L’oponce de l’Est (Opuntia humifusa) : rapport sur la mise en œuvre du programme de rétablissement 2010 à 2017

Titre officiel : Rapport sur la mise en œuvre du Programme de rétablissement de l’oponce de l’Est (Opuntia humifusa) au Canada (de 2010 à 2017).

Agence Parcs Canada. 2018. Rapport sur la mise en œuvre du Programme de rétablissement de l’oponce de l’Est (Opuntia humifusa) au Canada (de 2010 à 2017).

La version définitive du Programme de rétablissement de l’oponce de l’Est (Opuntia humifusa)Note de bas de page1 au Canada a été versée au Registre des espèces en péril le 30 novembre 2010. Le programme de rétablissement renfermait des objectifs pour l’espèce et des démarches pour atteindre ces objectifs. En vertu de l’article 46 de la Loi sur les espèces en péril (LEP), le ministre compétent doit rendre compte de la mise en œuvre du programme de rétablissement et des progrès dans l’atteinte des objectifs cinq ans après son affichage au registre public et après chacune des périodes de cinq ans subséquentes, jusqu’à ce que les objectifs soient atteints ou que le rétablissement de l’espèce ne soit plus réalisable. Le présent document, préparé avec le soutien de Parcs Ontario – Zone sud-ouest, rend compte de la mise en œuvre du Programme de rétablissement de l’oponce de l’Est (Opuntia humifusa) au Canada de 2010 à 2017 et des progrès dans l’atteinte des objectifs du programme.

Le Programme de rétablissement de l’oponce de l’Est (Opuntia humifusa) au Canada établissait des objectifs axés sur les sites où il est connu que l’espèce est naturellement présente au Canada – maintenir et augmenter le nombre de microsites (345) d’oponce de l’Est dans le parc national de la Pointe-Pelée; et maintenir la taille de la population (cinq microsites) à la réserve naturelle provinciale de la Pointe-Fish, sur l’île Pelée. Les méthodes à l’appui de ces objectifs se sont avérées fructueuses et les deux objectifs ont été atteints, respectivement par Parcs Canada (le parc national de la Pointe-Pelée) et par Parcs Ontario (réserve naturelle provinciale de la Pointe-Fish).

Il n’est pas facile de compter les oponces de l’Est, même s’ils ne peuvent pas bouger. Pour mesurer la santé et la croissance de chaque microsite de cactus dans le parc national de la Pointe-Pelée, les cladodes (ou raquettes) des cactus sont dénombrés, ce qui peut s’avérer difficile, car certaines placettes de relevé de 10 m sur 10 m contiennent plus de 2 000 cladodes. Pour savoir quels cladodes ont été comptés pendant le dénombrement, une goutte de moutarde est déposée sur chaque cladode (le jaune est facile à repérer sur le vert du cactus). À la fin, la moutarde est soigneusement nettoyée, et toute trace des travaux du relevé s’en trouve effacée.

La méthode de dénombrement adoptée pour les microsites de la pointe Fish consistait à déterminer le nombre de microsites à chaque endroit. Le nombre de cladodes observés dans chaque microsite est compté, la présence de fleurs ou de fruits est consignée et le diamètre moyen de chaque microsite est mesuré.

Oponce de l’Est en fleur
Surveillance des nouveaux cladodes

Les objectifs pour la population de la pointe Fish comprenaient le maintien de conditions d’habitat propices autour de chaque emplacement de microsite, et une interruption du déclin de l’espèce dans la réserve naturelle ou une augmentation dans la croissance et la répartition. Les cinq microsites connus ont été surveillés et continuent de persister après une période de surveillance de dix ans (2004-2013). Des dénombrements détaillés de cladodes ont été entrepris dans les cinq microsites à compter de 2013, bien qu’aucune reprise du relevé détaillé n’ait été prévue avant 2018, et il n’est donc pas encore possible d’avoir une compréhension relative de toute augmentation ou diminution potentielle de la population depuis ce temps. Un bouquet de cactus observé dans l’un des cinq microsites pour la dernière fois en 2004, et situé près d’une savane très dense, n’a pas été revu durant les relevés de 2011 et de 2013 et est présumé disparu.

La réduction des menaces a été amorcée dans les cinq microsites de la réserve naturelle provinciale de la Pointe-Fish. Le programme de rétablissement indique que la croissance de l’espèce est optimale en présence d’une intensité lumineuse de 50 à 70 p. 100, et les mesures de gestion ont ciblé la succession des communautés de savanes de genévrier rouge et de chêne abritant le cactus, à l’intérieur de la forêt de micocoulier occidental (Celtis occidentalis) qui les encercle. La végétation ligneuse envahissante a été enlevée en 2012 et en 2013 à ces cinq endroits pour améliorer les conditions d’habitat entourant les plantes restantes. Pour y parvenir, il a fallu réduire l’empiètement des arbres et des arbustes (dont des espèces envahissantes), en particulier l’ailante glanduleux (Ailanthus altissima), l’érable de Norvège (Acer platanoides), le robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia) et le mûrier blanc (Morus alba), et favoriser la régénération vigoureuse et naturelle.

La menace directe causée par l’accès des véhicules tout-terrain (VTT) à la plage de la pointe Fish a également été recensée jusqu’à maintenant parmi les éléments devant faire l’objet d’une surveillance. Des panneaux d’interdiction et des panneaux d’interprétation soulignant la nature vulnérable de l’habitat ont été installés sur le site afin de pallier cette menace. À la pointe Fish, la proximité des sentiers de randonnée pédestre avec les microsites de cactus a été examinée et une déviation stratégique des sentiers a été aménagée aux endroits nécessaires pour réduire la menace posée par la cueillette de plantes. Parcs Ontario continue de surveiller l’utilisation des sentiers à proximité des microsites de cactus et a demandé l’aide du canton de l’île Pelée et du comité consultatif environnemental de la municipalité pour faire connaître au grand public les effets négatifs de la circulation de VTT dans le secteur.

Les mesures particulières et les échéanciers de mise en œuvre du rétablissement de l’oponce de l’Est sont énumérés dans le plan directeur de la réserve naturelle provinciale de la Pointe-Fish.

Le parc national de la Pointe-Pelée a élaboré un programme de surveillance de l’oponce de l’Est à l’aide de protocoles établis pour déterminer à la fois le nombre de microsites et le nombre de cladodes (ou raquettes). Des données ont été recueillies pour deux périodes de relevés (2005 et 2015-2017) et l’analyse est en cours.

Parcs Canada prend activement en charge la restauration de l’habitat essentiel de l’oponce de l’Est dans le parc en centrant ses efforts sur la mesure de rétablissement la plus urgente, qui consiste à restaurer les stades de début de succession dans les écosystèmes de savane des flèches de sable du lac Érié afin d’améliorer la qualité de l’habitat essentiel disponible pour l’espèce et la quantité de cet habitat. Ce programme de restauration de la savane au parc national de la Pointe-Pelée a permis de remettre en état 26,6 hectares (ha) de savane de genévrier rouge dégradée depuis 2010 et a fait appel à diverses techniques de gestion, dont le fauchage manuel de taillis de cornouillers, l’enlèvement de plantes exotiques envahissantes, la plantation d’espèces indigènes de la savane et la réintroduction du feu par des brûlages dirigés sur 3,05 ha d’habitat dégradé.

La diffusion externe au public est une composante du programme de restauration de la savane, et comprend des initiatives de communication présentées annuellement au parc national de la Pointe-Pelée. Par exemple, un court sentier de randonnée pédestre assorti de panneaux d’interprétation décrivant l’oponce de l’Est et ses besoins en matière d’habitat a été créé pour offrir aux visiteurs l’accès à l’une des zones de cactus les plus riches du parc. Une exposition d’interprétation améliorée est prévue pour ce site, avec des textes décrivant les travaux de restauration du programme sur les savanes des flèches de sable du lac Érié ainsi que les objectifs de rétablissement de cette espèce de cactus. Les panneaux d’interprétation servent aussi à rediriger les visiteurs loin de l’habitat de savane vulnérable qui fait l’objet de travaux de restauration de la végétation. Ces initiatives de diffusion externe et de communication, combinées à une surveillance régulière et à des mesures d’application de la loi exercées par le personnel du parc, ont encouragé le public à la conformité, aucun cas de collecte de spécimens n’ayant été recensé dans le parc depuis 2010.

En 2016, Parcs Canada a affiché la version définitive du plan d’action visant des espèces multiples dans le parc national de la Pointe-Pelée. Le plan adopte une approche globale, en intégrant toutes les espèces en péril du parc national de la Pointe-Pelée qui doivent faire l’objet d’un plan d’action en vertu de l’article 49 de la LEP. Les mesures qui sont bénéfiques pour de multiples espèces sont précisées et priorisées, afin de maximiser l’efficacité des efforts de rétablissement des espèces en péril dans le parc. En ce qui concerne expressément l’oponce de l’Est, trois mesures de rétablissement ont été établies et concernent la surveillance et la restauration de l’habitat de savane (pour de multiples espèces) ainsi que le déplacement d’individus de l’espèce.

La liste suivante présente une sélection de rapports et d’articles qui ont été rédigés durant la mise en œuvre du Programme de rétablissement de l’oponce de l’Est (Opuntia humifusa) au Canada.

Drezner, T. D. (2017). North and south: Morphological variability in the endangered Opuntia cespitosa in Canada and variation with environmental conditions. Castanea, 82(1), 8-23. doi:10.2179/16-096.

Drezner, T. D. (2017). Shade, reproductive effort and growth of the endangered native cactus, Opuntia humifusa Raf. in Point Pelee National Park, Canada. Journal of the Torrey Botanical Society, 144(2), 179-190. doi:10.3159/torrey-d-16-00027r1.

Majure, L.C., W.S. Judd, P.S. Soltis et D.E. Soltis (2017). Taxonomic revision of the Opuntia humifusa complex (Opuntieae: Cactaceae) of the eastern United States. Phytotaxa 290 (1): 001-65.

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