Espèces terrestres en péril : résumés du COSEPAC sur les espèces admissibles, janvier 2017, partie 2

Partie 2 - Hémileucin de Nuttall à Tortue molle à épines

13. Hémileucin de Nuttall

Photo d’un hémileucin de Nuttall au stade adulte
Photo : © Merrill A. Peterson
Nom scientifique
Hemileuca nuttalli
Taxon
Arthropodes
Statut du COSEPAC
En voie de disparition
Aire de répartition canadienne
Colombie-Britannique

Justification de la désignation

Ce grand papillon nocturne, voyant et remarquable est restreint à l’habitat de la purshie tridentée dans la vallée de l’Okanagan, en Colombie-Britannique. Ce type d’habitat a connu un déclin considérable en qualité et en étendue au cours du dernier siècle et demeure menacé par la conversion continue en viticulture, le développement résidentiel et commercial ainsi que par l’impact des incendies. Ce papillon nocturne est rare au Canada, peu d’individus ont été observés depuis la première mention en 1920. Des fluctuations potentiellement importantes dans la taille de la population pourraient affecter sa viabilité à long terme.

Description et importance de l’espèce sauvage

L’hémileucin de Nuttall (Hemileuca nuttalli) est une grande espèce de papillon nocturne qui appartient à la famille des Saturniidés. Chez les adultes des deux sexes, les ailes antérieures mesurent 32 à 39 mm de longueur et sont blanches à jaune pâle, tandis que les ailes postérieures sont jaune vif; les deux paires d’ailes sont ornées d’un motif d’épaisses marques noires. Les chenilles sont noires et hérissées d’épines et atteignent une longueur d’environ 50 mm au dernier stade.

Répartition

L’aire de répartition mondiale de l’hémileucin de Nuttall s’étend du nord au sud depuis l’extrême sud de la vallée de l’Okanagan, en Colombie-Britannique, jusqu’au nord de l’Arizona et au Nouveau-Mexique. Au Canada, l’espèce a été observée dans trois régions du sud de la vallée de l’Okanagan : 1) Osoyoos; 2) Oliver (emplacement précis du site inconnu); 3) lac Vaseux. Les mentions les plus récentes de l’espèce ont été enregistrées en 2002, près du lac Vaseux, et en 1986, dans la réserve écologique Hayne’s Lease (à environ 8 km au nord d’Osoyoos). On ignore si l’occurrence de la réserve écologique de Hayne’s Lease correspond exactement au site où ont été enregistrées les mentions historiques étiquetées « Osoyoos », et l’emplacement exact de l’observation d’Oliver est inconnu. Les recherches ciblées effectuées à six sites en 2009 (adultes) et à 16 sites en 2014 (chenilles) se sont révélées infructueuses. Le site où l’espèce avait été observée en 2002 a été revisité lors des recherches ciblées effectuées en 2014.

Répartition de l’hémileucin de Nuttall (Hemileuca nuttalli) au Canada et de l’habitat à purshie tridentée (Purshia tridentata) dans la vallée de l’Okanagan, en Colombie Britannique.
Map showing the distribution of Nine-spotted Lady Beetle (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2015. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’hémileucin de Nuttall (Hemileuca nuttalli) au Canada.
Description longue pour la carte montrant la répartition de l’hémileucin de Nuttall

Carte montrant la répartition de l’hémileucin de Nuttall (Hemileuca nuttalli). La portion intérieure sèche du Grand Bassin et du bassin du Columbia, depuis les monts Cascade et la Sierra Nevada jusqu’au début des Rocheuses dans l’ouest du Montana, du Wyoming et du Colorado, forment le cœur de l’aire de répartition de l’espèce. Au Canada, l’hémileucin de Nuttall a été observé dans seulement trois régions comprises dans la vallée de l’Okanagan, à moins de 35 km de la frontière canado américaine – à Osoyoos, à Oliver (emplacement précis du site inconnu) et au lac Vaseux (deux sites séparés l’un de l’autre par une étendue d’environ 1 400 m comportant des parcelles d’habitat convenable). Le Canada contient moins de 1 % de l’aire de répartition et de la population mondiales et constitue la limite septentrionale de l’aire de répartition de l’espèce en Amérique du Nord.

Habitat

Au Canada, l’hémileucin de Nuttall se rencontre à faible altitude sur les pentes sèches et dégagées de steppes arbustives à graminées cespiteuses où sa seule plante hôte larvaire connue au Canada, la purshie tridentée (Purshia tridentata), atteint son abondance maximale. Son principal habitat est la communauté végétale à purshie tridentée et à stipe chevelue qui, sous l’effet de la perte d’habitat, est aujourd’hui fragmentée et couvre moins de 33 % de sa superficie historique dans la vallée de l’Okanagan, soit environ 3 200 ha.

Biologie

L’hémileucin de Nuttall est univoltin, et son cycle vital est probablement étalé sur 1 ou 2 ans. Les œufs, déposés sur les plantes hôtes à la fin de l’été, passent l’hiver et éclosent habituellement au printemps suivant, à la fin d’avril ou en mai. Les jeunes chenilles sont grégaires, mais les chenilles plus âgées adoptent un mode de vie solitaire. À la fin du cinquième stade, les chenilles se tissent un cocon dans la litière de feuilles ou dans un terrier peu profond, et les adultes émergent plus tard durant la saison ou possiblement au cours de l’année suivante. Au Canada, la période de vol connue s’étend d’août au début de septembre, mais la durée de vie individuelle des adultes est beaucoup plus courte (les adultes ne s’alimentent pas). Les adultes sont diurnes et affichent un pic d’activité en après-midi. Les deux sexes volent rapidement. Depuis un perchoir approprié, les femelles émettent des phéromones pour attirer des partenaires en vue de l’accouplement.

Taille et tendances des populations

On ne dispose actuellement pas de toutes les informations requises pour évaluer la taille ou les tendances des populations. Des milliers de chenilles ont été observées près du lac Vaseux en 1976, et l’espèce y a été vue pour la dernière fois en 2002. À la réserve écologique Hayne’s Lease, les dernières observations de l’espèce remontent à 1986, en dépit des recherches répétées qui ont été effectuées. On ne dispose d’aucune donnée sur les tendances des populations, mais apparemment, l’habitat à purshie tridentée convenant à l’espèce a subi un important déclin (tant en qualité qu’en superficie et en étendue) dans la vallée de l’Okanagan.

Menaces et facteurs limitatifs

Les effets cumulés de la perte cumulée d’habitat et de la dégradation et de la fragmentation des parcelles d’habitat restantes causées par l’agriculture (principalement l’aménagement de vignobles et de vergers) et le développement résidentiel et commercial représentent les plus importantes menaces pour les populations d’hémileucins de Nuttall au Canada.

Protection, statuts et classements

L’hémileucin de Nuttall ne bénéficie d’aucune protection officielle et n’a aucun statut de conservation au Canada. Il n’est pas classé par le Conservation Data Centre de la Colombie-Britannique et il est considéré comme non en péril à l’échelle mondiale.

14. Leptoge des terrains inondés

Photo d’un leptoge des terrains inondés
Photo : © Robert E. Lee
Nom scientifique
Leptogium rivulare
Taxon
Lichens
Statut du COSEPAC
Préoccupante
Aire de répartition canadienne
Manitoba, Ontario, Québec

Justification de la désignation

Depuis la dernière évaluation de ce lichen en 2004, des activités de recherche accrues et une meilleure compréhension de ses besoins en matière d’habitat ont permis de constater de nouvelles occurrences au Manitoba, en Ontario et au Québec, et le nombre minimum d’individus matures est maintenant estimé à 350 000. Le Canada est par conséquent le bastion de cette espèce qui a connu un déclin ou est disparue ailleurs dans son aire de répartition mondiale. L’agrile du frêne est une importante menace car il tue les frênes qui représentent une espèce hôte importante de ce lichen là où il est le plus abondant dans le sud de l’Ontario. Jusqu’à 50 % de la population pourrait être affectée d’ici les quelques prochaines décennies. Une autre menace est le changement climatique qui devrait créer des conditions plus sèches qui réduiront les inondations saisonnières dont ce lichen a besoin pour survivre. Il a également besoin d’enrichissement calcaire, et par conséquent a une répartition encore plus morcelée dans les régions boréales inaccessibles du Manitoba et de l’Ontario où le nombre d’individus est plus faible mais n’est pas connu de façon exacte. L’impact prévu de ces deux menaces sur ce lichen mène au statut recommandé d’espèce « préoccupante ».

Description et importance de l’espèce sauvage

Le leptoge des terrains inondés (Leptogium rivulare) est un petit lichen foliacé à thalle gris ou gris bleuâtre (à l’état sec) dont la surface devient gélatineuse lorsqu’elle est mouillée. Chaque thalle mesure jusqu’à 4 cm de diamètre et présente de nombreux petits organes de fructification (apothécies) brun rougeâtre sur sa surface. Le leptoge des terrains inondés est un cyanolichen, c’est-à-dire un lichen dont le symbiote photosynthétique est une cyanobactérie du genre Nostoc. Les cyanolichens fournissent des quantités importantes d’azote aux écosystèmes qui les hébergent. Le leptoge des terrains inondés est un des seuls macrolichens capables de tolérer une immersion saisonnière dans l’eau douce.

Répartition

Le leptoge des terrains inondés est une espèce rare à l’échelle mondiale qui se rencontre dans les régions boréales et tempérées, dans les anciennes régions glaciaires de l’est de l’Amérique du Nord ainsi que de l’est, du centre et de l’ouest de l’Europe. Il se rencontre principalement entre les 45e et 60e parallèles nord. Aux États-Unis, le leptoge des terrains inondés a déjà été signalé en Illinois et au Vermont (potentiellement dans des refuges glaciaires), mentions les plus méridionales de l’espèce, mais il existe une seule mention récente de l’espèce, dans le centre du Wisconsin.

Au Canada, on connaît trois sous-populations de leptoge des terrains inondés. La plus grande sous-population, celle des basses terres de l’Ontario, est principalement limitée aux mares printanières boisées. La sous-population du Sud du Bouclier, deuxième en importance, se situe le long de la limite sud du Bouclier précambrien, près de l’interface avec les basses terres d’âge Paléozoïque, en Ontario et au Québec, et comprend des occurrences isolées à Wawa et à Temagami. La sous-population du bassin du lac postglaciaire Agassiz comprend des localités très éparpillées dans l’écorégion de la forêt boréale, dans le nord du Manitoba et l’Ontario. Un groupe d’occurrences qui se trouve près de Flin Flon, au Manitoba, constitue la mention la plus nordique (55°N) de l’espèce au Canada.

 

Répartition du leptoge des terrains inondés (Leptogium rivulare) au Canada, comprenant trois groupes : (1) un dans les basses terres de l’Ontario; (2) un dans le sud du Bouclier; (3) un dans la zone anciennement recouverte par les lacs glaciaires Agassiz et Ojibway. Les secteurs où se sont concentrées les activités de recherche sont indiqués par des cercles hachurés. La superficie approximative occupée par le lac postglaciaire Agassiz et sa combinaison possible avec le lac postglaciaire Ojibway sont montrées sur la carte (adaptée de Teller et al., 2002); les flèches grises indiquent les principales voies de drainage des lacs postglaciaires par rapport aux occurrences nordiques isolées du leptoge des terrains inondés.
Map showing the distribution of Nuttall’s Sheep Moth (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2015. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le leptoge des terrains inondés (Leptogium rivulare) au Canada.
Description longue pour la carte montrant la répartition canadienne du leptoge des terrains inondés

Carte montrant la répartition canadienne du leptoge des terrains inondés (Leptogium rivulare), qui comprend trois sous-populations distinctes (basses terres de l’Ontario, sud du Bouclier et bassin du lac postglaciaire Agassiz). Au Canada, la répartition du L. rivulare s’étend depuis Flin Flon, au Manitoba, point le plus au nord et à l’ouest, jusqu’à la rivière Attawapiskat, 1 000 km plus à l’est, à la limite sud-ouest des basses terres de la baie d’Hudson, puis jusqu’au comté de Grey, 800 km plus au sud, dans le sud de l’Ontario, et enfin vers l’est, le long de la limite sud du Bouclier canadien, dans le centre de l’Ontario, depuis la région des lacs Kawartha jusqu’à la région de Gatineau, au Québec.

Habitat

Au Canada, le leptoge des terrains inondés pousse uniquement dans les milieux humides et calcaires soumis à des inondations saisonnières. La sous-population des basses terres de l’Ontario est principalement limitée aux mares printanières boisées. La sous-population du Sud du Bouclier se rencontre également dans des marécages et des mares périodiquement inondés, le long de la limite sud du Bouclier précambrien, près de l’interface avec les basses terres d’âge Paléozoïque. La sous-population du bassin du lac postglaciaire Agassiz est petite et composée d’occurrences éparpillées sur un vaste territoire dans le nord de l’Ontario et du Manitoba, où l’espèce colonise des affleurements rocheux ou de gros blocs rocheux situés dans la zone inondable du rivage de lacs assis sur un substrat rocheux calcaire ou en bordure de cours d’eau ou de lacs qui connaissent des crues saisonnières et présentent des dépôts calcaires. Pour que le leptoge des terrains inondés prospère, l’eau doit avoir une faible charge en sédiments, le substrat doit être adéquat (arbre, arbuste ou roche), et la température doit être appropriée. Le leptoge des terrains inondés est généralement observé sur des frênes et, dans une moindre mesure, sur des érables, des ormes et des saules. L’ombrage partiel que fournissent les arbres et les grands arbustes semble être important pour le maintien d’un taux d’humidité élevé et de températures modérées durant les mois d’été. L’espèce ne tolère généralement pas l’ombre complète. La faible capacité de dispersion du leptoge des terrains inondés limite probablement la présence et l’abondance de l’espèce.

Biologie

Le leptoge des terrains inondés produit généralement une abondance d’apothécies, et la reproduction sexuée est importante pour le maintien de l’espèce. Les spores sont dispersées de manière passive par le vent et peuvent possiblement être emportées par le courant. L’espèce ne produit aucun organe végétatif spécialisé, mais elle peut probablement se reproduire par fragmentation à petite échelle. La dispersion de l’espèce est probablement limitée par le fait que les conditions dont elle a besoin sont peu communes dans le paysage et que les spores ont besoin pour germer d’un substrat au pH convenable, d’une température, d’une luminosité et d’un taux d’humidité convenables ainsi que de la présence d’une cyanobactérie compatible qui permet la régénération d’un organisme symbiotique champignon-algue. Certains vecteurs biotiques, comme les oiseaux et les mammifères, pourraient constituer des moyens de dispersions, mais de manière peu fréquente.

Taille et tendances des populations

Il est impossible d’évaluer les tendances en matière de répartition ou d’effectif pour le leptoge des terrains inondés au Canada, car on dispose de très peu de données historiques. Jusqu’à 2004, la seule population canadienne connue comprenait uniquement quatre occurrences. Une de ces occurrences, celle de Wawa, en Ontario, est historique et n’a pas été retrouvée, et il est probable qu’elle soit disparue à cause de la pollution atmosphérique et de la destruction de son habitat. Depuis 2004, l’intensification des activités de recherche et l’acquisition de connaissances sur les besoins en matière d’habitat du leptoge des terrains inondés ont permis une hausse du nombre d’occurrences connues, qui est actuellement de 76 (environ 352 000 individus). Il est probable que des occurrences additionnelles existent dans le nord de l’Ontario et au Manitoba et possiblement en Saskatchewan et dans le nord du Québec, dans les régions anciennement recouvertes par les lacs postglaciaires Agassiz et Ojibway. Cependant, la sous-population du lac Agassiz se compose de sites très éparpillés comptant chacun un petit nombre de thalles, de sorte qu’il est peu probable que des recherches supplémentaires dans ces autres régions mènent à une augmentation considérable de l’effectif total connu.

Menaces et facteurs limitatifs

D’après le calculateur des menaces du COSEPAC, l’impact des menaces sur la survie du leptoge des terrains inondés est élevé. Depuis l’évaluation précédente de l’espèce par le COSEPAC, en 2004, la gravité et la portée des menaces ont changé. Actuellement, la principale menace pesant sur le leptoge des terrains inondés est l’agrile du frêne, qui tue toutes les espèces indigènes de frênes et se propage rapidement en Ontario et au Québec. Les frênes sont des hôtes importants dans une proportion considérable de la répartition du leptoge des terrains inondés. En fait, 99 % des thalles connus sont associés à des communautés végétales où le frêne est présent. Vingt des 76 occurrences connues (environ le quart de la population canadienne) se trouvent dans des milieux dominés par le frêne, et le frêne est un hôte codominant dans 7 autres occurrences. Compte tenu du rythme connu de propagation de l’agrile du frêne, les occurrences de leptoge des terrains inondés du sud de l’Ontario et du Québec seront probablement toutes touchées par cette menace au cours des 10 à 20 prochaines années. L’orme, autre hôte important pour le leptoge des terrains inondés dans les occurrences du centre de l’Ontario, est touché par la maladie hollandaise de l’orme, qui tue des arbres de façon continue dans la province.

Le changement climatique constitue une autre menace importante pour l’espèce, car il pourrait modifier les inondations saisonnières dans les mares printanières et le long des cours d’eau où les crues favorisent l’espèce ainsi que l’établissement des arbres et arbustes hôtes préférés par l’espèce. Environ 80 % des occurrences de leptoge des terrains inondés sont associées à des mares printanières, type de milieu qui risque de s’assécher et de devenir moins fréquent. En outre, la capacité de dispersion limitée du leptoge des terrains inondés accentue sa vulnérabilité au changement climatique, car plusieurs des occurrences sont petites et isolées dans des parcelles restantes de forêt renfermant des mares printanières.

Les barrages constituent une autre menace pour le leptoge des terrains inondés, car ils modifient les régimes d’inondations le long des rivières. La modification des régimes hydrologiques pourrait endommager ou détruire l’habitat du leptoge des terrains inondés. D’autres activités qui entraînent une modification des cours d’eau, de la qualité de l’eau ou de la végétation protectrice qui entoure les sites hébergeant l’espèce, comme l’exploitation forestière, l’exploitation minière, les carrières et le développement urbain, pourraient dégrader l’habitat et ainsi accroître l’exposition des individus au rayonnement solaire et au vent, réduire le taux d’humidité et augmenter l’érosion et la turbidité de l’eau.

Protection, statuts et classements

L’inscription du leptoge des terrains inondés à la liste rouge mondiale a été proposée en janvier 2015. L’espèce a été désignée « menacée » par le COSEPAC en 2004 et a ensuite été inscrite à ce titre à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril du Canada. Un programme de rétablissement fédéral sur l’espèce a été publié en 2013. En outre, le leptoge des terrains inondés est désigné « espèce menacée » aux termes de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario, qui confère une protection à l’espèce et à son habitat. Il est également protégé dans un parc provincial au Manitoba et dans neuf parcs provinciaux ou réserves de conservation en Ontario, qui englobent environ 4 % de la population canadienne totale. Le leptoge des terrains inondés ne bénéficie d’aucune protection juridique particulière au Québec.

15. Limace gainée

Photo d’une limace gainée
Photo : © Kristiina Ovaska
Nom scientifique
Zacoleus idahoensis
Taxon
Mollusques
Statut du COSEPAC
Préoccupante
Aire de répartition canadienne
Colombie-Britannique

Justification de la désignation

Au Canada, cette limace est confinée à une petite aire dans la région de Kootenay du sud-est de la Colombie-Britannique, généralement à une distance de 25 km de la frontière canado-américaine. La plupart des mentions de l’espèce sont dans des peuplements forestiers de conifères ombragés plus âgés allant d’approximativement 50 ans à plus de 200 ans. L’espèce occupe souvent des zones riveraines et autres microsites très humides. Les menaces comprennent l’exploitation forestière et la récolte du bois, ainsi que les conséquences prévues des changements climatiques incluant une augmentation des conditions de sécheresse et des incendies de forêt. Un déclin de l’aire, de l’étendue et de la qualité de l’habitat est prévu. Le faible nombre de sous-populations dispersées rend l’espèce vulnérable aux perturbations naturelles et humaines.

Description et importance de l’espèce sauvage

La limace gainée est une petite (20 à 24 mm de longueur) limace au corps effilé; la queue est carénée, et les côtés et la queue portent des sillons longitudinaux et obliques. La limace gainée est de couleur gris uni ou gris brunâtre. De petites mouchetures pâles sur le manteau et la queue donnent à la limace une teinte bleuâtre. L’espèce est endémique à la région des forêts humides du bassin nord du fleuve Columbia, qui présente de nombreuses espèces végétales et animales uniques.

Répartition

L’aire de répartition mondiale de la limace gainée comprend le nord de l’Idaho, le nord-ouest du Montana et le sud-est de la Colombie-Britannique. Dans cette province, la limace gainée est présente dans des localités isolées de la région des Kootenay, au sud du 49°22’N, à moins de 25 km environ de la frontière canado-américaine. Depuis le début des années 1990, des relevés de Gastéropodes terrestres ont été réalisés à plus de 700 sites dans la région des  Kootenay; les relevés récents visaient spécifiquement l’espèce et d’autres limaces indigènes. Il existe des mentions de l’espèce à neuf sites. L’aire de répartition (zone d’occurrence) de la limace gainée au Canada est estimée à 1 892 km2 si l’on tient compte de ces occurrences.

Répartition de la limace gainée (Zacoleus idahoensis) au Canada. Carte préparée par Jenny Wu, Secrétariat du COSEPAC.
Map showing the global distribution of Peary Caribou (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2016. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la limace gainée (Zacoleus idahoensis) au Canada.
Description longue pour la carte montrant la répartition canadienne de la limace gainée

Carte montrant la répartition canadienne de la limace gainée (Zacoleus idahoensis). Au Canada, la limace gainée est présente dans le sud-est de la Colombie-Britannique, dans des localités isolées situées au sud du 49°22’N, à moins de 25 km environ de la frontière canado-américaine. L’aire de répartition mondiale de la limace gainée comprend le nord de l’Idaho, le nord-ouest du Montana et le sud-est de la Colombie-Britannique.

Habitat

En Colombie-Britannique, la limace gainée a été trouvée surtout dans des peuplements de conifères d’âges divers, allant de 40 à 50 ans jusqu’à la forêt ancienne (plus de 200 ans); la plupart des mentions proviennent de vieilles forêts ombragées. L’espèce occupe souvent les zones riveraines et les ravines associées aux petits affluents à débit rapide, aux zones de suintement ou à d’autres microsites très humides. Les microhabitats humides et les refuges que constituent les troncs d’arbres en décomposition semblent importants pour la limace gainée.

Biologie

L’histoire naturelle de la limace gainée est peu connue. Il s’agit d’une espèce hermaphrodite (qui possède à la fois les organes reproducteurs mâles et femelles) et qui pond des œufs. Il est présumé que les juvéniles survivent à l’hiver, mais la proportion d’adultes qui survivent aussi n’est pas connue. La durée d’une génération est probablement de un an ou légèrement plus, selon la petite taille corporelle des adultes et l’espérance de vie relativement courte des limaces de la famille des Arionidés en général. Les limaces gainées se nourrissent de champignons et d’hépatique, et probablement aussi d’autres végétaux vivants ou en état de décomposition. Il est présumé que la capacité de déplacement de l’espèce est faible. En général, les limaces ont une faible capacité de dispersion si les humains, le vent ou l’eau ne les aident pas à se déplacer; aucun de ces modes de transport passifs n’est connu pour la limace gainée, ce qui aggrave les effets de la fragmentation de l’habitat sur sa répartition dans le paysage.

Taille et tendances des populations

La taille et les tendances des populations de limaces gainées ne sont pas connues. Les relevés effectués visaient principalement à clarifier la répartition de l’espèce et non pas à estimer son abondance. Les mentions de l’espèce en Colombie-Britannique ont été faites de 2009 à 2014, ce qui ne permet pas de dégager les tendances des populations. Des déclins soutenus sont présumés, parce que l’exploitation forestière et d’autres causes continuent à dégrader l’habitat. Aux États-Unis, la limace gainée serait en déclin en raison de la perte d’habitat.

Menaces et facteurs limitatifs

Les principales menaces pesant sur les populations de limaces gainées en Colombie-Britannique seraient l’exploitation forestière, qui continue à modifier et à fragmenter l’habitat, ainsi que les sécheresses et les inondations, dont la fréquence et la gravité devraient continuer à augmenter selon les scénarios de changements climatiques. Les autres menaces sont notamment les espèces envahissantes introduites, les incendies et la suppression des incendies, les routes et l’élevage de bétail. Les changements climatiques et les phénomènes météorologiques violents, les incendies et la suppression des incendies ainsi que l’exploitation forestière interagissent probablement de manière cumulative. L’augmentation de la fréquence et de la gravité des sécheresses estivales prolongées devrait aggraver les effets du déboisement (tant récent que prévu) et des incendies de forêt sur l’habitat des limaces gainées, entraînant des baisses de la quantité d’habitat et de la qualité de l’habitat.

Protection, statuts et classements

La majeure partie de l’aire de répartition et des mentions de la limace gainée se trouve dans des terres forestières provinciales non protégées. Une superficie représentant seulement 3 % de l’aire de répartition canadienne de l’espèce est protégée dans des parcs ou des terres vouées à la conservation, mais on ne sait pas si l’espèce est présente dans ces aires protégées.

La limace gainée ne jouit d’aucune protection officielle et n’a aucun statut officiel, en vertu de la Loi sur les espèces en péril, de la Wildlife Act de la Colombie-Britannique ou de toute autre loi. Les cotes attribuées à la limace gainée par NatureServe sont les suivantes : cote mondiale – G3G4 (vulnérable – apparemment non en péril); États-Unis – N3N4 (vulnérable – apparemment non en péril); Canada – N1N3 (gravement en péril – vulnérable); Idaho : S2 (en péril); Montana – S2S3 (gravement en péril – vulnérable); Colombie-Britannique – S1S3 (gravement en péril – vulnérable). En Colombie-Britannique, la limace gainée figure sur la liste rouge provinciale des espèces en péril.

16. Limace pygmée

Photo d’une limace pygmée
Photo : © Kristiina Ovaska
Nom scientifique
Kootenaia burkei
Taxon
Mollusques
Statut du COSEPAC
Préoccupante
Aire de répartition canadienne
Colombie-Britannique

Justification de la désignation

Au Canada, cette petite limace est confinée aux forêts humides du bassin Columbia nord de la Colombie-Britannique. Elle se trouve dans les forêts humides mixtes et de conifères et est communément associée aux habitats riverains le long de petits ruisseaux. Les exigences essentielles en matière d’habitat incluent une humidité élevée du substrat avec une abondance de débris ligneux et de litière de feuilles en guise d’abri. Les menaces incluent les routes existantes et nouvelles résultant en la fragmentation, des effets de lisière accrus, et des obstacles à la dispersion; la prédation et la compétition des espèces envahissantes; l’endommagement des zones riveraines associé au pâturage du bétail; la perte et la dégradation de l’habitat liées à l’exploitation forestière; et les conséquences prévues des changements climatiques, incluant un accroissement des conditions de sécheresse ainsi qu’une augmentation du nombre d’incendies de forêt et de leur gravité.

Description et importance de l’espèce sauvage

La limace pygmée est la seule espèce du genre nouvellement décrit Kootenaia. Comme le sous-entend son nom commun, la limace pygmée est très petite, la longueur d’un adulte variant habituellement entre 9 et 14 mm. Sa couleur va du gris foncé au havane clair, et son manteau et sa queue sont densément couverts de mouchetures bleuâtres. Des taches foncées sont souvent présentes sur son manteau. Sa queue est arrondie (non carénée) avec une série de sillons longitudinaux obliques et parallèles, pouvant ressembler à de minces rayures foncées. La limace pygmée est une espèce endémique régionale qui se rencontre dans les forêts humides du nord du bassin du Columbia, où l’on trouve de nombreuses espèces végétales et animales uniques.

Répartition

La répartition mondiale de la limace pygmée s’étend depuis le sud-est de la Colombie-Britanique, en passant par l’Idaho (Idaho Panhandle), jusqu’au nord-ouest du Montana. Au Canada, la limace pygmée est présente dans les zones des chaînes de montagnes Selkirk et Purcell à l’intérieur de la région de la chaîne Columbia, dans le sud-est de la Colombie-Britannique. L’espèce a été observée à 44 sites dans la province; le nombre de sites pourrait continuer à augmenter grâce aux activités de recherche accrues. Environ 36 % de son aire de répartition se trouve au Canada.

Répartition mondiale de la limace pygmée (Kootenaia burkei), fondée sur les mentions de répartition de 2009 2015. Carte préparée par Lennart Sopuck et Jenny Wu.
Map of eastern distribution of Pygmy Pocket Moss (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2016. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la limace pygmée (Kootenaia burkei) au Canada.
Description longue pour la carte répartition mondiale de la limace pygmée

La répartition mondiale de la limace pygmée (Kootenaia burkei) s’étend depuis le sud-est de la Colombie-Britanique, en passant par l’Idaho (Idaho Panhandle), jusqu’au nord-ouest du Montana. Au Canada, l’espèce n’a été observée que dans la région de Kootenay (Colombie-Britannique). Environ 36 % de son aire de répartition se trouve au Canada.

Habitat

En Colombie-Britannique, les limaces pygmées sont présentes surtout dans la zone biogéoclimatique intérieure à thuya et à pruche, qui est l’une des zones les plus pluvieuses de l’intérieur de la province. Elles ont été observées dans les forêts mixtes et conifériennes humides, à des altitudes faibles à moyennes (de 580 m à 1 585 m), où elles sont communément associées aux milieux riverains le long de petits ruisseaux affluents. Les besoins clés en matière d’habitat semblent être caractérisés par un substrat très humide et par une grande quantité d’abris, notamment ceux qu’offrent les débris ligneux grossiers et les épaisses litières de feuilles. Des limaces pygmées ont été observées dans des peuplements de seconde venue de 40 à 50 ans et dans des peuplements anciens de plus de 200 ans. Le thuya géant et le peuplier de l’Ouest figurent parmi les espèces d’arbres courantes dans les sites occupés; la végétation du sous-étage est souvent composée d’espèces hydrophiles, comme la ronce parviflore, le bois piquant et l’athyrie fougère-femelle.

Biologie

L’histoire naturelle de la limace pygmée est peu connue. Les limaces sont hermaphrodites, mais l’échange de sperme entre individus, plutôt que l’autofécondation, est probablement la norme. Elles pondent un petit nombre d’œufs, qui sont relativement gros (10 % ou plus de la longueur corporelle de l’adulte reproducteur). On sait que les limaces se nourrissent de lichens et de champignons, et probablement qu’elles consomment aussi de la matière organique en décomposition dans la couche d’humus. La plupart des observations en Colombie-Britannique et aux États-Unis ont été faites à l’automne, lorsque les limaces sont actives sur le parterre forestier. Il est probable que les jeunes et une proportion inconnue d’adultes hivernent. La durée d’une génération est d’environ 1 an. La petite taille de l’espèce pourrait lui permettre de se maintenir dans de petites parcelles d’habitat, pourvu que ses besoins en matière d’humidité et d’abri soient comblés. En général, les limaces présentent une faible capacité de dispersion si elles ne sont pas aidées par les humains ou transportées par le vent ou l’eau, mais aucun moyen de dispersion passif n’est connu pour la limace pygmée, ce qui exacerbe les effets de la fragmentation de l’habitat sur sa répartition dans le paysage.

Taille et tendances des populations

On ne connaît ni la taille ni les tendances des populations de la limace pygmée. En Colombie-Britannique, les relevés effectués visaient principalement à clarifier la répartition de la limace pygmée et non pas à estimer son abondance. Les observations de l’espèce en Colombie-Britannique ont été effectuées durant la période 2007-2015, ce qui ne permet pas de dégager les tendances des populations.

Menaces et facteurs limitatifs

La répartition canadienne de la limace pygmée témoigne probablement d’une expansion post-glaciaire à partir de refuges plus au sud. Sa répartition actuelle est probablement limitée vers le nord, par une courte saison de croissance et par les hivers longs et froids, et vers l’est et l’ouest, par des types de forêts plus secs. La faible capacité de dispersion et les besoins en matière d’habitat humide limitent la vitesse avec laquelle les limaces peuvent coloniser de nouveaux milieux.

Les populations de limaces pygmées sont menacées par les événements extrêmes liés aux changements climatiques, les espèces envahissantes introduites, les incendies et la suppression des incendies, l’exploitation forestière, les routes et l’élevage de bétail. On estime que les plus graves menaces pesant sur les limaces pygmées à l’échelle de leur aire de répartition canadienne sont les sécheresses et les inondations, dont la fréquence et la gravité devraient continuer d’augmenter selon les prévisions de scénarios de changement climatique. Parmi les espèces non indigènes envahissantes qui menacent les populations de limaces pygmées, on retrouve notamment les gastéropodes introduits, qui sont propagés par inadvertance par les humains, et qui se nourrissent d’espèces indigènes ou leur font compétition ainsi que d’autres prédateurs invertébrés, comme les carabes, qui peuvent être des prédateurs agressifs des limaces. On prévoit que la fréquence et la gravité des feux de végétation vont augmenter en raison des changements climatiques. En raison de leur faible mobilité, les gastéropodes ne peuvent pas échapper aux feux en se déplaçant et recolonisent lentement les brûlis. L’exploitation forestière est pratiquée dans l’ensemble de l’aire de répartition de la limace pygmée et continue de modifier et de fragmenter les habitats. Les effets de l’exploitation forestière sur les limaces pourraient être atténués, dans une certaine mesure, par les bandes riveraines boisées, qui sont requises le long des grands cours d’eau fréquentés par des poissons, ou que les entreprises forestières peuvent laisser volontairement le long des petits cours d’eau sans poissons, où ces bandes ne sont pas requises. Les chemins forestiers et les autres routes d’accès aux ressources continuent aussi de fragmenter les habitats.

Protection, statuts et classements

La limace pygmée ne bénéficie ni d’une protection ni d’un statut officiels aux termes de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral, de la Wildlife Act de la Colombie-Britannique ou d’autres lois. NatureServe attribue les cotes suivantes à la limace pygmée : cote mondiale - G2 (en péril); États-Unis - N2 (en péril); Canada - N1 (gravement en péril); Idaho - S2 (en péril); Montana - S1S2 (espèce gravement en péril à en péril); Colombie-Britannique - S1? (possiblement gravement en péril). En Colombie-Britannique, l’espèce figure sur la liste rouge provinciale des espèces en péril.

Dans l’aire de répartition canadienne de l’espèce, les terres protégées représentent environ 20 % du territoire et font partie notamment de parcs provinciaux, d’aires d’habitat faunique provinciales établies pour d’autres espèces et d’autres aires de conservation. Aucune mention d’observation de la limace pygmée n’a été répertoriée sur ces terres, exception faite d’un site dans une petite aire de conservation. La majeure partie de l’aire de répartition et des sites connus de l’espèce se trouvent sur des terres forestières provinciales.

17. Limace-prophyse bleu-gris

Photo of a Pygmy Slug (voir longue description ci-dessous)
Photo : © Kristiina Ovaska
Nom scientifique
Prophysaon coeruleum
Taxon
Mollusques
Statut du COSEPAC
Menacée
Aire de répartition canadienne
Colombie-Britannique

Justification de la désignation

Cette petite limace de couleur bleue au corps effilé ne se trouve que dans l’ouest de l’Amérique du Nord, où elle vit dans la couche humide de litière de feuilles mortes et de mousses dans des forêts mixtes. Au Canada, elle est confinée à l’extrême sud-est de l’île de Vancouver dans la zone biogéoclimatique côtière à douglas et là où il y a transition entre cette zone et la zone biogéoclimatique côtière à pruche de l’Ouest. L’étendue de ces habitats subit un déclin et ce qui reste est de plus en plus fragmenté. Quinze sous-populations sont actuellement connues, une augmentation qui a mené à un changement de statut. Un déclin continu de la qualité de l’habitat est attendu en raison de la modification de l’écosystème naturel et de la compétition avec les espèces envahissantes, ainsi que des sécheresses et des phénomènes météorologiques violents associés aux changements climatiques.

Description et importance de l’espèce sauvage

La limace-prophyse bleu-gris (Prophysaon coeruleum est une limace gélatineuse de petite taille (Arionidés : Anadeninés) dont les adultes mesurent de 20 à 40 mm de longueur. Les caractères morphologiques permettant de la reconnaître sont sa coloration bleu-gris unie, sans stries, et les sillons et les crêtes parallèles et distinctes qui ornent le dessus et les côtés de la queue. Comme chez les autres espèces du genre Prophysaon, on peut généralement distinguer une légère constriction ou dépression oblique à l’endroit où la queue se détache (autonomie) lorsque la limace est attaquée par un prédateur.

La limace-prophyse bleu-gris joue peut-être un rôle dans la dispersion des spores de champignons formant des associations avec les racines d’arbres, remplissant ainsi un rôle écologique essentiel.

Répartition

La limace-prophyse bleu-gris est endémique à la partie occidentale de l’Amérique du Nord. Elle est présente depuis le sud-ouest de la Colombie-Britannique jusque dans l’Oregon et le nord de la Californie, en passant par les basses terres du Puget Sound et la chaîne des Cascades de l’État de Washington; on trouve également une population disjointe dans le nord de l’Idaho. Au Canada, sa présence a été documentée uniquement dans le sud de l’île de Vancouver, où 15 sous-populations sont connues. Toutes les mentions de l’espèce, sauf deux, proviennent du district régional de la capitale. En 2013, l’espèce a été trouvée dans le district de North Cowichan, à environ 28 km au nord de la mention la plus proche, puis elle a de nouveau été observée dans le même secteur en 2015.

Au Canada, l’aire de répartition (zone d’occurrence) présumée de la limace-prophyse bleu-gris est passée de 150 à 658 km2 depuis le rapport de situation précédent, sous l’effet de l’intensification des activités de recherche au cours de la dernière décennie. Il existe probablement d’autres sites, mais il est hautement improbable que l’aire de répartition de la limace-prophyse bleu gris augmente de façon marquée, compte tenu des activités de recherche intensives menées dans le sud de l’île de Vancouver; des centaines de sites de l’île de Vancouver et de la côte adjacente de la Colombie-Britannique continentale ont été explorées à la recherche de gastéropodes terrestres.

Répartition canadienne de la limace prophyse bleu gris (Prophysaon coeruleum). Carte fournie par Jenny Wu, Secrétariat du COSEPAC.
The global distribution of Pygmy Slug (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2016. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la limace-prophyse bleu-gris (Prophysaon coeruleum) au Canada.
Description longue pour la carte montrant la répartition canadienne de la limace-prophyse bleu-bris

Carte montrant la répartition canadienne de la limace prophyse bleu bris (Prophysaon coeruleum), qui est présente seulement dans le sud de l’île de Vancouver. Les noms et les numéros des sous populations (constituées d’occurrences situées à moins de 1 km les unes des autres) sont indiqués.

Habitat

La limace-prophyse bleu-gris se rencontre dans les forêts mixtes de seconde venue matures ou en cours de maturation (> 60 ans) à basse altitude (< 250 m au-dessus du niveau de la mer) de la zone biogéoclimatique côtière à douglas, qui couvre l’extrémité sud-est plus sèche de l’île de Vancouver et où il existe une transition vers la zone biogéoclimatique côtière à pruche de l’Ouest. L’étendue de ces zones se contracte rapidement et celles-ci deviennent gravement fragmentées à cause du développement urbain et rural. La zone biogéoclimatique côtière à douglas est l’un des écosystèmes les plus perturbés de la Colombie-Britannique. Cette zone renferme plusieurs écosystèmes de douglas, de chêne de Garry et d’arbousier rares et inscrits à une liste provinciale dans lesquels la limace-prophyse bleu-gris a été trouvée, même si elle n’est pas restreinte à ces habitats. La répartition des limaces dans le paysage est irrégulière. À la limite nord de l’aire de répartition de l’espèce, la limace-prophyse bleu-gris pourrait favoriser les petites clairières et les terrains boisés au détriment des forêts plus profondes, étant donné que ces habitats captent l’énergie thermique du soleil et offre un tapis forestier relativement chaud. On estime que la disponibilité de refuges humides convenables, comme ceux qui sont offerts par l’abondance de gros débris ligneux et/ou les tapis de mousse épais, est importante.

Biologie

Il semble que la limace-prophyse bleu-gris ait un cycle vital annuel, accomplissant sa croissance jusqu’à la maturité et se reproduisant en une seule année; l’espèce hiverne à l’état d’œuf. En Colombie-Britannique, des juvéniles ont été observés d’avril à juin, tandis que la majorité des adultes ont été observés de septembre à décembre; un adulte a été trouvé en mars, ce qui indique qu’au moins certains adultes réussissent leur hivernage.

L’espèce se nourrit en grande partie de champignons. Divers prédateurs vertébrés et invertébrés, indigènes et introduits, se nourrissent de limaces, et la limace-prophyse bleu-gris compte probablement parmi leurs proies. La limace-prophyse bleu-gris possède la faculté de s’amputer de sa queue, adaptation efficace pour échapper à certains prédateurs. On pense que l’espèce a une capacité de dispersion très limitée, de l’ordre de quelques dizaines à quelques centaines de mètres par génération.

Taille et tendances des populations

Il n’existe pas d’estimations fiables de la taille de la population, mais des estimations grossières réalisées à quatre sites au cours d’une année indiquent la présence d’au moins 50 à 125 adultes par hectare. Lorsqu’on extrapole la densité de l’espèce aux zones occupées connues, on obtient une population de 1 800 à 4 500 adultes. La population canadienne totale, en incluant les sites non encore découverts, est probablement inférieure à 10 000 individus. Toutefois, comme l’espèce est répartie de façon irrégulière dans la zone, il est difficile de générer des estimations de taille de la population. La limace-prophyse bleu-gris a été observée pour la première fois en Colombie-Britannique en 2002, de sorte qu’on ne connaît ni les fluctuations ni les tendances à long terme de la population de cette espèce. À l’automne 2014, au cours de relevés de vérification de terrain, l’espèce a été trouvée dans 6 des 18 sites revisités. L’habitat n’avait subi aucune modification dans la majorité des sites, mais il s’était détérioré dans six sites où l’espèce n’a pas été observée, en raison de l’empiètement par des plantes envahissantes, des activités récréatives et/ou de projets d’aménagement. Des sous-populations de l’espèce se rencontrent dans 2 parcelles d’habitat dont la superficie est inférieure à 20 hectares et que l’on croit nécessaires à sa viabilité à long terme, et 3 autres sous-populations se trouvent dans des paysages ruraux hautement fragmentés. Les dix autres sous-populations se trouvent dans des milieux ayant une certaine connectivité avec des zones forestières plus vastes.

Menaces et facteurs limitatifs

Dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique, la limace-prophyse bleu-gris se trouve à la limite nord de son aire de répartition. La faible capacité de dispersion des limaces et le fait qu’elles aient besoin de vivre dans un milieu humide limitent la vitesse à laquelle elles peuvent coloniser de nouveaux milieux ou des parcelles d’habitat d’où elles ont disparu.

Les principales menaces à la survie de la limace-prophyse bleu-gris sont les modifications des écosystèmes naturels par des plantes exotiques envahissantes, la compétition et la prédation par des espèces d’invertébrés introduites, les périodes de sécheresse dues aux changements climatiques et les phénomènes météorologiques violents. Les plantes envahissantes introduites sont répandues dans de nombreux sites de l’île de Vancouver abritant l’espèce et détériorent la qualité de l’habitat en évinçant les plantes indigènes et en modifiant le microclimat et possiblement la disponibilité de nourriture pour les limaces. Les gastéropodes et d’autres invertébrés non indigènes, comme les carabes (coléoptères de la famille des Carabidés), présentent des menaces du fait qu’ils utilisent la limace-prophyse bleu-gris comme proie et qu’ils lui livrent concurrence pour la nourriture et les abris. On s’attend à ce que des périodes de sécheresse plus longues et plus fréquentes réduisent le taux de survie de l’espèce de même que le temps dont elle dispose pour chercher de la nourriture et croître. Ces effets se feraient probablement sentir de façon plus aiguë dans les parcelles d’habitat dégradé dépourvues de microhabitats où l’espèce pourrait se réfugier. Les activités récréatives, la construction domiciliaire et l’urbanisation sont d’autres menaces généralisées qui contribuent à la perte et à la détérioration de l’habitat.

Protection, statuts et classements

La limace-prophyse bleu gris figure à titre d’espèce en voie de disparition à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril. À l’échelle mondiale, l’espèce est cotée G3G4 (cote mondiale arrondie – G3), soit « vulnérable – apparemment non en péril ». La limace-prophyse bleu-gris a été inscrite sur la liste rouge des espèces en péril en Colombie-Britannique, qui comprend des espèces disparues de la province, en voie de disparition ou menacées, et est jugée gravement en péril (S1) à l’échelle de la province.

La majorité des sous-populations, en tout ou en partie, se trouvent sur des terres fédérales (ministère de la Défense nationale, Conseil national de recherches du Canada), dans des parcs ou des sentiers du district régional de la capitale (dans le système de parcs et sentiers de CRD Parks and Trails), et dans des parcs municipaux qui sont protégés contre la conversion des terres, du moins à court terme. Trois sous-populations et une partie d’une quatrième se trouvent sur des terres rurales privées. Il y a probablement d’autres sites sur des terres privées.

18. Pannaire jaune pâle

Photo d’un pannaire jaune pâle
Photo : © Frances Anderson
Nom scientifique
Pannaria lurida
Taxon
Lichens
Statut du COSEPAC
Menacée
Aire de répartition canadienne
Nouveau-Brunswick, Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve et Labrador

Justification de la désignation

Ce lichen colonise des arbres feuillus matures, le plus souvent l’érable rouge, et on en connaît 56 occurrences dans les provinces de l’Atlantique. Les relevés n’ont pu confirmer si l’espèce était toujours présente à l’île-du-Prince-Édouard, à l’une des deux occurrences à Terre-Neuve, à deux des quatre occurrences au Nouveau-Brunswick, ainsi qu’à plusieurs des 49 occurrences connues en Nouvelle-Écosse. Les menaces pesant sur l’espèce incluent l’exploitation forestière continue menant à l’élimination des arbres hôtes, ainsi que l’impact des changements climatiques, résultant en un climat humide convenable moindre.

Description et importance de l’espèce sauvage

La pannaire jaune pâle (Pannaria lurida) est un lichen foliacé qui forme des plaques ou des rosettes pouvant mesurer jusqu’à 10 cm de diamètre. Elle pousse presque toujours sur le tronc de feuillus. La face supérieure du thalle est gris brunâtre et ridée. Le symbiote photosynthétique est une cyanobactérie.

Répartition

La pannaire jaune pâle est présente en Asie, en Australie, dans les îles du Pacifique, en Afrique et en Amérique. Trois sous-espèces ont été décrites. Ce serait la sous-espèce russellii qui serait présente au Canada et dans le nord-est des États-Unis. Toutefois, il est possible qu’il s’agisse d’une sous-espèce différente, mais aucune analyse moléculaire n’a été réalisée pour confirmer cette théorie.

Au Canada, 56 occurrences de pannaire jaune pâle sont connues : 49 en Nouvelle-Écosse, 4 au Nouveau-Brunswick, 2 à Terre-Neuve et 1 à l’Île-du-Prince-Édouard. Il existe probablement des occurrences qui n’ont pas encore été découvertes, particulièrement en Nouvelle-Écosse et peut-être au Nouveau-Brunswick, voire même à Terre-Neuve.

Répartition de la pannaire jaune pâle (Pannaria lurida) au Canada et dans le Maine (États Unis), fondée sur les occurrences connues de l’espèce provenant de collection et de mentions d’observation. Les points noirs représentent des occurrences actuellement existantes de P. lurida au Canada, et les points jaunes, des occurrences où P. lurida n’a pas été observé de nouveau.
Map showing the global distribution of Red Crossbill (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2016. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le pannaire jaune pâle (Pannaria lurida) au Canada.
Description longue pour la carte montrant la répartition de la pannaire jaune pâle

Carte montrant la répartition de la pannaire jaune pâle (Pannaria lurida) au Canada et dans le Maine (États-Unis). La plupart des occurrences connues de l’espèce sont situées près de la côte atlantique de la Nouvelle-Écosse, au sud d’Halifax, et au centre de la province jusqu’au cap Breton. Au Nouveau-Brunswick, les occurrences sont situées près du détroit de Northumberland, vis-à-vis de l’Île-du-Prince-Édouard et à la frontière avec l’État du Maine au sud. Les occurrences connues à Terre-Neuve et à l’Île-du-Prince-Édouard se trouvent exclusivement sur les côtes ouest.

Habitat

En Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, la pannaire jaune pâle colonise les feuillus matures, le plus souvent les érables rouges qui poussent à proximité, mais généralement pas à l’intérieur, des milieux mal drainés. Ainsi, l’espèce se rencontre sur les arbres situés près de la limite des marécages ou des plaines inondables boisés. La seule occurrence signalée à l’Île-du-Prince-Édouard se trouvait sur un thuya, tandis qu’à Terre-Neuve les occurrences ont été signalées sur des épinettes blanches poussant dans un milieu inhabituel, sur une falaise à proximité de la mer.

Biologie

Les organes de fructification du champignon sont fréquents chez la pannaire jaune pâle et constituent la seule composante spécialisée de reproduction de l’espèce. Les spores qui sont éjectées de ces organes doivent atterrir sur le tronc d’un arbre mature, germer et rencontrer une souche de cyanobactérie compatible du genre Nostoc. Après qu’elle ait été enveloppée par le champignon, la cyanobactérie fournit à celui-ci des glucides et de l’azote, grâce à sa capacité de photosynthèse et de fixation de l’azote atmosphérique. Contrairement à de nombreuses autres espèces de lichens, la pannaire jaune pâle ne produit aucune structure de reproduction végétative. Cependant, la fragmentation du thalle et la fixation de ces fragments sur le tronc des arbres hôtes pourraient permettre la dispersion de l’espèce à une échelle très restreinte.

Taille et tendances des populations

La population canadienne de pannaire jaune pâle compte environ 5 000 individus. Toutefois, certaines des occurrences connues n’ont pas été revisitées ou n’ont pas fait l’objet de dénombrements, et le nombre d’individus matures variait grandement d’un site à l’autre, de sorte que la population pourrait compter plus de 10 000 individus. Le nombre d’individus par occurrence allait de 1 à un peu plus de 2 400.

Au total, 56 occurrences sont connues au Canada. Des 24 occurrences découvertes avant 1986, 19 ont été revisitées, et l’espèce n’a pas été retrouvée dans 15 d’elles. En outre, l’espèce était absente de deux occurrences récemment découvertes en Nouvelle-Écosse et d’une à l’Île-du-Prince-Édouard. Ainsi, l’espèce était absente de 18 des 56 occurrences, ce qui représente un déclin de 32 %. On suppose que cette diminution du nombre d’occurrences correspond à un déclin équivalent du nombre d’individus matures.

Menaces et facteurs limitatifs

D’après l’analyse du calculateur des menaces, l’impact global des menaces qui pèsent sur le P. lurida est « élevé à très élevé »; la principale menace actuelle est l’exploitation forestière, qui cause la disparition des arbres hôtes ainsi que des modifications du microclimat. Les activités d’exploitation forestière destinée à la production de bois d’œuvre, de bois de chauffage, de copeaux de bois et de biomasse ont des répercussions particulièrement graves, puisque l’espèce colonise généralement les arbres qui présentent une écorce rugueuse, caractère qui apparait après environ 50 ans. La récolte annuelle de bois de feuillus en Nouvelle-Écosse a doublé entre 1990 et 2000, et on s’attend à ce que cette hausse se poursuive, avec la récolte continue de feuillus. Un déclin semblable du nombre de forêts de feuillus anciennes a été observé au Nouveau-Brunswick, mais l’exploitation forestière y est principalement réalisée dans les sites mésiques en terrain élevé.

Les autres menaces d’une gravité moindre qui pèsent sur la pannaire jaune pâle sont les changements climatiques, la construction routière, le développement et la pollution. Une diminution des pluies, un prolongement des périodes de sécheresse estivales et une réduction du brouillard sont prévus en Nouvelle-Écosse, et ces facteurs pourraient entraîner une diminution du taux de croissance ou la mort de la pannaire jaune pâle. Les activités de construction routière ou de développement qui modifient le drainage et entraînent des changements de l’humidité dans les boisés qui environnent ou se trouvent à proximité de l’espèce pourraient nuire à la croissance ou causer la mort de celle-ci. Enfin, l’espèce est sensible au dioxyde de soufre et aux pluies acides. Le niveau de ces deux menaces a diminué au cours des dernières années, mais les émissions continues pourraient surpasser la capacité tampon de l’écorce des arbres hôtes et rendre celle-ci trop acide pour qu’elle soit colonisée par l’espèce.

Protection, statuts et classements

La cote mondiale de la pannaire jaune pâle est de G3 (vulnérable) à G5 (non en péril). Aux États-Unis, aucune cote n’a été attribuée à l’espèce, ou sa situation n’a pas encore été évaluée. Au Canada, aucune cote n’a été attribuée à la pannaire jaune pâle.
 

En Nouvelle-Écosse, cinq occurrences sont protégées : une dans le parc national Kejimkujik, une dans le parc provincial Five Islands, une autre dans des terres communes municipales, et une dans une réserve naturelle provinciale. Au Nouveau-Brunswick, à la pointe Clark, une occurrence se trouve dans une aire naturelle protégée.

19. Paruline hochequeue

Photo d’une Paruline hochequeue
Photo : © Dan Garber
Nom scientifique
Parkesia motacilla
Taxon
Oiseaux
Statut du COSEPAC
Menacée
Aire de répartition canadienne
Ontario, Québec

Justification de la désignation

Durant la saison de reproduction au Canada, cet oiseau chanteur niche le long de cours d’eau froide et claire situés dans des zones ombragées, ainsi que dans les milieux humides boisés dans le sud de l’Ontario et le sud-ouest du Québec. Il occupe des habitats semblables en Amérique latine durant l’hiver. La population canadienne est petite, probablement constituée de moins de 500 adultes, cependant les couples nicheurs sont difficiles à détecter. Les tendances démographiques de la population canadienne sont incertaines. Des déclins ont été constatés dans certaines parties de l’aire de répartition canadienne, particulièrement dans son bastion du sud-ouest de l’Ontario, alors que de nouveaux couples ont été trouvés dans d’autres parties. L’immigration d’individus en provenance du nord-est des États-Unis est considérée comme étant importante pour le maintien de la population canadienne. Toutefois, bien que la population source des États-Unis semble actuellement relativement stable, elle pourrait faire l’objet de déclins futurs en raison de menaces émergentes pesant sur l’habitat.

Description et importance de l’espèce sauvage

La Paruline hochequeue (Parkesia motacilla) est une espèce d’assez grande taille, de couleur terne, semblable a une petite grive. L’apparence des mâles et des femelles est identique. Les parties supérieures sont brun terne. Les parties inférieures sont crème et présentent des traits foncés sur la poitrine et les flancs. Une large rayure sourcilière blanche va jusqu’à la nuque. Les pattes sont rose dragée, et le bec est plutôt long et puissant pour une paruline.

Répartition

La plus grande partie de l’aire de répartition mondiale (> 99 %) de l’espèce se trouve dans l’est des États-Unis. Au Canada, la Paruline hochequeue se reproduit dans le sud de l’Ontario, où elle est considérée comme un résident rare mais régulier en été. Elle se reproduit également sporadiquement dans le sud-ouest du Québec. La plus grande partie de la population canadienne se concentre dans deux régions de l’Ontario : la région de la plaine sablonneuse de Norfolk, sur la rive nord du lac Érié, et la partie centrale de l’escarpement du Niagara, entre Hamilton et Owen Sound.

Son aire d’hivernage s’étend depuis le nord du Mexique jusqu’à l’extrême nord-ouest de l’Amérique du Sud, en passant par l’Amérique centrale et les Antilles.

Répartition mondiale de la Paruline hochequeue (Parkesia motacilla), montrant les aires de reproduction, de migration et d’hivernage. Carte fondée sur Ridgely et al., 2007; préparée par Environnement Canada.
Map showing the Canadian distribution of Sheathed Slug (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2015. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la Paruline hochequeue (Parkesia motacilla) au Canada.
Description longue pour la carte montrant la répartition mondiale de la Paruline hochequeue

Carte montrant la répartition mondiale de la Paruline hochequeue (Parkesia motacilla), où sont indiquées les aires de reproduction, de migration et d’hivernage. L’espèce niche principalement dans l’est des États-Unis. Au Canada, la Paruline hochequeue se reproduit régulièrement dans le sud de l’Ontario, et elle se reproduit rarement et sporadiquement dans le sud-ouest du Québec. La Paruline hochequeue hiverne depuis le nord du Mexique et le sud de l’Amérique centrale jusqu’aux Antilles.

Habitat

La Paruline hochequeue occupe un habitat spécialisé; pour la nidification et l’hivernage, elle a une forte préférence pour les ruisseaux d’amont aux eaux relativement intactes et pour les milieux humides situés dans de grandes étendues de forêt mature. Elle préfère l’eau courante (particulièrement les ruisseaux d’eau froide et limpide), mais elle habite également les marécages densément boisés où se trouvent des mares printanières ou semi-permanentes. Dans cet habitat, le territoire de la Paruline hochequeue chevauche celui de son espèce sœur, la Paruline des ruisseaux. La Paruline hochequeue est souvent classifiée comme une espèce forestière sensible à la superficie de l’habitat et une espèce inféodée aux milieux riverains. Elle construit son nid dans des cavités le long des berges de ruisseaux abruptes, dans les racines d’arbres déracinés ou dans des billots et souches couverts de mousse, généralement à quelques mètres de l’eau.

Biologie

La Paruline hochequeue migre sur de longues distances, et arrive généralement dans le sud de l’Ontario beaucoup plus tôt au printemps que les autres oiseaux chanteurs néotropicaux. L’espèce est fidèle aux sites de reproduction et d’hivernage d’une année à l’autre. La Paruline hochequeue pond de 4 à 6 œufs, et la période d’incubation est de 12 à 14 jours. L’espèce ne produit généralement qu’une nichée par année.

La Paruline hochequeue passe la plus grande partie de son temps sur le sol ou à proximité, le long des rivages de ruisseaux et de mares. Elle a une alimentation spécialisée, et se nourrit principalement de macroinvertébrés aquatiques, notamment d’insectes, et mange parfois de petits mollusques, poissons, crustacés et amphibiens.

Taille et tendances des populations

La population canadienne est d’environ 235 à 575 adultes. Les tendances de la population sont mal comprises. L’espèce a connu des déclins à l’échelle locale dans certaines parties du pays au cours du dernier siècle et des quelques dernières décennies (liés à la dégradation de l’habitat et/ou aux fluctuations de la population), mais des relevés ciblés ont permis d’observer plus d’oiseaux dans certaines régions de l’aire de répartition canadienne ces dernières années. Dans l’ensemble, les populations au Canada et dans la plus grande partie des États-Unis semblent relativement stables.

Menaces et facteurs limitatifs

La Paruline hochequeue est un spécialiste de l’habitat, et sa population globale est limitée par la quantité de milieux aquatiques de grande qualité dans les aires de reproduction et d’hivernage. Il n’y a pas de menace imminente à la survie de la population canadienne; le problème réside plutôt dans les effets cumulatifs de nombreuses menaces à différents stades du cycle vital annuel. La perte d’habitat et les changements dans la qualité et la quantité d’eau dus à l’intensification de l’agriculture, de même que le développement résidentiel dans les banlieues, pourraient également avoir contribué aux déclins observés dans certaines parties du sud de l’Ontario. Au Canada, les conditions de l’habitat devraient se détériorer à cause de la propagation prévue du puceron lanigère de la pruche, un ravageur forestier exotique, dans l’est du Canada. La fragmentation et la dégradation de l’habitat dans les aires de reproduction états-uniennes qui découlent de la combinaison des ravageurs forestiers exotiques et de la mise en valeur des ressources pourraient réduire l’émigration vers la population canadienne. La perte et la dégradation de l’habitat, y compris la dégradation de la qualité de l’eau et la déforestation dues aux activités liées à l’agriculture et au développement, constituent des menaces continues dans l’aire d’hivernage. Durant la migration, l’espèce connaît également des taux de mortalité relativement élevés à cause des collisions avec des bâtiments en hauteur et des tours de communication.

Protection, statuts et classements

La Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs offre actuellement la protection juridique la plus spécifique pour la Paruline hochequeue au Canada. Une proportion élevée des sites de nidification connus se trouve dans des aires protégées. L’habitat spécifique que l’espèce utilise en Ontario est également protégé par diverses politiques législatives. De plus, les caractéristiques physiques de cet habitat empêchent généralement la plupart des activités liées à l’agriculture et au développement.

20. Perceur du ptéléa

Photo d’un perceur du ptéléa (Prays atomocella) se reposant sur un brin d’herbe, près d’un ptéléa trifolié (Ptelea trifoliata)
Photo : © John and Jane Balaban
Nom scientifique
Prays atomocella
Taxon
Arthropodes
Statut du COSEPAC
En voie de disparition
Aire de répartition canadienne
Ontario

Justification de la désignation

Cette espèce est dépendante de la seule plante qui sert d’hôte aux larves, le ptéléa trifolié, qui se limite à une étroite bande du sud-ouest de l’Ontario et qui est évalué actuellement comme espèce « préoccupante ». Ce papillon nocturne a une aire de répartition encore plus limitée que celle de son hôte, sa présence n’étant connue que sur la rive ouest de la pointe Pelée et sur l’île Pelée. Très peu d’individus ont été détectés. Les menaces les plus imminentes comprennent la perte des habitats littoraux par l’érosion, la succession végétale et les espèces de plantes envahissantes.

Description et importance de l’espèce sauvage

Le perceur du ptéléa est un petit papillon nocturne (envergure de 17 à 20 mm) et la seule espèce indigène de la famille des Praydidés au Canada. En dépit de sa faible taille, il se reconnaît à sa coloration et à ses motifs distinctifs : les ailes antérieures sont blanc pur piqué de points noirs, tandis que les ailes postérieures et l’abdomen sont brun rouille rosé. Les chenilles mesurent jusqu’à 20 mm de longueur et sont vert ou jaunâtre pâle avec des lignes latérales indistinctes.

Le perceur du ptéléa est l’un des trois seuls insectes herbivores connus qui entretient une association exclusive avec le ptéléa trifolié, qui est actuellement classé « espèce préoccupante » aux échelles provinciale (Ontario) et fédérale.

Répartition

Le perceur du ptéléa se rencontre depuis le sud de la région des Grands Lacs jusqu’au centre-sud du Texas, en passant par les États du Midwest. Son aire de répartition est plus restreinte que celle de sa plante hôte larvaire, le ptéléa trifolié. Il est apparemment absent dans une grande partie de l’aire de répartition du ptéléa trifolié, qui s’étend depuis le sud de la plaine côtière de l’Atlantique jusqu’à la côte du golfe du Mexique, dans le sud-est des États-Unis. Au Canada, le perceur du ptéléa est reconnu comme présent uniquement à la pointe Pelée. On soupçonne également sa présence à l’île Pelée, car les dommages caractéristiques dus à l’alimentation larvaire y ont été observés. Au Canada, la superficie de l’aire de répartition du perceur du ptéléa est estimée à 148 km2.

Carte montrant la répartition présumée du perceur du ptéléa (Prays atomocella). La répartition présumée est fondée sur les mentions de collecte confirmées et les signes témoignant de la présence probable de l’espèce au parc national de la Pointe Pelée ainsi que sur les sites potentiels signalés en 2009 et en 2010 sur l’île Pelée.
Map showing the Canadian distribution of Spiny Softshell (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2015. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le perceur du ptéléa (Prays atomocella) au Canada.
Description longue pour la carte montrant la répartition canadienne présumée du perceur du ptéléa

Carte montrant la répartition canadienne présumée du perceur du ptéléa (Prays atomocella). Les occurrences confirmées du perceur du ptéléa sont toutes comprises dans le parc national de la Pointe-Pelée sur la rive nord du lac Érié. En 2009 et en 2010, des signes attestant la présence probable de l’espèce (pousses de ptéléa trifolié présentant des dommages caractéristiques) ont également été décelés sur l’île Pelée

Habitat

Le perceur du ptéléa dépend de son unique plante hôte larvaire, le ptéléa trifolié, qui pousse le long du littoral du lac Érié. Le ptéléa trifolié forme souvent la bande de végétation riveraine la plus avancée vers les eaux du lac et de ce fait activement soumise au régime de perturbations naturelles, en particulier l’érosion par le vent et les vagues. Le perceur du ptéléa a été observé uniquement dans les plus grandes sous-populations de sa plante hôte, mais il n’a pas été trouvé parmi les plus petites sous-populations plus isolées réparties le long du littoral du lac Érié, au nord-est de la pointe Pelée.

Biologie

Nos connaissances sur le cycle vital du perceur du ptéléa sont fragmentaires. En Ontario, l’espèce est univoltine, et les adultes sont actifs entre le milieu et la fin de juin. Les femelles déposent alors leurs œufs sur les feuilles ou les pousses de la plante hôte. Les chenilles semblent se nourrir uniquement sur les pousses de l’année. On ignore la durée précise des différentes étapes du cycle vital (œuf, chenille et adulte), et l’œuf et le comportement de ponte demeurent à décrire.

Le développement larvaire s’amorce probablement durant les mois d’été suivant l’éclosion de l’œuf. Les jeunes chenilles pénètrent dans une jeune pousse et forent une cavité caractéristique dans la tige ligneuse sous la pousse. Le matériel excavé est intégré à un couvercle soyeux couvrant la cavité et forme un court tube qui sert probablement de refuge contre les prédateurs et les parasitoïdes. Les chenilles hibernent probablement dans la galerie qu’elles ont forée dans la tige, comme c’est le cas chez d’autres espèces du genre Prays, puis recommencent à se nourrir au printemps suivant lorsque les plantes produisent de nouvelles pousses. Leur développement achevé, elles s’extraient de la tige pour se nymphoser à l’intérieur d’un cocon en dentelle distinctif, souvent parmi les grappes de fleurs de la plante hôte. L’alimentation des adultes n’a jamais été documentée.

Taille et tendances des populations

On ne dispose d’aucune estimation de la taille des populations. En 2010, des traces d’alimentation larvaire consistant en 84 pousses endommagées de ptéléa trifolié, soit 62 à la pointe Pelée et 22 sur l’île Pelée, ont été observées. Antérieurement, les seules mentions connues de l’espèce étaient fondées sur la capture ou l’observation d’individus uniques entre 1927 et 2013.

Les tendances de la population sont également inconnues. L’abondance du perceur du ptéléa a possiblement augmenté en réaction à la hausse du nombre d’individus de la plante hôte observée dans le cadre de relevés exhaustifs à la pointe Pelée et sur l’île Pelée entre 2002 et 2014. Cette augmentation de l’abondance de la plante hôte contraste avec les déclins apparents enregistrés entre 1982 and 2002 et risque d’être atténuée par les pertes actuelles et futures d’habitat. Le ptéléa trifolié est abondant à la pointe Pelée, la population s’y établissant à plus de 10 000 sujets matures, soit 80 à 90 % du nombre total de sujets matures connus au Canada. L’île Pelée abrite la deuxième plus grande sous-population de ptéléa trifolié au Canada, estimée à 1 000 individus.

Menaces et facteurs limitatifs

Les menaces auxquelles le perceur du ptéléa est exposé comprennent la plupart des menaces qui pèsent sur le ptéléa trifolié. L’impact potentiel des menaces est toutefois plus élevé chez le perceur du ptéléa, car ce dernier n’est pas présent au sein de toutes les sous-populations de sa plante hôte. Les menaces les plus imminentes comprennent l’érosion du littoral, la succession végétale, l’aménagement du littoral, les activités récréatives et les plantes envahissantes. Les pullulations d’un petit papillon également associé au ptéléa trifolié, l’Agonopterix pteleae, sont également considérées comme une menace potentielle, car les chenilles de ce papillon peuvent défolier presque entièrement les ptéléas trifoliés et nuire aux populations de perceurs du ptéléa en leur livrant une compétition directe pour les ressources et en provoquant le dépérissement des feuilles et des pousses. Il a également été démontré que les applications de pesticides destinées à enrayer les pullulations de la spongieuse ont des effets néfastes pour d’autres espèces de Lépidoptères.

Protection, statuts et classements

Le perceur du ptéléa ne bénéficie d’aucune protection légale et n’est pas classé en Ontario ni dans aucun des États où il se rencontre. Son habitat est protégé dans le parc national de la Pointe-Pelée en vertu de la Loi sur les parcs nationaux. Sur l’île Pelée, une occurrence présumée du perceur du ptéléa a été décelée le long du littoral, à proximité immédiate d’une emprise routière sous la responsabilité de la municipalité de l’Île Pelée (Municipality of Pelee Island). D’autres occurrences ont également été signalées sur l’île Pelée, dans la réserve naturelle Fish Point, où l’habitat est protégé en vertu de la Loi sur les parcs provinciaux et les réserves de conservation.

Le ptéléa trifolié est classé « espèce préoccupante » au Canada et en Ontario, et tant l’espèce que son habitat sont protégés en vertu de la Loi sur les espèces en péril et de la Loi sur les espèces en voie de disparition, respectivement. Il est classé par NatureServe non en péril (G5) à l’échelle mondiale; à l’échelle infranationale, il est classé selon les États gravement en péril (S1) à vulnérable (S3) dans l’État de New York, au New Jersey et au Maryland, mais le perceur du ptéléa n’y est pas tenu pour présent. Au Wisconsin, où l’on compte au moins une occurrence historique du perceur du ptéléa, le ptéléa trifolié est classé en péril (S2), et sa conservation soulève vraisemblablement des préoccupations.

21. Plectrophane de McCown

Photo of a Jefferson Salamander (voir longue description ci-dessous)
Photo : © Gordon Court
Nom scientifique
Rhynchophanes mccownii
Taxon
Oiseaux
Statut du COSEPAC
Menacée
Aire de répartition canadienne
Alberta, Saskatchewan

Justification de la désignation

Cet oiseau des prairies a connu un grave déclin de population depuis au moins la fin des années 1960, et il y a des indications que le déclin se poursuit et demeure important. L’espèce est principalement menacée par la perte et la dégradation continues des habitats de prairie dans ses lieux de reproduction et d’hivernage.

Description et importance de l’espèce sauvage

Le Plectrophane de McCown (Rhynchophanes mccownii) est un oiseau chanteur gris ou brun grisâtre qui ressemble à un moineau. La queue blanche est ornée d’un motif noir caractéristique en forme de « T » inversé. Chez le mâle, la tête est blanchâtre, et la calotte, la moustache et la tache pectorale sont noires. En tant qu’espèce endémique aux prairies du Nord, le Plectrophane de McCown est un indicateur utile de l’état de cet habitat.

Répartition

L’aire de reproduction s’étend depuis le sud de l’Alberta et l’est du Montana vers l’est jusque dans le sud de la Saskatchewan et jusqu’à l’extrémité ouest du Dakota du Nord et du Dakota du Sud. Elle est légèrement disjointe dans l’est du Wyoming et s’étend quelque peu jusqu’aux États voisins. Par le passé, l’aire de reproduction s’étendait vers l’est jusqu’au Minnesota et, vers le sud, jusqu’en Oklahoma. L’aire d’hivernage correspond au sud-ouest des États-Unis (principalement le Texas, le Nouveau-Mexique et l’Arizona) et au nord du Mexique (principalement les États de Chihuahua et de Sonora).

Répartition du Plectrophane de McCown (Rhynchophanes mccownii) au Canada, montrant une partie de l’aire de reproduction de l’espèce (COSEWIC, 2006). Il est rare d’observer cette espèce en périphérie de son aire de reproduction (rayures diagonales). Le Plectrophane de McCown n’est pas présent dans les hautes altitudes des Cypress Hills (noir).
Unisexual Jefferson Salamader (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2006. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le rapport de situation sur le Bruant de McCown (Calcarius mccownii) au Canada.
Description longue pour la carte montrant la répartition canadienne du Plectrophane de McCown

Carte montrant la répartition canadienne du Plectrophane de McCown (Rhynchophanes mccownii), qui représente 23 % de l’aire de reproduction mondiale de l’espèce. Au Canada, l’espèce se reproduit seulement dans le sud-est de l’Alberta et le sud-ouest de la Saskatchewan, excluant les plus hautes altitudes des Cypress Hills. Il est rare d’observer cette espèce en périphérie de son aire de reproduction, dans la zone indiquée par les rayures diagonales.

Habitat

L’espèce niche dans la prairie sèche où les herbes clairsemées ont été coupées à ras et où l’on trouve des parcelles de sol nu ainsi que quelques arbustes ou quelques plantes herbacées non graminoïdes. L’habitat comprend la prairie à herbes courtes, les pâturages non indigènes, la prairie mixte broutée à ras et certains champs cultivés. Au cours du siècle dernier, la superficie de l’habitat de reproduction a diminué, et la perte et la dégradation de l’habitat se poursuivent, principalement parce que les prairies indigènes sont converties en terres agricoles.

Biologie

Le Plectrophane de McCown commence probablement à se reproduire au cours de sa première année. L’espèce est monogame et territoriale, et l’oiseau élève une couvée par année et, plus rarement, deux couvées par année. Le taux d’éclosion est élevé et le manque de nourriture est rare, mais les prédateurs pillent 30 à 75 % des nids. Les variables démographiques, en particulier le taux de retour et le taux de survie, sont par ailleurs peu connues. Les invertébrés, notamment les sauterelles, sont la principale nourriture des oisillons, alors que les adultes consomment surtout des graines. Les plectrophanes quittent le Canada en direction des lieux d’hivernage à compter du mois d’août et reviennent au Canada à compter du mois d’avril suivant.

Taille et tendances des populations

Selon les données du Relevé des oiseaux nicheurs (BBS), la population au Canada est estimée à 138 000 adultes, ce qui correspond à 23 % environ de la population mondiale de Plectrophanes de McCown. Selon les meilleures données sur les tendances, révélées par le BBS, la population aurait diminué de 98 % au Canada entre 1970 et 2012 et d’au moins 30 % durant la décennie de 2002-2012.

Menaces et facteurs limitatifs

Parmi les menaces pesant sur l’espèce, on compte les modifications des systèmes naturels, les effluents agricoles, le forage pétrolier et gazier, les cultures annuelles et pérennes de produits autres que le bois, l’énergie renouvelable et les corridors de transport et de service. L’impact global des menaces est élevé ou moyen.

Protection, statuts et classements

Le Plectrophane de McCown est protégé en vertu de la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs, et l’espèce est inscrite comme espèce préoccupante à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril. À l’échelle mondiale, l’espèce est considérée comme apparemment non en péril, mais elle est considérée comme en péril ou vulnérable dans la plupart des États américains de son aire de répartition. En Alberta et en Saskatchewan, elle est considérée comme vulnérable ou apparemment non en péril.

22. Ptéléa trifolié

Photo d’un ptéléa trifolié (Ptelea trifoliata), petit arbre/arbuste dont l’écorce est lisse et brun rougeâtre.
Photo : © Gary Allen
Nom scientifique
Ptelea trifoliata
Taxon
Plantes vasculaires
Statut du COSEPAC
Préoccupante
Aire de répartition canadienne
Ontario

Justification de la désignation

Au Canada, ce petit arbre dont la vie est de courte durée se retrouve dans le sud-ouest de l’Ontario, colonisant des habitats littoraux sableux. Un déclin à long terme de la qualité et de l’étendue de l’habitat est prévu en raison des effets du renforcement des rivages et de l’extraction historique de sable dans le lac Érié. Une sous-population dépend d’efforts de gestion continus. Des activités d’inventaire améliorées ont permis de recenser un nombre considérablement accru d’individus matures, ce qui réduit le risque global pour cette espèce.

Description et importance de l’espèce sauvage

Le ptéléa trifolié (Ptelea trifoliata) est un petit arbre de la famille des Rutacées. Les feuilles sont alternes, trifoliolées et aromatiques. La floraison se produit au début de l’été. Les fleurs sont de couleur crème, comportent quatre ou cinq pétales et sont réunies en groupes terminaux. Le fruit arrive à maturité tard en saison; il est sec, discoïde, et renferme deux ou trois graines.

Le ptéléa trifolié est souvent une composante de la végétation stabilisant certaines portions du littoral du lac Érié. Il est employé à des fins médicinales et économiques, y compris par les Premières Nations, depuis fort longtemps. Le ptéléa trifolié est l’une des deux espèces indigènes du Canada dont s’alimentent les chenilles du grand porte-queue, et est la principale source de nectar des jeunes porte-queues verdâtres adultes. Il est également le seul hôte de la larve du perceur du ptéléa. L’Agonopterix pteleae et le Phloeotribus scabricollis sont également des herbivores spécialistes du ptéléa trifolié.

Répartition

La sous-espèce typique (P. trifoliata ssp. trifoliata) est naturellement présente depuis les Grands Lacs inférieurs jusqu’au Texas et, vers l’est, depuis l’est de la Pennsylvanie et le sud de la Nouvelle-Angleterre jusqu’au nord de la Floride. D’autres sous-espèces sont présentes plus au sud et à l’ouest, jusqu’au Mexique.

Répartition du ptéléa trifolié (Ptelea trifoliata) au Canada, montrant les observations faites avant 2002 (cercles vides) et les observations faites entre 2002 et 2014 (cercles pleins). La répartition de l’espèce est confinée à l’extrême sud de l’Ontario, et plus précisément au rivage du lac Érié et à quelques sites à l’intérieur des terres.
Map of global distribution Small-mouthed  Salamander (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2015. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le ptéléa trifolié (Ptelea trifoliata) au Canada.
Description longue pour la carte montrant la répartition canadienne du ptéléa trifolié

Carte montrant la répartition canadienne du ptéléa trifolié (Ptelea trifoliata), où les cercles vides représentent des observations faites avant 2002 et les cercles pleins, les observations faites entre 2002 et 2014. Au Canada, la répartition de l’espèce est confinée au sud de l’Ontario, et plus précisément au rivage du lac Érié et à quelques sites à l’intérieur des terres.

Habitat

En Ontario, le ptéléa trifolié pousse presque exclusivement sur les bords du lac Érié ou à proximité, souvent dans des milieux subissant des perturbations naturelles, où il fait partie de la lisière extérieure de la végétation ligneuse littorale.

Photo d’un fruit du ptéléa trifolié Ptelea trifoliata). La figure montre le fruit ailé, discoïde, indéhiscent et sec qui renferme de 2 à 3 graines.
Photo : © Gary Allen

Biologie

Le ptéléa trifolié est une espèce dioïque (fleurs mâles et fleurs femelles portées par des individus différents) qui est pollinisée par des insectes. Les fruits sont principalement dispersés par le vent. Ils peuvent à l’occasion être dispersés sur l’eau, à la faveur de morceaux de glace de lac ou de débris. Les semis s’établissent facilement dans les milieux ouverts ou perturbés.

Taille et tendances des populations

La tendance de la population canadienne est inconnue. Cependant, dans les sites pour lesquels des données sur les sous-populations sont disponibles (moins de 10 % du total), le nombre d’individus matures semble avoir augmenté d’environ 200 % depuis le dernier rapport publié en 2002. Les effectifs de neuf sites sont en hausse, et trois petits sites ont disparu en raison du développement. En outre, on ne peut établir de tendance pour 34 sites, à cause de l’absence de données comparables. Onze sites qui n’avaient jamais été répertoriés auparavant ont été signalés, et deux des trois sites qui étaient considérés comme disparus en 2002 ont été redécouverts. Le nombre total d’individus matures au Canada est estimé à 12 000.

Menaces et facteurs limitatifs

Au Canada, le ptéléa trifolié s’établit rarement dans les milieux ouverts à l’intérieur des terres, étant principalement confiné aux milieux littoraux. Les principales menaces qui pèsent sur l’espèce sont la perte d’habitat résultant de la modification des processus riverains, la succession végétale et l’aménagement des rives.

Protection, statuts et classements

Au Canada, le ptéléa trifolié figure sur la liste des espèces menacées tant à l’échelle fédérale (annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril) que provinciale, et l’espèce est protégée à la fois par la Loi sur les espèces en péril (LEP) et par la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario. Un programme de rétablissement de l’espèce a été publié en 2012, et plusieurs des principaux objectifs visés ont été abordés. Le COSEPAC a attribué au ptéléa trifolié le statut d’espèce préoccupante en novembre 2015.

À l’échelle mondiale, NatureServe a attribué au ptéléa trifolié la cote G5 (manifestement non en péril); l’espèce est toutefois cotée S1 (gravement en péril) au New Jersey et dans l’État de New York, S4 (apparemment non en péril) en Virginie et S3 (vulnérable) en Ontario. Le ptéléa trifolié n’a pas été évalué en vue de son inclusion dans la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

23. Sanicle patte-d'ours

Photo d’une sanicle patte-d’ours (Sanicula arctopoides), plante à fleur herbacée, vivace et basse.
Photo : © Matthew Fairbarns
Nom scientifique
Sanicula arctopoides
Taxon
Plantes vasculaires
Statut du COSEPAC
Menacée
Aire de répartition canadienne
Colombie-Britannique

Justification de la désignation

Cette fleur sauvage vivace n’est présente au Canada que le long d’une bande côtière de 30 km dans l’extrême sud-est de l’île de Vancouver. Bien que cette fleur sauvage puisse vivre pendant plus de 10 ans, elle fleurit et produit des fruits une seule fois, puis meurt. Elle occupe de petites zones d’habitat de pré restant, lequel se voit modifié par l’envahissement des plantes exotiques. Plusieurs nouveaux sites, découverts depuis la dernière évaluation de l’espèce, ont réduit le risque pour cette plante. La majeure partie de la population canadienne est présente à un site, qui est également menacé par le broutage d’une population non migratrice et nouvellement résidente de la Bernache du Canada. Un important piétinement par les humains affecte également quelques sites. Bon nombre des sous-populations connues ont relativement peu d’individus et pourraient ne pas persister. 

Description et importance de l’espèce sauvage

La sanicle patte-d’ours est une plante à fleur herbacée vivace basse à racine pivotante. Les feuilles basilaires, profondément lobées et bordées de dents pointues, forment une rosette compacte. Les inflorescences sont compactes et se composent de nombreuses fleurs jaune vif qui produisent des fruits munis de soies terminées par des crochets. La sanicle patte-d’ours fait partie d’un groupe de plus de 50 espèces qui sont rares à l’échelle nationale et limitées (au Canada) aux chênaies de Garry et aux écosystèmes connexes, dans le sud de l’île de Vancouver et les îles Gulf adjacentes.

Répartition

Au Canada, la sanicle patte-d’ours est présente uniquement dans une bande côtière de 30 km à proximité de Victoria, en Colombie-Britannique. Neuf sous-populations de sanicle patte-d’ours existantes sont connues au Canada. Aux États-Unis, l’espèce est présente dans les îles San Juan, dans l’État de Washington, et le long de la côte dans les États de Washington d’Oregon et de Californie. Dans l’État de Washington, les sous-populations sont très petites, et l’espèce est en péril. L’occurrence des États-Unis qui se trouve la plus près des sous-populations canadiennes (îles San Juan) est à environ 25 km de celles-ci et en est séparée par plusieurs kilomètres d’océan, de sorte que la dispersion entre ces sites est peu probable.

Carte de répartition de la sanicle patte-d’ours (Sanicula arctopoides) au Canada, où chaque cercle représente une localité. Moins de 1 % de l’aire de répartition mondiale de l’espèce se trouve au Canada. Carte fournie par : Jenny Wu, Secrétariat du COSEPAC.
Map showing the Canadian distribution of the Western Yellow-bellied Racer (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2015. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le ptéléa trifolié (Ptelea trifoliata) au Canada.
Description longue pour la carte montrant la répartition de la sanicle patte-d’ours

Carte montrant la répartition de la sanicle patte-d’ours (Sanicula arctopoides) au Canada, où chaque cercle représente une localité. Moins de 1 % de l’aire de répartition de l’espèce se trouve au Canada. La répartition canadienne s’étend sur 30 km le long du rivage de l’île de Vancouver, Victoria se trouvant environ au milieu de cette région.

Habitat

Au Canada, la sanicle patte-d’ours pousse uniquement dans des prés maritimes sujets à la sécheresse, à de faibles altitudes, sur le littoral. Les individus de l’espèce sont soumis à de grandes fluctuations saisonnières de la disponibilité de l’eau; des pluies abondantes sont généralement reçues à partir du milieu de l’automne et se poursuivent durant le reste de l’automne et l’hiver, puis cessent pour faire place aux sécheresses estivales, durant lesquelles la sanicle patte-d’ours demeure en dormance. Les conditions sèches en été empêchent la croissance d’arbres et d’arbustes indigènes, mais le genêt à balais, espèce exotique envahissante, est souvent présent. La sanicle patte-d’ours se rencontre généralement dans des milieux dominés par des plantes herbacées non graminoïdes et des graminées basses (< 20 cm de hauteur). Quelques espèces indigènes sont parfois relativement communes dans ces milieux, mais les espèces exotiques envahissantes de plantes herbacées non graminoïdes et de graminées sont généralement dominantes.

Biologie

La sanicle patte-d’ours est une espèce vivace monocarpique, ce qui signifie que les individus meurent entièrement après avoir fleuri et produit des graines. La germination des graines est observée à partir du début décembre et se poursuit parfois jusqu’en mars. Les plantes atteignent généralement leur grandeur maximale annuelle en avril ou en mai. Les petits individus non reproducteurs entrent en dormance, ou leurs parties aériennes meurent, à la fin mai ou au début juin, lorsque les sécheresses estivales s’intensifient. Les individus plus âgés et plus gros fleurissent en mars ou en avril, et leurs fruits sont mûrs au milieu ou à la fin de juin. Les fruits, secs et petits, sont couverts de soies terminées par des crochets qui peuvent rester accrochés à la fourrure ou au plumage des animaux ou aux vêtements des passants et ainsi favoriser la dispersion des graines. Les individus en dormance reprennent leur croissance en octobre ou en novembre et poussent lentement durant l’hiver. La majeure partie des graines germent durant l’automne suivant leur dispersion, ou alors elles meurent dans le sol. La plupart des semis meurent après quelques mois, et les survivants poussent lentement. La durée d’une génération est estimée à 14 ans.

Taille et tendances des populations

La population canadienne totale compte actuellement environ 2 900 individus matures. Il y a neuf sous-populations existantes au Canada. Cinq de ces neuf sous-populations comprennent moins de 50 individus matures. Environ 85 % de la population canadienne se concentre dans une seule sous-population, celle des îles Trial. La seule autre sous-population canadienne qui compte de manière constante plus de 100 individus matures est celle de la pointe Harling, qui se trouve sur un cap rocheux sur l’île de Vancouver, à proximité des îles Trial. Les données disponibles sur l’habitat de l’espèce donnent à penser que l’effectif et la taille de la population canadienne totale ont probablement subi un déclin au cours des 3 dernières générations (42 ans). La sanicle patte-d’ours est gravement en péril dans l’État de Washington; il est donc peu probable qu’une dispersion à partir de populations des États-Unis se produise et permette l’établissement de nouvelles populations au Canada.

Menaces et facteurs limitatifs

Dans l’ensemble de l’aire de répartition de la sanicle patte-d’ours, le principal facteur limitatif est le fait que l’espèce ne pousse que dans un type d’habitat rare, dans une très petite région du Canada. La principale menace pesant sur l’espèce est le déclin continu de la qualité de son habitat causé par l’augmentation de l’abondance des espèces envahissantes. Les autres menaces importantes sont l’herbivorie par la population non migratrice, nouvellement résidente et croissante de Bernache du Canada, observée dans plusieurs localités de sanicle patte-d’ours au Canada, les activités de construction et d’exploitation, le piétinement dans les sites fortement utilisés par les humains ainsi que le changement climatique, qui devrait entraîner une diminution du caractère convenable de l’habitat occupé.

Protection, statuts et classements

La sanicle patte-d’ours figure à titre d’espèce en voie de disparition à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral et est donc protégée par les dispositions de cette loi. En Colombie-Britannique, l’espèce n’est protégée par aucune loi provinciale sur les espèces en péril. La sanicle patte-d’ours a été classée comme non en péril à l’échelle mondiale, mais comme gravement en péril au Canada. En outre, la sanicle patte-d’ours est gravement en péril dans l’État de Washington, et sa situation n’a pas été évaluée en Oregon et en Californie, où l’espèce est également présente.

24. Tortue molle à épines

Photo d’une tortue-molle ȧ épines (Apalone spinifera), tortue au profil aplati qui possède une dossière recouverte d’une peau ressemblant ȧ du cuir et dépourvue d’écailles.
Photo : © Ryan M. Bolton
Nom scientifique
Apalone spinifera
Taxon
Reptiles
Statut du COSEPAC
En voie de disparition
Aire de répartition canadienne
Ontario, Québec

Justification de la désignation

Le déclin continu de cette espèce en Ontario et au Québec est attribué au très faible recrutement résultant de la perte de l’habitat de nidification. Les sites convenables de nidification et d’exposition au soleil ont disparu ou ont été dégradés en raison du développement, de l’altération de régimes hydrologiques (p. ex. barrages, inondations, érosion des berges des rivières), des plantes envahissantes, de l’utilisation récréative et de la récolte illégale d’individus. Sans protection du nid, peu d’oeufs survivent à la prédation par une abondance accrue de mammifères.

Description et importance de l’espèce sauvage

Les tortues molles à épines (Apalone spinifera) présentent un dimorphisme sexuel de taille notable, la dossière des mâles pouvant atteindre une longueur de 22 cm et celles des femelles, une longueur de 54 cm. La dossière, de couleur olive à havane, est relativement plate, ronde à ovale et recouverte d’une peau ressemblant à du cuir. Elle est garnie de projections épineuses le long du bord antérieur, celles-ci étant plus évidentes chez les femelles adultes. La tortue molle à épines est bien adaptée à la nage avec un plastron réduit, une forme hydrodynamique et des pattes antérieures et postérieures fortement palmées. Son cou est long, pouvant atteindre, lorsqu’il est étiré, presque les ¾ de la longueur de la dossière. Sa tête est relativement étroite et allongée et se termine par un long nez en forme de trompe. Les membres de la famille des Trionychidés ont une répartition mondiale et ont divergé d’autres tortues au Crétacé. L’espèce est importante, parce que c’est la seule représentante indigène de la famille des Trionychidés au Canada. Les populations canadiennes se trouvent à la limite nord de l’aire de répartition de l’espèce et sont adaptées au climat nordique (p. ex. par une période d’hibernation prolongée). Contrairement au sexe d’autres espèces de tortues canadiennes, qui est déterminé par la température d’incubation des œufs, le sexe des tortues molles est génétiquement déterminé.

Répartition

À l’échelle mondiale, la tortue molle à épines est présente dans l’est de l’Amérique du Nord, depuis les États de la Nouvelle-Angleterre, en passant par l’extrême sud du Québec et de l’Ontario, vers l’ouest jusqu’au Nebraska, vers le sud jusqu’au Texas et, en traversant les États du golfe du Mexique, jusqu’à l’Atlantique. La population canadienne se divise en deux sous-populations géographiquement distinctes : la sous-population des Grands Lacs et du Saint-Laurent, dans le sud du Québec, et la sous-population carolinienne, dans le sud de l’Ontario.

Répartition de la tortue molle à épines (Apalone spinifera) au Canada (aire de répartition de la tortue molle à épines de l’Est [sous espèce] d’après Conant et Collins [1998]). Cette carte représente l’aire de répartition générale de l’espèce, et ne montre pas l’information détaillée sur la présence et l’absence d’observations dans l’aire de répartition.
Map showing the distribution of Wrinkled Shingle Lichen (voir longue description ci-dessous)
Source: Environnement Canada 2016. Programme de rétablissement de la tortue molle à épines (Apalone spinifera) au Canada [Proposition].
Description longue pour la carte montrant la répartition canadienne de la tortue molle à épines.

Carte montrant la répartition canadienne de la tortue molle à épines (Apalone spinifera). La population canadienne est divisée en deux sous-populations, une dans le sud du Québec et une dans le sud-ouest de l’Ontario. L’aire de répartition canadienne de l’espèce représente actuellement environ 1 % de son aire de répartition mondiale.

Habitat

La tortue molle à épines fréquente une grande variété de milieux aquatiques, y compris des rivières, des ruisseaux marécageux, des méandres morts, des lacs et des bassins de retenue. Ces milieux ont plusieurs caractéristiques en commun : un fond mou, une végétation aquatique clairsemée et la présence de barres de sable ou de vasières. Les sites d’hivernage se trouvent généralement dans des lacs et des rivières bien oxygénés.

Biologie

La tortue molle à épines peut vivre plusieurs dizaines d’années. La maturité sexuelle est atteinte tardivement, probablement pas avant 12-15 ans chez les femelles à la limite nord de l’aire de répartition au Canada. Sous l’influence du climat, le cycle vital de l’espèce est caractérisé par une longue hibernation et une période de croissance et d’activité courte. Les unités thermiques cumulatives durant la période d’activité déterminent le temps requis par l’incubation. La ponte des œufs survient habituellement en juin ou en juillet, la taille moyenne d’une couvée étant d’environ 20 œufs. Il semblerait que la plupart des femelles ne pondent qu’une seule fois par année, mais certaines ont deux couvées au cours d’une même année. Le temps d’incubation varie généralement de 60 à 75 jours, et la température ambiante du nid peut le prolonger ou l’accélérer. Le recrutement naturel est faible en raison d’une prédation élevée des œufs.

Taille et tendances des populations

La taille de la population est petite, et elle est en déclin. En Ontario, on estime que le nombre total d’individus matures est inférieur à 1 000, et il continue de diminuer. Les données de suivi des nids pour les trois plus importantes localités au Canada indiquent toutes des déclins d’environ 45 % du nombre total d’individus matures, au cours des deux dernières décennies. On prévoit d’importants déclins dans le futur compte tenu des menaces actuelles. Au Québec, les populations historiques de trois bassins versants ont disparu ou sont devenues non viables. La seule population qui reste compterait moins de 50 femelles adultes.

Menaces et facteurs limitatifs

Les principales menaces sont la fragmentation de l’habitat et de la population par les infrastructures, l’altération du régime hydrologique (inondation des nids) par les barrages et les régimes climatiques qui changent, l’utilisation accrue à des fins récréatives et agricoles des aires de nidification et des milieux aquatiques adjacents par les humains (perturbations en période de nidification), l’utilisation de VTT, l’équitation, l’utilisation d’embarcations, l’invasion des aires de nidification par des espèces végétales non indigènes (p. ex. le roseau commun (Phragmites a. australis)), des populations élevées de mammifères prédateurs des œufs et les braconniers qui s’emparent des œufs, les blessures et la mortalité dues à la pêche et aux bateaux à moteur (collisions, hélices), et la capture illégale de tortues juvéniles et adultes. Les proliférations de cyanobactéries (p. ex. accumulation de toxines, impacts sur les proies) peuvent aussi avoir une incidence sur l’espèce. Les facteurs limitatifs comprennent notamment le temps pris pour atteindre la maturité, un faible taux de recrutement, et la contrainte que pose la chaleur estivale limitée pour la fin de l’incubation et l’émergence des nouveau-nés.

Protection, statuts et classements

À l’échelle mondiale, la tortue molle à épines est classée dans la catégorie « préoccupation mineure » par l’UICN, parce que l’espèce est largement répartie, abondante et que sa population mondiale est considérée comme stable. La cote de l’espèce est de N3 (vulnérable) au Canada, de S3 (vulnérable) en Ontario et de S1 (menacée) au Québec. La cote S1 lui a aussi été attribuée au Vermont. Au Canada, la tortue molle à épines a été désignée « menacée » par le COSEPAC pour la première fois en 1991, et son statut a été reconfirmé en 2002. Elle est inscrite à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril depuis 2005. En Ontario, l’espèce a été évaluée comme étant « menacée » par le Comité de détermination du statut des espèces en péril de l’Ontario (CDSEPO) en 1996. Elle est protégée en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. Elle est aussi « spécialement protégée » en vertu de la Loi de 1997 sur la protection du poisson et de la faune de l’Ontario. Au Québec, la tortue molle à épines a été désignée « menacée » en 1999 en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables; elle bénéficie aussi d’une protection en vertu de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune.

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