Espèces terrestres en péril : résumés du COSEPAC sur les espèces admissibles, janvier 2017, partie 1

Partie 1 - Acroscyphe des montagnes à Fissident pygmée

1. Acroscyphe des montagnes

Photo d’un acroscyphe des montagnes
Photo: © Paula Bartemucci
Nom scientifique
Acroscyphus sphaerophoroides
Taxon
Lichens
Statut du COSEPAC
Préoccupante
Aire de répartition canadienne
Colombie-Britannique

Justification de la désignation

Ce lichen attrayant forme des coussins en forme de corail, de couleur gris pâle à gris-jaune. Il est rare à l’échelle mondiale et il ne compte que huit occurrences connues au Canada. Toutes ces occurrences sont en Colombie-Britannique dans une zone climatique très restreinte, située entre les conditions hyper maritimes de la côte extérieure et le climat continental de l’intérieur. L’indice de zone d’occupation de 32 km2 est faible, et la population totale estimée de ce lichen est de moins de 250 colonies. Toutefois, ce lichen se trouve dans des sites éloignés et inaccessibles dans les montagnes accidentées de la chaîne Côtière, et de nouvelles occurrences additionnelles seront probablement découvertes. Au Canada, l’espèce se rencontre principalement sur les chicots morts de pruche subalpine dans les complexes de tourbières minérotrophes ou ombrotrophes structurées. Les pressions associées au développement (routes, pipelines, hydroélectricité, exploitation minière et forestière) et les changements climatiques menacent le régime hydrologique et les conditions microclimatiques requises par cette espèce à de nombreux sites connus.

Description et importance de l’espèce sauvage

L’acroscyphe des montagnes est un lichen produisant un thalle de grosseur moyenne, jaunâtre à gris pâle, en forme de coussin. Le thalle de l’espèce se compose de touffes denses de ramifications coralloïdes cylindriques épaisses dressées à semi­dressées. L’intérieur du thalle est jaune à orange vif et plein. Les ramifications fertiles présentent des organes de fructification noirs enfoncés qui les font ressembler à des yeux de crabes. Les ramifications stériles sont de plus petit diamètre et plus courtes. Les spores sont brun foncé, en forme d’écale d’arachide, dépourvues d’ornementation et dispersées de manière passive, mais elles ne sont pas adaptées pour la dispersion par le vent. Le symbiote photosynthétique serait une algue verte du genre Trebouxia, mais il y a une certaine incertitude quant à l’identité de celui-ci. L’acroscyphe des montagnes a une composition chimique secondaire complexe et renferme des substances qui n’ont jamais été observées chez les lichens des autres genres de la famille des Caliciacées.

L’acroscyphe des montagnes est la seule espèce du genre Acroscyphus. Il faut signaler que l’habitat de l’espèce au Canada, des tourbières, est très différent à ailleurs dans le monde. Il pourrait donc y avoir des différences génétiques ou chimiques entre les sous-populations canadiennes et les autres sous-populations.

a) Des podétions fertiles portant des masses de spores noires dépassant des apothécies.
Photo de Acroscyphe des montagnes
Photo: © Paula Bartemucci

 

b) Des apothécies jeunes avec podétions ramifiés stériles
Acroscyphe des montagnes
Photo: © Paula Bartemucci

Répartition

La répartition mondiale de l’acroscyphe des montagnes est très fragmentée. L’espèce a été signalée dans des milieux alpins exposés de haute altitude (> 3000 m), en Chine, au Tibet, en Inde, au Bhoutan, au Japon, en Afrique du Sud, au Pérou, en Patagonie et au Mexique. La présence de l’espèce dans ce dernier pays n’a pas été confirmée. Au Canada et aux États-Unis, l’espèce pousse à des altitudes moins élevées, en Alaska (948 m), dans l’État de Washington (1 300 m) et en Colombie-Britannique (420 à 1 000 m). Il y a actuellement huit occurrences connues au Canada, toutes situées dans la chaîne Côtière, en Colombie-Britannique, depuis la rivière Kingcome, au sud, jusqu’à Kitsault, au nord. Même si l’espèce a une vaste répartition, il y a peu d’occurrences au Canada et à l’échelle mondiale.

Répartition de l’acroscyphe des montagnes (Acroscyphus sphaerophoroides) au Canada montrant les occurrences confirmées (2014, 2015), les sites où l’espèce a été cherchée, mais n’a pas été trouvée ainsi que la zone restreinte située entre la zone hypermaritime et la zone climatique continentale de la région intérieure de la Colombie-Britannique où l’habitat et les conditions climatiques semblent favorables à la présence de l’espèce.
Carte montrant la répartition de l’acroscyphe des montagnes (voir longue description ci-dessous)
Source : COSEPAC 2016. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’acroscyphe des montagnes (Acroscyphus sphaerophoroides) au Canada.
Description longue pour la carte montrant la répartition de l’acroscyphe des montagnes

Carte montrant la répartition de l’acroscyphe des montagnes (Acroscyphus sphaerophoroides). Huit occurrences de l’espèce sont actuellement connues en Colombie Britannique. L’espèce a une large répartition et est présente depuis la rivière Satsalla, près de Kingcome Inlet, au sud, jusqu’à Kitsault, près de la frontière sud est de l’Alaska, au nord. Sa répartition est ouest est étroite et limitée à la chaîne Côtière. La zone hachurée correspond à la région restreinte située entre la zone hypermaritime et la zone climatique continentale de la région intérieure de la Colombie Britannique où l’habitat et les conditions climatiques semblent favorables à la présence de l’espèce.

Habitat

Au Canada, l’acroscyphe des montagnes se rencontre presque uniquement sur des arbres, dans la chaîne Côtière, dans une zone climatique très restreinte où les conditions se situent entre les conditions hypermaritimes observées sur la côte, comme à Haida Gwaii et dans la région de Prince Rupert, et les conditions continentales de la région intérieure de la province. Cette zone ne semble ni trop humide ni trop sèche et convient donc à l’acroscyphe des montagnes, qui colonise le tronc et les branches de chicots encore debout ou la cime morte d’arbres vivants. L’espèce a été observée sur la pruche subalpine, le cyprès de Nootka ou l’épinette de Sitka. L’espèce n’est pas présente dans les zones à climat hypermaritime de la côte extérieure ou dans celles à climat continental de la région intérieure de la Colombie-Britannique.

Six des huit occurrences connues au Canada se trouvent dans des tourbières à végétation arborée éparse (tourbières minérotrophes et complexes de tourbières ombrotrophes). La septième occurrence se situe dans une forêt subalpine à pruche subalpine, et la dernière, dans une forêt-parc subalpine, humide et ouverte. L’espèce pousse couramment sur des substrats rocheux alpins dans d’autres régions du monde, mais seulement deux colonies ont été signalées sur la roche au Canada.

Biologie

L’acroscyphe des montagnes produit couramment des organes de fructification noirs. Les spores sont lisses (sans ornementation) et grosses et ne sont pas éjectées dans l’air de manière active, contrairement à celles de la plupart des lichens. Elles ne sont donc pas dispersées efficacement par le vent, mais sont probablement transportées par les animaux, notamment sur les pattes des oiseaux. Lorsque les conditions sont propices, les spores du champignon germent et produisent des filaments, ou hyphes. Pour qu’un nouveau thalle soit produit, les filaments doivent rencontrer une algue partenaire compatible. L’acroscyphe des montagnes ne se reproduit pas par voie asexuée au moyen de propagules végétatives renfermant à la fois le champignon et l’algue partenaires, et il ne semble pas se reproduire par fragmentation du thalle. Toutefois, l’acroscyphe des montagnes produit des spores, appelées conidies, à l’intérieur de structures en forme de flacon, nommées pycnides, mais on ignore si celles­ci servent à la reproduction asexuée ou participent à la formation des organes de fructification. La longévité, la durée d’une génération et de nombreux autres paramètres biologiques de l’acroscyphe des montagnes sont actuellement inconnus.

Taille et tendances des populations

Depuis 1989, année où l’acroscyphe des montagnes a été récolté pour la première fois au Canada, le nombre d’occurrences connues a graduellement augmenté avec le temps et l’intensification des activités de recherche. Les premiers spécimens récoltés ne sont accompagnés d’aucun renseignement sur la taille des individus ou l’effectif. Actuellement, il y a huit occurrences connues (6 localités) d’acroscyphe des montagnes au Canada, qui comptent au moins une colonie à jusqu’à 100 colonies. La notion de colonie équivaut ici à celle d’individu mature chez d’autres espèces végétales, et chaque colonie est généralement issue d’un minuscule bourgeon qui finit par former une touffe sur laquelle les organes de reproduction sont produits. Dans le cas de l’acroscyphe des montagnes, les colonies poussent souvent ensemble, parfois de manière étroite et parfois les unes sur les autres, de sorte qu’il est difficile d’évaluer le nombre d’individus. Le nombre de colonies actuellement connues au Canada est évalué à moins de 250, et la majorité des colonies se trouvent dans un seul site. L’espèce se rencontre dans des sites éloignés et inaccessibles, dans le paysage accidenté de la chaîne Côtière, en Colombie­Britannique. La réalisation de relevés dans un nombre additionnel de tourbières dans cette région pourrait mener à la découverte de nouvelles occurrences de l’espèce. Toutefois, l’espèce est rare dans l’ensemble de son aire de répartition mondiale. Des lichénologues ont cherché l’acroscyphe des montagnes sur des arbres dans de nombreuses tourbières de la région côtière de la Colombie-Britannique, mais sans succès, ce qui laisse croire que la population totale serait de moins de 1 000 colonies au Canada.

Menaces et facteurs limitatifs

Au Canada, la plupart des colonies d’acroscyphe des montagnes (100 des 250 colonies estimées) se trouvent dans un seul site soumis à des menaces actuelles et potentielles, ce qui rend l’espèce particulièrement vulnérable aux effets des activités humaines et aux phénomènes stochastiques, qui pourraient avoir des répercussions en très peu de temps.

Au Canada, l’acroscyphe des montagnes a des besoins très spécifiques en matière d’habitat, compte une population petite et a une faible capacité de dispersion, ce qui le rend particulièrement vulnérable au changement climatique, puisqu’il ne serait peut-être pas en mesure de réagir rapidement aux changements de son habitat associés au climat ou aux modifications des écosystèmes. La hausse des températures et des précipitations pourrait entraîner une modification des assemblages d’espèces non vasculaires qui occupent les chicots et les arbres secs en cime. L’acroscyphe des montagnes pourrait donc être supplanté par des espèces bien adaptées aux régimes climatiques nouveaux ou changeants. Le fonctionnement et l’intégrité des systèmes de milieux humides pourraient être modifiés ou dégradés par les phénomènes météorologiques violents causés par le changement climatique.

En outre, l’acroscyphe des montagnes est menacé par des projets de développement industriel en cours et potentiels, comme la construction de routes, l’exploitation forestière, l’aménagement d’emprises de pipelines, l’exploitation minière (agrandissement d’une mine de molybdène), la construction de barrages et un projet de centrale électrique au fil de l’eau, qui pourraient tous causer une destruction et une dégradation directes de l’habitat et entraîner indirectement la modification du régime hydrologique et du microclimat aux endroits où pousse l’espèce.

Protection, statuts et classements

La situation de l’acroscyphe des montagnes à l’échelle mondiale n’a pas encore été évaluée (cote GNR).

Au Canada, l’espèce a été jugée gravement en péril à l’échelle nationale (N1) et en Colombie-Britannique, où l’espèce a été placée sur la liste rouge.

Aux États-Unis, elle a reçu la cote NNR (non classée). En Alaska et dans l’État de Washington, elle est actuellement cotée SNR (non classée), mais la cote S1 (gravement en péril) a été proposée dans les deux États.

Trois des huit occurrences d’acroscyphe des montagnes se trouvent dans des aires protégées désignées (parcs provinciaux et réserves écologiques), notamment l’occurrence qui compte le plus grand nombre d’individus matures, ce qui confère une certaine protection juridique à l’espèce. Toutefois, des permis peuvent tout de même être accordés pour l’aménagement d’emprises, des concessions minières et d’autres activités de développement. Les cinq autres occurrences se trouvent sur des terres de la Couronne provinciales et ne sont pas protégées à l’heure actuelle.

2. Alétris farineux

Photo d’un alétris farineux
Photo: © Jennifer Anderson
Nom scientifique
Aletris farinosa
Taxon
Plantes vasculaires
Statut du COSEPAC
En voie de disparition
Aire de répartition canadienne
Ontario

Justification de la désignation

Cette herbe vivace est restreinte aux vestiges d’habitats de prairie, dépendants des perturbations, dans le sud-ouest de l’Ontario. Elle continue de connaître un déclin en raison de menaces multiples, dont la modification de l’habitat, les espèces envahissantes et le broutage des cerfs. L’habitat de prairie, par exemple, passe naturellement à un type d’habitat moins convenable en l’absence de perturbations périodiques (p. ex. incendie), et sa qualité et son étendue sont également vulnérables au développement urbain et industriel continu. La récente construction d’un nouveau corridor de transport a causé l’enlèvement de plus de 50 % de tous les plants matures de la population canadienne ainsi qu’une perte d’habitat. Bien que les plants aient été transplantés depuis le corridor de transport aux sites de restauration à proximité, il est trop tôt pour savoir si ces sous-populations relocalisées seront auto-suffisantes; elles ne peuvent donc encore être considérées pour contribuer à la population.

Description et importance de l’espèce sauvage

L’alétris farineux (Aletris farinosa) est une plante herbacée vivace appartenant à la famille des Narthéciacées. Il possède une rosette basale de feuilles vert jaunâtre lancéolées. Au début de l’été, il produit une tige florifère dressée haute d’environ 40 à 100 cm portant une grappe de petites fleurs blanches à texture farineuse. Après la floraison, les pétales séchés demeurent sur le fruit. L’alétris farineux a été utilisé comme remède contre les problèmes menstruels et utérins et renferme des composés chimiques actifs qui pourraient posséder des propriétés hormonales.

Photo d’un alétris farineux montrant les fleurs tubulaires blanches à texture farineuse.
Photo: © Thomas G. Barnes @ USDA-NRCS PLANTS Database 

Répartition

Au Canada, l’alétris farineux est limité à quatre régions géographiques du sud-ouest de l’Ontario : les villes de Windsor et de LaSalle; l’île Walpole; un site à proximité d’Eagle (municipalité de West Elgin); un site à proximité de la pointe Turkey, où on suppose que l’espèce est disparue (comté de Haldimand-Norfolk).

Répartition de l’alétris farineux (Aletris farinosa) au Canada montrant les régions où l’on trouve des sous populations existantes. Les occurrences historiques ne sont pas indiquées. Windsor LaSalle : 4 sous populations, 30 colonies; île Walpole : 2 sous populations, 4 colonies; Eagle : 1 sous population, 1 colonie; Pointe Turkey : 1 sous population, 1 colonie dont la situation est inconnue, mais qui est présumée disparue.
Carte montrant la répartition de l’alétris farineux (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2015. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’alétris farineux (Aletris farinosa) au Canada.
Description longue pour la carte montrant la répartition de l’alétris farineux

Carte montrant la répartition de l’alétris farineux (Aletris farinosa) au Canada, sur laquelle on voit quatre régions où sont présentes des sous populations existantes. Au Canada, l’aire de répartition de l’alétris farineux est extrêmement limitée, et l’espèce n’a jamais été observée ailleurs que dans le sud ouest de l’Ontario. Il existe actuellement des occurrences confirmées dans la ville de Windsor et la ville adjacente de LaSalle, à l’île Walpole (au lac Sainte Claire) ainsi que près d’Eagle, dans la municipalité de West Elgin, en Ontario. Il y a sept sous populations comprenant 35 colonies existantes confirmées, et une sous population comptant une seule colonie est présumée disparue.

Habitat

L’alétris farineux pousse en terrains dégagés, dans des sols sableux humides associés aux prairies à grandes graminées et aux prés sableux humides. Il se rencontre actuellement dans des prairies et des savanes reliques, des champs abandonnés, des corridors de services publics et à la lisière de boisés. L’espèce ne tolère pas l’ombre créée par la végétation environnante. Pour que l’habitat demeure propice à l’espèce, il doit subir un certain type de perturbation qui maintient le milieu dégagé et la végétation courte et clairsemée. Dans le passé, les incendies assuraient probablement le maintien de l’habitat, mais plus récemment ce sont les activités humaines, comme les fauchages périodiques, la culture et l’utilisation de sentiers pour la randonnée et le vélo, qui créent des perturbations dans l’habitat de l’alétris farineux, mais les conditions créées par ces perturbations sont relativement peu propices à l’espèce. La destruction de l’habitat causée par la succession constitue la première cause de déclin de l’alétris farineux et est une menace imminente. De plus, l’habitat de l’espèce a été détruit par le développement urbain, la construction de la promenade Right Honorable Herb Gray et la conversion des terres à des fins agricoles.

Dans les sites de rétablissement associés à la promenade et certains sites de l’île Walpole, des brûlages dirigés et une élimination manuelle des espèces ligneuses et envahissantes sont réalisés pour maintenir l’habitat de l’espèce. Cependant, des pertes d’habitat ont été observées dans des zones du patrimoine naturel et une réserve naturelle provinciale, ce qui montre que l’alétris farineux n’est pas protégé en l’absence de mesures de gestion adéquates. On ignore si les habitats entièrement boisés peuvent être restaurés.

Biologie

L’alétris farineux est vivace, et certains individus vivent probablement des décennies. On ignore en combien de temps les individus issus de graines parviennent à maturité, mais il est probable que cela prend plus d’un an et dépend des conditions du site. On ignore également pendant combien de temps les graines de l’alétris farineux demeurent viables ou si l’espèce produit un réservoir de semences dans le sol. En plus de se reproduire par voie sexuée, l’espèce peut se reproduire par voie végétative par la formation de bourgeons sur le rhizome, mais ce type de multiplication est peu fréquent. Il peut donc arriver que certains individus dans une colonie ne soient pas distincts sur le plan génétique. Les fleurs de l’alétris farineux sont pollinisées par les insectes, principalement des bourdons et des abeilles solitaires. On ignore si l’espèce est autogame. Certains ont avancé que l’alétris farineux pourrait avoir besoin de s’associer à un champignon mycorhizien, car jusqu’à récemment la plupart des tentatives de transplantation avaient échoué. Cependant, aucun avantage associé à la présence de champignons mycorhiziens n’a été observé dans le cadre d’essais en serre. L’alétris farineux est dépourvu de structures spécialisées favorisant la dispersion. Les tiges florifères de l’espèce sont fréquemment consommées par des cerfs ou d’autres herbivores, et les feuilles sont parfois consommées par des insectes. On ignore si les graines peuvent être dispersées par les herbivores qui les consomment.

Taille et tendances des populations

En 2014, l’effectif total était de 14 000 à 15 000 individus, la meilleure estimation étant de 14 600 individus. Plus de la moitié des individus de la population canadienne sont issus d’une transplantation ou d’une multiplication réalisées en lien avec la construction de la promenade. Il y a 35 colonies existantes d’alétris farineux réparties entre sept sous-populations existantes confirmées, en plus d’une colonie présumée existante, mais dont la situation est inconnue dans une sous-population additionnelle. Environ 93 % du nombre total d’individus se trouvent dans une zone de 12 km2 à Windsor-LaSalle, et 82 % des individus (~12 000) se trouvent dans les sites de rétablissement associés à la promenade. Seulement environ 18 % des individus (~2 700) se trouvent ailleurs que dans ces sites. Tous les individus transplantés dans les sites de rétablissement associés à la promenade étaient naturellement présents dans les sites d’où ils ont été prélevés, de sorte qu’ils sont considérés comme des individus naturels.

Les nouveaux sites découverts et les hausses d’effectif totalisent environ 14 000 individus, mais l’effectif total en 2014 était d’environ 14 600 individus : la majeure partie de la population connue lors de la première évaluation, en 1987, est donc disparue. Si on suppose que les nouvelles occurrences découvertes existaient déjà à cette époque et qu’on inclut les individus qui étaient alors déjà connus, la population comptait peut-être 18 330 individus en 1986. Si on soustrait les 7 680 individus transplantés de ce total, il reste 10 650 individus. Depuis, il y a eu une perte mesurable de plus de 5 000 individus, ou >47 % de la population, et le déclin réel serait bien supérieur à cette valeur.

Menaces et facteurs limitatifs

Les menaces pesant sur l’alétris farineux sont 1) l’absence de perturbations, 2) les espèces envahissantes, 3) l’herbivorie et 4) le développement. Pour que l’alétris farineux puisse persister, son habitat doit faire l’objet de mesures de gestion actives et fréquentes permettant de freiner la succession végétale; la majeure partie de l’habitat de l’espèce ne fait pas l’objet de telles mesures, même dans les aires protégées. Les activités récréatives peuvent causer un piétinement, mais produisent parfois des perturbations nécessaires à l’espèce. Toutefois, on ignore si ces activités sont globalement bénéfiques ou nuisibles à l’espèce.

Protection, statuts et classements

Selon la dernière évaluation du COSEPAC, réalisée en novembre 2015, l’alétris farineux est en voie de disparition. L’alétris farineux figure actuellement à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) à titre d’espèce menacée et est désigné « espèce menacée » aux termes de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario. En novembre 2014, aucune superficie d’habitat n’avait été réglementée aux termes de la loi provinciale. Seize colonies d’alétris farineux se trouvent dans des aires « protégées » publiques, mais l’espèce demeure très menacée sur ces terres et y subit des déclins considérables. Dix colonies se trouvent sur des terrains privés, quatre, sur des terres appartenant à une Première Nation, cinq, dans les sites de rétablissement associés à la promenade et une, sur un terrain privé appartenant à une entreprise.

3. Ambystoma unisexué - population dépendante de la salamandre à petite bouche

Photo d’un Ambystoma unisexué
Photo: © Patrick Heney
Nom scientifique
Ambystoma laterale - texanum
Taxon
Amphibiens
Statut du COSEPAC
En voie de disparition
Aire de répartition canadienne
Ontario

Justification de la désignation

Ces salamandres unisexuées inhabituelles ne sont présentes que sur une seule île isolée au Canada (île Pelée dans le lac Érié) et dépendent pour le recrutement d’une espèce donneuse de sperme en voie de disparition, la salamandre à nez court (Ambystoma texanum). De nombreuses menaces pèsent sur la salamandre, ce qui rend son existence précaire. Ces menaces comprennent la prédation et la modification de l’habitat par les dindons sauvages introduits, les activités de drainage qui peuvent causer l’assèchement précoce des étangs de reproduction, la mortalité attribuable à la circulation routière pendant les migrations saisonnières, le développement urbain et les activités récréatives.

Description et importance de l’espèce sauvage

Les populations d’Ambystoma formées uniquement de femelles (individus unisexués) sont membres de la famille des salamandres fouisseuses, soit les Ambystomatidés. Leur morphologie, variable, est déterminée par leurs génomes nucléaires. Les individus unisexués qui possèdent deux garnitures chromosomiques ou plus de la salamandre à points bleus (A. laterale) sont noirs et présentent des mouchetures bleues plus ou moins nombreuses, des membres relativement courts et une tête étroite. Les individus unisexués qui possèdent deux garnitures chromosomiques ou plus de la salamandre de Jefferson (A. jeffersonianum) sont quant à eux plus gros, leur peau est de couleur grise ou brune avec quelques mouchetures bleues, leurs membres sont relativement plus longs et leur tête est plus large. Enfin, les individus unisexués qui possèdent au moins deux garnitures chromosomiques de la salamandre à petite bouche (A. texanum) sont gris, leur corps est plus mince et leur tête est étroite.

Les Ambystoma unisexués partagent tous un ADN mitochondrial très similaire, différent de celui des espèces bisexuées. Ces individus ont un système génétique unique et représentent une lignée monophylétique distincte qui est apparue il y a de 3 à 5 millions d’années, ce qui en fait la plus ancienne lignée connue de vertébrés unisexués. Les œufs se forment normalement par gynogenèse. Ce processus exige du sperme, qui provient d’espèces sympatriques bisexuées. Le sperme ne sert qu’à déclencher la formation des œufs et n’est habituellement pas incorporé au développement de l’embryon. Dans de rares cas, le sperme est incorporé et, lorsque l’ADN du sperme est incorporé, la ploïdie des embryons augmente (de triploïde à tétraploïde).

Répartition

Les salamandres unisexuées se trouvent en association avec les espèces bisexuées appropriées, dont les mâles servent de donneurs de sperme. L’aire de répartition géographique des salamandres unisexuées du genre Ambystoma coïncide à peu près avec les forêts décidues et mixtes du nord-est de l’Amérique du Nord, soit de la Nouvelle-Écosse et des États de la Nouvelle-Angleterre à l’Indiana. La limite nord de l’aire de répartition se trouve au Minnesota, dans le centre-nord de l’Ontario et dans le sud du Québec, et la limite sud se trouve au Kentucky. Trois unités désignables sont prises en compte dans le présent rapport, selon les espèces dont les mâles servent de donneurs de sperme. Au Canada, les salamandres unisexuées se trouvent en association avec la salamandre à points bleus en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, au Québec et en Ontario, avec la salamandre de Jefferson en Ontario et avec la salamandre à petite bouche sur l’île Pelée, dans le lac Érié, en Ontario. Au Canada, des populations unisexuées de salamandres sont présentes au sein de toutes les populations connues de salamandres de Jefferson et de salamandres à petite bouche, ainsi que dans la majorité des populations de salamandres à points bleus qui ont été examinées. Les salamandres unisexuées peuvent être beaucoup plus nombreuses que les individus des espèces sympatriques bisexuées qui servent de donneurs de sperme.

Répartition mondiale des Ambystoma unisexués dépendants de la salamandre à petite bouche (Ambystomalaterale - texanum), qui ont besoin de la salamandre à petite bouche comme espèce donneuse de sperme. Ces populations contiennent des individus qui possèdent au moins une garniture chromosomique de la salamandre à points bleus et au moins une garniture chromosomique de la salamandre à petite bouche (LT et LTT).

Carte montrant la répartition mondiale des Ambystoma unisexués (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2016. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’ambystoma unisexué (Ambystoma laterale), population dépendante de la salamandre à petite bouche, population dépendante de la salamandre de Jefferson et la population dépendante de la salamandre à points bleus, au Canada.

Description longue pour la carte montrant la répartition mondiale des Ambystoma unisexués dépendants

Carte montrant la répartition mondiale des Ambystoma unisexués dépendants de la salamandre à petite bouche (Ambystoma laterale - texanum). L’estimation de l’aire de la répartition (zone d’occurrence) des salamandres unisexuées qui dépendent de la salamandre à petite bouche au Canada est fondée sur la superficie de l’île Pelée, qui est d’environ 43 km2.

Habitat

Les salamandres unisexuées ont les mêmes besoins en matière d’habitat que leurs espèces donneuses de sperme respectives. Elles se trouvent normalement dans des forêts décidues ou mixtes qui contiennent des étangs de reproduction convenables ou qui y sont adjacentes. Ces étangs sont habituellement des mares éphémères ou printanières qui s’assèchent à la fin de l’été. L’habitat terrestre se situe dans des boisés humides où les salamandres s’abritent des prédateurs et du dessèchement sous des arbres tombés ou des pierres, ainsi que dans des terriers de mammifères. Les adultes s’alimentent lorsque les conditions sont humides la nuit, sur le tapis forestier, à moins de 1 km de l’étang de reproduction. Ces salamandres ont aussi besoin de sites d’hivernage sous la ligne de gel.

Biologie

En conjonction avec les individus de leurs espèces donneuses de sperme respectives, les adultes unisexués migrent en direction et en provenance des étangs de reproduction la nuit, très tôt au printemps. La plupart de ces épisodes de migration coïncident avec la pluie ou des conditions très humides. Des mâles sympatriques bisexués prennent part à la parade nuptiale et, un jour ou deux après l’accouplement, les salamandres unisexuées pondent plusieurs masses d’œufs sur des brindilles ou de la végétation émergente à diverses profondeurs dans l’étang de reproduction. La ponte peut aussi avoir lieu sous la glace. La durée du développement des œufs et des larves est variable et dépend de la température. Les larves sont carnivores et se nourrissent d’une variété d’invertébrés; elles sont aussi cannibales. Au Canada, les larves se métamorphosent normalement en juillet ou au début août, et quittent l’étang. Les jeunes et les adultes sont entièrement terrestres, sauf durant la période de reproduction annuelle.

Taille et tendances des populations

Il est difficile d’estimer la taille des populations de salamandres unisexuées, car ces dernières sont semblables sur le plan morphologique aux femelles de leurs espèces donneuses de sperme respectives. La plupart des sites historiques qui ont fait l’objet de recherches visant la salamandre de Jefferson en 1990 et 1991 n’accueillaient plus ni de salamandres de Jefferson ni de salamandres unisexuées en 2003 et 2004. En outre, à certains sites où des salamandres de Jefferson et des salamandres unisexuées étaient toujours présentes en 2003-2004, on a constaté une réduction notable du nombre de masses d’œufs par rapport aux quantités observées au cours de relevés précédents. La taille des populations de salamandres unisexuées varie en fonction de l’espèce donneuse de sperme et de la région géographique. Toutes les sous-populations de salamandres de Jefferson et de salamandres à petite bouche contiennent aussi des individus unisexués qui peuvent représenter quelque 85 % des individus à un site donné. Le pourcentage d’individus unisexués trouvés dans les étangs de reproduction de la salamandre à points bleus varie davantage, et certains de ces étangs ne contiennent aucun individu unisexué.

Menaces et facteurs limitatifs

La perte de donneurs de sperme sexués constitue un facteur limitatif unique aux salamandres unisexuées du genre Ambystoma, car celles-ci ont besoin de mâles diploïdes sexués pour se reproduire. Les menaces qui pèsent sur l’espèce sont : i) l’élimination partielle ou absolue de l’habitat convenable causée par l’aménagement des terres, y compris la perte d’étangs de reproduction, d’arbres et de couverture végétale; ii) les obstacles (routes, clôtures anti-érosion) qui bloquent les voies migratoires reliées aux étangs de migration; iii) l’assèchement prématuré des étangs durant l’été.

Protection, statuts et classements

Les salamandres unisexuées coexistent avec certaines espèces qui ont reçu une cote de conservation, et sont impossibles à distinguer de ces espèces sur le plan morphologique. L’État du Connecticut désigne le « complexe » A. jeffersonianum et le « complexe » A. laterale comme des espèces préoccupantes. En Ontario, les salamandres polyploïdes dominées par la salamandre de Jefferson sont des individus unisexués qui ont besoin de salamandres de Jefferson mâles. Depuis 2010, ces individus reçoivent la même protection sur le plan de l’habitat que la salamandre de Jefferson en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) (voir Règl. de l’Ont. 242/08, art. 28). Jusqu’ici, aucun règlement semblable n’a été adopté pour les salamandres unisexuées du Canada qui vivent avec la salamandre à petite bouche (A. texanum; en voie de disparition) sur l’île Pelée (Ontario) ni pour les salamandres unisexuées qui dépendent de la salamandre à points bleus (A. laterale).

4. Ambystoma unisexué - population dépendante de la salamandre de Jefferson

Photo d’un Ambystoma unisexué
Photo: © Jim Bogart
Nom scientifique
Ambystoma laterale - (2) jeffersonianum
Taxon
Amphibiens
Statut du COSEPAC
En voie de disparition
Aire de répartition canadienne
Ontario

Justification de la désignation

Ces salamandres unisexuées inhabituelles occupent des zones restreintes dans des aires peuplées et fortement modifiées de l’Ontario et dépendent pour le recrutement d’une espèce donneuse de sperme en voie de disparition, la salamandre de Jefferson (Ambystoma jeffersonianum). La salamandre fait face à de nombreuses menaces résultant d’activités humaines, menant à la perte et à la fragmentation de l’habitat, ce qui rend son existence précaire.

Description et importance de l’espèce sauvage

Les populations d’Ambystoma formées uniquement de femelles (individus unisexués) sont membres de la famille des salamandres fouisseuses, soit les Ambystomatidés. Leur morphologie, variable, est déterminée par leurs génomes nucléaires. Les individus unisexués qui possèdent deux garnitures chromosomiques ou plus de la salamandre à points bleus (A. laterale) sont noirs et présentent des mouchetures bleues plus ou moins nombreuses, des membres relativement courts et une tête étroite. Les individus unisexués qui possèdent deux garnitures chromosomiques ou plus de la salamandre de Jefferson (A. jeffersonianum) sont quant à eux plus gros, leur peau est de couleur grise ou brune avec quelques mouchetures bleues, leurs membres sont relativement plus longs et leur tête est plus large. Enfin, les individus unisexués qui possèdent au moins deux garnitures chromosomiques de la salamandre à petite bouche (A. texanum) sont gris, leur corps est plus mince et leur tête est étroite.

Les Ambystoma unisexués partagent tous un ADN mitochondrial très similaire, différent de celui des espèces bisexuées. Ces individus ont un système génétique unique et représentent une lignée monophylétique distincte qui est apparue il y a de 3 à 5 millions d’années, ce qui en fait la plus ancienne lignée connue de vertébrés unisexués. Les œufs se forment normalement par gynogenèse. Ce processus exige du sperme, qui provient d’espèces sympatriques bisexuées. Le sperme ne sert qu’à déclencher la formation des œufs et n’est habituellement pas incorporé au développement de l’embryon. Dans de rares cas, le sperme est incorporé et, lorsque l’ADN du sperme est incorporé, la ploïdie des embryons augmente (de triploïde à tétraploïde).

Répartition

Les salamandres unisexuées se trouvent en association avec les espèces bisexuées appropriées, dont les mâles servent de donneurs de sperme. L’aire de répartition géographique des salamandres unisexuées du genre Ambystoma coïncide à peu près avec les forêts décidues et mixtes du nord-est de l’Amérique du Nord, soit de la Nouvelle-Écosse et des États de la Nouvelle-Angleterre à l’Indiana. La limite nord de l’aire de répartition se trouve au Minnesota, dans le centre-nord de l’Ontario et dans le sud du Québec, et la limite sud se trouve au Kentucky. Trois unités désignables sont prises en compte dans le présent rapport, selon les espèces dont les mâles servent de donneurs de sperme. Au Canada, les salamandres unisexuées se trouvent en association avec la salamandre à points bleus en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, au Québec et en Ontario, avec la salamandre de Jefferson en Ontario et avec la salamandre à petite bouche sur l’île Pelée, dans le lac Érié, en Ontario. Au Canada, des populations unisexuées de salamandres sont présentes au sein de toutes les populations connues de salamandres de Jefferson et de salamandres à petite bouche, ainsi que dans la majorité des populations de salamandres à points bleus qui ont été examinées. Les salamandres unisexuées peuvent être beaucoup plus nombreuses que les individus des espèces sympatriques bisexuées qui servent de donneurs de sperme.

Répartition mondiale des Ambystoma unisexués dépendants de la salamandre de Jefferson (Ambystoma laterale - (2) jeffersonianum), qui ont besoin de la salamandre de Jefferson comme espèce donneuse de sperme. Ces populations contiennent des individus qui possèdent normalement une garniture chromosomique de la salamandre à points bleus et deux garnitures chromosomiques de la salamandre de Jefferson (LJJ).
Carte montrant la répartition mondiale des Ambystoma unisexués (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2016. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur l’ambystoma unisexué (Ambystoma laterale), population dépendante de la salamandre à petite bouche, population dépendante de la salamandre de Jefferson et la population dépendante de la salamandre à points bleus, au Canada.
Description longue pour la carte montrant la répartition mondiale des Ambystoma unisexués dépendants

Carte montrant la répartition mondiale des Ambystoma unisexués dépendants de la salamandre de Jefferson (Ambystoma laterale - (2) jeffersonianum). L’aire de répartition des salamandres unisexuées qui dépendent de la salamandre de Jefferson se limite au sud de l’Ontario.

Habitat

Les salamandres unisexuées ont les mêmes besoins en matière d’habitat que leurs espèces donneuses de sperme respectives. Elles se trouvent normalement dans des forêts décidues ou mixtes qui contiennent des étangs de reproduction convenables ou qui y sont adjacentes. Ces étangs sont habituellement des mares éphémères ou printanières qui s’assèchent à la fin de l’été. L’habitat terrestre se situe dans des boisés humides où les salamandres s’abritent des prédateurs et du dessèchement sous des arbres tombés ou des pierres, ainsi que dans des terriers de mammifères. Les adultes s’alimentent lorsque les conditions sont humides la nuit, sur le tapis forestier, à moins de 1 km de l’étang de reproduction. Ces salamandres ont aussi besoin de sites d’hivernage sous la ligne de gel.

Biologie

En conjonction avec les individus de leurs espèces donneuses de sperme respectives, les adultes unisexués migrent en direction et en provenance des étangs de reproduction la nuit, très tôt au printemps. La plupart de ces épisodes de migration coïncident avec la pluie ou des conditions très humides. Des mâles sympatriques bisexués prennent part à la parade nuptiale et, un jour ou deux après l’accouplement, les salamandres unisexuées pondent plusieurs masses d’œufs sur des brindilles ou de la végétation émergente à diverses profondeurs dans l’étang de reproduction. La ponte peut aussi avoir lieu sous la glace. La durée du développement des œufs et des larves est variable et dépend de la température. Les larves sont carnivores et se nourrissent d’une variété d’invertébrés; elles sont aussi cannibales. Au Canada, les larves se métamorphosent normalement en juillet ou au début août, et quittent l’étang. Les jeunes et les adultes sont entièrement terrestres, sauf durant la période de reproduction annuelle.

Taille et tendances des populations

Il est difficile d’estimer la taille des populations de salamandres unisexuées, car ces dernières sont semblables sur le plan morphologique aux femelles de leurs espèces donneuses de sperme respectives. La plupart des sites historiques qui ont fait l’objet de recherches visant la salamandre de Jefferson en 1990 et 1991 n’accueillaient plus ni de salamandres de Jefferson ni de salamandres unisexuées en 2003 et 2004. En outre, à certains sites où des salamandres de Jefferson et des salamandres unisexuées étaient toujours présentes en 2003-2004, on a constaté une réduction notable du nombre de masses d’œufs par rapport aux quantités observées au cours de relevés précédents. La taille des populations de salamandres unisexuées varie en fonction de l’espèce donneuse de sperme et de la région géographique. Toutes les sous-populations de salamandres de Jefferson et de salamandres à petite bouche contiennent aussi des individus unisexués qui peuvent représenter quelque 85 % des individus à un site donné. Le pourcentage d’individus unisexués trouvés dans les étangs de reproduction de la salamandre à points bleus varie davantage, et certains de ces étangs ne contiennent aucun individu unisexué.

Menaces et facteurs limitatifs

La perte de donneurs de sperme sexués constitue un facteur limitatif unique aux salamandres unisexuées du genre Ambystoma, car celles-ci ont besoin de mâles diploïdes sexués pour se reproduire. Les menaces qui pèsent sur l’espèce sont : i) l’élimination partielle ou absolue de l’habitat convenable causée par l’aménagement des terres, y compris la perte d’étangs de reproduction, d’arbres et de couverture végétale; ii) les obstacles (routes, clôtures anti-érosion) qui bloquent les voies migratoires reliées aux étangs de migration; iii) l’assèchement prématuré des étangs durant l’été.

Protection, statuts et classements

Les salamandres unisexuées coexistent avec certaines espèces qui ont reçu une cote de conservation, et sont impossibles à distinguer de ces espèces sur le plan morphologique. L’État du Connecticut désigne le « complexe » A. jeffersonianum et le « complexe » A. laterale comme des espèces préoccupantes. En Ontario, les salamandres polyploïdes dominées par la salamandre de Jefferson sont des individus unisexués qui ont besoin de salamandres de Jefferson mâles. Depuis 2010, ces individus reçoivent la même protection sur le plan de l’habitat que la salamandre de Jefferson en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) (voir Règl. de l’Ont. 242/08, art. 28). Jusqu’ici, aucun règlement semblable n’a été adopté pour les salamandres unisexuées du Canada qui vivent avec la salamandre à petite bouche (A. texanum; en voie de disparition) sur l’île Pelée (Ontario) ni pour les salamandres unisexuées qui dépendent de la salamandre à points bleus (A. laterale).

5. Bec-croisé des sapins de la sous-espèce percna

Photo d’un Bec croisé
Photo: © Alan Wilson
Nom scientifique
Loxia curvirostra percna
Taxon
Oiseaux
Statut du COSEPAC
Menacée
Aire de répartition canadienne
Québec. Terre-Neuve-et-Labrador

Justification de la désignation

Cette sous-espèce est un groupe taxinomique distinct endémique au Canada. Connue auparavant pour se reproduire seulement sur l’île de Terre-Neuve, la sous-espèce a également été documentée au cours des cinq dernières années comme nichant sur l’île d’Anticosti. Bien que la population canadienne serait plus grande que ce que l’on avait compris antérieurement, et ce, en raison de la récente découverte d’une composante de population reproductrice sur l’île d’Anticosti, il n’y a pas d’indication d’une tendance à la hausse. Au contraire, ce taxon a connu un déclin substantiel à long terme. Une baisse supplémentaire de la population est prévue sur la base des menaces identifiées, plus particulièrement la compétition et la prédation par les écureuils introduits à Terre-Neuve, la perte d’habitat en raison de l’exploitation forestière, et une maladie fongique affectant le pin rouge.

Description et importance de l’espèce sauvage

Le Bec-croisé des sapins de la sous-espèce percna est l’une des 10 formes reconnues de Becs-croisés des sapins en Amérique du Nord. Il est un Fringillidé de taille moyenne et un consommateur de graines spécialisé, ayant des mandibules incurvées et croisées, de puissantes mâchoires articulées, et de fortes pattes dont il se sert pour tenir fermement les cônes de conifères quand il en écarte les écailles avec son bec pour accéder aux graines. Le Bec-croisé mâle est rouge terne, la femelle est olive grisâtre, et le juvénile est gris terne à brunâtre et fortement strié. Comparativement aux autres formes de Becs-croisés des sapins d’Amérique du Nord, la sous-espèce percna a un bec relativement épais et haut, un corps de plus grande taille, et un plumage plus foncé, plus sombre.

Chaque forme de Bec-croisé des sapins d’Amérique du Nord se caractérise par des différences mineures pour ce qui est de sa morphologie, de sa génétique et de son comportement. Les différentes formes consistent également en types vocaux; la manière la plus facile et la plus fiable d’identifier chaque forme est l’analyse spectrographique de ses vocalisations uniques en vol. De récentes recherches portent à croire que le Bec-croisé des sapins de la sous-espèce percna pourrait correspondre au type 8. Les Becs-croisés des sapins d’Amérique du Nord représentent probablement un complexe d’espèces cryptiques. Bien qu’elle soit faiblement différenciée sur le plan génétique, la vocalisation pourrait favoriser l’isolement reproductif, même parmi les groupes qui ne sont pas séparés sur le plan géographique. Le Bec-croisé des sapins de la sous-espèce percna est important parce qu’il constitue un groupe taxinomique distinct restreint à la partie insulaire de Terre-Neuve-et-Labrador (ci-après « Terre-Neuve ») et aux îles avoisinantes, ainsi qu’à l’île d’Anticosti (Québec).

Répartition

Historiquement, des Becs-croisés des sapins (formes/types vocaux inconnus) étaient considérés comme présents dans la majeure partie de Terre-Neuve, mais selon une répartition irrégulière et localisée. Leur aire de répartition a apparemment rapetissé depuis la première moitié du 20e siècle; l’aire de répartition actuelle du Bec-croisé des sapins (sous-espèce percna et autres formes) à Terre-Neuve n’est pas entièrement comprise. La présence de la sous-espèce percna/type 8 à Terre-Neuve a été confirmée par les analyses audiospectographiques et morphométriques effectuées entre 2005 et 2011 sur la presqu’île Avalon, ainsi que dans l’est, le centre et l’ouest de l’île de Terre-Neuve. La reproduction probable de Becs-croisés des sapins de type 8 ayant une morphologie qui correspond à la fourchette de données documentée pour la sous-espèce percna a également été répertoriée dans l’île d’Anticosti (Québec) à l’été 2014.

Des individus appartenant possiblement à la sous-espèce percna (c.-à-d. ayant un gros bec) ont été observés en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, au Québec (sur le continent et aux îles de la Madeleine), ainsi qu’en Nouvelle-Angleterre (États-Unis); ces observations pourraient représenter des zones d’irruptions irrégulières pendant des années de pénurie de nourriture dans les principales zones d’occurrence.

Répartition mondiale du Bec croisé des sapins de la sous espèce percna (Loxia curvirostra percna) (en noir), qui est endémique au Canada.
Carte montrant la répartition mondiale du Bec croisé (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2016. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le Bec-croisé des sapins de la sous-espèce percna (Loxia curvirostra percna) au Canada.
Description longue pour la carte montrant la répartition mondiale du Bec-croisé des sapins de la sous-espèce percna

Carte montrant la répartition mondiale du Bec-croisé des sapins de la sous-espèce percna (Loxia curvirostra percna), qui est endémique au Canada. Il semble y avoir deux sous-populations au Canada : une à Terre-Neuve et l’autre sur l’île d’Anticosti.

Habitat

Toutes les formes de Becs-croisés des sapins sont étroitement liées aux forêts conifériennes. Les formes varient selon la morphologie du bec, chacune étant propre à la consommation d’une espèce de conifère en particulier. Tous les becs-croisés à gros bec, y compris la sous-espèce percna, sont associés à des forêts de pins. À Terre-Neuve, les peuplements de pin rouge et de pin blanc représentaient probablement un pourcentage considérable de l’habitat important de la sous-espèce percna par le passé; toutefois, ces pins indigènes (particulièrement le pin rouge) se font actuellement rares dans l’île et sont absents de l’île d’Anticosti. Historiquement et actuellement, les forêts matures d’épinette noire, et, dans une moindre mesure, les forêts de sapin baumier et d’épinette blanche offrent un habitat important à la sous-espèce percna. Au cours de l’histoire récente, la conversion de l’habitat, l’exploitation forestière, les incendies, les dommages dus aux insectes et les infections fongiques ont réduit l’abondance des graines de conifères à Terre-Neuve. La consommation de cônes par les écureuils roux introduits à Terre-Neuve en 1963 fait partie des causes expliquant les récents déclins considérables de cônes disponibles. De récentes prévisions du Department of Natural Resources de Terre-Neuve-et-Labrador (T.-N.-L.) indiquent une augmentation importante de la production de cônes sur la presqu’île Avalon, à Terre-Neuve, au cours des deux prochaines décennies. Toutefois, une infestation majeure de tordeuse des bourgeons de l’épinette devrait se produire à Terre-Neuve et à l’île d’Anticosti dans un avenir rapproché; une telle infestation pourrait avoir un effet négatif sur la disponibilité de cônes, mais pourrait fournir de la nourriture sous forme de larves et de chrysalides de tordeuses.

Biologie

Toutes les formes de Becs-croisés des sapins dépendent des forêts conifériennes en raison des ressources alimentaires que celles-ci leur fournissent sous forme de graines de conifères; la disponibilité de cônes influe grandement sur la survie et la reproduction de l’espèce. Le Bec-croisé des sapins est nomade et entreprend des déplacements à diverses échelles spatiales à la recherche de productions suffisantes de cônes (d’où ses irruptions), bien que certaines populations (incluant possiblement la sous-espèce percna) tendent à présenter un comportement plus sédentaire. Les oiseaux qui font des irruptions ont Les oiseaux nomades qui font des irruptions ont tendance à être assez fidèles à leurs lieux de reproduction principaux, auxquels certains individus retournent après quelques années suivant une irruption. Les Becs-croisés des sapins, monogames et formant des couples, se rassemblent en groupes peu denses pour la reproduction, et en bandes pour la recherche de nourriture. Leur stratégie de reproduction est souple, ils peuvent produire plusieurs couvées dans une même année, et la nidification peut avoir lieu pendant les mois froids si les graines de conifères sont abondantes. D’autres adaptations à la variabilité extrême des productions de graines de conifères englobent la maturité sexuelle à un âge relativement jeune, la succession rapide de couvées et la tolérance aux refroidissements répétés et au développement lent des petits lorsque la nourriture est relativement rare.

Taille et tendances des populations

Le Bec-croisé des sapins a déjà été relativement commun à Terre-Neuve, mais il connaît un déclin précipité et continu depuis les années 1950. Actuellement, cette espèce est rare et on l’observe peu souvent, et irrégulièrement, dans les relevés formels ou informels. Le nombre d’individus de la sous-espèce percna qui forment la population récemment confirmée dans l’île d’Anticosti (qui se reproduit probablement dans l’île) est inconnu, mais on estime qu’il s’élève à plusieurs centaines. L’estimation de la population canadienne de Becs-croisés des sapins de la sous-espèce percna s’élève à quelques milliers (c.-à-d.1 000 à 2 500 individus matures), selon de récentes analyses bioacoustiques et des relevés systématiques localisés ciblant l’espèce, les données du Recensement des oiseaux de Noël (RON), du Relevé des oiseaux nicheurs (BBS) et de l’Atlas des oiseaux nicheurs du Québec, ainsi que des mentions anecdotiques d’ornithologues amateurs. Cette estimation comporte beaucoup d’incertitude à cause de l’échantillonnage relativement limité (particulièrement dans les régions éloignées), des difficultés liées au dénombrement des oiseaux nomades faisant des irruptions, et de la possibilité que la sous-espèce percna parcoure de très grandes distances en période de pénurie de nourriture.

Menaces et facteurs limitatifs

Les menaces pour la sous-espèce percna ne sont pas clairement comprises en raison du manque général de données sur le taxon à Terre-Neuve et à l’île d’Anticosti. Les menaces probables (classées en ordre décroissant d’impact apparent/prévu) englobent : i) les espèces non indigènes envahissantes et les espèces indigènes problématiques (c.-à-d. la compétition pour les ressources alimentaires et la prédation des nids par les écureuils roux introduits à Terre-Neuve, les infections fongiques affectant les pins indigènes et non indigènes à Terre-Neuve, et les infestations d’insectes entraînant la réduction de la production de cônes ou la mortalité d’arbres); ii) l’utilisation des ressources biologiques (c.-à-d. l’exploitation forestière); iii) les modifications des systèmes naturels (c.-à-d. les incendies de forêt et la suppression des incendies de forêt); iv) les corridors de transport et de service (c.-à-d. les routes); v) l’exploitation de mines et de carrières; vi) l’agriculture. Parfois, les oiseaux font face à la famine si la production de cônes est mauvaise dans de grandes régions géographiques. Parmi les autres causes de mortalité chez la sous-espèce percna, mentionnons les collisions avec des véhicules et la prédation.

Protection, statuts et classements

Depuis 2004, le Bec-croisé des sapins de la sous-espèce percna est désigné comme espèce en voie de disparition aux termes de la Loi sur les espèces en péril du Canada et de l’Endangered Species Act de Terre-Neuve. L’espèce est également protégée en vertu de la Loi sur la convention concernant les oiseaux migrateurs. Elle est considérée en péril dans le programme Situation générale des espèces au Canada. NatureServe a attribué au Bec-croisé des sapins de la sous-espèce percna le statut d’espèce en péril à l’échelle nationale (N2), mais ne lui a pas attribué de cote provinciale, quoique la cote S2 est recommandée pour le Québec; le Bec-croisé des sapins en général a une cote S2S3 à Terre-Neuve, et S4 au Québec.

6. Carex des sables

Photo d’un carex des sables
Photo: © Ryan Batten
Nom scientifique
Carex sabulosa
Taxon
Plantes vasculaires
Statut du COSEPAC
Préoccupante
Aire de répartition canadienne
Yukon

Justification de la désignation

Au Canada, cette espèce est restreinte à 16 sites retrouvés dans 10 champs de dunes dans le sud-ouest du Yukon. Depuis la dernière évaluation, 11 nouvelles sous-populations ont été découvertes et deux menaces importantes ont été éliminées, ce qui réduit le risque connu pour la population canadienne. Toutefois, la succession naturelle mène à la perte d’habitat, ce qui est exacerbé par la suppression des incendies. D’autres menaces à l’origine des déclins récents comprennent l’utilisation de véhicules récréatifs hors route et la perte d’habitat en raison du développement résidentiel. Les plantes exotiques envahissantes représentent une menace potentielle importante entraînant la stabilisation des dunes et l’exclusion compétitive.

Description et importance de l’espèce sauvage

Le carex des sables (Carex sabulosa) est une plante cespiteuse vivace à longs rhizomes. À mesure que ses fleurs se développent, les tiges minces de la plante s’inclinent et deviennent arquées, et les lourdes têtes fructifères touchent parfois le sol.

Le carex des sables occupe un écosystème dunaire qui a déjà été répandu mais qui est maintenant rare au Canada; les sites pouvant accueillir cette plante sont peu nombreux. En outre, les sous-populations de l’espèce présentent probablement un intérêt particulier sur le plan génétique, car elles se trouvent isolées à la périphérie orientale d’une aire de répartition fragmentée qui s’étend depuis l’Asie centrale jusqu’au sud-ouest du Yukon. Le carex des sables joue un rôle important dans la stabilisation des dunes.

Répartition

Le carex des sables pousse dans les régions sableuses d’Asie centrale, depuis le Kazakhstan jusqu’en Mongolie, en passant par le sud de la Sibérie et l’ouest de la Chine. À plus de 3 000 km de distance en Amérique du Nord, l’espèce est présente dans un champ de dunes du centre-ouest de l’Alaska et dans 10 champs de dunes (16 sous-populations) d’une petite région du sud-ouest du Yukon. Deux autres occurrences n’ont pu être relocalisées malgré les recherches, et sont considérées comme disparues.

Carte de répartition du carex des sables (Carex sabulosa) montrant les occurrences connues et les occurrences historiques dans le sud ouest du Yukon, au Canada. Par occurrence historique (points orange),on entend les sites où l’espèce est présumée disparue. Les points gris représentent des sites où le carex des sables a été cherché sans succès.

Carte montrant la répartition du carex des sables (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2016. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le carex des sables (Carex sabulosa) au Canada.

Description longue pour la carte montrant la répartition du carex des sables

Carte montrant la répartition du carex des sables (Carex sabulosa) dans le sud-ouest du Yukon, au Canada. Les localités connues sont indiquées par des points rouges. Les occurrences historiques, c’est-à-dire les sites où l’espèce est présumée disparue, sont indiquées par des points orange, et les sites où des recherches ont été effectuées en 2009, mais où la présence de l’espèce n’a pas été décelée, sont indiqués par des points gris. Au Canada, le carex des sables est uniquement présent dans 16 sites se trouvant dans 10 champs de dunes actifs répartis dans le sud-ouest du Yukon, depuis le parc national et la réserve de parc national Kluane jusqu’à Whitehorse vers l’ouest et jusqu’au lac Dezadeash et à Carcross, vers le sud.

Habitat

Le carex des sables se rencontre dans les dunes actives ou semi-stabilisées, aux endroits où le sable s’accumule, et est souvent la seule espèce de plante vasculaire dominante. Au Yukon, ces dunes sont des vestiges des champs de dunes beaucoup plus vastes qui existaient à la fin du Pléistocène. La plupart des anciennes dunes sont maintenant stabilisées et recouvertes de forêts ou de prairies. De nombreux sites existants qui abritent le carex des sables sont confinés à des petits creux de déflation dans des dunes où l’apport de sable est limité.

Biologie

La biologie du carex des sables n’a pas été étudiée. Par contre, il ne fait aucun doute que cette espèce peut résister à des vents froids et desséchants et à l’accumulation de sable. L’espèce se reproduit principalement par voie végétative, au moyen de rhizomes; la production de graines est souvent limitée. Au Yukon, un champignon causant une infection charbonneuse, le Planetella lironis, s’attaque aux fruits en développement (akènes semblables à des graines); on ignore l’incidence de la maladie sur le taux de reproduction du carex des sables.

Photo de têtes fructifères du carex des sables
Photo: © Ryan Batten

Taille et tendances des populations

La plus grande sous-population se trouve près du confluent des rivières Kaskawulsh et Dezadeash, dans le parc national et la réserve de parc national du Canada Kluane. Le nombre de ramets (touffes) est estimé à 2,5 à 3 millions dans ce site. Le nombre total de ramets présents dans les 15 sous-populations restantes est estimé à 1 053 000, ce qui donne une population canadienne totale estimée à environ 3,5 à 4 millions de ramets.

Les populations de tous les systèmes dunaires, sauf de celui de Carcross, sont probablement demeurées assez stables au cours des dernières années, bien qu’un faible déclin se soit vraisemblablement produit en raison de la succession naturelle et de la stabilisation des dunes. Le carex des sables a probablement subi un déclin plus marqué dans les dunes de Carcross, compte tenu de la réduction apparente des dunes actives et de la diminution apparente de l’étendue de la présence de l’espèce dans les dunes actives.

Menaces et facteurs limitatifs

La succession végétale naturelle entraînant la stabilisation des dunes est un facteur qui limite la persistance du carex des sables. Ce processus soulève des préoccupations pour la plus grande sous-population de l’espèce (Alsek), située près du confluent des rivières Kaskawulsh et Dezadeash. La suppression des incendies, en causant l’accélération de la succession végétale, menace plusieurs sous-populations. Une perte apparente d’habitat dunaire due à la stabilisation a également été observée à Carcross. Les plantes envahissantes qui accélèrent la stabilisation des dunes constituent une menace importante pour l’avenir.

La menace que représentent les perturbations causées par les véhicules récréatifs hors route est particulièrement préoccupante dans les dunes de Carcross; cette menace est également préoccupante, mais dans une moindre mesure, dans le système dunaire de la rivière Takhini (sud). L’utilisation excessive de véhicules hors route a pour effet non seulement d’endommager les plantes en surface, mais aussi de compacter le sable et de détruire les clones.

L’aménagement de dunes à des fins de lotissement résidentiel ou d’activités touristiques constitue une préoccupation dans la zone située derrière la plage du lac Bennett, à Carcross.

Protection, statuts et classements

Le carex des sables est inscrit sur la liste des espèces menacées en vertu de la Loi sur les espèces en péril du Canada. L’habitat essentiel du carex des sables a été désigné uniquement dans le parc national et la réserve de parc national Kluane, où l’espèce bénéficie également de certaines mesures de protection aux termes de la Loi sur les parcs nationaux du Canada. Le système dunaire de la rivière Takhini est protégé du développement dans le parc territorial Kusawa, qui n’a pas encore été établi; un plan directeur a récemment été ébauché pour ce parc. Les sous-populations situées au nord-est de la route du Klondike, à Carcross, se trouvent dans une réserve de parc territorial; des véhicules hors route y circulent toutefois régulièrement, et cette activité continue de réduire la superficie occupée par le carex. Compte tenu du niveau d’utilisation actuel de ce site, le rétablissement n’y est pas possible. Ailleurs, le carex des sables se rencontre sur des terres de la Couronne (terres du Commissaire), où seul un décret fédéral spécial peut protéger l’espèce en vertu de la Loi sur les espèces en péril. Selon le système de classification de NatureServe, le carex des sables est coté G5 (non en péril) à l’échelle mondiale, N2 (en péril) à l’échelle nationale et S2 au Yukon.

7. Caribou de Peary

Photo d’un caribou de Peary mâle
Photo: © Morgan Anderson – Gouvernement du Nunavut
Nom scientifique
Rangifer tarandus pearyi
Taxon
Mammifères
Statut du COSEPAC
Menacée
Aire de répartition canadienne
Territoires du Nord-Ouest, Nunavut

Justification de la désignation

Cette sous espèce de caribou est endémique à l’archipel arctique canadien, vivant à la limite de croissance des végétaux dans les milieux de désert polaire et de toundra arctique. La population actuelle est estimée à 13 200 individus matures. L’espèce a connu un pic en 1987 avec 22 000 individus, mais elle a connu un épisode de mortalité massive catastrophique au milieu des années 1990 liés à de graves phénomènes de formation de couches de glace dans certaines parties de son aire de répartition. La population totalisait environ 5 400 individus matures en 1996, son plus bas niveau depuis qu’elle fait l’objet de relevés, soit depuis 1961. Parmi les quatre sous populations, deux connaissent actuellement une tendance à la hausse, une est stable et la quatrième comptait moins de dix individus lors du dernier dénombrement en 2005, avec aucun signe de rétablissement. L’ensemble de la population a connu un déclin estimé de 35 % sur trois générations, mais augmente depuis les deux dernières décennies. Les menaces ayant le plus de conséquences résultent d’un climat changeant, et incluent une intensité et une fréquence accrues d’épisodes de pluie sur neige qui ont des effets négatifs sur l’accessibilité de la nourriture durant l’hiver ainsi qu’une diminution de l’étendue et de l’épaisseur de la glace de mer qui cause des changements dans les habitudes de migration et de déplacement.

Description et importance de l’espèce sauvage

Le caribou de Peary est le plus petit caribou d’Amérique du Nord. Il est principalement blanc, mais son dos est gris foncé et le devant de ses pattes arbore une bande grise. En hiver, le gris foncé de son dos peut tourner au brun foncé, et certains individus semblent être presque entièrement blancs. Le velours de ses bois est de couleur grise plutôt que brune comme celui du chevreuil et des autres caribous. Comparativement aux bois des autres caribous, ceux du caribou de Peary sont de moindre envergure, mais, autrement, ils sont semblables. Son crâne présente un rostre court et une calotte crânienne développée. Ses sabots sont courts et larges. Le caribou de Peary se distingue des autres caribous du Canada sur le plan génétique.

Le caribou de Peary fait partie intégrante de la culture et de l’économie des Inuits et des Inuvialuits. En tant que seule source de viande de caribou pour plusieurs collectivités arctiques, il est important dans l’économie de subsistance des collectivités locales, et il est représenté dans les produits d’artisanat traditionnel qui sont commercialisés et collectionnés partout au Canada et à l’échelle internationale. Subsistant aux limites de l’existence des végétaux et des animaux, le caribou de Peary fait partie intégrante de la biodiversité arctique et est de plus en plus important dans les études scientifiques sur la réaction des écosystèmes aux changements climatiques.

Répartition

Le caribou de Peary est endémique au Canada et présent dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut. Parmi tous les caribous d’Amérique du Nord, il est celui dont l’aire de répartition se trouve la plus au nord; en effet, sa présence est presque exclusive à l’archipel arctique canadien, à l’exception de l’île de Baffin. Le caribou de Peary parcourt des distances relativement longues, notamment des migrations annuelles sur la glace de mer, des déplacements réguliers au sein de son domaine vital comptant plusieurs îles, et des déplacements irréguliers à grande échelle parmi les îles pendant les hivers rigoureux. Quatre sous-populations sont reconnues selon des données génétiques probantes, l’ampleur des déplacements interinsulaires ainsi que l’expertise scientifique et locale : 1) îles Banks et Victoria, 2) île Prince of Wales, île Somerset et presqu’île de Boothia, 3) est des îles Reine-Élisabeth et 4) ouest des îles Reine-Élisabeth.

Carte de répartition du caribou de Peary (Rangifer tarandus pearyi), montrant les sous populations du caribou de Peary (Johnson et al. en préparation). Le vert pâle et le mauve pâle indiquent des observations supplémentaires de caribous de Peary à l’extérieur de l’aire de répartition principale des sous populations Banks-Victoria et Prince of Wales-Somerset-Boothia, respectivement. Carte fournie par : Dawn Andrews, Environnement Canada.
Carte montrant la répartition mondiale du caribou de Peary (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2015. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le caribou de Peary (Rangifer tarandus pearyi) au Canada.
Description longue pour la carte montrant la répartition mondiale du caribou de Peary

Carte montrant la répartition mondiale du caribou de Peary (Rangifer tarandus pearyi), qui se trouve entièrement au Canada. Parmi tous les caribous de l’Amérique du Nord, le caribou de Peary est celui dont l’aire de répartition est la plus septentrionale. Il se rencontre dans l’ensemble de l’archipel arctique, à l’exception de l’île de Baffin (qui est occupée par le caribou de la toundra). Le caribou de Peary est également présent dans le nord-ouest de l’île Victoria, et certains éléments indiquent des déplacements vers d’autres parties de cette île. Un petit nombre de caribous se trouvent (ou se trouvaient) sur la presqu’île de Boothia et possiblement dans l’île King William.

Habitat

L’habitat du caribou de Peary est la toundra arctique dépourvue d’arbres, principalement dans les écorégions de la toundra du Haut-Arctique et du Moyen-Arctique. La majeure partie de l’aire de répartition peut être caractérisée comme un désert polaire marqué d’étés courts et frais et d’hivers longs et froids. La saison de croissance est brève (de 50 à 60 jours) et variable. En général, la couverture de neige est présente de septembre à mai (île Banks) ou jusqu’aux dernières semaines de juin (île Melville). La couverture terrestre dominée par une végétation sèche représente environ 36 % de la zone dépourvue de glace de l’aire de répartition du caribou de Peary, tandis que le terrain va d’étendues relativement plates (sud et ouest) à montagneuses (nord et est). Le climat présente une forte variation régionale, avec des gradients est-ouest et nord-sud des précipitations et des températures, qui influe sur la productivité primaire et la disponibilité de nourriture. La biomasse végétale aérienne varie de moins de 100 g/m2 (îles Reine-Élisabeth et parties du groupement des îles Prince of Wales et Somerset) jusqu’à une quantité de 500 à 2 000 g/m2 dans certaines régions (île Banks et île Prince of Wales). Le caribou de Peary a un régime alimentaire diversifié et polyvalent, son alimentation variant selon les saisons, en fonction de la nourriture disponible et de la valeur nutritive connexe. Essentiellement, tout l’habitat historique du caribou de Peary est disponible et n’a pas été perdu ou fragmenté par des développements industriels ou autres développements anthropiques.

Photo de cinq caribous de Peary
Le caribou de Peary dans leur habitat typique de l'Arctique. Photo: © Morgan Anderson – Gouvernement du Nunavut

Biologie

Le caribou de Peary s’est adapté de plusieurs façons à son environnement arctique, notamment en ayant un corps compact pour conserver la chaleur, des sabots qui lui permettent de marcher et de creuser dans la neige accumulée par le vent, et un pelage qui lui assure une capacité de camouflage. Il s’est adapté à la croissance limitée des végétaux, à la saison de croissance très courte et aux longues périodes où la végétation sur pied est gelée et couverte de neige.

Le caribou de Peary est une espèce polygyne qui vit en petits groupes et maintient une vaste dispersion dans le paysage, même pendant la mise bas et la saison du rut. On estime qu’il vit environ 15 ans à l’état sauvage, et il a des indices vitaux grandement variables. Les biches donnent habituellement naissance à leur premier faon vers l’âge de trois ans; dans des conditions de grande disponibilité de nourriture, elles peuvent mettre bas chaque année, mais cette situation est rare. Les femelles doivent occasionnellement composer avec des années d’accès restreint à de la nourriture, ce qui fait en sorte qu’elles ne se reproduisent pas ou qu’elles sèvrent leurs faons prématurément. La période intergénérationnelle (âge moyen des parents de la cohorte de l’année en cours) ne peut pas être calculée avec précision, mais elle est estimée à neuf ans.

Taille et tendances des populations

Il est difficile d’évaluer les tendances des effectifs du caribou de Peary depuis que les premiers relevés ont été effectués dans les années 1960 en raison de la fréquence irrégulière des relevés (dans le temps et l’espace), ainsi que des changements apportés au plan et à la méthode de relevé. De 1961 à 2014, des organismes gouvernementaux ont effectué un total de 154 relevés aériens pour évaluer les effectifs du caribou de Peary dans l’ensemble de l’Arctique canadien. Il n’y a pas eu une seule année où toute l’aire de répartition a fait l’objet de relevés.

La population actuelle de caribous de Peary est évaluée à environ 13 200 individus matures. Au début des années 1960, lorsque le premier recensement de la population a été effectué, il y avait environ 50 000 caribous de Peary. En 1987, la population était d’environ 22 000 individus matures. Elle a atteint un creux en 1996, soit environ 5 400 individus, à la suite de mortalités massives liées à des épisodes de verglas qui ont particulièrement touché la sous-population de l’ouest des îles Reine-Élisabeth. Les chiffres ont augmenté depuis, mais la population ne s’est pas totalement rétablie. La sous-population Prince of Wales-Somerset-Boothia, qui composait presque la moitié de la population connue de caribous de Peary en 1987, a commencé à décliner dans les années 1980 pour des raisons qui demeurent incomprises. Bien que le dernier relevé ait été effectué en 2006, aucune donnée probante n’indique un rétablissement à ce jour. Les chiffres de Banks-Victoria augmentent depuis 10 ans, mais pas ceux de l’île Victoria. Les deux sous-populations du nord (est et ouest des îles Reine-Élisabeth) ont augmenté de manière générale depuis le milieu des années 1990, bien que les nifaons de référence ne soient pas bien connus. Le déclin global de la population de caribous de Peary sur 3 générations (27 ans) est évalué à 35 %, tandis que la tendance sur 2 générations est positive (environ 142 %).

Menaces et facteurs limitatifs

L’impact global des menaces calculé est très élevé-moyen pour le caribou de Peary. Cette vaste plage d’intensité de l’impact des menaces découle de l’effet combiné du nombre élevé de menaces, dont l’impact est principalement faible, et de l’incertitude considérable, de l’imprévisibilité ainsi que du chevauchement et de l’interaction potentiels de la plupart des menaces individuelles.

La menace ayant le plus grand impact sur le caribou de Peary découle des diverses répercussions des changements climatiques, notamment l’intensité et la fréquence accrues des phénomènes météorologiques violents, qui nuisent à l’accessibilité à de la nourriture, ainsi que la diminution de l’étendue et de l’épaisseur de la glace de mer, qui cause des changements dans les habitudes de migration et de déplacement. La mesure dans laquelle de tels effets négatifs pourraient être annulés par des augmentations de la productivité végétale est incertaine. Parmi les autres menaces connues, présumées ou prévues qui ont ou auraient des répercussions négatives sur le succès reproducteur ou la survie du caribou de Peary en raison du réchauffement climatique figurent les agents pathogènes (particulièrement ceux des genres Brucella et Erysipelothrix) et l’augmentation du trafic maritime. Les menaces directes ayant un plus faible impact englobent la chasse, la production d’énergie, l’exploitation minière, les intrusions humaines découlant d’activités de travail (non touristiques), les exercices militaires effectués toute l’année, l’augmentation du trafic de motoneiges, d’hélicoptères et d’avions, la compétition avec le bœuf musqué et la pollution atmosphérique.

Protection, statuts et classements

Dans le cadre de son évaluation la plus récente, soit en 2015, le COSEPAC a désigné le caribou de Peary « espèce menacée ». Le caribou de Peary figure actuellement à titre d’espèce en voie de disparition à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (2011), et il a été inscrit comme espèce menacée aux termes de la Loi sur les espèces en péril (TNO) en 2013. Le caribou de Peary est cogéré au Nunavut aux termes de l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut, et dans les Territoires du Nord-Ouest, aux termes de la Convention définitive des Inuvialuit. L’Accord et la Convention confèrent le pouvoir principal de gestion des espèces sauvages au Conseil de gestion des ressources fauniques du Nunavut et au Conseil consultatif de gestion de la faune, respectivement.

8. Coccinelle à neuf points

Photo d’une coccinelle ȧ neuf points
Photo: © John Acorn
Nom scientifique
Coccinella novemnotata
Taxon
Arthropodes
Statut du COSEPAC
En voie de disparition
Aire de répartition canadienne
Colombie-Britannique, Alberta, Saskatchewan, Manitoba, Ontario, Québec

Justification de la désignation

Cette espèce a déjà été commune et largement répartie dans l’ensemble du sud du Canada, depuis l’île de Vancouver jusque dans le sud du Québec, en passant par les Prairies. Depuis, elle a connu un déclin considérable et est maintenant rarement observée. Malgré des efforts de recherche ciblés au cours de la dernière décennie, l’abondance de l’espèce a diminué relativement à d’autres espèces de coccinelle. Les causes précises du déclin sont inconnues. Les menaces possibles comprennent l’introduction de coccinelles non indigènes, lesquelles pourraient affecter cette espèce indigène par la compétition, la prédation intraguilde, ou l’introduction d’agents pathogènes. D’autres menaces possibles incluent la diminution de la qualité de l’habitat causée par les effets indirects de l’utilisation de pesticides/substances chimiques associés à l’agriculture pour lutter contre leurs espèces proies, l’expansion urbaine, ainsi que l’abandon des terres agricoles et la succession naturelle subséquente.

Description et importance de l’espèce sauvage

La coccinelle à neuf points (Coccinella novemnotata Herbst) est un petit coléoptère (4,7 à 7,0 mm) indigène en Amérique du Nord. Les adultes se reconnaissent facilement à leurs caractères morphologiques externes distinctifs : les élytres sont orange vif à rouges, avec une ligne foncée bordant la suture de chaque élytre. Les élytres sont généralement ornés de neuf points, mais la taille et le nombre de points peuvent varier. La tête et le pronotum sont noirs avec des marques blanches. Autrefois une des coccinelles les plus communes et les plus largement réparties en Amérique du Nord, cette espèce charismatique jouait un rôle important à titre d’agent de lutte biologique contre les pucerons et d’autres insectes nuisibles.

Répartition

La coccinelle à neuf points est une espèce largement répartie qui se rencontre dans la plupart des régions du sud du Canada bordant la frontière canado-américaine depuis l’île de Vancouver jusque dans le sud du Québec, et au nord, jusqu’à Quesnel en Colombie-Britannique, à Edmonton en Alberta, au lac Athabasca en Saskatchewan et à Roberval au Québec. Vers le sud, cette coccinelle est également présente dans la zone continentale des États-Unis presque jusqu’à la frontière mexicaine.

La carte de la répartition canadienne de la coccinelle à neuf points (Coccinella novemnotata), fondée sur des collections de musée et des relevés récents (1897 2014).
Carte montrant la répartition de la coccinelle à neuf points  (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2016. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la coccinelle à neuf points (Coccinella novemnotata) au Canada.
Description longue pour la carte montrant la répartition de la coccinelle à neuf points

Carte montrant la répartition de la coccinelle à neuf points (Coccinella novemnotata). L’espèce est présente dans presque tout le sud du Canada et dans la zone continentale des États-Unis jusqu’à la frontière mexicaine. La coccinelle à neuf points a été observée (mention non vérifiée) près du Grand lac des Esclaves dans les Territoires du Nord-Ouest. Cette espèce est peut-être présente dans le sud des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon, mais cette hypothèse n’était corroborée par aucune mention confirmée en date de 2016.

Habitat

La coccinelle à neuf points est une espèce généraliste en matière d’habitat qui consomme un large éventail de proies dans des habitats très divers. Elle fréquente les milieux agricoles, les jardins suburbains, les parcs, les forêts conifériennes, les forêts décidues, les prairies herbeuses, les prés, les zones riveraines et les aires naturelles isolées. Cette grande plasticité à l’égard de l’habitat témoigne de la capacité de l’espèce de s’adapter aux changements saisonniers de proies qui se produisent dans les différents types de végétation qu’elle fréquente.

Biologie

Le cycle vital de la coccinelle à neuf points comporte quatre grandes étapes : œuf, larve, nymphe et adulte. Cette espèce peut avoir deux générations par année. Les adultes de la génération printanière peuvent entrer en estivation pour échapper aux hautes températures estivales avant de redevenir actifs et de se reproduire au début de l’automne. Les adultes de la génération automnale se rassemblent pour hiberner et entrent en diapause et redeviennent actifs et se reproduisent lorsque les températures s’élèvent au début du printemps. Au Canada, la coccinelle à neuf points occupe une large niche écologique dans divers types d’habitats exposés à des régimes de température différents. On sait peu de choses sur sa capacité de dispersion en milieu naturel. En général, les coccinelles sont des insectes très mobiles qui se montrent peu fidèles à leur lieu de naissance et sont enclins à se disperser sur des distances allant de faibles à grandes. L’action conjuguée de la densité des proies et de diverses variables environnementales telles que la température, la vitesse du vent et les précipitations joue un rôle déterminant dans la dispersion de l’espèce. Cette espèce n’est pas migratrice. Elle est prédatrice tant au stade larvaire qu’à l’âge adulte et se nourrit principalement de pucerons. Elle est elle-même la proie de coccinelles introduites et d’autres invertébrés ainsi que de vertébrés et sert d’hôte à diverses espèces de parasitoïdes et de pathogènes.

Taille et tendances des populations

La vaste aire de répartition historique de la coccinelle à neuf points contraste vivement avec l’aire de répartition actuelle. Avant 1975, cette espèce était très largement répartie et une des espèces de coccinelles les plus fréquemment récoltées en Amérique du Nord. Depuis, cette espèce a subi un déclin et est rarement capturée en dépit des recherches ciblées dont elle est l’objet. L’abondance relative de la coccinelle à neuf points a continué de décliner au cours de la dernière décennie en comparaison de celle d’autres espèces de coccinelles.

Menaces et facteurs limitatifs

Les causes précises du déclin de la coccinelle à neuf points sont inconnues. Les menaces potentielles pesant sur l’espèce comprennent les interactions négatives avec des espèces non indigènes récemment établies, telles la coccinelle à sept points et la coccinelle asiatique, résultant de la compétition, de la prédation intraguilde et des effets indirects de l’introduction de pathogènes. Les effets directs et indirects des pesticides et des autres produits chimiques utilisés en agriculture pour lutter contre les pucerons, principales proies de l’espèce, ainsi que la perte d’habitat occasionnée par l’expansion urbaine, l’abandon des terres agricoles et d’autres perturbations humaines sont également considérés comme des menaces potentielles.

Protection, statuts et classements

Au Canada, aucune loi ne confère une protection à la coccinelle à neuf points et à sa résidence ou à son habitat. À l’échelle mondiale, NatureServe lui a attribué la cote de conservation G2 (en péril). Au Canada, aucune cote infranationale (provinces ou territoires) ne lui a été attribuée, mais au Québec, elle compte parmi les espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables.

9. Couleuvre agile à ventre jaune de l’Ouest

Photo d’une couleuvre agile ȧ ventre jaune de l’Ouest
Photo: © Karl W. Larsen
Nom scientifique
Coluber constrictor mormon
Taxon
Reptiles
Statut du COSEPAC
Menacée
Aire de répartition canadienne
Colombie-Britannique

Justification de la désignation

La répartition canadienne de cette couleuvre est confinée aux vallées arides du centre-sud de la Colombie-Britannique, un secteur comportant une exploitation agricole intensive, ainsi qu’une population humaine et une industrie touristique en expansion. Même si on en sait relativement peu sur cette couleuvre difficile à trouver, elle fait probablement face à des menaces semblables à celles pesant sur d’autres gros serpents avec lesquels elle partage son habitat (crotale de l’Ouest, couleuvre à nez mince du Grand Bassin). Le comportement migratoire de ces serpents entre les tanières d’hivernage sur les pentes des vallées et les habitats d’alimentation dans les basses terres, ainsi que le nombre de routes et le débit de circulation en croissance, rendent les populations particulièrement vulnérables à la mortalité attribuable à la circulation routière ainsi qu’à la perte et à la fragmentation de l’habitat. Les caractéristiques du cycle vital, telles que la petite taille des pontes et la reproduction peu fréquente des femelles, augmentent la vulnérabilité des populations aux perturbations, à la persécution et aux changements de l’utilisation des terres.

Description et importance de l’espèce sauvage

Le complexe d’espèces de couleuvres agiles (Coluber constrictor) a une vaste aire de répartition en Amérique du Nord, et trois sous-espèces se trouvent au Canada : la couleuvre agile à ventre jaune de l’Est (Coluber constrictor flaviventris), la couleuvre agile à ventre jaune de l’Ouest (C. c. mormon) et la couleuvre agile bleue (C. c. foxii; celle-ci fait l’objet d’un rapport de situation distinct). Les couleuvres agiles sont des serpents longs et minces qui possèdent une queue en forme de fouet. Les couleuvres agiles à ventre jaune de l’Est et de l’Ouest sont de couleur vert olive à gris-bleu; leur coloration ventrale varie de crème à jaune vif, d’où le nom « couleuvre agile à ventre jaune ». Les juvéniles ont des taches dorsales foncées en forme de selle qui deviennent moins visibles à mesure que l’individu atteint la maturité. Leur corps lisse aide à les rendre très rapides, tandis que leur coloration offre un excellent camouflage. Au Canada, les couleuvres agiles se trouvent à l’extrémité nord de leur aire de répartition mondiale, où elles ont une valeur de conservation élevée puisque de telles populations possèdent souvent des adaptations écologiques uniques. Les couleuvres agiles ne sont pas venimeuses et sont inoffensives pour l’humain. Se nourrissant principalement de rongeurs et d’insectes, elles sont bénéfiques pour les processus écologiques locaux.

Répartition

Les couleuvres agiles ont une vaste aire de répartition en Amérique du Nord, mais les couleuvres agiles à ventre jaune de l’Est et de l’Ouest possèdent des aires de répartition plus restreintes. Au Canada, l’aire de répartition de la sous-espèce de l’Est s’étend dans trois vallées fluviales distinctes du sud de la Saskatchewan et une vallée fluviale du sud-est de l’Alberta. L’aire de répartition canadienne de la couleuvre agile à ventre jaune de l’Ouest est restreinte aux régions intérieures arides du centre-sud de la Colombie-Britannique, où la sous-espèce se trouve dans cinq vallées fluviales distinctes.

Répartition canadienne de la couleuvre agile à ventre jaune de l’Ouest (Coluber constrictor mormon). On montre les zones générales (ombragées) où la sous espèce se trouve en Colombie Britannique.
Carte montrant la répartition canadienne de la couleuvre agile à ventre jaune de l’Ouest (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2015. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la couleuvre agile à ventre jaune de l'Est (Coluber constrictor flaviventris) et la couleuvre agile à ventre jaune de l'Ouest (Coluber constrictor mormon) au Canada.
Description longue pour la carte montrant la répartition canadienne de la couleuvre agile à ventre jaune de l’Ouest

Carte montrant la répartition canadienne de la couleuvre agile à ventre jaune de l’Ouest (Coluber constrictor mormon). Au Canada, la répartition de la couleuvre agile à ventre jaune de l’Ouest est restreinte aux vallées arides du centre-sud intérieur de la Colombie-Britannique. L’aire de répartition inclut les bassins versants du fleuve Columbia Sud, de la rivière Granby, de la rivière Kettle, de l’Okanagan/de la Similkameen et de la Thompson/du Fraser.

Habitat

Au Canada, les couleuvres agiles hibernent dans des tanières collectives aménagées dans la roche. La couleuvre agile à ventre jaune de l’Ouest peut également utiliser des terriers de rongeurs ou d’autres refuges, et hiberne seule, comme on l’a montré pour la couleuvre à nez mince du Grand Bassin (espèce sympatrique). Les tanières aménagées dans la roche sont souvent situées sur des pentes abruptes orientées vers le sud de vallées fluviales, et les sites convenables semblent être limités dans le paysage. Pendant la saison active, les couleuvres agiles quittent les tanières et se déplacent dans des aires d’alimentation, dans les prairies des terres basses adjacentes. Tandis que la couleuvre agile à ventre jaune de l’Est occupe des prairies mixtes, la sous-espèce de l’Ouest fréquente principalement un habitat à pin ponderosa et à graminées cespiteuses. Les deux sous-espèces s’alimentent dans des zones riveraines et dans le fond des vallées.

Biologie

Dans les zones plus au sud de leur aire de répartition aux États-Unis, les femelles atteignent la maturité à 2 à 4 ans et produisent une couvée par an; toutefois, selon leur forme physique, elles peuvent se reproduire seulement aux deux ans. Peu de données sont disponibles sur l’âge à la maturité et le taux de survie des couleuvres agiles au Canada. La durée d’une génération serait de 7 ou 8 ans. Les couleuvres agiles s’accouplent après leur émergence des tanières hivernales, au printemps. Les femelles pondent de 3 à 12 œufs, qui éclosent après environ 2 mois (généralement en août ou en septembre); les nouveau-nés se déplacent alors vers une tanière pour hiberner. Les individus sont souvent très fidèles à un hibernacle spécifique. Les couleuvres agiles à ventre jaune de l’Est et de l’Ouest juvéniles s’alimentent principalement d’insectes, dont des grillons et des sauterelles. Les adultes se nourrissent également de proies de plus grande taille, comme des petits mammifères, des reptiles, des oiseaux et des amphibiens.

Taille et tendances des populations

Les couleuvres agiles se camouflent bien en plus d’être rapides et méfiantes; il est donc difficile d’estimer adéquatement la taille des populations, ou même d’établir leur présence/absence. D’après des recherches récentes en Saskatchewan et en Alberta, la couleuvre agile à ventre jaune de l’Est n’est pas courante dans les Prairies canadiennes, et la fragmentation de l’habitat peut avoir des effets négatifs sur la dynamique de la population. La taille de la population canadienne est probablement de moins de 10 000 adultes, répartis dans 4 importantes vallées des Prairies. Au cours des dix dernières années, la population a décliné à cause d’un affaissement de terrain dans le parc national du Canada des Prairies, qui a tué ou fait fuir les serpents de la plus grosse tanière connue de cette sous-espèce au pays.

En Colombie-Britannique, la couleuvre agile à ventre jaune de l’Ouest est également peu courante, et la population a vraisemblablement diminué par rapport aux niveaux historiques à cause de la perte d’habitat liée à l’expansion des zones urbaines et agricoles. Il y a possiblement cinq sous-populations dans des vallées fluviales importantes des régions intérieures arides de la province. Les menaces continues attribuables à la mortalité routière ainsi qu’à la perte, à la détérioration et à la fragmentation de l’habitat laissent croire que la population est en déclin.

Menaces et facteurs limitatifs

Les couleuvres agiles à ventre jaune de l’Est et de l’Ouest sont vulnérables à la perte et à la fragmentation de l’habitat. Ces serpents sont très fidèles à des hibernacles spécifiques, aux sites de ponte et aux aires d’alimentation estivales, et ne semblent pas tolérer les perturbations importantes de ces milieux. Les couleuvres agiles sont limitées par la disponibilité des tanières convenables, et ne semblent pas se déplacer ailleurs si leur tanière est détruite. De grandes distances ou des obstacles dans l’habitat isolent les petites sous-populations, diminuant davantage la probabilité des individus de se disperser entre les sites. Les deux sous-espèces sont régulièrement tuées sur les routes, mais la menace de la mortalité routière varie grandement dans l’aire de répartition et est beaucoup plus grande pour la sous-espèce de l’Ouest. D’après le calculateur des menaces du COSEPAC, l’impact global des menaces est élevé pour la couleuvre agile à ventre jaune de l’Ouest et moyen pour la sous-espèce de l’Est.

Protection, statuts et classements

Le COSEPAC a désigné la couleuvre agile à ventre jaune de l’Est menacée, et la couleuvre agile à ventre jaune de l’Ouest, préoccupante en 2004. Les deux sous-espèces sont inscrites à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril. À l’échelle provinciale, la Wildlife Act de la Saskatchewan et la Wildlife Act de la Colombie-Britannique interdisent du tuer ou de posséder des couleuvres agiles sans autorisation, mais l’espèce n’a pas de protection juridique en Alberta. NatureServe considère que les deux sous-espèces sont « non en péril » (G5T5) à l’échelle mondiale, « vulnérables » (N3) au Canada et « vulnérables » (S3) à l’échelle provinciale, sauf en Alberta, où les couleuvres agiles ne peuvent être classées (SU) à cause d’un manque d’information. La situation générale du C. constrictor (les sous-espèces ne sont pas classées séparément) est considérée comme « sensible » (cote 3) au Canada, « sensible » en Colombie-Britannique et « en péril » (cote 1) en Saskatchewan. L’UICN considère le C. constrictor comme une espèce peu préoccupante.

10. Couleuvre d'eau du lac Érié

Photo d’une couleuvre d’eau du lac Érié
Photo: © Gary Allen
Nom scientifique
Nerodia sipedon insularum
Taxon
Reptiles
Statut du COSEPAC
Préoccupante
Aire de répartition canadienne
Ontario

Justification de la désignation

La répartition canadienne de cette population unique de couleuvre d’eau se limite à quatre petites îles dans le lac Érié. Aux États-Unis, les sous-populations se sont rétablies en raison d’une augmentation de la quantité de poissons proies, résultant de l’introduction du gobie à taches noires. Il n’est pas certain qu’un rétablissement semblable se soit produit chez les sous-populations canadiennes. Il existe des préoccupations à savoir que la plus grande sous-population sur l’île Pelée continue d’être menacée par la mortalité attribuable à la circulation routière, le développement riverain et la persécution par les humains.

Description et importance de l’espèce sauvage

La couleuvre d’eau du lac Érié (Nerodia sipedon insularum) est l’une des deux sous-espèces de la couleuvre d’eau (Nerodia sipedon, famille des Colubridés) que l’on trouve au Canada. Sa coloration varie d’un gris uniforme (tirant souvent sur le verdâtre ou brunâtre terne) dépourvu de tout motif à un agencement régulier de taches dorsales et latérales foncées. Les écailles ventrales, généralement blanches ou blanc jaunâtre, présentent souvent des mouchetures foncées. Son corps est trapu et couvert d’écailles carénées, tandis que sa grosse tête est couverte de larges écailles lisses. Des études à long terme sur la couleuvre d’eau du lac Érié ont servi de modèles pour comprendre des processus évolutionnaires comme les échanges génétiques entre populations et la sélection, en plus de mettre en évidence un rare exemple d’une espèce qui tire profit de l’introduction d’une espèce envahissante.

Répartition

La couleuvre d’eau du lac Érié a l’une des plus petites aires de répartition des serpents de l’Amérique du Nord. Au Canada, elle n’est présente que sur quatre îles du bassin ouest du lac Érié (îles Pelée, Middle, East Sister et Hen). Aux États-Unis, on la trouve en Ohio, sur un petit segment du rivage de la terre ferme et 11 îles à l’extrémité ouest du lac Érié.

Répartition de la couleuvre d’eau du lac Érié (Nerodia sipedon insularum) dans la région des îles de l’ouest du lac Érié (Canada et États Unis) et son aire de répartition mondiale (encadré).
Carte montrant la répartition de la couleuvre d’eau du lac Érié (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2015. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur la couleuvre d’eau du lac Érié (Nerodia sipedon insularum) au Canada.
Description longue pour la carte montrant la répartition de la couleuvre d’eau du lac Érié

Carte montrant la répartition de la couleuvre d’eau du lac Érié (Nerodia sipedon insularum) dans la région des îles de l’ouest du lac Érié (Canada et États-Unis); l’aire de répartition mondiale est illustrée dans la carte de l’encadré. L’aire de répartition de l’espèce s’étend sur les îles Pelée, Middle et East Sister. L’espèce a été observée sur l’île Hen en 1990, mais on ignore si elle y est encore présente.

Habitat

Durant la saison active, la couleuvre d’eau du lac Érié fréquente des rivages rocheux ou sableux, de même que des corniches de calcaire ou de dolomite fissurées abritant plus ou moins de végétation. Elle utilise aussi des talus de pierres naturels ou artificiels. Elle se nourrit dans l’eau, mais s’éloigne alors rarement à plus de 200 m du rivage. On la rencontre par ailleurs rarement à plus de 100 m à l’intérieur des terres durant la saison active, et elle passe alors la plupart de son temps à moins de 13 m du bord de l’eau. La distance qu’elle parcourt dans les terres en saison active dépend de la disponibilité d’abris et peut-être de congénères durant la saison d’accouplement. Les sites d’hibernation se trouvent plus loin à l’intérieur des terres et consistent habituellement en des cavités ou crevasses dans le sol ou le roc.

Biologie

La couleuvre d’eau du lac Érié peut vivre jusqu’à 12 ans à l’état sauvage. Elle atteint la maturité sexuelle à l’âge de 3 ou 4 ans. La parade nuptiale comporte une compétition « en mêlée » au cours de laquelle plusieurs mâles courtisent une même femelle. Les femelles se reproduisent souvent chaque année. La femelle donne naissance à des petits vivants. La taille de la portée atteint en moyenne 23 couleuvreaux et est positivement corrélée à la taille de la mère. Les proies dont se nourrissait la couleuvre d’eau du lac Érié par le passé ont aujourd’hui largement été remplacées par le gobie arrondi (Neogobius melanostomus), qui a envahi le lac Érié au début des années 1990.

Taille et tendances des populations

Entre le début du XIXe siècle et le début des années 1960, la couleuvre d’eau du lac Érié était très abondante sur plusieurs îles de l’ouest du lac Érié. Ses populations ont diminué dans la dernière moitié du XXe siècle, mais elles augmentent maintenant sur les îles américaines du lac, apparemment en raison de l’apport accru de proies dû à l’introduction du gobie arrondi, une espèce envahissante. Il n’existe pas de données sur les tendances des populations sur les îles canadiennes, mais la persistance de plusieurs menaces laisse croire que ces populations sont encore en déclin.

Menaces et facteurs limitatifs

La mortalité anthropique intentionnelle ou accidentelle, particulièrement la mortalité routière, constitue dans doute la plus grave menace pesant sur l’espèce. La réduction de la quantité et de la qualité de l’habitat est une autre menace importante. L’espèce est également menacée par la contamination de l’environnement et une forte prédation. La petite aire de répartition et la faible population sont des facteurs limitatifs qui rendent la couleuvre d’eau du lac Érié plus vulnérable aux perturbations.

Protection, statuts et classements

NatureServe cote le taxon couleuvre d’eau du lac Érié comme en péril à l’échelle mondiale (cote G5T2) ainsi qu’en Ontario (cote S2). Au Canada, le COSEPAC a évalué la couleuvre d’eau du lac Érié et l’a désignée espèce en voie de disparition en 1991 et en 2006. Elle a été inscrite en 2009 à la liste des espèces en voie de disparition de l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral. Entrée en vigueur en 2008, la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario protège la couleuvre d’eau du lac Érié (inscrite comme espèce en voie de disparition à la Liste des espèces en péril en Ontario). Le taxon est désigné « reptile spécialement protégé » en vertu de la Loi sur la protection du poisson et de la faune de l’Ontario. Sur l’île Middle, le taxon est protégé par la Loi sur les parcs nationaux du Canada. La couleuvre d’eau du lac Érié a été retirée de la liste fédérale des espèces menacées et en voie de disparition aux États-Unis le 16 août 2011. L’État de l’Ohio la désigne espèce en voie de disparition (endangered).

11. Criquet du lac Huron

Photo d’un criquet femelle du lac Huron
Photo: © Allan Harris
Nom scientifique
Trimerotropis huroniana
Taxon
Arthropodes
Statut du COSEPAC
Menacée
Aire de répartition canadienne
Ontario

Justification de la désignation

Ce criquet rare à l’échelle mondiale est endémique à la région des Grands Lacs de l’Ontario, du Michigan et du Wisconsin où il se limite aux dunes le long des rives des lacs Huron, Michigan et Supérieur. Au Canada, sa présence est connue dans 11 sites de dunes : une localité sur la rive est du lac Supérieur, et sept au lac Huron sur la rive sud de l’île Manitoulin et de l’île Great Duck. Anciennement, l’espèce se retrouvait dans trois sites additionnels au lac Huron, mais ces sous-populations semblent être disparues de ces sites dans les années 1990, probablement à la suite du développement résidentiel et commercial ainsi que de l’utilisation récréative intensive qui a endommagé la majeure partie de l’habitat de dunes. Alors que l’utilisation récréative par les randonneurs et les véhicules hors route continuent de menacer certaines dunes, d’autres sites ont fait l’objet d’améliorations récentes dans le cadre de programmes d’intendance des dunes. Les menaces additionnelles pesant sur les milieux dunaires comprennent les plantes envahissantes et les variations du niveau des lacs liées au changement climatique, aux cycles naturels ou à la gestion des niveaux d’eau des lacs.

Description et importance de l’espèce sauvage

Le criquet du lac Huron est gris argenté à brunâtre et orné de mouchetures de couleur variable lui permet de se confondre avec son habitat sableux. Les ailes postérieures, claires ou jaune pâle dans leur portion basale, ornées d’une bande transversale noire au milieu et claires ou enfumées à l’extrémité, sont exposées lorsque l’insecte prend son envol. Les femelles (29 à 40 mm) sont plus grandes que les mâles (24 à 30 mm). Le criquet du lac Huron est une des rares espèces endémiques à la région des Grands Lacs laurentiens.

Répartition

Le criquet du lac Huron est endémique à la région des Grands Lacs de l’Ontario, du Wisconsin et du Michigan. Il se rencontre uniquement parmi les dunes le long des rives des lacs Huron, Michigan et Supérieur. Au Canada, il est présent dans 11 sites dunaires, soit une localité sur la rive est du lac Supérieur et 7 localités réparties le long de la rive sud de l’île Manitoulin et sur l’île Great Duck, au lac Huron. Historiquement, il a également été observé sur l’île Giant’s Tomb et à la plage Wasaga, dans la baie Georgienne, et à la plage Sauble (Southampton), sur la rive est du lac Huron. L’espèce est aujourd’hui tenue pour disparue à ces sites.

Carte de la répartition canadienne du criquet du lac Huron (Trimerotropis huroniana), montrant l’emplacement des recherches effectuées en 2014. Les occurrences existantes et historiques ainsi que les sites où la présence de l’espèce n’a pas été décelée et les dunes non fouillées y sont indiqués.

Carte montrant la répartition canadienne du criquet du lac Huron (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2015. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le criquet du lac Huron (Trimerotropis huroniana) au Canada.

Description longue pour la Carte montrant la répartition canadienne du criquet du lac Huron

Carte montrant la répartition canadienne du criquet du lac Huron (Trimerotropis huroniana), qui comprend la baie Pancake dans le sud du lac Supérieur et les complexes dunaires sur la rive sud de l’île Manitoulin ainsi que l’île Great Duck dans le lac Huron. Historiquement, l’aire de répartition de cette espèce s’étendait plus loin vers le sud, tant en Ontario qu’au Michigan. Les sous-populations de l’île Giant’s Tomb, de la plage Wasaga et de la plage Sauble (Southampton), en Ontario, ainsi que celle de la baie Saginaw, au Michigan, sont apparemment disparues. Les relevés effectués à ces sites historiques depuis les années 1990 dans l’espoir d’y confirmer la présence de l’espèce se sont tous révélés infructueux.

Habitat

Les dunes des Grands Lacs couvrent une superficie totale de moins de 1 800 ha au Canada, dont 492 ha et 100 ha le long des rives du lac Huron et du lac Supérieur, respectivement. Les dunes sont présentes le long du littoral, d’importantes quantités de sable s’y étant accumulées sous forme de dépôts glaciaires et à l’embouchure des rivières. L’exposition aux vents et à l’action des vagues est essentielle pour maintenir l’érosion et le dépôt du sable et prévenir la succession forestière. L’habitat de prédilection du criquet du lac Huron est l’avant-dune, faible crête la plus rapprochée du lac comportant des zones sableuses dénudées piquées de graminées éparses.

Biologie

À la fin de l’été, les mâles attirent les femelles en stridulant (c.-à-d. en produisant des trilles en frottant leurs pattes postérieures contre leurs ailes antérieures) et en effectuant des vols de parade durant lesquels ils exposent leurs ailes postérieures et produisent un crépitement. Après l’accouplement, les femelles déposent des grappes d’œufs dans le sable. Les œufs éclosent au printemps suivant. Les larves passent par cinq stades avant d’atteindre le stade adulte, à la fin de juillet ou en août. L’ammophile à ligule courte, l’armoise des champs et le calamovilfa à feuilles longues sont les plantes nourricières préférées des larves et des adultes.

Photo d’un criquet femelle du lac Huron et de deux mâles.
Photo: © Allan Harris

Taille et tendances des populations

La taille et les tendances de la population sont inconnues. Toutes les sous-populations canadiennes existantes connues ont été découvertes depuis 2002, et l’on ne dispose d’aucune estimation de leur taille ou donnée de surveillance. Le criquet du lac Huron semble avoir disparu à trois sites historiques au Canada (île Giant’s Tomb, plage Wasaga et plage Sauble) entre le début et le milieu des années 1990.

Menaces et facteurs limitatifs

Le développement résidentiel et commercial et l’utilisation intensive des dunes à des fins récréatives ont entraîné la destruction ou l’altération d’une grande partie de l’habitat dunaire et sont probablement à l’origine de la disparition du criquet du lac Huron aux sites historiques. L’utilisation des dunes à des fins récréatives par les amateurs de randonnée pédestre et les véhicules hors route ont réduit considérablement les sous-populations et continuent de menacer certaines dunes en endommageant la végétation et en causant la formation de creux de déflation (dépressions formées par l’érosion du sable par le vent). Certaines plantes envahissantes, en particulier le roseau commun et la centaurée maculée, peuvent remplacer les plantes nourricières préférées et altérer les processus dunaires. Les fluctuations des niveaux d’eau liées aux changements climatiques, aux cycles naturels ou à la gestion des niveaux d’eau peuvent réduire la quantité d’habitat dunaire disponible. Récemment, la mise en place de programmes d’intendance des dunes a permis d’améliorer la qualité de l’habitat à certains sites.

Protection, statuts et classements

Le criquet du lac Huron ne bénéficie d’aucune protection juridique (lois ou règlements) au Canada. Il est désigné menacé au Michigan et en voie de disparition au Wisconsin, mais il ne figure pas parmi les espèces protégées en vertu de l’Endangered Species Act des États-Unis et de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). La baie Pancake, au lac Supérieur, est un parc provincial, mais ailleurs, l’habitat se trouve sur des terres municipales ou privées. Le criquet du lac Huron se rencontre en compagnie du chardon de Pitcher (espèce désignée menacée en Ontario et préoccupante à l’échelle nationale) à 10 sites où les dunes bénéficient d’une certaine protection en vertu de la Loi sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario.

À l’échelle mondiale, le criquet du lac Huron est coté G2G3 (en péril à vulnérable). À l’échelle infranationale, en Ontario, sa cote a été abaissée de S1 (gravement en péril) à S2 (en péril) par suite de la découverte de nouvelles sous-populations en 2014. Aux États-Unis, il est classé S1 (gravement en péril) au Wisconsin et S2S3 (vulnérable) au Michigan.

12. Fissident pygmée

Photo d’un fissident pygmée
Photo: © Stéphane Leclerc
Nom scientifique
Fissidens exilis
Taxon
Mousses
Statut du COSEPAC
Non en péril
Aire de répartition canadienne
Colombie-Britannique, Ontario, Québec, Nouvelle-Écosse

Justification de la désignation

Cette espèce a une zone d’occurrence canadienne très grande, présente sur les côtes du Pacifique et de l’Atlantique ainsi que dans le centre du Canada. Malgré une faible détectabilité qui complique les tentatives de quantifier la taille et les tendances de la population, le nombre d’occurrences connues a augmenté de 7 à 21 depuis 2005, et il est attendu que davantage d’occurrences seront documentées grâce aux efforts de recherche qui se poursuivent. Bien que l’espèce soit présente dans certaines régions densément peuplées du Canada, incluant le sud de l’Ontario, aucun déclin ou menaces imminentes directes ne sont connus pour cette espèce. Une perturbation localisée du sol est requise pour un habitat convenable, de sorte que certaines perturbations humaines pourraient en fait profiter à l’espèce. Bien que les données soient insuffisantes dans de multiples aspects de sa biologie, de son écologie, de sa répartition et de son abondance, rien n’indique que cette espèce est en péril au Canada.

Description et importance de l’espèce sauvage

Le fissident pygmée (Fissidens exilis) est une mousse éphémère qui produit périodiquement des plantes minuscules (jusqu’à 2 mm de hauteur) portant 4 à 8 feuilles. Les plantes prennent naissance sur un tapis constitué de filaments verts indifférenciés, ou « protonéma », qui persiste à la surface et dans la couche superficielle du sol entre les périodes d’activité reproductrice. L’espèce peut être identifiée par l’examen de certaines caractéristiques microscopiques de ses individus feuillés (gamétophores), mais il est impossible d’identifier visuellement le protonéma. Des capsules remplies de spores, portées sur des soies mesurant 2 à 9 mm, sont fixées au sommet de chaque plante mature fécondée. La probabilité de détection du fissident pygmée est plus élevée lorsque des capsules sont présentes, surtout dans les grandes colonies de l’espèce.

Répartition

Le fissident pygmée est présent en Europe, en Asie, en Afrique, dans les Antilles, en Nouvelle-Zélande et en Amérique du Nord. Certains auteurs avancent que l’espèce pourrait avoir été introduite dans les trois dernières régions, mais aucune donnée concluante ne le prouve. En Amérique du Nord, le fissident pygmée a été découvert en 1947, à Cleveland, en Ohio, et l’espèce a été signalée dans au moins quinze États de l’est des États-Unis ainsi que dans les provinces canadiennes suivantes : Nouvelle-Écosse, Québec, Ontario et Colombie-Britannique. Certains experts croient que l’espèce pourrait avoir été introduite en Colombie-Britannique.

Les activités de recherche ciblant le fissident pygmée exigent l’application de méthodes exhaustives particulières tenant compte des difficultés propres à la détection des mousses éphémères, dont l’identification visuelle est possible uniquement dans certaines conditions sporadiques. De telles méthodes n’ont pas été appliquées, et la plupart des sous-populations connues de l’espèce ont été découvertes de manière opportuniste.

Répartition canadienne du fissident pygmée (Fissidens exilis) a) dans l’est du Canada et b) dans l’ouest duCanada. Les cartes sont fondées sur 20 spécimens canadiens connus et/ou mentions publiées.
Carte montrant la répartition dans l’est du Canada du fissident pygmée (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2016. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le fissident pygmée (Fissidens exilis) au Canada.
Description longue pour la figure 1

Carte montrant la répartition canadienne du fissident pygmée (Fissidens exilis). Des spécimens canadiens de fissident pygmée ont été récoltés en Nouvelle-Écosse, au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique. L’espèce a été trouvée dans les écozones suivantes : Plaines à forêts mixtes, partie sud du Bouclier boréal, Maritime de l’Atlantique et Maritime du Pacifique. La Colombie-Britannique est la seule province où aucune population de l’espèce n’a encore été signalée en milieu naturel. Les deux sites connus se trouvent dans la région de Vancouver.

Répartition canadienne du fissident pygmée (Fissidens exilis) a) dans l’est du Canada et b) dans l’ouest duCanada. Les cartes sont fondées sur 20 spécimens canadiens connus et/ou mentions publiées.
Carte montrant la répartition dans l’ouest du Canada du fissident pygmée (voir longue description ci-dessous)
Source: COSEPAC 2016. Évaluation et Rapport de situation du COSEPAC sur le fissident pygmée (Fissidens exilis) au Canada.
Description longue pour la figure 2

Carte montrant la répartition canadienne du fissident pygmée (Fissidens exilis). Des spécimens canadiens de fissident pygmée ont été récoltés en Nouvelle-Écosse, au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique. L’espèce a été trouvée dans les écozones suivantes : Plaines à forêts mixtes, partie sud du Bouclier boréal, Maritime de l’Atlantique et Maritime du Pacifique. La Colombie-Britannique est la seule province où aucune population de l’espèce n’a encore été signalée en milieu naturel. Les deux sites connus se trouvent dans la région de Vancouver.

Habitat

En Amérique du Nord, la plupart des individus de l’espèce ont été trouvés principalement sur des sols ou des loams de type argileux dénudés, humides et au moins partiellement ombragés. L’espèce a été récoltée dans des zones boisées en bordure de cours d’eau et de ravins, dans des plaines inondables, sur des falaises, des plages, en bordure de routes, sur des sentiers et dans d’autres milieux où du sol dénudé est exposé. L’emplacement des parcelles d’habitat est transitoire et peut être imprévisible, en raison de divers phénomènes naturels ou liés aux activités humaines. Aucune tendance générale ne se dégage en ce qui concerne l’habitat de prédilection du fissident pygmée.

Biologie

Le fissident pygmée est une espèce éphémère dont la stratégie de survie est « fugitive » : le cycle vital et le cycle de reproduction des plantes feuillées de l’espèce sont courts (moins de un an), ne sont pas liés aux saisons et sont largement tributaires de facteurs abiotiques. La petite taille du fissident pygmée lui permet de parvenir à maturité plus rapidement que les grandes mousses, dont les processus de développement prennent plus de temps. L’effort de reproduction est relativement élevé chez le fissident pygmée, puisque chaque plante minuscule ou presque produit une capsule remplie de spores. Ces petites spores (mesurant moins de 20 μm) sont caractéristiques des espèces dont les spores persistent longtemps dans le réservoir de spores. Ces caractéristiques permettent aux individus feuillés du fissident pygmée d’accomplir leur cycle vital dans les milieux transitoires de début de succession et d’éviter les facteurs de stress durant les périodes où l’habitat n’est pas propice en persistant sous des formes (spores et filaments souterrains) qui sont moins vulnérables aux conditions défavorables.

Les spores sont dispersées d’une hauteur de moins de 1 cm au-dessus du substrat, et la plupart des individus de l’espèce ont été trouvés dans des milieux au moins partiellement abrités. La dispersion des spores sur de grandes distances pourrait donc être très peu fréquente. La dispersion de sol comportant des spores ou des individus de l’espèce par l’intermédiaire de divers vecteurs biotiques et abiotiques pourrait être importante.

Taille et tendances des populations

On ignore la taille et les tendances des populations de fissident pygmée; les efforts déployés pour établir ces données devront tenir compte des difficultés liées à la nature éphémère et à la taille minuscule de l’espèce.

Menaces et facteurs limitatifs

Il est possible d’inférer certaines menaces en se fondant sur la biologie générale des mousses et sur les différents milieux où le fissident pygmée a été trouvé, mais aucune recherche n’a permis de déterminer les menaces particulières pesant sur cette espèce. Certaines activités humaines qui menacent habituellement d’autres espèces végétales pourraient avoir un effet neutre ou bénéfique sur le fissident pygmée, qui dépend de perturbations localisées du sol.

Protection, statuts et classements

Le fissident pygmée figure actuellement sur la liste des espèces préoccupantes de la Loi sur les espèces en péril du Canada. L’espèce est également protégée aux termes de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario, et au moins la moitié des sites où elle a été trouvée sont gérés par le gouvernement fédéral ou par le gouvernement de l’Ontario, ou encore par des organismes de conservation. Certaines instances en Amérique du Nord, y compris la Colombie-Britannique, ont attribué la cote SE (exotique) au fissident pygmée.

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