Triphore penché (Triphora trianthophoros) programme de rétablissement proposé 2015

Titre officiel : Programme de rétablissement du triphore penché (Triphora trianthophoros) au Canada – 2015 [Proposition]

Loi sur les espèces en péril
Série de Programmes de rétablissement
Adopté en vertu de l'article 44 de la LEP

Triphore penché
Photo: Triphore penché
Photo : © Allen Woodliffe

Information sur le document

Coverture du document : Programme de rétablissement du triphore penché
Illustration de la couverture : © Allen Woodliffe


 

Référence recommandée

Environnement Canada. 2015. Programme de rétablissement du triphore penché (Triphora trianthophoros) au Canada [Proposition], Série de Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril, Environnement Canada, Ottawa. 25 p. + annexes.

Pour télécharger le présent programme de rétablissement ou pour obtenir un complément d’information sur les espèces en péril, incluant les rapports de situation du Comité sur la situation des espèces en péril au canada (COSEPAC), les descriptions de la résidence, les plans d’action et d’autres documents connexes sur le rétablissement, veuillez consulter le Registre public des espèces en péril.

Le contenu du présent document (à l’exception des illustrations) peut être utilisé sans autorisation, mais en prenant soin d’indiquer la source.

Programme de rétablissement du triphore penché (triphora trianthophoros) au canada - 2015

En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont convenu de travailler ensemble pour établir une législation, des programmes et des politiques visant à assurer la protection des espèces sauvages en péril au Canada.

Dans l’esprit de collaboration de l’Accord, le gouvernement de l’Ontario a donné au gouvernement du Canada la permission d’adopter le Programme de rétablissement du triphore penché (Triphora trianthophoraNote1de bas de page) en Ontario (partie 2) et le document Triphore penché - Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement (partie 3), en vertu de l’article 44 de la Loi sur les espèces en péril (LEP). Environnement Canada inclut une addition (partie 1) à ce programme de rétablissement afin qu’il répondre aux exigences de la LEP.

Le programme fédéral de rétablissement du triphore penché au Canada comprend les trois parties suivantes :

Partie 1 – Addition du gouvernement fédéral au Programme de rétablissement du triphore penché (Triphora trianthophora) en Ontario, préparée par Environnement Canada.

Partie 2 - Partie 2 – Programme de rétablissement du triphore penché (Triphora trianthophora) en Ontario, préparé par Judith Jones, Jarmo Jalava et John D. Ambrosepour le ministère des Richesses naturelles de l’OntarioNote2de bas de page.

Partie 3 – Triphore penché - Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement, préparée par le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario.

Partie 1 – Addition du gouvernement fédéral au Programme de rétablissement du triphore penché (Triphora trianthophora) en Ontario, préparée par Environnement Canada

Préface

En vertu de l’Accord pour la protection des espèces en péril (1996), les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux signataires ont convenu d’établir une législation et des programmes complémentaires qui assureront la protection efficace des espèces en péril partout au Canada. En vertu de la Loi sur les espèces en péril (L.C. 2002, ch. 29) (LEP), les ministres fédéraux compétents sont responsables de l’élaboration des programmes de rétablissement pour les espèces inscrites comme étant disparues du pays, en voie de disparition ou menacées et sont tenus de rendre compte des progrès réalisés cinq ans après la publication du document final dans le Registre public des espèces en péril.

La ministre de l’Environnement est la ministre compétente en vertu de la LEP du triphore penché et a élaboré la composante fédérale (partie 1) du présent programme de rétablissement, conformément à l’article 37 de la LEP. L’article 44 de la LEP autorise le ministre à adopter un plan existant pour l’espèce, en partie ou en totalité, s’il estime que ce dernier est conforme aux exigences des paragraphes 41(1) ou 41(2) de la LEP. Le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario (devenu le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario) a dirigé l’élaboration du Programme de rétablissement du triphore penché (Triphora trianthophora) en Ontario (partie 2), en collaboration avec Environnement Canada. La Province de l’Ontario a aussi dirigé l’élaboration du document Triphore penché - Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement (partie 3), qui constitue la réponse stratégique du gouvernement de l’Ontario au programme de rétablissement dans laquelle il résume les mesures prioritaires qu’il prévoit prendre ou appuyer.

La réussite du rétablissement de l’espèce dépendra de l’engagement et de la collaboration d’un grand nombre de parties concernées qui participeront à la mise en œuvre des directives formulées dans le présent programme. Cette réussite ne pourra reposer seulement sur Environnement Canada ou sur toute autre compétence. Tous les Canadiens et les Canadiennes sont invités à appuyer le programme et à contribuer à sa mise en œuvre pour le bien du triphore penché et de l’ensemble de la société canadienne.

Le présent programme de rétablissement sera suivi d’un ou de plusieurs plans d’action qui présenteront de l’information sur les mesures de rétablissement qui doivent être prises par Environnement Canada et d’autres compétences et/ou organisations participant à la conservation de l’espèce. La mise en œuvre du présent programme est assujettie aux crédits, aux priorités et aux contraintes budgétaires des compétences et organisations participantes.

Le programme de rétablissement établit l’orientation stratégique visant à arrêter ou à renverser le déclin de l’espèce, incluant la désignation de l’habitat essentiel dans la mesure du possible. Il fournit à la population canadienne de l’information pour aider à la prise de mesures visant la conservation de l’espèce. La désignation de l’habitat essentiel dans un programme de rétablissement peut avoir des incidences sur le plan de la réglementation, étant donné que la LEP prévoit un processus pour évaluer les mécanismes de protection existants aux termes d’autres lois fédérales, provinciales et territoriales, et, au besoin, pour mettre en place des mesures de protection supplémentaires en vertu de la LEP. En ce qui concerne l’habitat essentiel situé sur le territoire domanial à l’extérieur des aires protégées fédérales, la ministre de l’Environnement doit présenter un rapport sur la protection juridique existante ou prendre un arrêté pour assurer la protection. La ministre de l’Environnement doit évaluer si l’habitat essentiel est efficacement protégé sur le territoire non domanial. La décision de protéger l’habitat essentiel qui n’est pas efficacement protégé est à la discrétion du gouverneur en conseil.

Remerciements

La version initiale du présent programme de rétablissement a été élaborée par Holly Bickerton, avec la précieuse collaboration de Judith Jones. Ken Tuininga, Lauren Strybos, Krista Holmes, Christina Rohe, Bruna Peloso, Madeline Austen et Lesley Dunn (Environnement Canada, Service canadien de la faune – Ontario [EC, SCF–ON]), Megan Eplett (anciennement EC, SCF–ON), Jay Fitzsimmons et Aileen Wheeldon (ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario [MRNFO]) et Mike Oldham (Centre d’information sur le patrimoine naturel, MRNFO) ont révisé le texte et ont fourni des commentaires et des conseils au cours de son élaboration.

Des remerciements sont également adressés à toutes les autres parties qui ont fourni des conseils et des commentaires dans le cadre de l’élaboration du présent programme de rétablissement, notamment les Autochtones et les organismes autochtones, les propriétaires fonciers, les citoyens et les intervenants qui ont apporté de précieux renseignements et/ou ont participé aux réunions de consultation.

Ajouts et modifications apportés au programme provincial

Les sections qui suivent ont été ajoutées pour satisfaire aux exigences particulières de la LEP qui ne sont pas abordées dans le Programme de rétablissement du triphore penché (Triphora trianthophora) en Ontario (partie 2) et pour fournir des renseignements à jour ou supplémentaires.

Environnement Canada adopte le programme de rétablissement de l’Ontario (partie 2), à l’exception de la section 2.0 (Rétablissement). À la place de la section 2.0, Environnement Canada établit ses propres indicateurs de performance et d’habitat essentiel et adopte les mesures menées et appuyées par le gouvernement de l’Ontario énumérées dans le document Triphore penché - Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement(partie 3) comme stratégies et approches générales pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition.

La LEP fixe des exigences et prescrit des processus particuliers en matière de protection de l’habitat essentiel. Par conséquent, les parties d’un programme de rétablissement provincial ayant trait à la protection de l’habitat de l’espèce ne respectent pas toujours les exigences fédérales, et c’est pourquoi Environnement Canada ne les adopte pas pour le programme de rétablissement fédéral. L’évaluation de la mesure dans laquelle des dispositions ou des activités particulières confèrent à l’habitat essentiel une protection conforme aux exigences de la LEP suivra la publication de la version définitive du programme de rétablissement fédéral.

1. Information sur la situation de l'espèce

Le triphore penchéNote3de bas de page (Triphora trianthophoros) est une orchidée endémique de l’Amérique du Nord. Il se trouve au Canada, au Mexique, au Guatemala, au Panama et dans une vaste région de l’est des États-Unis (NatureServe, 2014). Au Canada, le triphore penché est présent uniquement dans 2 emplacements du sud-ouest de l’Ontario : le parc provincial Rondeau, dont la population comprend 4 sous-populations (municipalité de Chatham-Kent) et le boisé « Three Birds Woodlot », qui abrite 1 population (comté d’Essex) (COSEWIC, 2010; Jones et al., 2013). Les 2 populations sont considérées comme existantesNote4de bas de page, bien que le triphore penché n’ait pas été observé dans le boisé « Three Birds Woodlot » depuis 1987 (Jones et al., 2013). Parce que l’espèce peut demeurer en dormance pendant de nombreuses années et que peu d’activités de recherche aient été menées dans le boisé « Three Birds Woodlot » (seuls 3 relevés ont été effectués dans le secteur est du site au cours des 30 dernières années), le fait que le triphore penché n’a pas été trouvé lors de ces relevés n’exclut pas la possibilité que l’espèce peut encore y être présente, car les individus ont peut-être fleuri au cours d’années où il n’y a pas eu de relevés ou l’espèce pourrait être présente dans des secteurs qui n’ont pas fait l’objet de relevés (Jones et al., 2013).

Le triphore penché est considéré comme peu commun dans presque toute sa vaste aire de répartition dans l’est de l’Amérique du Nord. À l’échelle mondiale, il s’est vu attribuer la cote de conservation G3 – vulnérableNote5de bas de page (NatureServe, 2014), et en Ontario, la cote S1 – gravement en périlNote6de bas de page (NatureServe, 2014).

Au Canada, le triphore penché figure sur la liste des espèces en voie de disparitionNote7de bas de page de l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral, alors qu’en Ontario il est désigné espèce en voie de disparitionNote8de bas de page en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD). Dans cette province, le triphore penché se trouve à la limite septentrionale de son aire de répartition nord-américaine. Il a été estimé que moins de 1 % de son aire de répartition mondiale se trouve au Canada (COSEWIC, 2010).

2. Caractère réalisable du rétablissement

D’après les quatre critères suivants présentés par Environnement Canada, le caractère réalisable du rétablissement du triphore penché comporte des inconnues. Conformément au principe de précaution, un programme de rétablissement a été élaboré en vertu du paragraphe 41(1) de la LEP, tel qu’il convient de faire lorsque le rétablissement est déterminé comme étant réalisable.

  1. Des individus de l’espèce sauvage capables de se reproduire sont disponibles maintenant ou le seront dans un avenir prévisible pour maintenir la population ou augmenter son abondance.
    • Oui. Il y a actuellement 2 populations existantes au Canada. Des travaux de terrain menés en 2008 ont permis de confirmer la présence de 1 357 tiges florifères dans 3 des 4 sites connus (sous-populations) au sein de l'une des 2 seules populations recensées dans le sud-ouest de l'Ontario (parc provincial Rondeau) (COSEWIC, 2010). Les 4 sites connus se trouvent à proximité immédiate les unes des autres, et l'on considère donc qu'ils forment 1 seule population constituée de 4 sous-populations (COSEWIC, 2010). Comme les tiges florifères émergent du sol en grosses touffes et peuvent ou non être issues d'un seul tubercule, il n'est pas clair combien d'individus génétiquement matures (c.-à-d. genets) elles représentent. Les dénombrements des tiges florifères dans cette seule population ontarienne ont grandement fluctué depuis sa découverte en 1966, bien que les rapports disponibles indiquent qu'il existe au Canada des individus possédant une capacité de reproduction démontrée (c.-à-d. floraison et production de graines) (COSEWIC, 2010). Le triphore penché est également présent partout dans l'est de l'Amérique du Nord, bien qu'il soit rare et peut-être en déclin dans la partie nord de son aire de répartition (Ramstetter, 2001).
    • Il convient de noter que les deux populations existantes en Ontario sont petites et isolées l'une de l'autre. Par conséquent, la perte de diversité génétique peut être préoccupante si l'espèce ne continue pas à se reproduire avec succès pendant de longues périodes. Des phénomènes stochastiques se manifestant dans une population présente dans si peu d'emplacements peuvent aussi poser une menace (COSEWIC, 2010).
  2. De l’habitat convenable suffisant est disponible pour soutenir l’espèce, ou pourrait être rendu disponible par des activités de gestion ou de remise en état de l’habitat.
    • Inconnu. Au Canada, le triphore penché pousse dans des forêts de feuillus mélangés riches et mésiques, en particulier dans des forêts dominées par le hêtre à grandes feuilles (Fagus grandifolia) et l'érable à sucre (Acer saccharum) (COSEWIC, 2010; Jones et al., 2013). Bien que, depuis l'arrivée des Européens, les forêts de feuillus de la zone carolinienne de la province aient été lourdement fragmentées, elles abritent d'importantes zones d'habitat apparemment convenable pour l'espèce. Le triphore penché a aussi été trouvé dans d'autres types d'habitat dans son aire de répartition américaine, notamment au bord de marécages, dans des tourbières à sphaigne et dans des battures sablonneuses (Case, 1964; Sheviak, 1974; Homoya, 1993; COSEWIC, 2010). Bien qu'il existe probablement suffisamment d'habitat apparemment convenable pour l'espèce, l'aire de répartition et la superficie d'habitat occupée par le champignon mycorhizien strictNote9de bas de page auquel il est associé sont inconnues (COSEWIC, 2010).
  3. Les principales menaces pesant sur l’espèce ou sur son habitat (y compris les menaces à l’extérieur du Canada) peuvent être évitées ou atténuées.
    • Inconnu. De nombreuses menaces peuvent agir l'une sur l'autre et nuire au triphore penché, mais on ne sait pas très bien ce qui constitue une « menace primaire ». Les perturbations d'origine humaine qui déséquilibrent la délicate association de l'espèce à un champignon mycorhizien peuvent constituer la plus grande menace pesant sur cette orchidée (Jones et al., 2013), et certaines de ces perturbations ne sont pas facilement atténuées. Par exemple, des espèces végétales envahissantes sont présentes aux emplacements des 2 populations et peuvent perturber les champignons et les microorganismes du sol. Il existe maintenant des techniques pour lutter contre de nombreuses espèces végétales envahissantes, mais leur application peut poser un défi, car elles requièrent souvent une gestion des terres à long terme (Jones et al., 2013). Des lombricidés non indigènes pourraient également menacer les 2 populations (COSEWIC, 2010). Il a été établi que les lombricidés réduisent l'épaisseur des couches de litièreNote10de bas de page et d'humusNote11de bas de page ainsi que la diversité fongique (Baxter et al., 1999; Muratake, 2003; Hale et al., 2005) et peuvent faciliter l'invasion de plantes exotiques (Nuzzo et al., 2009). Aucune technique de réduction des populations de lombricidés dans les forêts ou d'autres milieux où le triphore penché peut être présent n'est connue. Il est également reconnu que le broutage exercé par le cerf de Virginie (Odocoileus virginianus) menace les orchidées, y compris le triphore penché (COSEWIC, 2010), dans le parc provincial Rondeau, où les grandes populations de cerfs sont contrôlées (Ontario Parks, 2001; Jones et al., 2013). Le broutage exercé par le cerf de Virginie pourrait aussi constituer une menace dans le boisé « Three Birds Woodlot », où cette orchidée n'a pas été observée depuis plus de 20 ans (Jones et al., 2013). Compte tenu du nombre et de la gravité inconnue des menaces et du fait que le triphore penché se trouve dans des régions du Canada comptant parmi les plus fragmentées et développées, il n'est par certain que les menaces puissent être complètement évitées ou atténuées.
  4. Des techniques de rétablissement existent pour atteindre les objectifs en matière de population et de répartition ou leur élaboration peut être prévue dans un délai raisonnable.
    • Inconnu. Bien que des moyens traditionnels de protection de l'habitat (p. ex. acquisition de terres, servitude ou intendance) puissent être employés pour protéger l'espèce et son habitat sur des terres privées, ils peuvent ne pas suffire à prévenir la disparition de l'espèce de ces endroits étant donné que plusieurs menaces posent des défis et les techniques d'atténuation ne sont pas connues ou éprouvées. Enfin, la plupart des techniques de propagation n'ont pas porté leurs fruits lorsqu'elles ont été appliquées au triphore penché. Lors d'essais menés en Ontario, des graines ont germé avec succès en culture, mais les semis n'ont pas survécu à la transplantation dans le milieu sauvage (Anderson, 1990). Lors d'essais de propagation menés au Wisconsin, des graines ont bien germé en culture mais, étant donné que les cormesNote12de bas de page fragiles sont très difficiles à manipuler, les cormes transplantés n'ont pas survécu (S. Weber, comm. pers., 2014). Des plantes entières provenant du boisé « Three Birds Woodlot » ont été transplantées dans le parc provincial Rondeau en 1956, mais elles n'ont pas survécu (Woodliffe, 2011). Le semis direct de capsules matures dans un habitat convenable est une autre méthode de propagation aux fins de rétablissement de l'espèce, mais le succès de cette méthode n'est pas bien établi.

3. Objectifs en matière de population et de répartition

Le Programme de rétablissement du triphore penché (Triphora trianthophora) en Ontario établit le but du rétablissement suivant pour le triphore penché :

  • Le but du rétablissement est de maintenir les populations existantes de triphores penchés dans leur état actuel ou dans un état meilleur, de les aider à long terme à devenir autosuffisantes et viables et de combler les lacunes dans les connaissances afin que des activités de rétablissement puissent être menées dans d’autres emplacements dans le futur.

La déclaration du gouvernement de l’Ontario en réponse au programme de rétablissement établit le but du rétablissement suivant pour triphore penché en Ontario :

  • Le but du gouvernement en ce qui concerne le rétablissement du triphore penché est de maintenir ou d’améliorer la viabilité des populations existantes en Ontario.

Aux termes de la LEP, un objectif en matière de population et de répartition pour l’espèce doit être établi. Environnement Canada adopte le but du rétablissement établi dans le documentTriphore penché - Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement (partie 3) à titre d’objectif en matière de population et de répartition pour le triphore penché en vertu de la LEP.

  • Maintenir ou améliorer la viabilitéNote13de bas de page des deux populations existantes au Canada.

En raison des conditions saisonnières, le nombre de tiges peut varier grandement d’une année à l’autre. Par conséquent, la mesure du rétablissement du triphore penché d’après l’abondance des populations, telle qu’elle a été établie par les dénombrements des tiges, doit tenir compte de la plage naturelle de variation. En 2008, la population dans le parc Rondeau a été estimée à 1 400 tiges, mais il s’agissait là d’une année inhabituellement favorable à l’espèce, qui n’est peut-être pas représentative du nombre moyen de tiges (COSEWIC, 2010). La capacité de l’espèce de rester enfouie sous terre lorsque les conditions sont défavorables (Williams, 1994) complique également l’utilisation du nombre de tiges comme seule mesure de l’abondance. Par conséquent, le maintien ou l’amélioration de la viabilité des populations est considéré comme un objectif plus approprié.

Le Centre d’information sur le patrimoine naturel (CIPN) de l’Ontario attribue des cotes de qualité aux occurrences d’élément d’après leur viabilité estimative. La population du parc Rondeau est cotée CNote14de bas de page (C : viabilité passable), et celle du boisé « Three Birds Woodlot », HNote15de bas de page (H : historique) (Jones et al., 2013). La population du boisé « Three Birds Woodlot » est traitée comme une population existante (bien qu’elle soit techniquement cotée historique) parce que l’endroit n’a pas été régulièrement recensé, l’espèce peut demeurer en dormance dans le sol pendant de longues périodes (COSEWIC, 2010) et l’habitat y est encore de bonne qualité.

Cet objectif en matière de population et de répartition comprend le maintien ou l’amélioration de toutes les sous-populations existantes déjà documentées dans le parc provincial Rondeau (Woodliffe, 2011) ainsi que le maintien ou l’amélioration de l’intégrité de l’habitat occupé par les deux populations.

4. Stratégies et approches générales pour l'atteinte des objectifs

Les mesures dirigées et appuyées par le gouvernement énoncées dans le document Triphore penché - Déclaration du gouvernement en réponse au programme de rétablissement (partie 3) sont adoptées à titre de stratégies et d’approches générales pour contrer les menaces pesant sur l’espèce et atteindre les objectifs en matière de population et de répartition. Environnement Canada n’adopte pas les approches énoncées à la section 2 du Programme de rétablissement du triphore penché (Triphora trianthophora) en Ontario (partie 2).

5. Habitat essentiel

5.1 Désignation de l'habitat essentiel de l'espèce

En vertu de l’alinéa 41(1)c) de la LEP, les programmes de rétablissement doivent inclure une désignation de l’habitat essentiel de l’espèce, dans la mesure du possible, et des exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de cet habitat. Aux termes de la LEP, l’habitat essentiel est « l’habitat nécessaire à la survie ou au rétablissement d’une espèce sauvage inscrite, qui est désigné comme tel dans un programme de rétablissement ou un plan d’action élaboré à l’égard de l’espèce ».

La Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) de l’Ontario n’exige pas que les programmes de rétablissement provinciaux comprennent une désignation de l’habitat essentiel. En vertu de la LEVD, l’inscription d’une espèce à titre d’espèce en voie de disparition ou d’espèce menacée sur la Liste des espèces en péril en Ontario confère automatiquement une protection générale à l’habitat de cette espèce. À l’heure actuelle, l’habitat du triphore penché reçoit une protection générale en vertu de la LEVD; cependant, une description de l’habitat général n’a pas encore été élaborée. Dans certains cas, un règlement sur l’habitat est élaboré et remplace la protection générale de l’habitat. Le règlement sur l’habitat est l’instrument juridique par lequel la Province de l’Ontario prescrit une aire à protégerNote16de bas de page à titre d’habitat de l’espèce. Aucun règlement sur l’habitat n’a été élaboré pour le triphore penché en vertu de la LEVD.

Dans le présent programme de rétablissement fédéral, l’habitat essentiel du triphore penché est désigné dans la mesure du possible, sur la base de la meilleure information accessible (en date de juin 2014). L’habitat essentiel est désigné pour les deux populations de triphores penchés en Ontario (voir la figure 1 et le tableau 1). De l’habitat essentiel additionnel pourrait être ajouté si de l’information nouvelle ou supplémentaire justifiait l’inclusion de zones au-delà de celles qui sont actuellement désignées (p. ex. de nouveaux sites sont colonisés dans des zones adjacentes).

L’habitat essentiel du triphore penché est fondé sur les deux critères suivants : l’occupation de l’habitat et le caractère convenable de l’habitat.

5.1.1 Occupation de l'habitat

Le critère d’occupation de l’habitat fait référence aux zones d’habitat convenable pour lesquelles on peut affirmer avec une certaine certitude qu’elles sont actuellement utilisées par l’espèce.

L’habitat est considéré comme occupé quand :

  • au moins un individu de triphore penché a été observé au cours d’une année depuis 1985.

L’occupation de l’habitat repose sur les récents rapports d’occurrence des populations existantes du Centre d’information sur le patrimoine naturel de l’Ontario (CIPN) et du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). En général, le triphore penché émerge du sol à la fin de l’été (de la fin juillet au début août), juste avant d’entamer sa courte période de floraison (entre la fin juillet et le début septembre) et, si les conditions au cours d’une année donnée ne sont pas propices à la reproduction, l’espèce peut subsister et croître dans le sol pendant de nombreuses années (Jones et al., 2013). La période maximale de dormance du triphore penché est peu comprise. Une occurrence de l’espèce dans un site bien inventorié de la Caroline du Sud a été redécouverte après être passée inaperçue pendant 20 à 30 ans environ (Porcher, 1977, in Jones et al., 2013). Il a également été établi que des orchidées occupant un habitat semblable à celui du triphore penché persistent pendant de nombreuses décennies; ainsi, des colonies d’orchidées peuvent être aussi vieilles que le milieu forestier qui les entoure (Reddoch et Reddoch, 1997). Il a également été avancé que certaines espèces du genre Isotria (orchidées occupant un habitat semblable dans la région des Grands Lacs) peuvent demeurer en dormance pendant 15 à 20 ans, bien que cela n’ait pas été confirmé (Correll, 1950, in COSEWIC, 2011). On présumera que le triphore penché occupe l’habitat du boisé « Three Birds Woodlot » (cote « historique ») jusqu’à ce que le CIPN de l’Ontario réévalue la situation de la population et la désigne « disparue de l’Ontario »Note17de bas de page.

5.1.2 Caractère convenable de l'habitat

L’habitat convenable est caractérisé par un ensemble particulier de caractéristiques biophysiques permettant aux individus de l’espèce de mener à bien les aspects essentiels de leur cycle vital. Au Canada, le triphore penché se trouve dans des forêts de feuillus de la zone carolinienne de l’Ontario dominées par des peuplements matures de hêtres à grandes feuilles et d’érables à sucre, souvent le long de crêtes sablonneuses au sol acide (Jones et al., 2013) et dans des endroits où la litière de feuilles est épaisse, l’humus est abondant et le couvert forestier est bien développé (COSEWIC, 2010). Comme d’autres membres de la famille des Orchidacées, le triphore penché dépend de la présence de champignons mycorhiziens dans le sol, auxquels il s’associe. De tels champignons ont été découverts dans le cas de nombreuses autres espèces de la même famille (Dearnaley, 2007). Pour l’apport en nutriments et la germination fructueuse des graines, le triphore penché dépend de champignons mycorhiziens (COSEWIC, 2010), et cette association permet à l’espèce de subsister dans le sol (durant des années) et aux tiges d’émerger du sol pendant une brève période de floraison (Jones et al., 2013).

Les caractéristiques biophysiques de l’habitat convenable du triphore penché sont les suivantes :

  • forêt de feuillus ou marécage (couvert forestier > 75 %); ou
    • dominé par le hêtre à grandes feuilles, l'érable rouge (Acer rubrum), l'érable à sucre, l'ostryer de Virginie (Ostrya virginiana), le maïanthème du Canada (Maianthemum canadense) et la salsepareille (Aralia nudicaulis),
  • forêt mixte ou marécage (couvert forestier > 75 %); ou
    • dominé par le pin blanc (Pinus strobus) ou la pruche du Canada (Tsuga canadensis), mélangé avec du hêtre à grandes feuilles, de l'érable rouge ou de l'érable à sucre; ou
  • arbustaie dunaire (couvert forestier > 25 %); ou
  • sommets et flancs de crêtes de sable, forêts de plaine d’inondation, bords de marécages, tourbières à sphaigne et battures sablonneuses; et
    • présence d'une épaisse couche de litière de feuilles; et
    • présence de sols riches avec une abondance d'humus; et
    • présence de champignons mycorhiziens associés; et
    • présence constante d'humidité tout au long de la saison.

D’après la meilleure information accessible, l’habitat convenable du triphore penché est actuellement désigné comme étant l’étendue des caractéristiques biophysiques où l’espèce est présente en Ontario. Outre l’habitat convenable, une zone de fonctions essentielles d’un rayon de 50 m est appliquée quand les caractéristiques biophysiques autour d’une plante s’étendent à moins de 50 m.

L’habitat convenable du triphore penché dans le sud de l’Ontario peut être décrit à l’aide de la Classification écologique des terres (CET) (Lee et al., 1998). La CET fournit un cadre uniforme pour la détermination et l’interprétation des limites dynamiques des divers écosystèmes et catégorise les habitats non seulement en fonction des communautés végétales, mais aussi en fonction des conditions d’humidité du sol et de la topographie. Elle permet donc de couvrir les caractéristiques biophysiques de l’habitat convenable du triphore penché. De plus, de nombreux gestionnaires des terres et spécialistes de la conservation connaissent bien la terminologie et les méthodes employées dans la CET et ont adopté cet outil comme approche uniforme en Ontario.

Dans la CET de l’Ontario, les limites des écosites définissent le mieux l’étendue des caractéristiques biophysiques requises par une espèce. L’écosite inclut les aires occupées par le triphore penché et les zones environnantes qui lui fournissent des conditions d’habitat convenable pour mener à bien ses processus vitaux et qui assurent les processus naturels liés à la dynamique et à la reproduction des populations (p. ex. dispersion et pollinisation). Le triphore penché est une orchidée colonisatrice qui est probablement limitée par la présence d’un champignon mycorhizien particulier lui fournissant des nutriments. Sauf dans la zone immédiate où poussent des triphores penchés, il est impossible de s’assurer que l’écosite de la CET comprend le champignon, dont la répartition et l’écologie au Canada ne sont pas bien connues. L’utilisation des limites de l’écosite comme limites de l’habitat essentiel constitue donc une approche de précaution puisque des études ont démontré que la germination des graines d’orchidées diminue à mesure que la distance des individus adultes augmente, ce qui donne à penser que les mycorhizes sont présentes à proximité de ceux-ci (McKendrick et al., 2002; Diez, 2007). Il semble que la périphérie immédiate des populations de triphores penchés soit la plus susceptible d’abriter le champignon mycorhizien du sol approprié. Il se peut que les populations de triphores penchés augmentent localement et colonisent ou recolonisent des parties d’habitat convenable avoisinant à l’intérieur de l’écosite. Cette plus grande superficie autour de la plante peut aussi favoriser la résilience de l’écosystème face aux espèces envahissantes et aux impacts subséquents sur les associations avec le champignon mycorhizien.

L’écosite abritant le triphore penché en Ontario est décrit comme étant la forêt décidue fraîche-humide dominée par l’érable à sucre dans le cas des sous-populations du parc provincial Rondeau, mais il ne l’a pas été dans le cas de la population du boisé « Three Birds Woodlot » (Jones et al., 2013). D’autres évaluations de l’habitat sont requises pour décrire et cartographier les écosites de la CET actuellement occupés par le triphore penché.

Le rayon de 50 m est considéré comme la « zone de fonctions essentielles » minimale, ou la superficie minimale nécessaire au maintien des propriétés du microhabitat d’une espèce (p. ex. luminosité, température, humidité de la litière, taux d’humidité nécessaires à la survie). Actuellement, on ignore exactement à partir de quelle distance les processus physiques et/ou biologiques commencent à avoir des effets négatifs sur le triphore penché. Des études sur des gradients micro-environnementaux en bordure de l’habitat, soit la luminosité, la température et l’humidité de la litière (Matlack, 1993), et sur les effets de lisière sur les plantes dans les forêts de feuillus mélangés, comme en témoignent les changements à la structure et à la composition des communautés végétales (Fraver, 1994), montrent que les effets de lisière peuvent être décelés jusqu’à 50 m à l’intérieur des fragments d’habitat, tandis que, selon d’autres études, l’ampleur et la distance des effets de lisière varient en fonction de la structure et de la composition des types d’habitat adjacents (Harper et al., 2005). Forman et Alexander (1998) et Forman et al. (2003) ont établi que la plupart des effets de lisière sur les plantes en bordure de routes résultant des travaux de construction et du trafic sont les plus marqués dans les 30 à 50 premiers mètres. Ainsi, la distance de 50 m de toute occurrence (individu) de triphore penché a été choisie comme distance prudente assurant le maintien des caractéristiques du microhabitat dans la désignation de l’habitat essentiel. Cette distance ainsi définie au sein de la zone de fonctions essentielles peut inclure à la fois de l’habitat convenable et de l’habitat non convenable, car le triphore penché peut occuper une aire/zone de transition entre de l’habitat convenable et de l’habitat non convenable. À mesure que de nouvelles données sur les besoins de l’espèce en matière d’habitat et les caractéristiques propres au site, comme les propriétés hydrologiques, seront disponibles, cette distance pourra être révisée.

5.1.3 Application des critères de désignation de l'habitat essentiel

L’habitat essentiel du triphore penché est désigné comme étant l’étendue d’habitat convenable (section 5.1.2) où le critère d’occupation (section 5.1.1) est respecté. Lorsque l’habitat convenable s’étend à moins de 50 m autour d’un individu de l’espèce, une zone de fonctions essentielles englobant une superficie d’un rayon de 50 m est également incluse comme habitat essentiel. Comme il est indiqué précédemment, en Ontario, l’échelle de l’écosite de la CET est la plus appropriée pour la délimitation de l’habitat convenable du triphore penché. À l’heure actuelle, on ne dispose ni de descriptions ni de limites des écosites pour étayer la désignation de l’habitat essentiel de toutes les populations de l’Ontario. Pour l’instant, lorsque les limites des écosites de la CET ne sont pas disponibles, l’échelle des séries de communautés végétales de la CET est définie comme étant la zone renfermant de l’habitat essentiel. En Ontario, l’habitat essentiel est situé à l’intérieur de ces limites où les caractéristiques biophysiques décrites dans la section 5.1.2 se trouvent et là où le critère d’occupation de l’habitat (section 5.1.1) est respecté. Une fois que les limites des écosites auront été définies, la désignation de l’habitat essentiel sera mise à jour.

L’application des critères d’habitat essentiel à la meilleure information accessible permet de désigner l’habitat essentiel des 2 populations existantes connues de triphores penchés au Canada (figure 1; voir aussi le tableau 1), qui totalise environ 534 haNote18de bas de page. La désignation de l’habitat essentiel est considérée comme partielle et insuffisante pour l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition. Bien que de l’habitat essentiel soit actuellement désigné dans le boisé « Three Birds Woodlot », la situation et la viabilité de la population doivent être évaluées. Une évaluation s’impose également pour déterminer si la superficie actuelle d’habitat essentiel désigné de cette population est suffisante pour la maintenir.

La représentation cartographique de l’habitat essentiel du triphore penché fait appel à des carrés du quadrillage UTM de 1 km x 1 km. Les carrés du quadrillage UTM présentés à la figure 1 font partie du système de quadrillage de référence qui indique l’emplacement géographique général renfermant de l’habitat essentiel, à des fins de planification de l’aménagement du territoire et/ou d’évaluation environnementale. En plus d’offrir ces avantages, le quadrillage UTM de 1 km x 1 km est conforme aux ententes de partage des données conclues avec l’Ontario. L’habitat essentiel dans chaque carré du quadrillage se trouve là où la description de l’occupation de l’habitat (section 5.1.1) et celle du caractère convenable de l’habitat (section 5.1.2) sont respectées. Les structures artificielles (p. ex. routes entretenues, bâtiments) n’aident pas au maintien des processus naturels et, par conséquent, ne sont pas considérées de l’habitat essentiel. De plus amples informations sur l’habitat essentiel peuvent être obtenues, sur justification, auprès du Service canadien de la faune d’Environnement Canada, à Recovery_Planning_pl@ec.gc.ca.

Figure 1. Carrés du quadrillage renfermant de l'habitat essentiel du triphore penché au Canada.

L’habitat essentiel du triphore penché se trouve dans les carrés du quadrillage UTM de référence de 1 km x 1 km (hachurés en rouge), là où la description de l’occupation de l’habitat (section 5.1.1) et celle du caractère convenable de l’habitat (section 5.1.2) sont respectées.

Carte de l'habitat essentiel du triphore penché au Canada
Description longue pour la figure 1

La figure 1 montre les 16 mailles de la grille en Ontario, toutes situées dans le parc provincial Rondeau.

L’habitat essentiel du triphore penché se trouve dans les carrés du quadrillage UTM de référence de 1 km x 1 km, là où la description de l’occupation de l’habitat (section 5.1.1) et celle du caractère convenable de l’habitat (section 5.1.2) sont respectées.

Tableau 1. Carrés du quadrillage contenant de l'habitat essentiel du triphore penché au Canada
Population Code d'identification du carré du quadrillage UTM de référence de 1 km x 1 kmNoteadu tableau 1 Coordonnées du carré du quadrillage UTMNotebdu tableau 1

UTM Est
Coordonnées du carré du quadrillage UTMNotebdu tableau 1

UTM Nord
Tenure des terresNotecdu tableau 1
Boisé « Three Birds Woodlot » 17LG7546 374000 4656000 Territoire non domanial
Boisé « Three Birds Woodlot » 17LG7547 374000 4657000 Territoire non domanial
Parc provincial Rondeau 17MG2788 428000 4678000 Territoire non domanial
Parc provincial Rondeau 17MG2789 428000 4679000 Territoire non domanial
Parc provincial Rondeau 17MG2798 429000 4678000 Territoire non domanial
Parc provincial Rondeau 17MG2799 429000 4679000 Territoire non domanial
Parc provincial Rondeau 17MG2890 429000 4680000 Territoire non domanial
Parc provincial Rondeau 17MG2891 429000 4681000 Territoire non domanial
Parc provincial Rondeau 17MG2892 429000 4682000 Territoire non domanial
Parc provincial Rondeau 17MG2893 429000 4683000 Territoire non domanial
Parc provincial Rondeau 17MG2994 429000 4684000 Territoire non domanial
Parc provincial Rondeau 17MG3709 430000 4679000 Territoire non domanial
Parc provincial Rondeau 17MG3800 430000 4680000 Territoire non domanial
Parc provincial Rondeau 17MG3801 430000 4681000 Territoire non domanial
Parc provincial Rondeau 17MG3802 430000 4682000 Territoire non domanial
Parc provincial Rondeau 17MG3803 430000 4683000 Territoire non domanial
Parc provincial Rondeau 17MG3804 430000 4684000 Territoire non domanial
Parc provincial Rondeau 17MG3805 430000 4685000 Territoire non domanial

Total = 18 carrés

5.2 Calendrier des études visant à désigner l'habitat essentiel

Tableau 2. Calendrier des études
Description de l'activité Justification Échéancier
Mener des relevés sur l'espèce et son habitat dans le boisé « Three Birds Woodlot » et désigner de l'habitat essentiel additionnel au besoin. Évaluer la situation actuelle et la qualité de l'occurrence (viabilité) et achever la cartographie de l'habitat (p. ex. cartographie des écosites de la CET). 2015-2022

5.3 Activités susceptibles d'entraîner la destruction de l'habitat essentiel

La compréhension de ce qui constitue la destruction de l’habitat essentiel est nécessaire à la protection et à la gestion de cet habitat. La destruction est déterminée au cas par cas. On peut parler de destruction lorsqu’il y a dégradation d’une partie de l’habitat essentiel, soit de façon permanente ou temporaire, à un point tel que l’habitat essentiel n’est plus en mesure d’assurer ses fonctions lorsque exigé par l’espèce. La destruction peut découler d’une activité unique à un moment donné ou des effets cumulés d’une ou de plusieurs activités au fil du temps (Gouvernement du Canada, 2009). Il convient de noter que les activités qui se déroulent à l’intérieur ou à proximité de l’habitat essentiel ne sont pas toutes susceptibles d’en entraîner la destruction. Le tableau 3 donne des exemples d’activités susceptibles d’entraîner la destruction de l’habitat essentiel de l’espèce; il peut toutefois exister d’autres activités destructrices.

Tableau 3. Activités susceptibles d'entraîner la destruction de l'habitat essentiel.
Description de l'activité Description de l'effet relatif à la perte de fonction de l'habitat essentiel Détails de l'effet

Activités qui endommagent les associations avec les champignons mycorhiziens, en particulier celles qui mènent à l’introduction de végétaux ou d’invertébrés exotiques (p. ex. introduction de graines, de plants de végétaux, de sol ou de gravier d’origine étrangère, compostage ou décharge de résidus de jardin, utilisation de VTT, broutage du bétail).

L’introduction d’espèces envahissantes peut entraîner dans le sol des changements chimiques qui inhibent la croissance des champignons mycorhiziens ou des changements physiques qui réduisent la diversité des champignons essentiels à la reproduction du triphore penché. La présence de plantes envahissantes peut aussi accroître la compétition. La compétition accrue et la présence de lombrics peuvent causer des changements physiques dans l’habitat de sorte qu’il n’est plus convenable à l’espèce.

Lorsque ces activités ont lieu à l’intérieur ou à proximité immédiate de l’habitat essentiel à un moment de l’année (quel qu’il soit), les effets peuvent être cumulatifs et mener à l’introduction d’espèces envahissantes. Ces espèces peuvent entraîner la destruction graduelle de l’habitat essentiel au fil du temps. L’information actuellement accessible est insuffisante pour établir un seuil pour ces activités.

Conversion de zones boisées aux fins d’agriculture ou de développement résidentiel, qui modifie directement les propriétés physiques et biologiques du paysage.

La perte d’habitat entraîne la perte directe d’habitat essentiel dont dépend la survie de l’espèce, la germination fructueuse des graines et l’établissement des semis.

Lorsque cette activité a lieu à l’intérieur de l’habitat essentiel à un moment de l’année (quel qu’il soit), les effets seront directs. L’activité entraînera la destruction de l’habitat puisque le triphore penché a besoin d’un milieu forestier mature .

L’occurrence de l’activité à proximité de l’habitat essentiel à un moment de l’année (quel qu’il soit) pourrait entraîner des effets négatifs indirects sur l’habitat du triphore penché à cause du risque d’effets de lisière résultant des pratiques de conversion des terres.

Modification des régimes de drainage naturels et des taux d’humidité causant des variations du niveau des eaux de surface ou des eaux souterraines à l’échelle locale (p. ex. drainage par fossés ou canalisations, aménagement de barrages, construction de routes).

La modification des régimes de drainage naturels et des taux d’humidité occasionne une réduction du niveau d’humidité du sol et peut-être même du niveau d’humidité à l’intérieur des aires boisées. .

Lorsque cette activité a lieu à l’intérieur ou à proximité de l’habitat essentiel à un moment de l’année (quel qu’il soit), les effets peuvent être directs et/ou cumulatifs. La probabilité de destruction de l’habitat dépend du degré de modification des régimes de drainage existants et de la distance à partir de l’occurrence de triphore penché. L’information actuellement accessible est insuffisante pour établir un seuil pour cette activité.

Enlèvement de végétation indigène dans l’habitat essentiel (coupe à blanc, coupe sélective, etc.)

L’aménagement de forêts comportant l’ouverture du couvert bien développé que requiert le triphore penché peut occasionner une augmentation de la pénétration de la lumière à l’intérieur de la forêt mature, une réduction de l’humidité du sol, une réduction de l’humidité de l’air en été et une augmentation de la probabilité d’introduction d’espèces envahissantes par le biais de l’équipement forestier et, à terme, peut faire en sorte que l’habitat ne soit plus convenable à l’espèce.

Lorsque cette activité a lieu à l’intérieur de l’habitat essentiel à un moment de l’année (quel qu’il soit), les effets peuvent être directs ou cumulatifs. Il est très probable qu’elle entraînera la destruction de l’habitat puisque le triphore penché a besoin d’un milieu forestier mature très ombragé au sol très humide. L’information actuellement accessible est insuffisante pour établir un seuil pour cette activité.

L’occurrence de l’activité à proximité de l’habitat essentiel à un moment de l’année (quel qu’il soit) pourrait entraîner des effets négatifs indirects sur habitat du triphore penché à cause du risque d’effets de lisière résultant de la destruction de la végétation indigène.

Application d’herbicides ou de fongicides

Les herbicides et les fongicides peuvent détruire ou réduire en quantité les champignons mycorhiziens dont dépend l’espèce pour la germination et la croissance tout au long de son cycle vital.

Lorsque cette activité a lieu à l’intérieur ou à proximité immédiate de l’habitat essentiel à un moment de l’année (quel qu’il soit), ses effets peuvent être directs ou cumulatifs. L’habitat essentiel sera détruit si les champignons du sol dont a besoin le triphore penché sont détruits ou gravement réduits en quantité. L’information actuellement accessible est insuffisante pour établir un seuil pour cette activité.

6. Mesure des progrès

Les indicateurs de rendement présentés ci-dessous proposent un moyen de définir et de mesurer les progrès vers l’atteinte des objectifs en matière de population et de répartition. Tous les cinq ans, le succès de la mise en œuvre du programme de rétablissement sera évalué au moyen des indicateurs de rendement suivants :

  • L’intégrité de l’habitat de la population du parc provincial Rondeau est maintenue et la population (y compris toutes les sous-populations) persiste, et ce, sans changements importants à l’aire de répartition ou à la viabilité documentées antérieurement.
  • Un suivi est mené dans le boisé « Three Birds Woodlot » en vue de détecter, lorsque cela est possible, la présence du triphore penché, et l’intégrité de l’habitat dans la forêt naturelle est maintenue.
  • Advenant le cas que le triphore penché soit découvert de nouveau dans le boisé « Three Birds Woodlot », la population est pleinement documentée, et les menaces, décrites.

7. Énoncé sur les plans d'action

Au moins un plan d’action visant le triphore penché sera publié dans le Registre public des espèces en péril d’ici le 31 décembre 2022.

8. Effets sur l'environnement et les espèces non ciblées

Une évaluation environnementale stratégique (EES) est effectuée pour tous les documents de planification du rétablissement en vertu de la LEP, conformément à la  Directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes. L’objet de l’EES est d’incorporer les considérations environnementales à l’élaboration des projets de politiques, de plans et de programmes publics pour appuyer une prise de décisions éclairée du point de vue de l’environnement et d’évaluer si les résultats d’un document de planification du rétablissement peuvent affecter un élément de l’environnement ou tout objectif ou cible de la Stratégie fédérale de développement durable (SFDD).

La planification du rétablissement vise à favoriser les espèces en péril et la biodiversité en général. Il est cependant reconnu que des programmes peuvent, par inadvertance, produire des effets environnementaux qui dépassent les avantages prévus. Le processus de planification fondé sur des lignes directrices nationales tient directement compte de tous les effets environnementaux, notamment des incidences possibles sur des espèces ou des habitats non ciblés. Les résultats de l’EES sont directement inclus dans le programme lui-même, mais également résumés dans le présent énoncé, ci-dessous.

En général, la protection de l’habitat en milieu forestier du triphore penché au Canada profitera à d’autres espèces et aux fonctions écosystémiques à l’intérieur de la zone carolinienne hautement perturbée. L’espèce est très localisée et se trouve dans seulement deux emplacements. La présence du châtaignier d’Amérique (Castanea dentata) a été documentée dans le secteur ouest du boisé « Three Birds Woodlot » (Zavitz et Gaiser, 1956, in Woodliffe, 1988), mais il reste à déterminer s’il y subsiste étant donné le déclin généralisé de la population. La présence de la taupe à queue glabre (Scalopus aquaticus) a aussi été documentée dans le boisé « Three Birds Woodlot » (Oldham, 1983); la situation actuelle de la population est cependant inconnue. Aucune autre espèce actuellement inscrite n’a été signalée dans les sites du parc Rondeau occupés par le triphore penché (M. Cairns, comm. pers., 2014). Il est cependant possible que des espèces telles que la couleuvre fauve de l’Est (Elaphe gloydi) ou la couleuvre tachetée (Lampropeltis triangulum) utilisent cet habitat (M. Cairns, comm. pers., 2014).

La possibilité que la mise en œuvre du présent programme de rétablissement ait des conséquences néfastes imprévues sur d’autres espèces a été envisagée. Étant donné qu’aucune activité de gestion n’est proposée pour l’habitat du triphore penché situé dans des forêts matures stables au Canada et que l’orchidée est très localisée dans des milieux n’abritant pas d’autres espèces en péril connues, l’EES a permis de conclure que le présent programme sera nettement favorable à l’environnement et n’entraînera pas d’effets négatifs importants.

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