décennies le nombre d'individus matures pourrait avoir décliné de 50 % (COSEWIC, 2014). Au Québec, le nombre d'individus a été estimé à quelques centaines il y a une décennie (Galois, comm. pers., in COSEWIC, 2002). Aujourd'hui, on croit que l'unique population restante compte moins de 100 individus matures (COSEWIC, 2014). De plus, on sait que la qualité et l'étendue de l'habitat continuent de décliner. Des études indiquent un déclin du nombre de femelles matures dans les sites de ponte (y compris dans trois sites communaux de grande superficie (Références retirées; COSEWIC, 2014). Une hausse future de l'abondance de la population pourrait dépendre de la quantité d'habitat convenable additionnel qui pourrait être rendu disponible par la remise en état de l'habitat et/ou à l'aide de techniques de mise en valeur de l'habitat.

Figure 1. Aire de répartition de la tortue molle à épines au Canada et aux États-Unis (aire de répartition mondiale d'après Ernst et Lovich [2009]). Aire de répartition de la tortue molle à épines de l'Est [sous espèce] d'après Conant et Collins [1998]). Cette carte représente l'aire de répartition générale de l'espèce (et de la sous-espèce), et ne montre pas l'information détaillée sur la présence et l'absence d'observations dans l'aire de répartition.

Aire de répartition de la tortue molle à épines

Description longue de la figure 1

La figure 1 est une carte de l'aire de répartition de la tortue molle à épines au Canada et aux États-Unis, y compris de l'aire de répartition de la sous espèce (tortue molle à épines de l'Est) (lignes hachurées). Le cœur de l'aire de répartition s'étend de l'ouest de l'État de New York au sud du Minnesota, au sud du Texas, et à la Géorgie. De petites localités isolées se trouvent au New Jersey et en Caroline du Nord, et la partie principale s'étend à quelques endroits jusqu'au Nouveau-Mexique, en Arizona, dans le sud de la Californie, et au Colorado. Une vaste superficie d'aire de répartition se trouve au Montana, dont une petite portion s'étend dans le Wyoming. L'aire de répartition de la tortue molle à épines de l'Est se trouve principalement au sud des Grands Lacs, et s'étend de l'ouest de l'État de New York au Michigan et au nord de l'Alabama. Une portion isolée de l'aire de répartition se trouve dans le nord de l'État de New York, et s'étend légèrement dans le sud du Québec.

Figure 2. Aire de répartition de la tortue molle à épines au Canada (aire de répartition de la tortue molle à épines de l'Est [sous espèce] d'après Conant et Collins [1998]). Cette carte représente l'aire de répartition générale de l'espèce, et ne montre pas l'information détaillée sur la présence et l'absence d'observations dans l'aire de répartition.

Aire de répartition de la tortue molle à épines

Description longue de la figure 2

La figure 2 est une carte de l'aire de répartition de la tortue molle à épines de l'Est au Canada. L'aire de répartition s'étend depuis l'extrême sud-ouest de l'Ontario, près de Windsor, jusqu'à Toronto, au nord, et à Niagara Falls, à l'est. Une plus petite portion de l'aire de répartition se trouve dans l'extrême sud du Québec, là où la rivière des Outaouais se jette dans le Saint-Laurent, et le long de la frontière de l'État de New York.

La tortue molle à épines dépend principalement des milieux aquatiques, et n'utilise les milieux terrestres que pour nidifier. Au Canada, la tortue molle à épines est associée à des plans d'eau de grande superficie, comme des rivières, des ruisseaux ou des lacs, mais on peut la trouver aussi dans des marais, des étangs et des méandres abandonnés (Référence retirée). Elle peut aussi utiliser les milieux humides et les étangs situés près d'importants plans d'eau (Référence retirée; Référence retirée). La tortue molle à épines peut demeurer à l'intérieur d'un cours d'eau (p. ex. Référence retirée) ou se déplacer entre des cours d'eau et un lac (p. ex. Référence retirée). Des individus ont été observés dans des eaux dont la profondeur allait jusqu'à 5 m, mais l'espèce demeure habituellement près de la rive, à une profondeur de moins de 3 m, sauf durant l'hiver (Référence retirée). Les zones peu profondes présentant un substrat mou (vase ou sable) et les zones où la végétation aquatique est éparse sont couramment utilisées par les adultes et les juvéniles pour assurer la thermorégulation Note16 et éviter les prédateurs (Référence retirée; Ernst et Lovich, 2009). Les zones peu profondes permettent à la tortue molle à épines de sortir la tête hors de l'eau et de respirer tout en gardant le reste du corps enfoui dans le substrat (Ernst et Lovich, 2009). La tortue molle à épines est également fréquemment observée en association avec des caractéristiques telles que des barres de sable, des vasières, des billes submergées et de la végétation aquatique (Référence retirée; Ernst et Lovich, 2009).

Plummer (1976) a étudié l'espèce Apalone muticus, au Kansas, et a découvert que les nouveau-nés de cette espèce ne dépendaient pas du même habitat que les adultes : les nouveau-nés étaient habituellement observés dans des petites mares peu profondes créées par le rivage très irrégulier de barres de sable, ou dans des eaux peu profondes à l'extrémité des barres de sable sous le vent. À l'heure actuelle, on ignore si les nouveau-nés et les juvéniles de tortue molle à épines dépendent du même habitat que les adultes. Il s'agit d'une lacune importante sur le plan des connaissances, et cette lacune est indiquée dans le tableau de planification du rétablissement (tableau 2), sous la stratégie générale « mener des recherches sur la population, l'habitat et les menaces pour combler les lacunes dans les connaissances ».

Pour ne pas geler, la tortue molle à épines hiverne sous l'eau dans un hibernacle submergé Note17, habituellement à une profondeur de moins de 5 à 10 cm de substrat mou (p. ex. sable ou limon) (Ernst et Lovich, 2009), d'octobre à mai. Les femelles semblent commencer à hiverner plus tôt (mi-octobre) que les mâles (fin novembre) (Dobbyn et Smith, 2005).

La tortue molle à épines hiverne souvent dans le cours d'eau ou le lac où elle passe le plus clair de son temps durant la saison active. Dans les cours d'eau, des hibernacles ont été observés dans des fosses d'une profondeur minimale de 1 m et d'une profondeur maximale d'environ 5 m (Référence retirée; Référence retirée; COSEWIC, 2014). Dans les milieux lacustres, des hibernacles ont été observés habituellement près des décharges, dans des zones où la profondeur de l'eau est de 2 à plus de 7 m (Référence retirée; Référence retirée; Référence retirée). La tortue molle à épines est intolérante aux périodes d'anoxie Note18 prolongées, et choisit des sites d'hivernage qui demeurent bien oxygénés durant l'hiver (p. ex. où l'eau s'écoule tout l'hiver) (Fletcher, 2002; Référence retirée; Reese et al., 2003; Ultsch, 2006). La tortue molle à épines est réputée être fidèle à ses sites d'hivernage (Référence retirée; Vermont Fish and Wildlife, 2009). On sait également qu'elle hiverne en groupe (Référence retirée; Référence retirée; Référence retirée; Dobbyn et Smith, 2005).

Au Canada, les tortues molles à épines se reproduisent au printemps (à la fin avril ou en mai), lorsqu'elles émergent de leur hivernage (Ernst et Lovich, 2009; Référence retirée). La reproduction a habituellement lieu dans les eaux profondes du large (Harding, 1997; Ontario Nature, 2012), et on en sait peu au sujet de ce comportement ou au sujet des profondeurs auxquelles la reproduction a lieu.

Les tortues molles à épines femelles pondent généralement de 12 à 18 œufs à la fois (Ernst et al., 1994), du début juin à la mi-juillet (Fletcher, 2002; COSEWIC, 2014). Les nids se trouvent généralement dans des zones où le substrat est principalement composé de sable ou de gravier, et où la densité de la végétation et la pente sont faibles (Référence retirée; Référence retirée; Référence retirée). Les aires de nidification couramment utilisées comprennent les plages sableuses, les barres de sable ou de gravier, ou d'autres zones terrestres présentant des bancs de sable, de gravier ou d'argile (COSEWIC, 2002; Référence retirée; Référence retirée). L'espèce préfère les sols sableux, mais la nidification peut aussi avoir lieu dans les sols de loam argileux (Ernst et Lovich, 2009). Elle choisit habituellement des sites ensoleillés (avec peu de couvert), à portée de vue d'un plan d'eau (COSEWIC, 2002; Référence retirée). Les femelles montrent une fidélité générale au site de nidification. Référence retirée précise que les femelles utilisent la même aire de nidification générale chaque année, mais pas nécessairement la même plage ou la même barre de gravier. Le long d'une portion convenable d'un cours d'eau, les tortues molles à épines peuvent changer d'emplacement de nidification à l'intérieur d'un tronçon de 2 km. Si l'habitat de nidification est limité, plusieurs femelles peuvent utiliser le même site (Ernst et Lovich, 2009; Équipe de rétablissement des tortues du Québec, données inédites).

La distance entre l'habitat en milieu aquatique et les sites de nidification peut aussi varier grandement selon la disponibilité des sites et les conditions locales. La nidification a habituellement lieu à proximité de l'eau, les distances moyennes rapportées allant de 3 à 38 m (Graham et Graham, 1997; Steen et al., 2012). Toutefois, certaines femelles peuvent se déplacer jusqu'à 100 m vers l'intérieur des terres pour nidifier (Ernst et Lovich, 2009). En Ontario, les nids sont habituellement construits à l'intérieur d'une bande riveraine de 50 m (Bolton et Brooks, 2006, 2007; Gillingwater, comm. pers., 2015), alors qu'au Québec, les nids sont aménagés beaucoup plus près de l'eau, tous les sites de nidification connus se trouvant dans des plaines d'inondation (c.-à-d. des zones qui sont inondées de façon périodique). De 2009 à 2011, dans la seule population du Québec qui soit bien étudiée, les distances rapportées entre les nids et le cours d'eau le plus proche variaient de 1,1 à 4,4 m (n = 22) (Galois et al., 2010, 2011, 2012), et tous les nids observés au Québec depuis 2009 ont été trouvés à l'intérieur d'une bande riveraine de 10 m (n = 59) (Galois et al., 2010, 2011, 2012; Paré, comm. pers., 2015). Il est probable que les femelles ne s'éloignent pas davantage de l'eau en raison de la topographie et du substrat du site de nidification. Les rives des voies navigables de la région sont abruptes, ce qui empêche les tortues de voir l'eau, un facteur important pour l'espèce. En outre, le substrat du site de nidification est composé de sable, de gravier et de cailloux, alors que l'habitat dans les milieux terrestres adjacents est composé d'un substrat pauvre pour la nidification (p. ex. sol argileux), ce qui dissuaderait les femelles de faire l'effort de s'éloigner de l'eau (Giguère, comm. pers., 2015). Référence retirée ont rapporté qu'une tortue molle à épines femelle au Québec s'était déplacée sur 7 km vers l'amont (dans l'eau) pour nidifier.

Les nouveau-nés émergent généralement à la fin de l'été, après une incubation de 60 à 75 jours (Fletcher, 2002; COSEWIC, 2014).

Les tortues régulent leur température corporelle en utilisant leur environnement. Elles sont capables de modifier ou de maintenir leur température en variant leur exposition au soleil, à l'ombre et à l'eau (Bulté et Blouin-Demers, 2010). Les sites aquatiques de thermorégulation peuvent comprendre des objets flottants ou affleurants (p. ex. des roches, des billes, de la végétation flottante ou des débris flottants), et l'espèce peut parfois effectuer sa thermorégulation en flottant à la surface de l'eau (Référence retirée; Ernst et Lovich, 2009). En plus d'utiliser les sites d'exposition au soleil des milieux aquatiques, les individus peuvent s'exposer au soleil le long des rives de cours d'eau, dans des zones ouvertes à proximité de l'eau, par exemple sur des bancs de vase ou de sable (Référence retirée; Ernst et Lovich, 2009). Des tortues molles à épines ont également été observées en train d'effectuer leur thermorégulation en étant enfouies dans du substrat mou (vaseux/sablonneux) dans des eaux peu profondes (Gillingwater, données inédites; COSEWIC, 2002).

L'habitat de thermorégulation diffère d'un sexe à l'autre : les mâles sont souvent observés dans des vasières, sous 2 à 5 cm de terre noire saturée, alors que les femelles sont habituellement observées dans des endroits ouverts, souvent sur des huttes de rats musqués (Dobbyn et Smith, 2005). Dobbyn et Smith (2005) supposent que cette différence pourrait être due à la plus grande taille des femelles, lesquelles ont probablement plus de difficulté à s'enfouir dans la vase.

La tortue molle à épines est principalement carnivore (Ernst et Lovich, 2009) et se nourrit surtout d'écrevisses, d'insectes et de poissons, mais peut aussi se nourrir de vers de terre, d'escargots, de bivalves, d'isopodes, de cladocères, et de petits serpents et d'autres amphibiens (Ernst et Lovich, 2009). D'importantes ressources alimentaires sont disponibles dans les lacs et les tronçons de cours d'eau présentant des radiers Note19, dans les ruisseaux affluents, dans les bras, dans les zones de substrat vaseux/sablonneux et dans les baies, et dans les débris végétaux et les plantes aquatiques (COSEWIC, 2014). L'espèce peut trouver de la nourriture dans des eaux d'une profondeur allant jusqu'à 2,5 à 3 m (exemple retiré) (MNRF 2014a, données inédites).

La tortue molle à épines se déplace entre différents types d'habitat en milieu aquatique pour accéder à des ressources qui sont nécessaires de façon récurrente ou saisonnière (p. ex. sites de nidification, sites d'hivernage, sources de nourriture) (Référence retirée). Il est donc important que les différents habitats qu'elle utilise soient interconnectés, ou séparés par des distances raisonnables, afin que les individus puissent se déplacer de l'un à l'autre pour accomplir les diverses étapes de leur cycle vital. La tortue molle à épines est une bonne nageuse capable de déplacements fréquents et longs (Vermont Fish and Wildlife, 2009).

Des déplacements de plus de 30 km ont été observés le long d'un cours d'eau, en Ontario (Référence retirée) et dans un système fluvial-lacustre, au Québec (Galois, 1997). La longueur linéaire moyenne observée du domaine vital pour la tortue molle à épines au Québec est de 10,8 km (Équipe de rétablissement de la tortue molle à épines du Québec, données inédites). Des données laissent croire qu'il existe une différence importante entre les sexes, chez la tortue molle à épines, en ce qui concerne la mobilité et la chronologie des déplacements. Les femelles semblent se déplacer sur de plus longues distances et sont également plus actives que les mâles (Référence retirée). La superficie moyenne annuelle du domaine vital de la tortue molle à épines au Québec était de 32,06 ± 30,70 km2 pour les femelles (écart de 1,77 à 110,28 km2) et de 2,75 ± 2,99 km2 pour les mâles (écart de 0,44 à 6,92 km2) (Référence retirée). Référence retirée ont également observé que certains individus utilisaient beaucoup de petites zones précises d'habitat à certaines fins, notamment pour la nidification et l'hivernage, et qu'ils utilisaient le reste de leur domaine vital pour se déplacer entre ces zones. On croit que la grande superficie des domaines vitaux est due à la distance entre les sites d'hivernage et de nidification convenables. La superficie du domaine vital de la tortue molle à épines en Ontario est inconnue, mais des études ont permis d'observer des déplacements allant jusqu'à 30 km (Référence retirée). Il s'agit d'une importante lacune dans les connaissances qui doit être comblée de manière à préciser les mesures de rétablissement.

Plummer et al. (1997) ont étudié les domaines vitaux de tortues molles à épines dans un petit cours d'eau (ruisseau Gin), en Arkansas, aux États-Unis. Ils ont calculé une superficie annuelle du domaine vital de 0,88 ha pour les mâles et de 0,7 ha pour les femelles, et la superficie légèrement plus grande des domaines vitaux dans le cas des mâles n'était pas statistiquement significative. Ils ont observé des déplacements quotidiens allant jusqu'à 1 920 m, et ont affirmé que les habitudes de déplacement des tortues molles à épines dans un petit cours d'eau étaient caractérisées par de brefs déplacements, mais sur une longue distance hors de leur domaine vital, suivis de leur retour immédiat. Ayant comparé leurs résultats avec les résultats d'autres études, les auteurs appuient la notion selon laquelle la superficie du domaine vital dépend de la taille du cours d'eau et de la disponibilité des caractéristiques d'habitat nécessaires aux différentes activités liées au cycle vital de l'espèce, comme la nidification et l'hivernage (Schubauer et al., 1990; MNRF, 2014b).

La plupart des tortues, y compris la tortue molle à épines, ont en commun certains éléments de leur cycle vital qui peuvent limiter leur capacité de s'adapter à des degrés élevés de perturbation, ce qui explique en partie leur tendance à connaître des baisses d'effectif (Congdon et al., 1993; Gibbons et al., 2000; Turtle Conservation Fund, 2002). La stratégie de reproduction des tortues repose sur de forts taux de survie des adultes, qui compensent les faibles taux de recrutement, pour les raisons suivantes :

  1. maturité sexuelle tardive (autour de 12 ans chez les femelles des populations nordiques, et longévité de 50 ans);
  2. taux élevé de prédation naturelle des œufs et des juvéniles de moins de deux ans;
  3. besoin de conditions environnementales particulières pour le développement interne des œufs, et incubation externe des œufs sans soins parentaux.

En raison de ces caractéristiques biologiques, les populations de tortues, dont celle de tortues molles à épines, ne peuvent pas s'ajuster à une augmentation du taux de mortalité des adultes. Des études à long terme ont révélé que ces animaux ont besoin d'un taux élevé de survie des adultes (et particulièrement des femelles) pour maintenir leurs populations. Il suffit d'une augmentation de 2 ou 3 % du taux annuel de mortalité des adultes pour provoquer une diminution d'effectif (Congdon et al., 1993, 1994; Cunnington et Brooks, 1996).

Les conditions climatiques requises pour la survie de la tortue molle à épines limitent son aire de répartition dans les régions nordiques (Hutchinson et al., 1966; McKenney et al., 1998). Le climat joue un rôle essentiel dans le recrutement, car l'incubation des œufs exige des conditions que seul l'environnement peut lui procurer. Le temps d'incubation constitue un facteur limitatif important pour les populations de tortues des régions nordiques (Brooks, 2007), où le court été permet normalement une seule ponte par année, et réduit la probabilité qu'une ponte connaisse une éclosion une année donnée. On sait qu'il arrive que deux pontes aient lieu certaines années au Canada (COSEWIC, 2014), mais les taux de recrutement peuvent varier d'une année à l'autre selon les conditions météorologiques, en particulier durant l'été.

La population canadienne de tortues molles à épines se trouve à la limite septentrionale de l'aire de répartition de l'espèce (Seburn et Seburn, 2000). Comme un moins grand nombre d'unités thermiques Note21 sont disponibles, plus l'espèce vit au nord, plus la plus courte période de nidification et de développement au Canada constitue un facteur limitatif pour cette espèce (Brooks, 2007; COSEWIC, 2014). La disponibilité de sites d'hibernation convenables constitue un autre facteur limitatif important. L'espèce est relativement intolérante aux conditions anoxiques durant l'hiver, et la couverture de glace est présente plus longtemps au nord (Ultsch et Cochran, 1994).

Les tortues jouent un rôle important dans les croyances et les cérémonies spirituelles des Autochtones. Pour les Premières Nations, la tortue est un maître, qui possède de vastes connaissances. Elle joue un rôle fondamental dans l'histoire de la Création, car elle a permis à la Terre d'être formée sur sa dossière. Pour cette raison, la plupart des Premières Nations appellent traditionnellement l'Amérique du Nord « île de la Tortue » (Bell et al., 2010).

Les menaces pesant sur la tortue molle à épines peuvent varier régionalement et localement à l'intérieur de l'aire de répartition de l'espèce au Canada. Toutefois, l'information présentée au tableau 1 constitue une évaluation générale des menaces qui pèsent sur la tortue molle à épines au Canada. Lorsque de l'information est connue sur l'importance d'une menace à l'échelle locale, des renseignements additionnels sont fournis dans la description de la menace, sous le tableau 1.

Les menaces présentées au tableau 1 sont classées en ordre décroissant de préoccupation dans chaque catégorie de menaces.

Tableau 1. Tableau d'évaluation des menaces
Information sur les menaces Menace Niveau de préoccupation Note du tableaua Étendue Occurrence Fréquence Gravité Note du tableaub Certitude causale Note du tableauc
Perte ou dégradation de l'habitat Aménagement/ altération des rives et de l'habitat en milieux riverains Élevé Généralisée Historique/ courante Récurrente Élevée Élevée
Perte ou dégradation de l'habitat Ouvrages de régularisation des eaux Moyen Généralisée Historique/ courante Récurrente Modérée Élevée
Perte ou dégradation de l'habitat Élevage de bétail Moyen Localisée Courante Saisonnière Élevée Élevée
Mortalité accidentelle Navigation de plaisance Élevé Généralisée Courante Saisonnière Élevée Élevée
Mortalité accidentelle Prises accessoires Moyen Généralisée Courante Saisonnière Modérée Moyenne
Changements dans la dynamique écologique ou dans les processus naturels Prédateurs favorisés par les activités humaines Élevé/ moyen Localisée Courante Saisonnière Élevée Élevée
Utilisation des ressources biologiques Capture illégale Élevé Généralisée Courante Saisonnière Modérée Élevée
Espèce ou génome exotique, envahissant ou introduit Espèces exotiques et envahissantes Élevé/ faible Localisée Courante/ anticipée Continue Inconnue/ faible Moyenne/ faible
Perturbation ou dommage Perturbations associées aux activités humaines Moyen Localisée Courante Saisonnière Inconnue Moyenne
Pollution Contamination et charge en nutriments Moyen/ faible Localisée Courante Continue/ saisonnière Inconnue Moyenne/ faible
Climat et catastrophes naturelles Changements climatiques Faible Généralisée Anticipée Continue Inconnue Faible

Cette section décrit les menaces présentées dans le tableau 1, souligne les principaux éléments et fournit des renseignements supplémentaires. Les menaces sont présentées individuellement, mais il importe de tenir compte de l'effet cumulatif à long terme de ces menaces variées sur les populations locales de tortues molles à épines. Il est à noter que certaines menaces ne se manifestent que durant la saison d'activité de l'espèce, en entraînant une mortalité directe, une élimination, une mutilation ou une capture illégale d'individus. Parmi les mécanismes par lesquels les menaces peuvent affecter les populations locales de tortues molles à épines, l'isolement par perte et fragmentation d'habitat est particulièrement préoccupant, car il rompt la dynamique métapopulationnelle et limite la possibilité de rétablissement des populations locales par immigration de source externe Note22. Les menaces sont présentées en ordre décroissant de niveau de préoccupation.

La perte et la dégradation de l'habitat sont des menaces hautement préoccupantes pour les populations de tortues molles à épines. Leur habitat en milieux riverains Note23 et aquatiques ont été et sont toujours dégradés, entre autres par l'altération des rives, la construction et l'entretien des routes, la construction de ponts et de barrages, l'urbanisation, et les activités agricoles intensives (COSEWIC, 2014). L'aménagement illégal (p. ex. la dérivation de cours d'eau, l'excavation d'étangs et l'installation de quais) est également préoccupant, en particulier lorsque cet aménagement a lieu à l'intérieur ou à proximité des habitats de nidification ou de thermorégulation.

La dégradation de l'habitat en milieux riverains réduit la disponibilité des sites convenables à la nidification et à l'exposition au soleil (Référence retirée). Une telle dégradation de l'habitat peut également réduire le nombre de sites d'hivernage et accroître le nombre de prédateurs (voir par exemple Ernst et Lovich, 2009). Dans de nombreuses régions, les berges sont durcies pour empêcher l'érosion, souvent à l'aide de murs de métal ou de béton, ou d'enrochements Note24 (Référence retiréeRéférence retirée). Ce durcissement des rives empêche la tortue molle à épines de réaliser certaines fonctions vitales essentielles (p. ex. nidification, recherche de nourriture et exposition au soleil) le long de grands segments d'habitat autrefois disponible, ce qui risque au final de mener à un déclin de la population (Référence retirée). Par exemple, les rives naturelles présentent une plus grande quantité de végétation émergente et aquatique que les rives aménagées (Radomski et Goeman, 2001), et ces caractéristiques de l'habitat sont essentielles pour la tortue molle à épines durant la saison active (Référence retirée). Les activités de construction associées à ce type d'aménagement peuvent aussi entraîner la mortalité directe de tortues.

Le dragage peut nuire directement ou indirectement aux tortues. Des individus peuvent être extraits de leurs sites d'hivernage et/ou être tués par la machinerie lourde utilisée durant le dragage. Les sites d'hivernage pourraient également être détruits par le dragage. L'altération de la qualité de l'eau (attribuable à la charge sédimentaire dans les cours d'eau) et les changements morphologiques des cours d'eau pourraient quant à eux modifier la composition et la disponibilité des proies (Bodie, 2001).

La perte d'habitat attribuable au développement et à l'agriculture est importante en ce qui concerne la tortue molle à épines (COSEWIC, 2014), et une partie de cette perte d'habitat est maintenant irréversible. Le remblayage ou l'assèchement de milieux humides à de telles fins élimine effectivement l'habitat de la tortue, en particulier ses habitats d'exposition au soleil et d'alimentation (Référence retirée).

Certaines techniques communément utilisées pour la gestion des cours d'eau et des zones riveraines, comme la réduction des embâcles créées par l'accumulation de chicots/billes, l'assèchement des rives, la canalisation, la réduction des barres de sable et des plages et l'aménagement de réservoirs peuvent nuire aux tortues (Bodie, 2001). La tortue molle à épines est particulièrement touchée par la réduction des barres de sable et des plages, qui réduit à son tour la disponibilité de sites de nidification convenables.

Pendant qu'elles sont dans l'eau, les tortues risquent d'être blessées ou tuées en entrant en collision avec des bateaux et/ou des hélices (Burger et Garber, 1995; Smith et al., 2006; Référence retirée; Bulté et al., 2010; Bennett et al., 2014). Les mortalités de tortues attribuables aux impacts avec des embarcations motorisées, même dans les plans d'eau où le trafic est faible à modéré (par rapport à « élevé ») peuvent entraîner le déclin d'une population locale de tortues d'eau douce (Bulté et al., 2010). Bien qu'aucune recherche s'intéressant aux blessures et aux mortalités attribuables aux collisions avec des embarcations motorisées ne soit disponible en ce qui concerne la tortue molle à épines en Ontario, des recherches ont été menées sur cette menace pour d'autres espèces de tortues aquatiques de l'Ontario. Une étude portant sur les effets de la navigation de plaisance sur les populations de tortues géographiques dans deux localités en Ontario a révélé que 8,3 et 3,8 % des individus des deux localités présentaient des blessures dues à des hélices. Si plus de 10 % de ces collisions entraînent la mort des tortues, une disparition rapide de la population est possible (Bulté et al., 2010). Comme la tortue molle à épines et la tortue géographique ont des habitudes aquatiques semblables, cette étude laisse croire que les collisions avec des hélices sont susceptibles de constituer une menace pour la tortue molle à épines dans son aire de répartition canadienne. Dans une localité du Québec, la mortalité due à des accidents liés à des activités récréatives, comme des blessures découlant de collisions avec des hélices, constitue une préoccupation pour une population de tortues molles à épines, lorsqu'on tient compte également de l'altération de l'habitat et d'autres menaces pesant sur cette population (Référence retirée).

Comme la plupart des femelles nicheuses de tortue molle à épines au Canada sont présentes dans les plans d'eau de grande étendue où le trafic d'embarcations motorisées est élevé, cette menace croissante est particulièrement préoccupante pour l'espèce, la majeure partie de la population étant touchée par la navigation de plaisance (COSEWIC, 2014). De plus, la tortue molle à épines est plus vulnérable à cette menace, car elle s'expose régulièrement au soleil juste au large en flottant à la surface de l'eau, et se trouve à très haut risque de collision avec des bateaux, en comparaison avec de nombreuses autres espèces de tortues qui s'exposent rarement ou peu fréquemment au soleil de cette façon (p. ex. tortue mouchetée).

Dans bon nombre de régions, la faible densité ou l'absence de prédateurs occupant le sommet des chaînes alimentaires ainsi que l'augmentation des aliments disponibles associés aux humains (p. ex. nourriture donnée aux animaux, déchets, cultures) ont mené à une plus grande abondance de prédateurs de tortues que ce que les conditions naturelles auraient pu soutenir dans le passé (Mitchell et Klemens, 2000). Les principaux prédateurs de la tortue molle à épines sont le raton laveur (Procyon lotor), le coyote (Canis latrans), la moufette rayée (Mephitis mephitis) et le renard roux (Vulpes vulpes) (Référence retirée). Les femelles adultes sont plus susceptibles que les mâles d'échapper à la prédation en raison de leur plus grande taille, de leur plus grande rapidité de déplacement, et de leur comportement plus agressif (Référence retirée). Les tortues juvéniles sont les plus vulnérables à la prédation, et sont chassées par une grande variété de prédateurs, notamment des mammifères, des oiseaux, d'autres reptiles, des amphibiens et des poissons (Référence retirée). Les nids de la tortue molle à épines font souvent l'objet de prédation par des ratons laveurs, des coyotes et des renards roux (Ernst et Lovich, 2009; Référence retirée).

Le taux anormalement élevé de nombreuses populations de prédateurs peut mener à des taux de prédation insoutenables pour les tortues (œufs, juvéniles, adultes). Par exemple, un taux de prédation de 100 % des nids de la tortue molle à épines non protégés a été enregistré dans un parc provincial en Ontario (Référence retirée; Référence retirée). Dans trois sites en Ontario (à l'intérieur d'un parc provincial), le taux de survie des œufs jusqu'à l'éclosion était de 85,4, de 70,8 et de 30,9 % dans le cas des nids protégés, et de 61 et 47,3 % respectivement dans le cas des nids naturels dans les deux premiers sites (De Solla et al., 2003).

Au Québec, l'information disponible laisse croire que cette menace pourrait être moins préoccupante pour la population locale. Par exemple, aucun prédateur n'a été observé durant les activités de suivi visant un important site communal de nidification, au printemps 2014 (S. Giguère, comm. pers., 2015).

Des méthodes visant à contrer les taux élevés de prédation ont été élaborées et utilisées à divers degrés avec succès (Seburn, 2007; Riley et Litzgus, 2013). Toutefois, dans de nombreux cas, il est impossible d'appliquer ces méthodes (notamment l'installation de dispositifs d'exclusion des prédateurs au-dessus des nids de tortue) à l'échelle requise pour protéger la population de cette menace.

Dans le monde entier, de nombreuses espèces de tortues sont touchées par la capture d'individus et par la capture systématique à grande échelle pour utilisation comme animaux de compagnie, aliments et remèdes traditionnels (Thorbjarnarson et al., 2000; Bodie, 2001; Référence retirée; Moll et Moll, 2004). Le taux d'exportation de tortues d'eau douce, pour leur commerce comme animaux de compagnie ou aliments, est élevé aux États-Unis (Mali et al., 2014). Par exemple, de 1999 à 2014, environ 700 000 tortues molles à épines ont été exportées légalement à des fins commerciales, dont 13 % ont été capturées dans la nature (U.S. Fish and Wildlife Service, 2014). La tortue molle à épines était l'une des espèces communes du marché de l'exportation des États-Unis de 1989 à 1997 (Moll et Moll, 2004). Un grand nombre d'adultes (principalement des femelles) ont été exportés depuis les États-Unis vers des marchés précis depuis la fin des années 1990, tout comme de grandes quantités de nouveau-nés (Van Dijk, 2013). Kopecký et al. (2013) ont analysé le commerce des tortues d'eau douce de compagnie dans l'Union européenne : parmi les 15 espèces de tortues les plus commercialisées Note25, la tortue molle à épines se situait au 8e rang, avec une estimation de 27 035 individus importés depuis les États-Unis de 2008 à 2012. On peut s'attendre à ce que le taux de commerce illégal soit également élevé au Canada étant donné la demande dans ce commerce lucratif. Les espèces de reptiles classées comme en péril sont plus susceptibles de faire l'objet d'un commerce international comme animaux de compagnie que celles qui ne sont pas considérées comme en péril (Bush et al., 2014), du fait que les espèces sauvages rares sont particulièrement recherchées (Courchamp et al., 2006).

Au Canada, la capture, le commerce et la possession de tortues molles à épines sont illégaux aux termes des lois fédérales et provinciales. Néanmoins, on a rapporté que des braconniers capturaient des tortues molles à épines adultes et leurs œufs à des fins alimentaires en Ontario (Référence retirée). En mars 2013, un journal de Toronto faisait état d'un restaurant ayant en sa possession 31 tortues molles à épines dans ses congélateurs (The Star, 2013). Ce type d'activité pourrait indiquer une forte demande pour cette espèce dans le marché de l'alimentation.

Il est possible que la capture illégale de tortues molles à épines n'entraîne pas directement la mortalité, mais celle-ci élimine des individus de la population, ce qui, vu la stratégie reproductive de l'espèce (longévité extrême, faibles taux de recrutement), pourrait grandement réduire le taux de recrutement (COSEWIC, 2014). L'élimination annuelle, ne serait-ce que de quelques individus d'une population locale, peut avoir un impact important. L'ampleur de la récolte illégale organisée de tortues molles à épines fait l'objet de peu d'études au Canada.

L'introduction de plantes exotiques envahissantes peut altérer la disponibilité et la qualité de l'habitat pour la tortue molle à épines. Dans certaines régions, particulièrement autour des lacs Érié, Huron et Sainte-Claire, et le long de certains cours d'eau importants, le roseau commun (Phragmites australis) a envahi des milieux humides, des lacs et des cours d'eau, formant des peuplements monospécifiques Note26 qui ont altéré les conditions de l'habitat d'alimentation et de l'habitat de nidification, forçant les femelles à utiliser d'autres sites de ponte (Référence retirée; Gillingwater, comm. pers., 2012). Les plantes envahissantes ont tendance à former des peuplements denses qui empiètent sur les autres espèces et qui réduisent progressivement chaque année la superficie disponible pour les sites de nidification (COSEWIC, 2014). En outre, l'expansion du réseau routier favorise la propagation des espèces végétales envahissantes, ce qui est particulièrement le cas dans le sud de l'Ontario (Gelbard et Belnap, 2003).

Les tortues nidifient en terrain ouvert, sans ombrage, bien exposé à la chaleur du soleil. Dans une étude menée le long du lac Érié, en Ontario, il a été observé que le roseau commun, espèce non indigène, avait réduit la quantité d'habitat de nidification convenable pour de nombreuses espèces de tortues, sa propagation ayant altéré le microenvironnement (particulièrement en abaissant considérablement la température dans les nids) des nids de tortues durant la période d'incubation (Référence retirée). La perte d'habitat de nidification convenable pour une espèce de tortue due à la présence de plantes envahissantes non indigènes, notamment le roseau commun, le houblon du Japon (Humulus japonicas) et la salicaire commune (Lythrum salicaria), a également été observée à de nombreux autres endroits dans le sud de l'Ontario (Gillingwater, comm. pers., 2012). La glycérie aquatique (Glyceria maxima) pourrait également avoir un impact sur la tortue molle à épines.

Les ouvrages de régularisation des eaux peuvent empêcher le déplacement des tortues dans les milieux aquatiques et, par conséquent, accroître la fragmentation de l'habitat et empêcher l'accès des tortues à l'habitat convenable (Bennett et al., 2010). Ces ouvrages sont particulièrement préoccupants pour les espèces de tortues hautement aquatiques, comme la tortue molle à épines, qui utilise fréquemment le milieu aquatique pour se déplacer et pour qui la construction d'ouvrages de régularisation des eaux contribue potentiellement à l'isolement des populations (Edmonds, 2002; Bennett et al., 2010). L'isolement de populations pourrait compromettre l'immigration de source externe à moyen terme, ce qui pourrait mener à une augmentation de la probabilité de disparition de populations locales (Stockwell et al., 2003; Marchand et Litvaitis, 2004). À long terme, une capacité réduite des individus de se disperser avec succès pourrait entraîner une réduction de la diversité génétique (Gray, 1995). La perte de variation génétique au sein des petites populations isolées peut à son tour réduire la valeur adaptative (fitness) et l'adaptabilité de ces populations et donc accroître le risque de disparition en cas de catastrophe ou d'épidémie Note27 (Frankham, 1995; Reed et Frankham, 2003). Toutefois, des tortues molles à épines ont été observées en train de traverser des écluses (Gillingwater, comm. pers., 2012), ce qui donne à penser que ces structures ne forment pas toujours une barrière imperméable Note28.

Certaines opérations de régularisation des eaux peuvent également nuire à l'habitat des tortues en modifiant les niveaux d'eau en amont et en aval, influant ainsi sur la profondeur des sites d'hivernage et sur la disponibilité des habitats de nidification, d'exposition au soleil et d'alimentation. Par exemple, l'utilisation de barrages pour maîtriser les crues pourrait nuire à l'espèce en atténuant les effets d'affouillement attribuables aux crues maximales sur les rives (enlèvement de la végétation riveraine), et donc la superficie de sol exposé convenable à la nidification (Seburn, 2007). La régularisation des eaux peut également avoir des effets sur le régime d'écoulement vers l'aval, qui modifie à son tour le transport des sédiments, les propriétés thermiques, les niveaux d'eau et les concentrations d'oxygène, qui sont tous des facteurs susceptibles d'influer sur le caractère convenable de l'habitat, en particulier durant l'hibernation.

La fluctuation des niveaux d'eau causée par les opérations de régularisation des eaux peut également entraîner une mortalité directe. Par exemple, les niveaux d'eau accrus au printemps et à l'été peuvent noyer les nids (et tuer les embryons), car les nids sont habituellement creusés près de l'eau. Par ailleurs, une baisse des niveaux d'eau pendant l'hiver peut entraîner le gel (et la mort) des tortues en hivernage (Ewert, 1979). Les épisodes de crues aggravés par la présence d'ouvrages de régularisation des eaux le long de deux systèmes fluviaux majeurs sont de plus en plus responsables de la perte complète de pontes durant une saison (COSEWIC, 2014; Équipe de rétablissement de la tortue-molle à épines au Québec, 2014). De 2008 à 2011, des tempêtes ont fait en sorte que tous les sites de nidification (sauf un, qui avait été piétiné par du bétail) sont demeurés submergés pendant le développement des embryons, noyant ainsi tous les embryons (Ewert, 1979; COSEWIC, 2014).

L'élevage de bétail est préoccupant à certains endroits où l'on sait que la tortue molle à épines est présente. La présence de bétail sur la rive ou à proximité de cette dernière dégrade l'habitat de nidification en compactant le sol et en érodant les berges. De plus, le piétinement pourrait écraser des nids et des individus. Selon le COSEPAC (COSEWIC, 2014), les principaux sites de nidification connus de la tortue molle à épines dans deux réseaux fluviaux majeurs sont touchés par cette menace.

Les prises accessoires dans le cadre des pêches commerciale et récréative en eau douce constituent une menace sous-estimée, mais bien réelle pour les tortues (Raby et al., 2011). Les tortues peuvent être prises accidentellement dans les lignes de pêche récréative, dans les pièges à poissons commerciaux ou les pièges destinés à la recherche scientifique, ou encore dans des filets, et se noyer. Comme il arrive souvent que les filets ne soient pas vérifiés pendant plusieurs jours, le taux de noyade des tortues est élevé. Le taux de mortalité est suffisant pour causer la disparition de populations locales de tortues (Midwood et al., 2014). Les tortues qui survivent sans se noyer dans les filets peuvent montrer des signes de blessures, lesquelles les rendent à risque de mourir plus tard (Stoot et al., 2013).

Des études menées dans l'est de l'Ontario et dans le fleuve Mississippi (aux États-Unis) ont révélé que les techniques de pêche passives (p. ex. verveux) peuvent entraîner une grande quantité de prises accessoires de tortues (p. ex. Référence retirée; Carrière, 2007; Larocque et al., 2012a). Par exemple, Larocque et al. (2012b) ont observé que, parmi les prises accessoires d'animaux autres que des poissons, au moins 93 % appartenaient à quatre espèces de tortues. Un haut taux de mortalité (33 %) de tortues a également été rapporté dans des filets déployés dans le lac Newboro (Larocque et al., 2012c). Même quand on prend soin de s'assurer qu'une partie du piège demeure hors de l'eau, les tortues ont tendance à se rendre dans le dernier compartiment, qui est ancré au fond, et qui peut donc être complètement submergé (Thompson, comm. pers., in Seburn, 2007).

En plus de risquer d'être prises accessoirement dans les filets de pêche commerciale, les tortues risquent de se blesser et de mourir en avalant les hameçons des pêcheurs récréatifs. En effet, les pêcheurs relâchant souvent les tortues prises dans les lignes de pêche en coupant la ligne ; l'hameçon demeure donc dans le corps de la tortue (Référence retirée; Gillingwater, 2008). L'hameçon et le fil de nylon peuvent causer d'importantes lacérations dans le tube digestif et les poids de plomb peuvent causer un empoisonnement (Borkowski, 1997). En 2005 seulement, 3 tortues molles à épines ont été trouvées avec des lignes de pêche dans la gorge dans le sud de l'Ontario (Gillingwater, 2008). Une étude menée au Tennessee a permis d'observer que 4 % des mâles et 6 % des femelles de l'espèce avaient ingéré des hameçons (Steen et al., 2014).

Les activités humaines peuvent nuire de nombreuses façons à la tortue molle à épines. Parce que les tortues sont très méfiantes, le simple fait de s'approcher d'elles pendant qu'elles s'exposent au soleil peut faire en sorte qu'elles quittent leur site d'exposition pour retourner dans l'eau. La perte de chaleur qui en résulte, si la perturbation devient répétitive, peut retarder le développement des œufs dans le corps des femelles, et nuire à d'autres activités du cycle vital chez les deux sexes et chez toutes les classes d'âge (p. ex. métabolisation de la nourriture, émergence printanière) (Bulté et Blouin-Demers, 2010). De plus, la présence d'humains et/ou de bateaux peut retarder ou interrompre la nidification, et les femelles peuvent abandonner leurs nids, ce qui les rend plus vulnérables à la prédation (Horne et al., 2003; Moore et Seigel, 2006; Références retirées). Les perturbations répétées dans les sites de nidification peuvent également forcer les femelles à utiliser des sites de nidification de moindre qualité (Moore et Seigel, 2006), ce qui à son tour peut ralentir l'incubation et réduire le taux d'éclosion des œufs (Horne et al., 2003). Les espèces qui passent le plus clair de leur temps dans des plans d'eau de grande superficie, notamment la tortue molle à épines, pourraient être plus vulnérables aux perturbations ou aux blessures, car la navigation de plaisance, le ski nautique et d'autres sports nautiques sont souvent pratiqués dans l'aire de répartition canadienne de l'espèce. On a également observé que l'espèce évitait de nidifier dans les endroits montrant des signes de présence humaine (Références retirées). Les activités menées sur les plages de nidification (p. ex. utilisation de véhicules tout-terrain) peuvent également entraîner le piétinement des nids ou des nouveau-nés (Référence retirée). La translocation de tortues (p. ex. personnes qui prennent des tortues pour les observer et qui les remettent dans la nature à un autre endroit que celui où les individus ont été capturés) d'un plan d'eau à un autre par des humains peut accroître le stress ou la présence de menaces (p. ex. réseaux routiers) lorsque les tortues tentent de retourner à leur site d'origine ou de trouver des milieux leur permettant de mener certaines activités liées à leur cycle vital (p. ex. pour se nourrir ou pour hiverner) (Gillingwater, comm. pers., 2012).

La tortue molle à épines pourrait faire l'objet de harcèlement et de persécution délibérés par des humains. Par exemple, il arrive que des gens lancent des roches aux tortues, qu'ils ciblent des individus avec des armes à feu, et qu'ils roulent volontairement sur des individus avec leur véhicule (voir par exemple Horne et al., 2003; Ashley et al., 2007; Référence retirée). Des observateurs ont également été témoins de la destruction délibérée d'œufs (Horne et al., 2003; Gillingwater, 2008).

L'habitat aquatique de la tortue molle à épines peut être touché par la dégradation de la qualité de l'eau causée par le ruissellement des eaux contaminées provenant des zones agricoles (nutriments et pesticides) et industrielles (déchets industriels), des routes (p. ex. sels de voirie) et des zones urbaines (p. ex. métaux lourds) (Mitchell et Klemens, 2000; Bishop et al., 2010). La tortue molle à épines peut être vulnérable à l'accumulation de contaminants, mais les effets à long terme de ces derniers sont encore mal compris. Les tortues absorbent les contaminants provenant de l'environnement, et en absorbent aussi dans le cadre de divers processus physiologiques (p. ex. alimentation, respiration, absorption par les tissus ou les membranes, notamment par la coquille des œufs) (Bishop et al., 1998). La tortue molle à épines est plus vulnérable aux contaminants que d'autres espèces de tortues en raison de son régime alimentaire et de l'emplacement de ses habitats (bassin des Grands Lacs et du Saint-Laurent).

Des études récentes montrent que le fait que l'espèce dépend de la chaîne alimentaire benthique a peu d'effets sur l'accumulation du mercure chez la tortue peinte et la tortue musquée (Référence retirée), et que les concentrations de mercure mesurées dans le sang et les écailles Note29 n'influent pas sur le taux de parasitisme chez la tortue peinte (Slevan-Tremblay, 2013). Toutefois, l'exposition au mercure pourrait nuire au système immunitaire en réduisant le nombre de lymphocytes. De manière similaire, s'ils ne sont pas accrus, ces effets peuvent nuire à la tortue molle à épines. Deux études menées dans le bassin des Grands Lacs ont permis de déceler plusieurs contaminants d'origine industrielle dans des œufs de chélydres serpentines. On a également observé que le taux de développement anormal des embryons augmentait avec l'exposition aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (Bishop et al., 1998; Van Meter et al. 2006). Ces études s'intéressaient à d'autres espèces, mais il existe un potentiel d'effets similaires sur la tortue molle à épines, car ces espèces utilisent des habitats semblables et montrent des comportements similaires.

Les apports de sédiments et de matière organique issus de l'érosion et du ruissellement (p. ex. des terres agricoles) peuvent également modifier la qualité de l'eau et la structure de l'habitat, et menacer les populations locales de tortues molles à épines (Référence retirée). Le déclin et/ou la disparition de populations de tortues ont été attribués à l'envasement (dépôt continu de limon) dans plusieurs études (Bodie, 2001), notamment le déclin et la disparition possible de l'espèce Apalone mutica et des sous-espèces Kinosternon flavescens ssp. spooneri, en Illinois (Moll, 1980), et le déclin des populations de tortues géographiques (Graptemys geographica) et de tortues molles (Apalone sp.) au Missouri (Johnson, 1992) et au Kansas (Plummer, 1976). Les apports de matière organique et de nutriments peuvent accroître la turbidité de l'eau et réduire la teneur de l'eau en oxygène dissous, ce qui peut nuire à la respiration durant l'hiver. On ignore dans quelle mesure ces conditions peuvent nuire à la tortue molle à épines.

L'augmentation des charges de nutriments associée à l'activité humaine peut favoriser la prolifération de cyanobactéries (algues bleues) dans les eaux fréquentées par les tortues (Carpenter et al., 1998), ce qui peut menacer les tortues, qui risquent d'ingérer les toxines contenues dans les algues. De plus, une augmentation de la charge en nutriments peut mener à une consommation accrue d'oxygène par les bactéries, ce qui peut entraîner des périodes de faible concentration d'oxygène dissous (hypoxie) ou même d'absence totale d'oxygène (anoxie) durant l'hiver. La tortue molle à épines est intolérante aux conditions anoxiques (Reese et al., 2003). Par conséquent, les individus qui hibernent dans des zones où les concentrations d'oxygènes sont appauvries risquent de mourir durant l'hibernation en raison des conditions hypoxiques ou anoxiques.

La contamination des eaux souterraines associée au ruissellement aux sites d'hivernage constitue aussi une préoccupation. Il sera nécessaire de mener des études visant à déterminer l'ampleur des effets de la charge en nutriments sur la tortue molle à épines de manière à préciser le niveau de risque pour une population donnée.

Le climat demeure le principal facteur limitatif de la répartition des tortues dans la partie nordique de leur aire de répartition. Vu l'effet du climat sur les taux de recrutement, il est probable que l'évolution du climat de la planète aura une incidence sur les populations de tortues, bien que la nature et l'ampleur générales des effets ne soient pas claires. En Ontario, on prévoit un accroissement de la température moyenne annuelle de 2,5 à 3,7 °C d'ici 2050 (comparativement à la moyenne pour la période 1961-1990), de même que des changements des régimes de précipitation saisonniers (Expert Panel on Climate Change Adaptation, 2009).

Les effets hydrologiques pourraient être marqués par un abaissement des niveaux d'eau durant l'été (Lemmen et al., 2008), et ces niveaux plus bas pourraient à leur tour accroître la disponibilité des sites de nidification. Toutefois, en l'absence de précipitations accrues, l'accroissement des températures et de l'évaporation pourraient se solder par un faible ruissellement (Expert Panel on Climate Change Adaptation, 2009) et un assèchement de milieux humides auparavant permanents. La baisse des niveaux d'eau dans les Grands Lacs pourrait entraîner une perte considérable de milieux humides côtiers qu'utilise la tortue molle à épines. De plus, une diminution de la profondeur de l'eau dans les milieux humides des Grands Lacs contenant des sites d'hivernage pourrait faire augmenter le taux de mortalité des tortues en hibernation.

Les effets hydrologiques pourraient également être caractérisés par une fréquence accrue des épisodes de précipitations extrêmes sous forme de pluie, ce qui pourrait accroître le nombre de cas d'inondation des nids se trouvant sur les rives. Un site de nidification recensé régulièrement au Québec est déjà régulièrement inondé. Si la fréquence et l'intensité des épisodes de précipitations extrêmes sous forme de pluie augmentent dans le futur, comme on le prédit (Expert Panel on Climate Change Adaptation, 2009), il existe des risques que le site de nidification soit inondé encore plus souvent. Un tel phénomène réduirait encore davantage le succès de l'éclosion et nuirait au recrutement dans la population (Équipe de rétablissement de la tortue molle à épines au Québec, 2014).

L'objectif à long terme (c.-à-d. 50 ans) en matière de population et de répartition est le suivant :

Maintenir et, si nécessaire et réalisable, accroître l'abondance et la répartition de la tortue molle à épines de manière à assurer la persistance des populations locales autosuffisantes dans les régions où l'espèce est présente au Canada.

En vue d'atteindre l'objectif à long terme en matière de population et de répartition, le sous-objectif à moyen terme (c.-à-d. 10 à 15 ans) suivant a été établi :

Stabiliser et, si nécessaire et réalisable, accroître l'abondance de la population là où on soupçonne que des populations locales de tortues molles à épines sont en déclin en accroissant la quantité d'habitat convenable et/ou en atténuant les menaces qui pèsent sur l'espèce.

L'abondance totale et l'aire de répartition complète de la tortue molle à épines au Canada sont actuellement inconnues et, dans bien des cas, l'information sur les populations locales se limite à des données sur la présence ou l'absence de l'espèce. Les données préliminaires donnent à penser que les populations sont en déclin dans l'ensemble de l'aire de répartition canadienne, et le nombre estimé d'individus matures au Canada est de 600 à 1 500 (COSEWIC, 2014). Le présent programme de rétablissement a pour objectif principal de stopper le déclin de la population en stabilisant la population canadienne actuelle et en maintenant ou en accroissant les populations locales à un niveau d'autosuffisance. Les populations locales dans lesquelles il pourrait être nécessaire de viser une hausse de l'abondance comprennent par exemple les suivantes : celles pour lesquelles les données indiquent un évident déclin, celles où de l'habitat convenable a été perdu/dégradé et/ou celles où on a observé que les menaces étaient élevées et nuisibles. Les populations locales de tortues molles à épines pouvant faire l'objet d'une hausse de l'abondance au Canada pourraient comprendre par exemple les suivantes : celles où le recrutement est extrêmement faible, où les menaces sont évidentes et ne sont pas irréversibles, et où des techniques de rétablissement éprouvées peuvent atténuer les menaces (et où des des mesures d'atténuation des menaces peuvent être mises en place).

Afin de comprendre entièrement la répartition et l'abondance de l'espèce, il est nécessaire de comprendre la répartition des classes d'âge et l'utilisation de l'habitat à chaque stade vital, et la majeure partie de ces données sont mal comprises au Canada. Il n'est par conséquent pas possible d'établir un objectif quantitatif en matière de population et de répartition pour cette espèce. Toutefois, le maintien de la population actuelle contribuera à assurer la persistance des populations locales existantes jusqu'à ce que l'on obtienne de l'information additionnelle. Cette espèce longévive présente des besoins écologiques précis, des besoins complexes en ce qui a trait à son cycle vital, et une capacité limitée de compenser la perte d'individus par la reproduction ou le recrutement depuis des populations adjacentes. Par conséquent, des stratégies et des approches générales, entreprises sur plusieurs fronts et dans de vastes régions, seront nécessaires pour atteindre l'objectif en matière de population et de répartition. Ces approches et stratégies comprennent la mise en place d'outils administratifs, la réduction du taux de mortalité des individus, la protection, la gestion et la remise en état de l'habitat, l'amélioration du taux de recrutement, la communication, la sensibilisation et l'intendance, la réalisation de relevés et d'activités de suivi, et la recherche.

Une quantité suffisante d'habitat convenable ainsi que des liens entre les habitats (corridors de déplacement) sont essentiels pour assurer l'accès des populations locales aux éléments nécessaires à leur survie et à leur rétablissement. Sans corridors de déplacement, les individus pourraient ne pas être en mesure d'accéder aux différents habitats à l'intérieur de leur domaine vital pour réaliser les activités nécessaires à leur cycle vital (p. ex. nidification, hivernage), ou pour migrer vers des populations voisines, favorisant ainsi l'immigration de source externe et le flux génique. Les stratégies générales ainsi que la désignation de l'habitat essentiel aideront à assurer le maintien d'un tel habitat.

À l'échelle nationale, la Société d'herpétologie du Canada (SHC) est le principal organisme sans but lucratif qui se consacre à la conservation des amphibiens et des reptiles, y compris les tortues, en menant des études scientifiques, des programmes d'éducation du public et des projets communautaires, en effectuant la compilation et l'analyse de données historiques et en réalisant des projets de conservation ou de remise en état de l'habitat.

Environnement Canada finance des projets liés à la conservation des tortues au Québec et en Ontario dans le cadre du Programme d'intendance de l'habitat (PIH) et du Fonds autochtone pour les espèces en péril (FAEP) depuis 2001, et finance de tels projets dans le cadre du Fonds interministériel pour le rétablissement (FIR) depuis 2004. Ces projets comprennent des activités telles que la réalisation de relevés, la détermination des milieux importants pour les populations locales, l'étude de la gravité des menaces et/ou l'atténuation des menaces, la sollicitation d'observations auprès de la population et l'incitation du public à signaler la découverte de tortues, ainsi que l'éducation des propriétaires fonciers et du grand public en ce qui concerne l'identification des espèces, les menaces pesant sur elles et les options en matière d'intendance.

Une équipe de rétablissement multi-espèces des tortues en péril de l'Ontario a été créée au début des années 2000 par un groupe de personnes intéressées par le rétablissement des tortues. Cette équipe s'est concentrée sur six espèces de tortues en péril : la tortue mouchetée (Emydoidea blandingii), la tortue musquée (Sternotherus odoratus), la tortue géographique (Graptemys geographica), la tortue molle à épines (Apalone spinifera), la tortue ponctuée (Clemmys Guttata) et la tortue des bois (Glyptemys insculpta). Ce groupe a coordonné et entrepris diverses activités de rétablissement, comme des programmes d'éducation et de sensibilisation sur les reptiles et diverses initiatives de gestion, par exemple des projets de protection des nids et de remise en état des sites de nidification (Seburn, 2007).

Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l'Ontario (MRNF) a financé de nombreux projets de conservation et d'intendance visant des espèces de tortues en Ontario par l'entremise du Fonds d'intendance des espèces en péril de l'Ontario et d'autres programmes de financement provinciaux.

Depuis 2009, Ontario Nature coordonne l'élaboration d'une nouvelle édition de l'atlas des reptiles et des amphibiens de l'Ontario, et collabore avec le Centre d'information sur le patrimoine naturel (CIPN) et d'autres organisations. Ce projet, dans le cadre duquel on demande au public, aux chercheurs et aux organismes gouvernementaux et non gouvernementaux de fournir des mentions d'occurrence, contribue à l'amélioration des connaissances sur la répartition et la situation des reptiles et des amphibiens en Ontario, ce qui comprend la tortue molle à épines, en Ontario (Ontario Nature, 2012; Crowley, comm. pers., 2012).

Plusieurs programmes d'inventaire, relevés et de suivi à grande échelle visant les tortues, dont la tortue molle à épines, ont été mis sur pied en Ontario, comme l'Ontario Turtle Tally (Zoo de Toronto), le Kawartha Turtle Trauma Centre (Trent University), des initiatives de relevé ou de suivi de Conservation de la nature Canada ainsi que des programmes de relevé et de suivi locaux (menés, par exemple, par l'Office de protection de la nature de la rivière Thames supérieure). En outre, des études ont été menées sur la tortue molle à épines dans diverses régions de l'Ontario pour combler certaines lacunes sur le plan des connaissances, y compris des études sur les domaines vitaux, la taille des populations, la prédation, la démographie, l'utilisation de l'habitat, et l'écologie de la nidification (voir par exemple Daigle et St-Hilaire, 2000; Daigle et al., 2002 b; De Solla et al., 2003; Galois et al., 2002, 2005, 2006, 2007, 2008, 2010, 2011, 2012; Bolton et Brooks, 2006, 2007, 2010; Galois et Ouellet, 2007; Rioux et Desroches, 2007).

De nombreux organismes et agences offrant des programmes de sensibilisation/formation sur les espèces de tortues en péril aux groupes scolaires, aux Premières Nations et au grand public (p. ex. Scales Nature Park, le Reptiles at Risk on the Road Project, la Georgian Bay Biosphere Reserve [et anciennement le Georgian Bay Reptile Awareness Program], Ontario Nature, le MRNF, Parcs Ontario et l'Office de protection de la nature de la rivière Thames supérieure). De plus, les parcs nationaux et les canaux historiques donnent l'occasion à leurs visiteurs d'en apprendre au sujet de la tortue molle à épines ainsi que d'autres tortues en péril présentes un peu partout en Ontario. Le programme de conservation des milieux humides Toronto Zoo Adopt-A-Pond est l'un des nombreux projets dans le cadre desquels ont été élaborés des programmes scolaires sur la conservation des tortues, tandis que le programme de conservation Turtle Island du Zoo de Toronto encourage la conservation des tortues et la sensibilisation à celles-ci auprès des Premières Nations et de groupes non autochtones. L'organisme Turtle SHELL (Safety, Habitat, Education and Long Life) a quant à lui préparé des brochures et installé des panneaux de traverses de tortues. En 2004, l'Office de protection de la nature de la rivière Thames supérieure a rédigé un guide intitulé Stewardship of the Spiny Softshell Turtle, qui s'adresse aux propriétaires fonciers qui possèdent des terres adjacentes à l'habitat de tortues.

Diverses initiatives de remise en état, d'atténuation des menaces et de conservation ont été entreprises en Ontario au bénéfice de la tortue molle à épines. Par exemple, l'Office de protection de la nature de la rivière Thames supérieure a mené d'importants travaux de rétablissement et d'intendance visant la tortue molle à épines, notamment en localisant et en protégeant des nids. Le Kawartha Turtle Trauma Centre (KTTC), à Peterborough, réhabilite aussi les tortues sauvages qui ont été blessées dans l'espoir de les relâcher en bonne santé.

Les populations de tortues bénéficient directement de bon nombre des projets réalisés conformément aux exigences de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l'Ontario. Ainsi, les clôtures visant à empêcher le passage des tortues et les écopassages sont dorénavant intégrés dès la conception de la plupart des nouvelles routes traversant un habitat d'espèce de tortue en péril (Ontario Road Ecology Group, 2010; OMNR, 2013).

Au Québec, les équipes de rétablissement des tortues ont été formées par la Province et existent depuis 1996 (Équipe de rétablissement de la tortue-molle à épines), et l'étendue de leurs travaux a évolué, passant de une à cinq espèces (Équipe de rétablissement de cinq espèces de tortues). Une équipe responsable de la mise en œuvre est également en place pour travailler à la mise en œuvre de mesures de rétablissement établies dans le cadre d'un plan de rétablissement visant cette espèce (Groupe de mise en œuvre pour le rétablissement de la tortue-molle à épines).

Il existe une base de données sur les amphibiens et les reptiles (Atlas des amphibiens et des reptiles du Québec [AARQ]), qui est gérée par la Société d'histoire naturelle de la vallée du Saint-Laurent (SHNVSL). L'Atlas des amphibiens et des reptiles du Québec est une base de données source du Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ), qui est tenu par le MFFP en ce qui concerne les données sur les espèces fauniques menacées ou vulnérables, y compris la tortue molle à épines. Le CDPNQ cartographie actuellement les occurrences d'élément de la tortue molle à épines au Québec.

Depuis 1996, des inventaires couvrant l'ensemble de l'aire de répartition historique (p. ex. Référence retirée; Référence retirée; Référence retirée; Référence retirée; Référence retirée), de même que des travaux de recherche sur l'écologie (Référence retirée; Référence retirée), l'utilisation de l'habitat et les déplacements (Référence retirée; Référence retirée; Référence retirée; Référence retirée; Référence retirée.), la génétique (Référence retirée), les menaces telles que la navigation de plaisance (causant la mort ou blessant des individus) (Référence retirée), et l'altération potentielle de l'habitat d'hivernage (Références retirées) ont été réalisés dans la province.

L'équipe responsable de la mise en œuvre des mesures visant la tortue molle à épines a également rédigé des plans de protection pour les principaux habitats utilisés par l'espèce au Québec. En association avec ces plans, plusieurs projets d'acquisition de terres ont été mis en œuvre en vue de protéger l'habitat de la tortue molle à épines au Québec. Des partenaires tels que Conservation de la nature Canada protègent plus de 270 ha d'habitat (Référence retirée). En outre, plusieurs initiatives d'intendance et de communication ont été lancées pour protéger la tortue molle à épines et son habitat (pose d'affiches et de bouées de navigation indiquant la présence des zones de protection, distribution de brochures et de dépliants au public, présentation d'exposés dans les écoles, à la télévision et dans les bulletins de nouvelles, élaboration d'une page Web). Un programme de suivi et de protection des nids existe également depuis 2008. Grâce à des relevés annuels des nids, 59 nids ont été localisés à ce jour, et sont protégés à l'aide de mesures de relocalisation et d'atténuation de la prédation (installation de clôtures) (Galois et al., 2010, 2011, 2012). Pour accroître le succès de la nidification au Québec, un projet d'incubation artificielle des œufs, suivi du lâcher de nouveau-nés, a été mis en œuvre en 2009 par l'équipe responsable de la mise en œuvre des mesures visant la tortue molle à épines (Référence retirée). De plus, une stratégie de communication, en cours d'élaboration, vise la promotion de la tortue molle à épines en tant qu'emblème animal régional de la protection de la biodiversité et de l'environnement. Toutes ces initiatives sont dirigées par des organismes gouvernementaux, des institutions zoologiques, des organisations vouées à la conservation et des organismes de bassins versants. L'un des principaux sites de ponte utilisés par la tortue molle à épines au Québec fait l'objet d'un suivi étroit par des bénévoles depuis 2003.

Pour atteindre l'objectif en matière de population et de répartition, les sept stratégies générales suivantes ont été mises en œuvre pour permettre le rétablissement :

  1. Utiliser les outils législatifs et administratifs pour conserver les individus de la tortue molle à épines et leur habitat.
  2. Réduire la mortalité, les blessures et la capture illégale d'individus dans l'ensemble de l'aire de répartition de la tortue molle à épines au Canada.
  3. Protéger, gérer et remettre en état l'habitat dans l'ensemble de l'aire de répartition de la tortue molle à épines au Canada;
  4. Améliorer le taux de recrutement aux endroits où les populations locales de tortues molles à épines sont en déclin, ou là où la viabilité est jugée comme étant compromise.
  5. Mener des activités de communication, de sensibilisation et d'intendance.
  6. Effectuer des relevés et assurer le suivi des populations locales de tortues molles à épines, de leur habitat, et des menaces qui pèsent sur elles.
  7. Effectuer des recherches sur la démographie, la caractérisation et l'utilisation de l'habitat, et l'atténuation des menaces pour combler les lacunes dans les connaissances.

Des approches de recherche et de gestion sont recommandées pour chaque stratégie (tableau 2). Les menaces/facteurs limitatifs présentés dans la première colonne sont numérotés de la manière suivante pour assurer la concision de la présentation :

  1. Aménagment des rives et de l'habitat en milieux riverains
  2. Navigation de plaisance
  3. Prédateurs favorisés par les activités humaines
  4. Capture illégale
  5. Espèces exotiques et envahissantes
  6. Ouvrages de régularisation des eaux
  7. Élevage de bétail
  8. Prises accessoires
  9. Perturbations associées aux activités humaines
  10. Contamination et charge en nutriments
  11. Changements climatiques
Tableau 2. Tableau de planification du rétablissement
Menaces ou facteurs limitatifs Stratégie générale pour le rétablissement Priorité Note du tableaud Description générale des approches de recherche et de gestion
1,4,6,7 Utiliser les outils législatifs et administratifs pour conserver les individus de la tortue molle à épines et leur habitat Élevée
  • Appliquer les lois, les règlements, les politiques et les interdictions en vigueur applicables aux individus de la tortue molle à épines et à leur habitat aux échelons provincial et fédéral.
  • Encourager l'intégration de pratiques exemplaires de gestion (PEG) aux politiques et aux pratiques des organismes responsables, des Premières Nations, des autorités compétentes et de l'industrie.
2,3,4,7,8,9 Réduire la mortalité, les blessures et de a capture illégale d'individus Élevée
  • Continuer d'élaborer et de mettre en œuvre des méthodes d'atténuation (p. ex. PEG et solutions de rechange au développement traditionnel) afin de réduire les cas de mortalité et de blessures chez la tortue molle à épines. Encourager la mise en œuvre de PEG approuvées, de solutions de rechange au développement, et de méthodes d'atténuation qui se concentrent sur les menaces prioritaires au moyen de l'intendance, du financement et d'autres méthodes auprès de la population générale, des Premières Nations, des propriétaires fonciers, des gestionnaires de terres et de l'industrie.
  • Élaborer et mettre en œuvre une stratégie fédérale/provinciale relative à la capture d'individus.
1,3,5,6,7, 9,10 Protéger, gérer ou remettre en état l'habitat Élevée
  • Protéger des zones assez grandes pour maintenir des populations viables et augmenter la connectivité grâce à des mesures d'intendance, à l'élaboration de PEG, et/ou à la conservation des terres.
  • Évaluer les besoins en matière de remise en état de l'habitat aux endroits où la perte, la dégradation et la fragmentation d'habitat menacent des populations locales de tortues molles à épines.
  • Établir, élaborer et mettre en œuvre des méthodes de remise en état dans les sites prioritaires, et effectuer le suivi de l'utilisation de l'habitat par la tortue molle à épines.
  • Déterminer les seuils de perturbation pour les activités susceptibles de détruire l'habitat essentiel.
  • Continuer de promouvoir les activités d'intendance, notamment l'appui financier au moyen des programmes de financement offerts.
1-10 Améliorer le taux de recrutement aux endroits où la tortue molle à épines est en déclin ou là où la viabilité est jugée comme étant compromise Élevée

La présente stratégie doit être mise en œuvre parallèlement aux deux stratégies générales énoncées ci-dessus : « Réduire la mortalité, les blessures et la capture illégale », et « Protéger, gérer et remettre en état l'habitat »

  • Documenter les besoins en matière de recrutement aux endroits où la tortue molle à épines est en déclin ou là où la viabilité de l'espèce est jugée comme étant compromise.
  • Mettre en œuvre, évaluer, adapter et améliorer les méthodes de recrutement conformément aux résultats obtenus et à l'écologie de la tortue molle à épines. Voici un exemple de méthode de recrutement prioritaire :
  • Élaborer un protocole/programme d'intervention précoce rentable qui pourrait comprendre la surveillance des nids, l'incubation artificielle des œufs et le lâcher de juvéniles.
Toutes les menaces Mener des activités de communication, de sensibilisation et d'intendance Moyenne

• Élaborer et mettre en œuvre une stratégie de communication et de sensibilisation, ou continuer de mettre en œuvre les outils de communication et de sensibilisation existants pour aider à atténuer les menaces pesant sur la tortue molle à épines.

  • Élaborer des documents de sensibilisation/d'éducation, en insistant sur la capture et le commerce des tortues à l'intention des groupes les plus souvent associés à l'utilisation de l'espèce. Produire et distribuer ces documents dans la langue du public cible.
  • Favoriser le transfert, l'utilisation et l'archivage des renseignements et des outils, notamment des connaissances écologiques traditionnelles (CET).
  • Améliorer et maintenir la collaboration entre les intervenants (p. ex. solliciter l'engagement des partenaires et promouvoir le travail collaboratif avec de multiples autorités compétentes).
  • Encourager les initiatives de recherche nécessaires pour combler les lacunes dans les connaissances, et susciter l'engagement des partenaires (p. ex. universitaires, gouvernement, organisations non gouvernementales, Premières Nations).
Toutes les menaces Effectuer des relevés et assurer le suivi Moyenne
  • Classer par ordre de priorité les sites présentant un habitat convenable abritant une population potentielle ou historique pour y mener des relevés qui permettront de déterminer si des tortues molles à épines sont présentes.
  • Élaborer des protocoles normalisés visant le relevé, le suivi et l'alimentation de bases de données (p. ex. collecte de données, manipulation et marquage), et en promouvoir l'utilisation appropriée.
  • À l'aide de protocoles normalisés, effectuer le suivi des populations existantes et de leur habitat.
  • Encourager la présentation de mentions d'observations de tortues molles à épines aux atlas herpétologiques provinciaux ainsi qu'aux centres de données sur la conservation (CDC) provinciaux; valider les mentions si possible.
Toutes les menaces Effectuer des recherches sur les populations, l'habitat et les menaces afin de combler les lacunes dans les connaissances Moyenne
  • Mener des études de viabilité pour déterminer la viabilité et la dynamique des populations locales prioritaires.
  • Poursuivre la caractérisation et la définition des habitats (p. ex. de nidification, d'alimentation et d'hivernage) utilisés pour réaliser diverses activités liés à l'accomplissement du cycle vital, en particulier par les nouveau-nés et les juvéniles.
  • Effectuer des recherches visant à évaluer la gravité des menaces connues pesant sur les populations, et recueillir des données sur la fréquence, l'étendue et la certitude causale de ces menaces.
  • Mener des études démographiques et génétiques intensives dans certains sites de l'aire de répartition de l'espèce afin d'accroître les connaissances sur le caractère discret, la taille, la composition des classes d'âge et le rapport entre les sexes d'une population donnée.

Compte tenu de la stratégie de reproduction de la tortue molle à épines (voir la section 3.4), le maintien d'un taux de survie des adultes le plus élevé possible (en particulier chez les femelles) demeure le principal besoin de l'espèce pour l'atteinte du rétablissement. Malheureusement, certains caractères biologiques de la tortue molle à épines (c.-à-d. habitudes aquatiques, exposition au soleil en flottant à la surface de l'eau, nidification sur les plages) la rendent très vulnérable à de nombreuses activités humaines (p. ex. sports nautiques, navigation, capture illégale, activités récréatives sur les plages). Il sera donc important qu'une approche proactive et intégrée soit adoptée pour limiter les menaces pesant sur la tortue molle à épines.

De telles approches devraient mettre principalement l'accent sur les endroits et le moment où la mortalité des adultes se produit. La protection, la gestion et la remise en état de l'habitat sont également essentielles au rétablissement, car de telles approches contribuent au maintien, à l'amélioration et à la création d'habitat convenable, et aident à réduire le taux de mortalité des adultes (c.-à-d. atténuation de la gravité de la menace). La protection et la remise en état de l'habitat devraient se concentrer principalement sur les zones aquatiques et les rives désignées comme habitat essentiel (voir la section 7) où l'on trouve la plupart des adultes. Ces stratégies doivent être mises en œuvre dans le cadre d'une approche intégrée faisant intervenir divers groupes (p. ex. propriétaires fonciers, utilisateurs des terres, planificateurs de l'aménagement des terres, Premières Nations, organisations non gouvernementales et gouvernements). Pour informer ces groupes, de même que pour commencer à atténuer certaines menaces (p. ex. mortalité due à la navigation et prises accessoires), des méthodes précises de communication et de sensibilisation doivent être adoptées. Des relevés et un suivi des populations sont également nécessaires pour recueillir de l'information sur l'espèce, de manière à étayer les activités de conservation futures. Il faudra aussi combler les lacunes dans les connaissances touchant l'espèce grâce à un vaste éventail d'études poussées, dans le but d'atteindre les objectifs en matière de population et de répartition. Avec les approches mises en évidence au tableau 2, certaines lacunes dans les connaissances seront aussi comblées grâce au calendrier des études visant à désigner l'habitat essentiel (tableau 4).

Aux termes de la LEP, l'habitat essentiel est « l'habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d'une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d'action élaboré à l'égard de l'espèce ». En vertu de l'alinéa 41(1)c) de la LEP, les programmes de rétablissement doivent inclure une désignation de l'habitat essentiel de l'espèce, dans la mesure du possible, et des exemples d'activités susceptibles d'entraîner la destruction de cet habitat.

Dans le présent programme de rétablissement fédéral, l'habitat essentiel de la tortue molle à épines est désigné, dans la mesure du possible, sur la base de la meilleure information accessible en date de décembre 2013. L'habitat essentiel de la tortue molle à épines au Canada est désigné pour 14 populations (13 se trouvant en Ontario, et 1 se trouvant au Québec). On reconnaît que l'habitat essentiel désigné pourrait être insuffisant pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition de l'espèce. Le calendrier des études (section 7.2) décrit les activités requises pour achever la désignation de l'habitat essentiel. Suivant la publication du présent programme de rétablissement, de l'habitat essentiel additionnel pourrait être désigné si de nouvelles données justifient l'inclusion de zones autres que celles actuellement désignées. Dans certaines des zones désignées en tant qu'habitat essentiel, la qualité de l'habitat devra être accrue pour appuyer le rétablissement.

L'habitat essentiel de la tortue molle à épines est fondé sur trois critères généraux : l'occupation de l'habitat, le caractère convenable de l'habitat et la connectivité de l'habitat (entre les zones occupées). Ces critères sont décrits ci-dessous.

Ce critère se rapporte aux zones où il existe un degré de certitude raisonnable de la présence de la tortue molle à épines et de l'utilisation de l'habitat par cette dernière.

L'habitat est considéré occupé lorsque :

Une période de 40 ans a été choisie pour le critère de l'occupation de l'habitat. Cette période est appropriée, vu la longue durée d'une génération Note31 (environ 35 ans) de l'espèce (COSEWIC, 2014). Cette longévité complique l'étude de l'ensemble du cycle vital de l'espèce, car elle rend difficile l'acquisition d'une quantité adéquate de données précises sur le cycle vital. L'espèce n'est pas bien étudiée dans l'ensemble de son aire de répartition. L'application d'une fenêtre temporelle de 40 ans permet l'inclusion des populations locales qui persistent probablement, mais dont aucun individu n'a été détecté ces dernières années. Le critère de l'occupation de l'habitat tient compte de la qualité de l'habitat (caractérisée par une occupation multiple) afin d'accroître le niveau de confiance selon lequel l'habitat contribuera au maintien d'une population locale de tortues molles à épines. Cette mesure est appropriée, car les tortues molles à épines sont très visibles (et rarement confondues avec d'autres espèces), possèdent un domaine vital relativement grand et se déplacent sur de longues distances. La fidélité aux sites est prise en compte puisque la tortue molle à épines affiche une grande fidélité aux sites d'hivernage et de nidification (voir la section 3.3).

L'occupation de l'habitat est fondée sur des relevés effectués par des professionnels et dans le cadre d'études télémétriques, sur des observations de sites de nidification et de sites d'hivernage, sur des observations d'individus morts, et sur des observations accidentelles de tortues molles à épines. Afin de servir adéquatement à la désignation de l'habitat essentiel, ces données d'observation doivent être spatialement précises (≤ 150 m) ou suffisamment détaillées pour être associées à une caractéristique aquatique convenable donnée (p. ex. un cours d'eau, un lac ou un milieu humide). Comme les déplacements terrestres de la tortue molle à épines sont limités et que l'espèce demeure près de l'eau (Graham et Graham, 1997; Steen et al., 2012), il est habituellement possible d'associer les observations à une caractéristique d'habitat aquatique convenable. L'habitat essentiel n'est pas désigné pour les localités où des activités de relevé suffisantes, menées conformément à un échéancier et à des méthodes appropriés, ont été réalisées sur de multiples années sans confirmer la persistance de la tortue molle à épines ou l'utilisation de l'habitat par cette dernière, et pour les localités où la disparition est présumée (p. ex. lac Ontario, rivière des Outaouais).

L'application du critère de l'occupation de l'habitat tient compte de la dispersion de l'espèce (connectivité – voir la section 7.1.3). Une localité ne comprenant qu'une seule mention d'occurrence et se trouvant à l'intérieur d'une distance de dispersion d'une autre localité ne comprenant qu'une seule mention d'occurrence est désignée comme habitat essentiel (c.-à-d. satisfait à de multiples critères relatifs à l'occupation). Cette approche prudente est appropriée, car la plupart des localités n'ont pas fait l'objet de relevés intensifs, et il existe une plus grande probabilité qu'un plus grand nombre de tortues molles à épines résident à proximité des observations connues.

Le caractère convenable de l'habitat se rapporte aux zones présentant un ensemble précis de caractéristiques biophysiques permettant aux individus d'accomplir les activités essentielles à la réalisation de leur cycle vital (c.-à-d. hivernage, accouplement, thermorégulation, nidification, alimentation) ainsi que leurs déplacements. Il est important que toutes les zones d'habitat nécessaires soient connectées par des zones aquatiques ou semi-aquatiques, et qu'elles se situent à une distance raisonnable les unes des autres pour permettre aux tortues de se déplacer facilement entre elles. L'habitat convenable pour la tortue molle à épines peut donc être décrit comme une mosaïque de milieux aquatiques et terrestres dans lesquels des caractéristiques biophysiques précises peuvent être associées à des activités essentielles du cycle vital. À l'intérieur de l'habitat convenable, les caractéristiques biophysiques requises par la tortue molle à épines varient sur le plan spatial et temporel en fonction de la nature dynamique des écosystèmes. En outre, certaines caractéristiques biophysiques seront plus importantes pour les individus à différents moments dans le temps (p. ex. durant divers processus vitaux ou à diverses périodes de l'année). Les caractéristiques biophysiques de l'habitat convenable de la tortue molle à épines sont détaillées au tableau 3.

Vu le manque d'information sur la quantité d'habitat requis par la tortue molle à épines pour réaliser les activités nécessaires à son cycle vital à l'intérieur d'un domaine vital, l'approche suivante a été utilisée pour déterminer l'étendue de l'habitat convenable pour la tortue molle à épines. La description de l'habitat convenable reflète le fait que certaines caractéristiques biophysiques peuvent ne pas être immédiatement adjacentes les unes aux autres, tant qu'elles demeurent connectées de manière à ce que les individus puissent se déplacer facilement entre elles afin de répondre à tous leurs besoins biologiques et de réagir aux perturbations (ou d'éviter les perturbations). Les distances précisées ici pour définir l'étendue de l'habitat convenable sont propres à la tortue molle à épines, et sont fondées sur les besoins biologiques et comportementaux de l'espèce (voir la section 3.3).

L'habitat convenable de la tortue molle à épines, qui comprend les habitats d'hivernage, d'accouplement, de thermorégulation, de nidification et d'alimentation, de même que l'habitat de déplacement (déplacements locaux et dispersion) entre ces habitats, est défini de la manière suivante :

En outre, l'habitat convenable comprend aussi les sites de nidification confirmés, quel que soit leur emplacement (sans tenir compte de la distance jusqu'à la caractéristique d'habitat aquatique convenable la plus près), et est défini de la manière suivante :

Les tortues molles à épines sont essentiellement aquatiques, quittent rarement l'eau, et la plupart des domaines vitaux sont associés à un cours d'eau, à un plan d'eau ou un milieu humide permanent, bien que les individus puissent se déplacer vers des cours d'eau, des étangs ou des milieux humides adjacents. La tortue molle à épines possède un vaste domaine vital et peut se déplacer sur de grandes distances en milieux riverains au cours d'une année. La distance de 10 km a été sélectionnée d'après la longueur linéaire moyenne des domaines vitaux de l'espèce observés au Québec, soit 10,8 km (Équipe de rétablissement de la tortue-molle à épines du Québec, données inédites). Cette distance fait donc en sorte que le site s'étend sur une longueur totale de 20 km, ce qui tient compte des distances typiques parcourues en amont et en aval par les tortues molles à épines (femelles) au Canada (Référence retirée; Fletcher, 1996). La distance terrestre mesurée le long de cours d'eau, de plans d'eau et de milieux humides représente la distance maximale parcourue pour nidifier documentée en Ontario et au Québec (voir la section 3.3), et est établie par la province. L'unique population présente au Québec fait l'objet de relevés intensifs depuis 1990. Il est probable, compte tenu des différences climatiques et d'autres différences entre les sous-populations de l'Ontario et du Québec, que les tortues aient développé (ou qu'elles développent dans le futur) des signes d'adaptation propres à ces deux régions (COSEWIC, 2014). La distance terrestre de 50 m en Ontario tient compte de la distance maximale d'un site de nidification par rapport à l'eau dans la majorité des sites étudiés (Références retirées; Gillingwater, comm. pers. 2015). Au Québec, la distance de 10 m comprend tous les sites de nidification rapportés à ce jour (Galois et al., 2010, 2011, 2012; Paré, comm. pers., 2015). Par conséquent, ces distances tiennent compte de la vaste majorité de l'habitat de nidification potentiel, ce qui est important, car peu de localités précises sont connues. Ces distances pourraient aussi englober certains cours d'eau, étangs ou milieux humides adjacents ou connectés renfermant de l'habitat convenable pour la tortue molle à épines, de même que de l'habitat convenable pour se déplacer entre ceux-ci.

Il est probable que la disponibilité et la sélection des sites de nidification soient particulièrement importantes pour la persistance des populations locales compte tenu de la nature des facteurs limitatifs connus de la tortue molle à épines (p. ex. stratégie de reproduction à long terme, conditions climatiques – voir la section 3.4). Vu la rareté de ces habitats, des sites de nidification confirmés sont aussi désignés comme habitat essentiel, quel que soit leur emplacement, y compris l'habitat terrestre et aquatique convenable pour la tortue molle à épines à l'intérieur d'un rayon de 50 m autour des mentions valides de sites de nidification. Cette superficie permet la nidification et les haltes, et peut également offrir des corridors de déplacement protecteurs pour les femelles et les nouveau-nés qui migrent depuis (ou vers) un habitat aquatique convenable.

Tableau 3a. Caractéristiques biophysiques de l'habitat aquatique convenable
Habitat Caractéristiques Activités du cycle vital Références
Cours d'eau (p. ex. rivières, ruisseaux), plans d'eau (p. ex. lacs, méandres abandonnés, étangs) ou milieux humides (p. ex. marais)
  • profondeur d'eau adéquate (de 1 à 7 m); ET
  • milieu bien oxygéné; ET
  • eau ne gelant pas jusqu'au fond; ET
  • substrat mou (p. ex. sable, vase) ou lit de gravier
Hivernage/ accouplement Référence retirée; Fletcher (2002); Références retirées; Ernst et Lovich (2009)
Cours d'eau (p. ex. rivières, ruisseaux), plans d'eau (p. ex. lacs, méandres abandonnés, étangs) ou milieux humides (p. ex. marais)
  • milieux aquatiques d'une profondeur allant jusqu'à 7 m; ET
  • substrat mou de sable, de boue organique ou de gravier; ET
  • végétation aquatique et/ou débris végétaux; OU
  • billes flottantes/émergentes et/ou rochers
Alimentation/ thermorégulation Référence retirée; Référence retirée; Référence retirée; Ernst et Lovich (2009); Vermont Fish and Wildlife (2009)
Cours d'eau (p. ex. rivières, ruisseaux), plans d'eau (p. ex. lacs, méandres abandonnés, étangs) ou milieux humides (p. ex. marais)
  • milieux aquatiques d'une profondeur allant jusqu'à 7 m; ET
  • milieux perméables à la tortue molle à épines (aucun obstacle aux déplacements de l'espèce) Note du tableaue
Déplacements locaux et dispersion Référence retirée; Référence retirée; Ernst et Lovich (2009); Vermont Fish and Wildlife (2009)

Tableau 3b. Caractéristiques biophysiques de l'habitat terrestre convenable
Habitat Caractéristiques Activités du cycle vital Références
Zones principalement dépourvues de végétation et/ou zones riveraines (p. ex. barres de sable, plages, vasières, affleurement rocheux, îles).
  • substrat de sable, de gravier, de vase ou d'argile, milieu ensoleillé pendant de grandes portions de la journée
Nidification/ thermorégulation COSEWIC (2002); Référence retirée; Ernst et Lovich (2009); Vermont Fish and Wildlife (2009)
Habitat riverain et terrestre (p. ex. berges de cours d'eau, plages)
  • milieux perméables à la tortue molle à épines (aucun obstacle aux déplacements de l'espèce) Note du tableauf
Déplacements locaux et dispersion Ernst et Lovich (2009)

Il est nécessaire de maintenir des liens naturels entre les différents types d'habitat requis par la tortue molle à épines pour assurer la persistance des populations locales. La connectivité entre les populations locales est nécessaire à l'immigration et à l'émigration (déplacements vers et depuis des populations locales, respectivement), ce qui augmente le flux génique (et maintient ainsi la diversité génétique au sein des populations locales et entre celles-ci), permet l'immigration de source externe (qui contribue au maintien des populations locales) et, par le fait même, aide l'espèce à réagir aux facteurs de stress environnementaux (p. ex. fluctuations des niveaux d'eau, pollution, milieux anoxiques) en se déplaçant ailleurs. Au Canada, la perte et la fragmentation d'habitat menacent les populations locales de tortues molles à épines (voir la section 4.2; COSEWIC, 2002). Elles peuvent entraîner la perte de corridors de dispersion et isoler des populations locales, réduisant ainsi la diversité génétique.

Pour permettre les déplacements sur de courtes distances dont la tortue molle à épines a besoin pour réaliser les activités liées à son cycle vital (déplacements locaux), la connectivité est assurée à l'intérieur des zones définies d'habitat convenable (déplacements saisonniers entre les différents habitats pour réaliser un cycle vital annuel complet) (section 7.1.2; voir également le tableau 3 et la figure 3). Afin de permettre des déplacements sur de longues distances, comme l'immigration ou l'émigration (dispersion – voir la section 3.3), le critère de la connectivité de l'habitat relie les populations locales par leurs corridors hydrologiques en fonction de la tendance connue de la tortue molle à épines à entreprendre des déplacements en milieux aquatiques pour se disperser (Référence retirée; Référence retirée; Référence retirée).

Le critère de la connectivité de l'habitat est défini comme suit :

La distance de 30 km équivaut à 3 fois la longueur linéaire moyenne du domaine vital (10 km), et est fondée sur la distance de séparation maximale entre les occurrences d'élément que NatureServe (2013) recommande d'utiliser pour maintenir la connectivité et réduire le risque d'isolement génétique. Cette distance correspond également aux déplacements rapportés de la tortue molle à épines dans un cours d'eau en Ontario (30 km; Fletcher, 1996, 1997).

L'habitat essentiel de la tortue molle à épines est désigné comme l'étendue d'habitat convenable (section 7.1.2) où le critère de l'occupation de l'habitat (section 7.1.1) est satisfait. À l'heure actuelle, les limites de l'habitat convenable de cours d'eau, de plans d'eau et de milieux humides permanents sont disponibles pour la plupart des populations locales en Ontario et au Québec, et peuvent être utilisées pour définir la zone à l'intérieur de laquelle se trouve de l'habitat essentiel, appelée dans le présent document « unité d'habitat essentiel ». Là où le critère de la connectivité de l'habitat est rempli (dans les cas où deux observations valides sont faites à l'intérieur d'un réseau continu de caractéristiques d'eaux de surface et sont séparées par une distance maximale de 30 km), l'unité d'habitat essentiel est étendue pour désigner un complexe plus grand de milieux aquatiques pour la tortue molle à épines (voir la figure 3). Par conséquent, l'unité d'habitat essentiel représente l'étendue maximale de l'habitat essentiel à un endroit donné. Les zones urbaines et/ou les structures résultant de l'activité humaine ne possèdent pas les caractéristiques biophysiques de l'habitat convenable de la tortue molle à épines (section 7.1.2) et ne sont donc pas désignées comme de l'habitat essentiel.

L'application des critères de désignation de l'habitat essentiel aux données disponibles a mené à la désignation de 12 unités renfermant de l'habitat essentiel pour 15 populations locales de tortues molles à épines au Canada, soit 13 en Ontario (dont 9 populations existantes et 4 populations historiques) et 2 au Québec, qui totalisent jusqu'à environ 71 404 ha. Il s'agit d'une désignation partielle de l'habitat essentiel, car il existe 7 localités (6 en Ontario, 1 au Québec) qui n'ont pas été recensées récemment ou adéquatement, et/ou pour lesquelles les données nécessaires pour désigner l'habitat essentiel sont incertaines, ou pour lesquelles des ententes de partage des données doivent être conclues. On a établi un calendrier des études à réaliser (section 7.2) pour obtenir l'information permettant d'achever la désignation de l'habitat essentiel en vue de l'atteinte des objectifs en matière de population et de répartition.

Vu la sensibilité de la tortue molle à épines à la capture illégale, l'habitat essentiel a été présenté au moyen de carrés du quadrillage UTM (grille de Mercator transverse universelle) de 50 x 50 km (tableau 4; voir aussi la figure 4). Les carrés du quadrillage UTM font partie d'un système de quadrillage de référence qui indique l'emplacement géographique général renfermant de l'habitat essentiel à des fins de planification de l'aménagement du territoire et/ou d'évaluation environnementale. L'habitat essentiel se trouve dans chaque carré, là où les descriptions de l'occupation de l'habitat (section 7.1.1), du caractère convenable de l'habitat (section 7.1.2) et de la connectivité de l'habitat (section 7.1.3) sont respectés. De plus amples informations sur l'emplacement de l'habitat essentiel peuvent être obtenues, à des fins de protection de l'espèce et de son habitat et sur justification, auprès du Service canadien de la faune d'Environnement Canada, àec-ec.planificationduretablissement-recoveryplanning.ec@canada.ca.

Figure 3. Schéma des critères de désignation de l'habitat essentiel de la tortue molle à épines. Une unité d'habitat essentiel est désignée là où le critère de l'occupation de l'habitat s'applique. À l'intérieur de l'unité d'habitat essentiel, l'habitat essentiel correspond aux zones renfermant les caractéristiques biophysiques détaillées (décrites au tableau 3) nécessaires à la réalisation d'une activité précise liée au cycle vital de l'espèce. L'étendue maximale des caractéristiques biophysiques est déterminée par les connaissances sur l'écologie et le comportement de la tortue molle à épines (c.-à-d. cours d'eau ou plan d'eau s'étendant sur une distance maximale de 10 km parallèlement à la rive dans les deux sens depuis le lieu d'une observation, et l'habitat convenable adjacent se trouvant dans un rayon propre à la province (50 m en Ontario, 10 m au Québec) par rapport au cours d'eau ou au plan d'eau; OU un milieu humide s'étendant dans un rayon maximal de 10 km d'une mention valide, et l'habitat convenable adjacent se trouvant dans un rayon propre à la province (50 m en Ontario, 10 m au Québec) par rapport au milieu humide; OU un site de nidification connu englobant une zone s'étendant dans un rayon de 50 m autour d'une mention valide d'un site de nidification. L'unité d'habitat essentiel est étendue pour inclure les corridors de dispersion lorsque deux mentions valides se trouvent à l'intérieur d'un réseau hydrologique continu et que ces mentions sont séparées par une distance maximale de 30 km (critère de la connectivité de l'habitat).

Schéma des critères de désignation

Description longue de la figure 3

La figure 3 est un schéma de la façon dont l'habitat essentiel est désigné pour la tortue molle à épines. Elle montre une zone riveraine lacustre et un cours d'eau menant à une zone de milieux humides. Dans cette zone, et là où des observations de tortues molles à épines ont été confirmées, à l'intérieur des distances précisées, l'habitat essentiel est défini.

Tableau 4. De l'habitat essentiel de la tortue molle à épines au Canada est présent dans ces carrés du quadrillage UTM de référence de 50 x 50 km là où les critères d'occupation de l'habitat (section 7.1.1), de caractère convenable de l'habitat (section 7.1.2) et de connectivité de l'habitat (section 7.1.3) sont respectés.
Code d'identification du carré du quadrillage UTM de référence de 50 km × 50 km Note du tableaug Province/territoire Coordonnées du carré du quadrillage UTM Note du tableauh Coordonnées du carré du quadrillage UTM Note du tableauh
17TLBB Ontario 300000 4650000
17TLGC Ontario 350000 4600000
17TLGD Ontario 350000 4650000
17TLHC Ontario 350000 4700000
17TLHD Ontario 350000 4750000
17TMGB Ontario 400000 4650000
17TMHA Ontario 400000 4700000
17TMHB Ontario 400000 4750000
17TMHC Ontario 450000 4700000
17TMHD Ontario 450000 4750000
17TNHA Ontario 500000 4700000
17TNHB Ontario 500000 4750000
17TNHC Ontario 550000 4700000
17TNHD Ontario 550000 4750000
18TXQB Québec 600000 4950000
18TXQD Québec 650000 4950000
18TXRA Québec 600000 5000000
18TXRC Québec 650000 5000000
Figure 4. Carrés du quadrillage renfermant de l'habitat essential de la tortue molle à épines au Canada. L'habitat essentiel de l'espèce se trouve dans les carrés du quadrillage UTM de 50 km x 50 km, là où les descriptions de l'occupation de l'habitat (section 7.1.1), du caractère convenable de l'habitat (section 7.1.2) et de la connectivité de l'habitat (section 7.1.3) sont respectées.

Carrés du quadrillage renfermant de l'habitat essential

Description longue de la figure 4

La figure 4 est une carte du sud de l'Ontario et du Québec montrant des carrés de quadrillage de 50 x 50 km englobant de l'habitat essentiel. Un groupe de 14 carrés couvrent la zone du sud-ouest de l'Ontario, de Windsor à Hamilton. Quatre carrés couvrent une zone à l'est et au sud-est de Montréal.

L'habitat essentiel de la tortue molle à épines est partiellement désigné dans le présent programme de rétablissement, car il pourrait être insuffisant pour atteindre l'objectif en matière de population et de répartition (section 5) de l'espèce. Il y a certaines localités (p. ex. des occurrences d'élément existantes ou historiques) qui pourraient encore abriter l'espèce, mais qui n'ont pas fait l'objet d'un relevé récent ou ont fait l'objet d'un relevé incomplet, ou pour lesquelles des ententes de partage des données sont requises et/ou il y a une incertitude entourant les données nécessaires à la désignation de l'habitat essentiel. Il faut mener des études pour confirmer si ces localités contribuent à la viabilité générale des populations locales.

Tableau 5. Calendrier des études
Description de l'activité Justification Échéance
Confirmer l'occupation de l'habitat dans les localités qui ne comptent qu'une seule observation de l'espèce, où la validité d'une mention est remise en question (p. ex. mentions qui pourraient concerner des individus relâchés) ou pour lesquelles des ententes de partage des données sont requises ou aux endroits où les mentions sont imprécises sur le plan spatial ou ne peuvent pas être associées à des localités précises. Cette activité est nécessaire pour achever la désignation de l'habitat essentiel. 2016 – 2026
Réaliser des relevés des populations et des évaluations de l'habitat aux sites historiques afin de confirmer la présence de l'espèce aux endroits qui n'ont pas fait l'objet de suffisamment d'activités de recherche. Des données sur la présence récente (y compris la nidification) de l'espèce sont nécessaires pour éclairer la désignation de l'habitat essentiel (c.-à-d. détermination de l'occupation de l'habitat). 2016 – 2026

La compréhension de ce qui constitue la destruction de l'habitat essentiel est nécessaire à la protection et à la gestion de cet habitat. La destruction est déterminée au cas par cas. On peut parler de destruction lorsqu'il y a dégradation d'un élément de l'habitat essentiel, soit de façon permanente ou temporaire, à un point tel que l'habitat essentiel n'est plus en mesure d'assurer ses fonctions lorsqu'exigé par l'espèce. La destruction peut découler d'une activité unique à un moment donné ou des effets cumulés d'une ou de plusieurs activités au fil du temps.

La destruction d'habitat essentiel de la tortue molle à épines peut avoir lieu à diverses échelles, aussi bien dans des milieux aquatiques que dans des milieux terrestres. Elle peut résulter d'une activité ayant lieu à l'intérieur ou à l'extérieur des limites de l'habitat essentiel et à toute période de l'année. À l'intérieur des limites de l'habitat essentiel, des activités peuvent nuire à des habitats qui offrent des conditions favorables à l'accouplement, la nidification, l'alimentation, la thermorégulation ou l'hivernage. Certaines activités peuvent également altérer des corridors de dispersion et de déplacement local qui relient ces habitats. Dans ces corridors, il est particulièrement important de maintenir la perméabilité de l'habitat (déplacement dans un habitat connectif pour accéder à des habitats convenables adjacents); par conséquent, certaines activités susceptibles d'entraîner la destruction d'habitats convenables à l'accouplement, la nidification, l'alimentation, la thermorégulation et l'hivernage pourraient ne pas entraîner la destruction dans les corridors pourvu qu'une perméabilité de l'habitat suffisante soit maintenue. En général, les activités qui ont lieu à l'extérieur de l'habitat essentiel sont moins susceptibles d'entraîner la destruction de cet habitat que celles qui ont lieu à l'intérieur de l'habitat essentiel.

Le tableau 6 présente une liste non exhaustive des activités susceptibles d'entraîner la destruction d'habitat essentiel.

Tableau 6. Exemples d'activités susceptibles de détruire l'habitat essentiel de la tortue molle à épines.
Description de l'activité Description des effets Emplacement de l'activité susceptible de détruire l'habitat essentiel
Dans l'habitat essentiel
Habitat de nidification, d'alimentation, de reproduction, d'hivernage ou de thermorégulation
Emplacement de l'activité susceptible de détruire l'habitat essentiel
Dans l'habitat essentiel
Habitat de déplacement
Emplacement de l'activité susceptible de détruire l'habitat essentiel
Hors de l'habitat essentiel
Activités qui modifient les caractéristiques hydrologiques (comme le drainage ou le remblayage de milieux humides) Le drainage complet ou partiel de milieux humides, peu importe le moment de l'année, est susceptible de causer la perte permanente ou temporaire de l'habitat d'accouplement, de thermorégulation, d'hivernage, de déplacement et d'alimentation. Même des activités de ce genre menées hors de l'habitat essentiel peuvent indirectement drainer des milieux humides qui font partie de l'habitat essentiel. Ainsi, de telles activités qui seraient menées à l'extérieur des limites de l'habitat essentiel entraîneraient la destruction d'habitat essentiel si les caractéristiques des milieux humides qui contribuent au caractère convenable de l'habitat n'étaient pas maintenues (p. ex. caractéristiques hydrologiques de l'habitat essentiel). Un seul événement pourrait détruire l'habitat essentiel. X X X
Activités telles que le développement résidentiel et/ou industriel; conversion de l'habitat pour l'agriculture La conversion complète ou partielle d'habitats en milieux riverains ou terrestres à d'autres fins (développement, agriculture, etc.) peut entraîner une perte ou dégradation permanente de l'habitat de thermorégulation, de nidification et/ou d'alimentation. La conversion d'habitat peut aussi éliminer ou détruire l'habitat de déplacement local et de dispersion, ce qui pourrait réduire l'accès à des endroits importants (p. ex. sites de nidification) et isoler les populations. Un seul événement pourrait détruire l'habitat essentiel. Ainsi, de telles activités qui seraient menées à l'extérieur des limites de l'habitat essentiel entraîneraient la destruction d'habitat essentiel si les caractéristiques qui contribuent au caractère convenable de l'habitat n'étaient pas maintenues (p. ex. caractéristiques hydrologiques de l'habitat essentiel). Toute activité de ce genre à l'intérieur de l'habitat essentiel est susceptible d'entraîner la destruction de l'habitat essentiel. Un seul événement pourrait détruire l'habitat essentiel. X X X
Activités qui modifient l'écoulement de l'eau et/ou fragmentent l'habitat en milieu aquatique, telles que la création et l'exploitation d'ouvrages de régularisation des eaux La modification ou la perturbation de l'écoulement de l'eau, p. ex. par la création et l'exploitation de barrages ou d'autres ouvrages de régularisation des eaux, peut entraîner la dégradation ou l'élimination de l'habitat de nidification, d'hivernage, d'alimentation et de thermorégulation. La stabilisation des niveaux d'eau peut réduire de façon permanente la disponibilité de l'habitat dans la plaine d'inondation (p. ex. milieux humides, zones riveraines ouvertes) dont l'espèce dépend pour la nidification, l'alimentation et/ou la thermorégulation. Les niveaux d'eau élevés peuvent saturer les substrats de l'habitat de nidification, ce qui réduit la possibilité pour l'espèce d'utiliser le site avec succès. Les faibles niveaux d'eau récurrents peuvent favoriser la croissance de végétation sur les sites de nidification et ainsi empêcher leur utilisation par l'espèce aux fins de ponte. La modification du niveau d'eau au point où les besoins de l'espèce en matière d'hivernage ne sont plus satisfaits pourrait entraîner la destruction de l'habitat d'hivernage. En outre, la construction et l'exploitation d'ouvrages de régularisation des eaux sont susceptibles de créer des obstacles aux déplacements de la tortue molle à épines et ainsi de fragmenter l'habitat, et d'empêcher des individus d'accéder à des zones d'habitat convenable dans leur domaine vital et de se disperser vers des populations adjacentes. La création et l'exploitation d'ouvrages de régularisation des eaux à l'intérieur et à l'extérieur de l'habitat essentiel pourraient entraîner la destruction de l'habitat essentiel si les niveaux d'eau qui contribuent à son caractère convenable ne sont pas maintenus (p. ex. caractéristiques hydrologiques de l'habitat essentiel). La probabilité que ces activités entraînent la destruction de l'habitat essentiel augmente durant les périodes de nidification et d'hivernage. Il faut mener des études approfondies pour déterminer les conditions dans lesquelles ou les seuils au-delà desquels ces activités menées à l'intérieur et à l'extérieur de l'habitat essentiel de l'habitat essentiel sont susceptibles d'entraîner la destruction d'habitat. X X X
Construction de routes et de ponts La construction de routes ou de ponts, peu importe le moment de l'année, peut dégrader ou détruire de façon permanente l'habitat convenable de nidification, d'hivernage ou de déplacement. Les travaux de construction peuvent compacter les zones d'habitat de nidification et les couvrir d'enrochement ou d'autres matériaux qui ne conviennent pas à la nidification. La construction ou l'entretien d'ouvrages de franchissement de cours d'eau (ponts, ponceaux, etc.) l'hiver peut avoir une incidence négative sur les sites d'hivernage à cause de l'installation de batardeaux pour enlever l'eau dans une zone et de l'utilisation de machinerie lourde qui peut endommager l'habitat convenable sous la laisse des hautes eaux. La construction de routes peut également entraver les déplacements locaux (p. ex. accès aux sites de nidification). Un seul événement pourrait détruire l'habitat essentiel. Ces activités doivent être menées dans les limites de l'habitat essentiel pour endommager l'habitat. X X -
Altération des rives (p. ex. reprofilage, linéarisation ou durcissement des berges de cours d'eau) Les modifications apportées à la structure et à la composition des rives ou des berges (p. ex. enlèvement excessif de végétation indigène, ajout de matériaux de stabilisation tels que du béton, perte de méandres et de substrats fins et grossiers associés), peu importe le moment de l'année, peuvent créer des conditions permanentes qui ne conviennent pas à la nidification, à la thermorégulation et à l'alimentation de l'espèce. Le durcissement (artificialisation) des rives peut également entraver les déplacements de l'espèce. Un seul événement pourrait détruire l'habitat essentiel. Si ces activités étaient menées dans les limites de l'habitat essentiel, elles détruiraient ou dégraderaient directement l'habitat. Si ces activités étaient menées à l'extérieur et en amont de l'habitat essentiel, elles pourraient nuire indirectement à l'habitat, par exemple par l'apport de sédiments. Tout aménagement des rives dans l'habitat essentiel est susceptible d'entraîner la destruction de l'habitat essentiel. X X -
Pratiques agricoles intensives (p. ex. maïs de grande culture) Les pratiques agricoles intensives (p. ex. maïs de grande culture) peuvent à tout moment de l'année entraîner l'envasement de plans d'eau voisins et ainsi nuire à l'alimentation de l'espèce; elles peuvent également entraîner l'élimination de végétation indigène et de zones de sol naturellement dénudé et ainsi endommager de façon temporaire ou permanente l'habitat de nidification et de thermorégulation. La forte utilisation de pesticides et d'engrais peut dégrader ou altérer définitivement l'habitat d'hivernage et d'alimentation de façon directe (p. ex. en nuisant à la qualité de l'eau) ou indirecte (p. ex. en modifiant la disponibilité de la nourriture). De telles activités menées à l'extérieur de l'habitat essentiel pourraient entraîner la destruction ou la dégradation d'habitat essentiel si les caractéristiques qui contribuent au caractère convenable de l'habitat ne sont pas maintenues. Un seul événement pourrait détruire l'habitat essentiel. Il faut mener des études approfondies pour déterminer les conditions ou seuils de proximité de l'habitat essentiel ainsi que le niveau d'intensification agricole qui entraînerait la destruction d'habitat essentiel. X X X
Élevage de bétail Les pratiques d'élevage comme celles consistant à laisser le bétail paître dans l'habitat essentiel ou à lui donner accès à des voies d'eau dans l'habitat essentiel peuvent également dégrader ou détruire l'habitat de nidification, d'alimentation, de thermorégulation et d'hivernage. Le bétail piétine l'habitat et enlève de la végétation naturelle, ce qui peut altérer temporairement ou définitivement la structure de l'habitat. Dans les cours d'eau, le bétail peut soulever du substrat et causer de l'envasement susceptible de dégrader de l'habitat d'alimentation en aval. De telles activités menées à l'extérieur de l'habitat essentiel pourraient entraîner la destruction ou la dégradation d'habitat essentiel si les caractéristiques qui contribuent au caractère convenable de l'habitat ne sont pas maintenues. Un seul événement pourrait détruire l'habitat essentiel. Toute pratique agricole donnant au bétail accès à l'habitat essentiel est susceptible d'entraîner la destruction de l'habitat essentiel. X X X
Activités qui dégradent la qualité de l'eau Les rejets dans l'eau de déchets domestiques, commerciaux, industriels ou municipaux sous forme liquide ou solide peuvent contaminer l'eau avec des substances chimiques ou biologiques, ou des métaux lourds, ou mener à l'eutrophisation du milieu. Les activités qui entraînent l'envasement ou le ruissellement de pesticides et d'engrais (p. ex. activités agricoles) peuvent également dégrader la qualité de l'eau. La dégradation de la qualité de l'eau et/ou la réduction des teneurs de l'eau en oxygène (créant des conditions anoxiques) dans les milieux aquatiques se trouvant à l'intérieur ou à l'extérieur de l'habitat essentiel peuvent, peu importe le moment de l'année, altérer ou détruire temporairement ou définitivement l'habitat d'alimentation, d'hivernage et de thermorégulation. Des rejets de déchets constants, sporadiques ou récurrents peuvent entraîner la destruction de l'habitat. Il faut mener des études pour établir les seuils ou conditions pour ces activités. X - X
Activités qui introduisent des espèces exotiques et/ou envahissantes (p. ex. plantation d'espèces végétales non indigènes, déplacement de matériaux de remblai) L'introduction d'espèces exotiques et/ou envahissantes peut entraîner la dégradation ou la destruction de l'habitat en réduisant l'habitat de nidification, d'alimentation, de thermorégulation, d'hivernage et de déplacement. Par exemple, des peuplements denses du roseau commun non indigène peuvent envahir des sites de nidification et empêcher les tortues de les utiliser, et/ou ils peuvent entraver les déplacements entre les habitats de nidification, d'hivernage et d'alimentation. Ces denses peuplements peuvent également réduire l'exposition au soleil et ainsi altérer l'habitat de thermorégulation. Un seul événement dans l'habitat essentiel peut entraîner la destruction de l'habitat parce que l'introduction de graines de végétaux envahissants peut mener à une expansion rapide des peuplements de ces végétaux. X X X

Les indicateurs de rendement présentés ci-dessous proposent un moyen de déterminer et de mesurer les progrès accomplis vers l'atteinte de l'objectif en matière de population et de répartition.

Indicateur de rendement à long terme (50 ans) :

Indicateur de rendement à moyen terme (15 ans) :

Au moins un plan d'action visant la tortue molle à épines sera publié dans le Registre public des espèces en péril d'ci décembre 2023.

En raison de la vulnérabilité de l'espèce à la capture illégale, les références précises fournissant de l'information sensible ont été retirées de la présente version du programme de rétablissement. À des fins de protection de l'espèce et de son habitat, la liste exhaustive des références peut être demandée, sur justification, auprès de la section Planification du rétablissement d'Environnement Canada à l'adresse ec.planificationduretablissement-recoveryplanning.ec@canada.ca.

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Tableau A-1 – Cotes de conservation de la tortue molle à épines au Canada et aux États-Unis. (NatureServe2013)
Cote mondiale (G) Cote nationale (N) (Canada) Cotes infranationales (S) (Canada) Cote nationale (N) ( États-Unis) Cotes infranationales (S)(États-Unis)
G5 N3 Québec (S1) Ontario (S3) N5 Alabama (S3), Arizona (SNA), Arkansas (SNR), Colorado (S4), Californie (SNA), Floride (S3), Géorgie (S5), Illinois (S5), Indiana (SNR), Iowa (SNR), Kansas (S5), Kentucky (S5), Louisiane (S5), Maryland (S1), Michigan (S4), Minnesota (S5), Mississippi (S5), Missouri (SNR), Montana (S3), Nebraska (S5), Nevada (SNA), Caroline du Nord (S3), New Jersey (SNR), Nouveau-Mexique (S4), New York (S2S3), Ohio (SNR), Oklahoma (S5),
Pennsylvanie (S4), Dakota du Sud (S2), Caroline du Sud (SNR), Tennessee (S5), Texas (S5), Utah (SNA), Vermont (S1), Virginie (S2), Virginie-Occidentale (S4), Wisconsin (S4S5); Wyoming (S4)

Définitions des cotes (NatureServe, 2013)

S1 – Espèce gravement en péril : Espèce extrêmement susceptible de disparaître du territoire en raison d'une aire de répartition très limitée, d'un nombre très restreint de populations ou d'occurrences, de déclins très marqués, de menaces graves ou d'autres facteurs.

S2 – Espèce en péril : Espèce très susceptible de disparaître du territoire en raison d'une aire de répartition limitée, d'un nombre restreint de populations ou d'occurrences, de déclins marqués, de menaces graves ou d'autres facteurs.

S2S3 – Espèce vulnérable/en péril : Espèce à risque de disparition modéré à élevé dans le territoire considéré, à cause d'une aire de répartition relativement limitée à limitée, d'un nombre relativement faible à faible de populations ou d'occurrences, de baisses d'effectif récentes et répandues à marquées, de menaces modérées à graves ou d'autres facteurs.

N3/S3 – Espèce vulnérable : Espèce modérément susceptible de disparaître du territoire en raison d'une aire de répartition plutôt limitée, d'un nombre relativement faible de populations ou d'occurrences, de déclins récents et généralisés, de menaces ou d'autres facteurs.

S4 – Espèce apparemment non en péril : Espèce assez peu susceptible de disparaître du territoire en raison de la grande étendue de son aire de répartition ou du grand nombre de populations ou d'occurrences, mais pour laquelle il existe des sources de préoccupations en raison de déclins localisés récents, de menaces ou d'autres facteurs.

S4S5 – Espèce non en péril/apparemment non en péril : Espèce à risque de disparition nul à relativement faible dans le territoire considéré, à cause d'une aire de répartition étendue à très étendue ou d'un nombre élevé de populations ou d'occurrences, mais pouvant susciter des préoccupations en raison de baisses d'effectif récentes et locales, de menaces ou d'autres facteurs.

G5/N5/S5 – Espèce non en péril : Espèce très peu susceptible de disparaître du territoire en raison de son aire de répartition ou de l'abondance de populations ou d'occurrences et ne suscitant aucune préoccupation associée à des déclins ou des menaces ou n'en suscitent que très peu.

SNA – Non applicable : Aucune cote de conservation ne s'applique, car l'espèce ou l'écosystème n'est pas une cible appropriée en matière de conservation.

SNR – Espèce non classée : Espèce dont le statut de conservation national ou infranational n'a pas encore été évalué.

Une évaluation environnementale stratégique (ÉES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement en vertu de la LEP, conformément à La directive du Cabinet sur l'évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L'objet de l'ÉES est d'incorporer les considérations environnementales à l'élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décision éclairée du point de vue de l'environnement et évaluer si les résultats d'un document de planification de rétablissement peuvent affecter un élément de l'environnement ou tout objectif ou cible de la Stratégie fédérale de développement durable (SFDD).

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des programmes peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l'EES sont directement inclus dans le programme lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci-dessous.

La plupart des activités entreprises pour protéger la tortue molle à épines et son habitat profiteront également à d'autres espèces qui utilisent un habitat similaire. La protection des milieux aquatiques contribuera à maintenir une biodiversité riche soutenue par ces milieux. De plus, la réduction des menaces et les mesures d'atténuation visant la tortue molle à épines peuvent contribuer à la réduction du taux de mortalité d'autres espèces animales (p. ex. activités visant à éliminer la pollution des milieux aquatiques, mise en œuvre de méthodes d'atténuation pour réduire le nombre de prises accessoires, etc.). Certaines de ces mesures se retrouveront sans doute dans d'autres documents de rétablissement, particulièrement ceux qui visent des espèces aquatiques ou riveraines. Le tableau B-1 présente des exemples d'espèces susceptibles de tirer avantage du rétablissement de la tortue molle à épines au Canada.

Tableau B-1. Exemples d'espèces en péril pouvant profiter de la conservation et de la gestion de l'habitat de la tortue molle à épines
Nom commun Nom scientifique Statut en vertu de la LEP
Couleuvre fauve de l'Est Pantherophis gloydi En voie de disparition
Crapaud de Fowler Anaxyrus fowleri En voie de disparition
Râle élégant Rallus elegans En voie de disparition
Couleuvre d'eau du lac Érié Nerodia sipedon insularum En voie de disparition
Petit Blongios Ixobrychus exilis Menacée
Couleuvre à nez plat Heterodon platirhinos Menacée
Tortue musquée Sternotherus odoratus Menacée
Dart de sable Ammocrypta pellucida Menacée
Anguille d'Amérique Anguilla rostrata Menacée
Tortue géographique Graptemys geographica Préoccupante
Tortue serpentine Chelydra serpentina Préoccupante
Couleuvre tachetée Lampropeltis triangulum Préoccupante
Couleuvre mince Thamnophis sauritus Préoccupante
Méné d'herbe Notropis bifrenatus Préoccupante
Brochet vermiculé Esox americanus vermiculatus Préoccupante

Ces exemples ne constituent pas une liste exhaustive. Étant donné que les besoins propres à chacune de ces espèces peuvent varier, les mesures de gestion doivent tenir compte de la possibilité d'adopter des mesures de rétablissement synergiques. Dans la mesure du possible, il faut maintenir les processus écosystémiques naturels et leur permettre d'évoluer sans interférence humaine, car les espèces y sont adaptées.

La possibilité que le présent programme de rétablissement entraîne des effets négatifs imprévus sur l'environnement et sur d'autres espèces a été examinée. Les mesures recommandées sont non intrusives, y compris les relevés et les activités de sensibilisation du public. Il a donc été conclu que le présent plan de gestion est peu susceptible de produire d'importants effets négatifs.


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