Colombie-Britannique: rapports sommaires des connaissances traditionnelles autochtones

Information sur le document

Nation métisse de Colombie-Britannique
Projet de connaissances traditionnelles métisses sur le caribou boréal
Rapport final (version préliminaire)

Logo de la Nation Métis de la Colombie-Britannique

Soumis par :
Nation métisse de Colombie-Britannique
Bureau 905 – 1130, West Pender Street
Vancouver (Colombie-Britannique)  V6E 4A4

Soumis à :
Kate Shapiro, G.D.M.
Agent des consultations et de sensibilisation
Service canadien de la faune – Environnement Canada
RR1 5421, Robertson Rd., Delta (C.-B.)  V4K 3N2

1.0 Contexte

Le ministère des Ressources naturelles de la nation métisse de Colombie-Britannique (MNBC) a le mandat de prendre en charge les questions relatives aux ressources naturelles pour le compte de nos citoyens métis. Il s’agit d’un organisme à multiples niveaux, notamment un ministre des Ressources naturelles (politique), un directeur des Ressources naturelles(administratif/technique), le personnel du ministère (technique) et l’Assemblée métisse des ressources naturelles de la Colombie-Britannique (BCMANR – BC Métis Assembly of Natural Ressources). La BCMANR est composée de 7 chefs régionaux et de 35 agents communautaires. Cette équipe de gestion des ressources naturelles est désignée collectivement par le terme ministère des Ressources naturelles de la MNBC.

L’énoncé de vision du ministère des Ressources naturelles de la MNBC est libellé comme suit : « Aider à revitaliser la culture et la fierté nationale métisses par l’exploitation avisée de nos ressources naturelles ». Le mandat confié au ministère des Ressources naturelles de la MNBC consiste à : « Établir une politique des ressources naturelles visant à répondre aux besoins culturels et de subsistance de la population métisse de Colombie-Britannique par la préservation et la gestion de notre environnement en s'appuyant sur le savoir traditionnel et scientifique. »[Traduction libre]

En septembre 2008, les citoyens métis de la Colombie-Britannique ont ratifié la Loi sur les ressources naturelles de la MNBC (MNBCNatural Resources Act). Cette loi a été élaborée et mise en œuvre par les citoyens métis afin d’exprimer leur volonté d’assurer une exploitation durable des ressources naturelles. Son objectif consiste à :

  • gérer les ressources naturelles dans le but de répondre aux besoins actuels sans compromettre la satisfaction des besoins des générations futures;
  • assurer l’intendance des ressources naturelles conformément à une éthique de respect du territoire;
  • assurer un équilibre entre les impératifs économiques et de productivité, et les valeurs spirituelles, écologiques et traditionnelles concernant les ressources naturelles en vue de répondre aux besoins économiques, sociaux et culturels des populations métisses et des autres communautés, autochtones et non autochtones;
  • préserver la diversité biologique, le sol, l’eau, les poissons, les espèces sauvages, la diversité du paysage et les autres ressources naturelles;
  • restaurer les milieux naturels endommagés.

Dans le cadre de son mandat visant à préserver la diversité biologique et la faune, et à restaurer les milieux naturels endommagés, le ministère des Ressources naturelles de la nation métisse de Colombie-Britannique a conclu en 2010 une entente de projet sur les connaissances traditionnelles métisses avec Environnement Canada. La cherche ainsi à contribuer à mieux connaître le caribou boréal dans le nord-est de la Colombie-Britannique et de participer, s’il y a lieu, à la mise en œuvre d’un programme de rétablissement pour s’attaquer au problème du déclin des populations de cette espèce.  

En 2010-2011, la nation métisse de la Colombie-Britannique et Environnement Canada (Service canadien de la faune) ont collaboré à un projet visant à recueillir les connaissances traditionnelles métisses (CTM) sur les populations boréales de caribou boréal). Ce projet s’insère dans un programme plus étendu d’Environnement Canada ayant pour but d’élaborer un plan de rétablissement des populations de caribou boréal. Le caribou boréal vit surtout dans les forêts boréales des basses terres et a connu un déclin important au cours des dernières décennies. Les connaissances traditionnelles autochtones complèteront les connaissances scientifiques actuelles concernant les causes du déclin des populations dans le but, à terme, de trouver des solutions pour stabiliser et rétablir les populations de caribou boréal.

2.0 Activités du projet

Le projet de connaissances traditionnelles sur le caribou boréal de la MNBC comprend les quatre volets suivants : identification des détenteurs des connaissances traditionnelles métisses (CTM), tenue d’entrevues sur les connaissances traditionnelles, saisie de données dans la base de données sur les espèces en péril de la MNBC et rédaction du rapport final.

Le premier volet consistait à identifier les détenteurs des connaissances traditionnelles métisses ayant une connaissance spécifique des populations de caribou boréal dans le nord-est de la Colombie-Britannique. Le coordonnateur des consultations de la MNBC, James Robinson, a travaillé de concert avec les citoyens métis de Fort St. John et de Fort Nelson afin d’identifier dix détenteurs de CTM et de les interroger dans le cadre de ce projet.

Le second volet comprenait la tenue d’entrevues sur les connaissances traditionnelles avec les détenteurs du savoir traditionnel à Fort Nelson et Fort St. John. Toutes les entrevues étaient conformes aux normes sur la vie privée élaborées conjointement par la MNBC et le campus Okanagan de l’Université de Colombie-Britannique. James Robinson, l’intervieweur, a reçu une formation à l’Université de Colombie-Britannique sur le processus d’entrevue et les normes sur la vie privée. Toutes les entrevues seront gardées confidentielles et la base de données demeurera la propriété de la MNBC et de ses citoyens. Les cartes générées à partir des entrevues ainsi que le résumé des commentaires et des anecdotes concernant le caribou boréal seront communiqués à Environnement Canada dans le cadre du rapport final. L’identité des personnes interviewées ne sera jamais divulguée.

Le troisième volet consistait à alimenter la base de données sur les espèces en péril et à compiler des cartes montrant les connaissances traditionnelles recueillies au cours des entrevues. La MNBC maintient une base de données interne sur les espèces en péril èa l’aide d’un outil de cartographie alimenté par les données tirées des entrevues sur le caribou boréal. L’outil de cartographie a généré une carte montrant toutes les données géoréférencées recueillies au cours du processus d’entrevues. Cet outil peut également être utilisé afin de générer des cartes chronoréférencées, s’il y a lieu.

Le quatrième volet consistait à rédiger un rapport final. Celui-ci a été rédigé et soumis à : Kate Shapiro, MGR, agente de consultation et de sensibilisation, Environnement Canada, Service canadien de la faune, RR1 5421, Robertson Road, Delta (C.-B.) V4K 3N2.

3.0 Résultats

Dix détenteurs des connaissances traditionnelles métisses (CTM) des régions de Fort Nelson (7), de Fort St. John (2) et de Quesnel (1) ont été interrogés dans le cadre du projet. Le détenteur des connaissances traditionnelles métisses de Quesnel est un guide de chasse qui mène depuis 20 ans des activités d’exploitation dans le nord-est de la Colombie-Britannique. Un résumé des résultats des entrevues selon le format fourni par Kate Shapiro le 2 février 2011 est présenté ci-dessous :

Aires de répartition

Quels sont les hardes ou les « groupes de caribou » que vous connaissez dans votre région? Comment différenciez-vous ces hardes ou ces « groupes »? S’il y a plus d’une harde, est-ce qu’elles se mélangent ou se côtoient? Seriez-vous en mesure de dessiner les aires de répartition des populations locales que vous connaissez?
La plupart des détenteurs des CTM étaient d’accord avec la carte fournie qui indiquait les diverses aires de répartition des hardes de caribous, mais ils estiment qu’il est presque impossible de les distinguer ou de savoir si elles se mélangent.
Avez-vous aperçu des caribous boréaux à l’extérieur des aires de répartition connues ou montrées sur cette carte?
Les aires de répartition non montrées sur la carte fournie sont indiquées sur la carte présentée à l’ annexe A.

Utilisation de l’habitat

Quels types de plantes et d’éléments du territoire (p. ex., vieux bois, vallées, sommet des collines, lacs gelés) utilisent ces caribous? Utilisent-ils différentes plantes et différents éléments du territoire selon la période de l’année?
Les caribous passent la plus grande partie de leur temps dans les basses terres et les fondrières de mousse. Ils se nourrissent de lichen et de plusieurs autres espèces de plantes autour des milieux humides. Ils utilisent des plantes et des éléments particuliers du paysage différents à des périodes différentes de l’année (par exemple, les années de couverture neigeuse abondante).

Tendances démographiques

Est-ce que la population de caribou boréal a changé dans votre région au fil du temps?
Oui – Les populations ont décliné
  1. Voyez-vous plus ou moins de caribous que lorsque vous étiez plus jeune?

    Moins de caribous

  2. D’après ce que vous ont raconté vos parents ou vos grands-parents, diriez-vous qu’il y a plus ou moins de caribous aujourd’hui?

    Moins

Aviez-vous l’habitude de chasser le caribou boréal? Si oui, avez-vous modifié vos pratiques de chasse à la suite du déclin ou de la hausse de la population de caribou boréal?
Sept des dix personnes interrogées de la nation métisse chassaient le caribou boréal. La plupart de ces personnes ont cessé ou limité la chasse en vue de préserver les populations.
Chassez-vous toujours le caribou boréal? Si vous chassez toujours le caribou boréal, est-il plus facile ou plus difficile de le chasser aujourd’hui? Préférez-vous chasser d’autres animaux que le caribou boréal? Lesquels et pourquoi?
Deux des dix personnes interrogées de la nation métisse chassent encore le caribou boréal. Ils sont plus difficiles à trouver et la saison réglementée restreint la chasse durant le rut; par conséquent, la viande n’est « pas bonne ». Toutes les personnes interrogées ont déclaré qu’elles préféraient chasser d’autres espèces, notamment l’original et le wapiti.
Survie des petits (propre à une région et selon les renseignements tirés de l’examen scientifique)
Par exemple, un taux de survie plus bas que prévu (pour les aires de répartition où le taux de survie des veaux est plus faible que prévu en fonction de l’importance des perturbations). Selon les études scientifiques, peu de petits dans cette aire de répartition atteignent l’âge adulte. Êtes-vous d’accord ou en désaccord? Pourquoi?
Tous les détenteurs des CTM étaient d’accord avec cet énoncé et ont affirmé que le taux de survie des petits était très faible. La plupart d’entre eux estimaient que le faible taux de survie pouvait être attribué à la prédation et à la perte d’habitat.
Par exemple, un taux de survie plus élevé que prévu (pour les aires de répartition où le taux de survie des petits est plus élevé que prévu en fonction de l’importance des perturbations).
Selon les études scientifiques, beaucoup de petits dans cette aire de répartition atteignent l'âge adulte. Êtes-vous d’accord ou en désaccord? Pourquoi?
Aucune des personnes interrogées n'était d'accord avec l'énoncé selon lequel le taux de survie des petits était plus élevé que prévu.

Facteurs expliquant l’augmentation ou le déclin des populations locales (menaces)

Habitat

Quels types d’activités modifient ou détruisent l’habitat du caribou dans votre région?
La plupart des personnes interrogées étaient d’avis que l’exploitation pétrolière et gazière avait une incidence négative sur l’habitat du caribou boréal.
Quels changements observés sur le territoire au cours de votre vie ont peut-être changé la façon dont le caribou l’utilise?
L’exploitation pétrolière et gazière ainsi que les activités de sondage sismique ont augmenté de façon exponentielle dans la région et ont ainsi fragmenté l'habitat du caribou.

Feux de forêt

En quoi les feux de forêt changent-ils la façon dont le caribou boréal utilise le territoire?
La plupart des personnes interrogées n’étaient pas certaines de la nature des répercussions des feux de forêt sur le caribou et n'avaient pas observé de caribous dans des zones récemment dévastées par le feu. Je déduis de ces observations que le caribou boréal évite les zones brûlées jusqu’au retour d’une végétation appropriée.
Est-ce que le caribou boréal retourne dans les zones brûlées? Si oui, après combien de temps y retourne-t-il? Quelles sont leurs activités dans les brûlis où la végétation a repoussé?
De l’interprétation présentée plus haut, j’en conclus que le caribou boréal évite, en règle générale, les zones brûlées pendant un certain temps. Il a également été mentionné que cela dépend du degré et du type de feu, par exemple les feux de cimes peuvent laisser de la végétation au sol, etc.

Activités industrielles et exploitation

Avez-vous observé le caribou boréal utiliser ou éviter les zones modifiées par des activités industrielles ou des projets d’exploitation? Pouvez-vous donner des exemples précis?
Certains détenteurs de CTM ont observé des caribous qui s’alimentent le long d’emprises de pipelines réensemencées et dans des zones remises en état ou qui se reposent sur des plateformes d'exploitation abandonnées. Tous les détenteurs de CTM ont également observé la présence de caribous le long de la route de l’Alaska. Certains estiment que le caribou boréal fréquente maintenant les abords des routes ou les zones industrielles uniquement pour éviter la menace que pose la surpopulation de loups, ce qui semble être une tendance récente qui n’est pas naturelle chez le caribou.
Plusieurs considèrent que les améliorations apportées aux routes, sur lesquelles la vitesse est plus rapide et l’achalandage, plus important, ont eu des effets considérables sur les caribous au cours des vingt dernières années.

Prédation

Dans les régions où se trouve le caribou boréal, y a-t-il plus de prédateurs (comme le loup, l’ours ou le lynx) maintenant que dans le passé?
Tous les détenteurs de CTM sont d’avis qu’il y a trop de prédateurs pour permettre au caribou boréal de se multiplier. Environ la moitié considère qu’il y a trop de loups et d’ours tandis que les autres pensent qu’il y a trop d’ours uniquement. Les trappeurs métis interrogés croient qu’il y a actuellement beaucoup trop de loups et que leur population augmente de façon exponentielle en raison d’une diminution des activités de trappe. Un détenteur de CTM, interrogé en 2008 dans le cadre d’une étude antérieure sur les usages traditionnels du territoire métis, a soulevé le problème des populations de loups maintenues en hiver par les orignaux, les wapitis et les caribous tués sur la route de l’Alaska et, dans une moindre mesure, sur celle de Fort Liard. Comme les autres personnes interrogées, il a fait état d’une augmentation importante du nombre d’ongulés tués sur les routes du fait d’une augmentation considérable de la circulation et de la vitesse par rapport aux décennies précédentes. Ce détenteur de CTMest né et a été élevé au nord de Fort St. John; il est un chasseur très actif et a traditionnellement chassé le caribou boréal. Il est aussi un chauffeur professionnel qui parcourt des milliers de kilomètres par année dans la région, ce qui fait de lui un informateur unique puisqu'il observe quotidiennement la faune le long du corridor des routes et des chemins des champs de pétrole, et ce, toute l’année durant. Il a rapporté que les animaux tués sur les routes (orignaux, et dans une moindre mesure, wapitis et caribous) assuraient facilement la subsistance des loups qui passent maintenant l’hiver à la quête d’animaux tués sur les routes. Selon ces observations, il n’existe plus de périodes difficiles pour les loups vivant à proximité des routes. Leur mortalité hivernale est faible et leur taux de reproduction est élevé. 
Avez-vous constaté des changements dans l’abondance des espèces proies, comme le castor, l’orignal ou le caribou de la rivière George, dans les régions où se trouve le caribou boréal?
Les détenteurs de CTM considèrent qu’il y a eu une augmentation des populations de castor, de bison, de cerf et de wapiti dans certaines régions où il y a du caribou boréal.
Y a-t-il des espèces proies nouvelles ou différentes dans votre région?
Jusqu’à récemment, soit il y a de 20 à 30 ans, on observait peu de bisons, de cerfs mulets, de cerfs de Virginie et de wapitis dans la région. Or, les populations de ces animaux n’ont cessé de croître et leurs aires de répartition ont atteint l’habitat du caribou.
S’il y a eu un changement dans le nombre de prédateurs, croyez-vous que ces changements ont une incidence sur le caribou boréal?
Oui, un plus grand nombre de prédateurs entraînera nécessairement une baisse de la population de caribous en raison d’un faible taux de survie des petits et d’un taux de mortalité plus élevé chez les animaux en âge de se reproduire.
S’il y a eu un changement dans le nombre d’espèces proies, croyez-vous que ces changements ont une incidence sur le caribou boréal?
Certains détenteurs de CTM sont d’avis qu’il pourrait y avoir des effets, mais que cela serait négligeable comparativement à une surpopulation de prédateurs. Très peu de détenteurs de CTM ont fait le lien entre les relations prédateespèce proie en raison, probablement, de la manière dont les questions avaient été posées. On présume que les populations accrues de ces proies permettent à une plus grande population de prédateurs de survivre dans la région. Les caribous pourraient ne pas être en mesure de maintenir leur nombre en présence de cette pression de prédation additionnelle.

Maladies et parasites du caribou

Avez-vous observé un changement sur le plan de la santé du caribou dans votre région? Par exemple, état corporel, santé, taille, comportement, parasites ou taux de mortalité plus élevé que d’habitude?
Étant donné que la plupart des détenteurs de CTM ne chassent plus le caribou boréal et que les observations sont moins nombreuses, il y a très peu de données récentes sur l’état de santé général des caribous. Certaines personnes interrogées ont observé la présence d’œstres et d’un caribou recouvert de larges cloques, mais de telles rencontres ont été rares.
Si oui, quelle en est la cause d’après vous?
Incertain.
Avez-vous remarqué un lien entre la santé du caribou et l’arrivée de nouveaux animaux dans la région?
Incertain.

Perturbations liées au bruit et à la lumière

Avez-vous remarqué des bruits ou des lumières d’avions, de motoneiges, de VTT ou d’industries qui dérangent le caribou boréal dans votre région?
La plupart des détenteurs de CTM ont constaté une forme ou une autre de perturbations sur le caribou causées par le bruit ou la lumière.
Si oui, en quoi cela dérange-t-il le caribou?
Le caribou évitera de revenir à des territoires de mise bas, de rut et d’habitat d’hiver ou à des zones sûres s’il y a des perturbations sonores causées par des hélicoptères, des motoneiges ou des activités industrielles.
Avez-vous remarqué si cette situation est plus problématique dans certains secteurs?
Oui, dans les endroits au sein d’une aire d'habitat de caribou désignée (territoires de mise bas et de rut en particulier) où il y a des vols fréquents d'hélicoptères. De plus, les pistes de motoneige gelées permettent aux loups d’accéder à certains territoires et facilitent leur déplacement, ce qui augmente leurs chances de trouver une proie.
Avez-vous des suggestions pour régler ce problème?
Restreindre ou interdire l’accès aux territoires de mise bas et de rut du caribou boréal (tant pour les usages récréatifs qu’industriels, y compris l’utilisation d’hélicoptères).

Chasse excessive

Est-ce que le caribou boréal fait l’objet d’une chasse excessive dans votre région?
Non
Avez-vous remarqué des changements dans la pression de chasse pour le caribou boréal dans votre région?
Pas vraiment, il y a si peu de caribous maintenant, qu’ils ne sont pas chassés aussi fréquemment que par le passé.

Collisions avec des véhicules

D’après votre expérience ou vos observations, y a-t-il des collisions avec le caribou boréal dans votre région?
Tous les détenteurs de CTM ont observé des collisions avec des caribous boréaux dans leur région. Les orignaux sont frappés plus souvent, mais ils sont aussi plus nombreux.
Quelle est l’ampleur du problème? Par exemple, combien de collisions y a-t-il ou quelle en est la fréquence?
Les estimations vont de deux par année à un caribou par jour sur la route de l’Alaska. Il arrive souvent que plusieurs caribous soient tués au cours d’un seul et même incident, ce qui rend les estimations difficiles.
Y a-t-il des endroits en particulier où les collisions routières posent un sérieux problème? Dans l’affirmative, quels sont ces endroits?
Au km 206, région de Prophet River (près du km 50), Bucking Horse, Andy Bailey Creek, au nord de Fort Nelson.
Avez-vous des suggestions pour régler ce problème?
Réduction de la vitesse de roulement, meilleure signalisation, mise en place de blocs à lécher à l’écart des routes, réduction de la population de loups, installation de sifflets sur les véhicules.
La réduction de la vitesse maximum dans la région au nord de Fort Nelson semble donner de bons résultats.

Changements climatiques

Avez-vous observé des changements relatifs au climat, par exemple en ce qui concerne les conditions d’enneigement, la température ou les précipitations dans votre région?
La plupart des détenteurs de CTM sont d’accord pour dire que les hivers sont plus doux dans le Nord-Est. Certains estiment qu’il s’agit là d’un cycle naturel, avec de fortes fluctuations annuelles, et qu’on ne peut y voir une tendance générale.
Si oui, avez-vous remarqué si ces changements ont une incidence sur le caribou boréal ou son habitat dans votre région et quelle en est l’ampleur?
Au cours d’un hiver plus doux, les conditions de glace peuvent faire augmenter le taux de succès des loups. Un détenteur de CTMa indiqué qu’en raison de l’absence de flaques de neige tardives au printemps, les caribous ne se trouvent plus où ils étaient auparavant. De fait, ils aiment se rendre près de ces flaques pour éloigner les insectes et se rafraîchir.

Menaces diverses

D’après votre expérience ou vos observations, y a-t-il d’autres facteurs qui pourraient provoquer le déclin de la population de caribou boréal et que nous n’avons pas abordés? Si oui, lesquels?
La plupart des détenteurs de CTM étaient d’avis que l’entrevue avait bien couvert toutes les menaces possibles auxquelles est confronté le caribou, mais ils ont ajouté les éléments suivants :
  • Empiètement humain sous toutes ses formes
  • Sondages sismiques durant la saison de mise bas
  • Empiètement de l’habitat par le bison et le wapiti.
Selon vous, laquelle de ces menaces pourrait avoir la plus grande incidence sur le caribou boréal au Labrador?
Les grizzlys, les loups, le nombre accru de prédateurs.
Y a-t-il des solutions ou des mesures d’atténuation potentielles pour ces menaces?
Liste de possibles mesures d’atténuation ou solutions :
  • Limitation des populations de prédateurs (loups, ours)
  • Prolongement de la saison de chasse des ours, augmentation des quotas
  • Meilleure signalisation sur les routes
  • Interdiction de TOUTE activité dans les territoires sensibles pendant la saison de mise bas
  • Restriction sévère ou interdiction de la chasse
  • Approfondissement des connaissances sur les comportements.

Autres observations ou pratiques utiles

Connaissez-vous des pratiques ou des activités de conservation utilisées par votre population ou par d’autres personnes pour la conservation du caribou boréal à l’heure actuelle ou dans le passé?
Liste des mesures de conservation :
  • Limitation des populations de prédateurs
  • Prévention de la chasse excessive
  • Chasse aux seules fins de subsistance
  • Chasse limitée aux mâles
  • Partage des connaissances sur le caribou et des défis posés

4.0 Conclusion

Les détenteurs des connaissances traditionnelles métisses interrogés représentent plus de 300 ans de connaissances traditionnelles et d’expérience sur le territoire concernant le caribou boréal. Bien que l’ampleur de ces expériences soit diverse, on peut néanmoins dégager certaines tendances de ces connaissances étendues sur l’état historique et actuel du caribou boréal. Il n’y a aucun doute que la population de caribou boréal décline et qu’on le rencontre de moins en moins fréquemment. Les hypothèses pour expliquer cette décroissance comprennent l’empiètement humain, les collisions routières, la surpopulation de loups et d’ours (noirs et bruns), la présence en nombre excessif de corridors linéaires non naturels et les perturbations pendant la saison de mise bas. Parmi les solutions possibles au déclin de la population de caribou boréal, mentionnons la limitation des populations de prédateurs (loups et grizzlys), la restriction ou l’interdiction de l’accès (à des fins aussi récréatives qu’industrielles) aux aires d’habitat essentiel du caribou boréal, une meilleure signalisation sur les routes et, possiblement, la réduction des vitesses maximales dans les endroits sensibles, la restriction ou l’interdiction des déplacements aériens au-dessus des aires d’habitat essentiel du caribou boréal, la limitation de l’empiètement par les ongulés non indigènes (bison, wapiti) des aires d'habitat du caribou boréal. Les détenteurs de CTM interrogés étaient extrêmement heureux de partager leurs connaissances traditionnelles et ont exprimé le souhait de pouvoir jouer un rôle dans le Programme de rétablissement de la population boréale du caribou qui sera mis en œuvre.

Carte A – Connaissances traditionnelles métisses – carte de répartition du caribou boréal

Carte illustrant les aires de répartition du caribou en Colombie-Britannique, établie par la Nation métisse de la Colombie-Britannique.

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